Historique de l'archidiocèse

ÉGLISE DE BOUAKÉ COMMENCEMENTS…

Les débuts de cette histoire sont largement inspirés du livre publié par le Père Jean DHUMEAU en 1975, à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’Église Catholique à Bouaké.

Pour la suite, chaque Paroisse ou Communauté a raconté son histoire.
Le Père Michel CARTERON s’est chargé de mettre en ordre tous ces souvenirs.
(Les illustrations sont dues au talent de Monsieur KOBLAN KRA Justin)
Bouaké, Février 1995

UN FAUX DÉPART (1902)

  • 13 Janvier 1902
    Les Pères Jean-Marie BEDEL et FER quittaient Dabou pour un voyage d’environ 1200 km qui, par le pays Boualé, devait les conduire jusqu’à Korhogo, avec retour par l’Indénié. À pied, souvent à travers de petits chemins de brousse.
  • 7 Février
    Arrivée à Bouaké, ou plus exactement à Gbwèkèkro, dont le chef KOUASSIBLÉ, par suite de mésentente avec les militaires français, venait d’aller fonder Kouassiblékro, à une dizaine de kilomètres à l’Est. Les Pères font des projets…
  • 7 Mars
    Le Père BEDEL reprend la route du Nord. Bon accueil à Korhogo par le chef Gon COULIBALY.
  • 28 Mars : Vendredi Saint
    Retour à Bouaké. Entretemps, le Père FER a construit une petite case au quartier Liberté, et c’est là qu’ils célèbrent les fêtes pascales avec quelques enfants chrétiens.
    Les Pères rendent visite aux chefs de village. Ils font choix d’un terrain pour y installer la mission à leur retour et prennent la route du Sud par Ngroumagna et Comoé. Le Père Alexandre HAMARD, Préfet Apostolique, les attendait à Alépé et juge bon de les envoyer se reposer un peu en France. Seul le Père FER suit son conseil…
    Le 9 Décembre, le Père BEDEL repart pour Bouaké, accompagné de Louis OUENDETE.
  • Le 14 Janvier 1903
    Arrivée à Bouaké. Mais ce n’est plus le Bouaké d’il y a un an. Le Père en a déjà fait l’expérience en route. C’est la guerre partout, le temps ne convient pas du tout à une fondation. Les deux (2) Pères partent donc vers le Nord jusqu’à Korhogo, et c’est là qu’ils fondent la mission.

23 ans d’attente

Pendant ce temps, Bouaké se développe. Il y avait le village Baoulé de Gbwèkèkro, le vilage Liberté formé par les anciens captifs de Samory libérés par les militaires, les bâtiments de l’Administration.
Le 20 Avril 1912, le premier train entre en gare. La ville prend alors un rapide essor. Les maisons de commerce s’installent au Sud de la voie ferrée, des commerçants viennent de partout, notamment du Sud, et parmi eux, il y a quelques chrétiens.

Les débuts (1925)

  • Vers la mi-octobre 1925, arrive de Dabou le Père Joseph SCHMIDT (48 ans, 23 ans d’Afrique). Mgr MOURY, Vicaire Apostolique, l’a choisi pour fonder la mission de Bouaké, pour de bon, cette fois.
    Il est accueilli par des chrétiens appoloniens. Chez les DAMTI, NOBOU, AKPAGNY, AGNOUNOU BENZE, KUNY, KOBENAN James, il trouvera le gîte et le couvent durant les premiers mois.
    L’emplacement de la mission est choisi : entre les quartiers africain et européen, juste au Nord de la voie ferrée. Et le Père commence à construire une maison avec briques et tuiles rouges venues de Moossou. Le vestibule d’entrée, non fermé, servira de Chapelle en attendant mieux.
    Les premiers Baptêmes datent de cette année 1925. En 1927, Mgr MOURY vient donner les premières Confirmations.
  • Octobre 1927 : Arrivée du Père PARAGE, un jeune, 28 ans.
    Août 1928 : Le Père SCHMIDT s’en va en congés…. Et ne reviendra pas. Par la suite, il ira fonder Dimbokro (1931) à cause de sa mauvaise santé. Il est remplacé le Père Eugène OLIVAIN, 30 ans.
    Il arrange une petite Chapelle, en attendant l’église dont les murs commencent bientôt à sortir de terre. Elle devait être dédiée à Saint Martin. Mais, Mgr MOURY avait remis aux Pères 15.000 francs donnés par une famille pour la construction d’une Chapelle à Sainte Thérèse. Saint Martin n’ayant rien donné, c’est Sainte Thérèse qui sera choisie comme protectrice de la mission naissante, d’autant plus que sa canonisation coïncidait avec la fondation de la paroisse.
    Les Pères commencent à visiter la région : des catéchumènes et des catéchistes bénévoles se manifestent à Béoumi, Sakassou, Raviart, Bamoro…

AKANZA OKWLÈ (1929)

  • À la fin de 1929, arrive un petit Père à qui la rousseur de sa barbe vaudra bientôt le surnom de Akanza Okwlè. Agé de 36 ans, le Père Jean ALLEZARD a déjà servi à Katiola et à Tafiré. Il a de l’expérience, un courage à toute épreuve, une parole et une plume vigoureuse dont les autorités n’apprécieront pas toujours le mordant.
    Au début du Père OLIVAIN (fin 1930), l’église est pratiquement terminée. Le Père ALLEZARD, resté seul, fera les finitions en attendant une inauguration qui ne sera jamais faite.
    AKANZA Okwlè parcourt les villages. Son dynamisme, sa gaieté laisseront un souvenir inoubliable. Bien des vieux se souviennent encore de lui. Il faut dire aussi qu’il est resté très longtemps dans la région (de 1929 à 1946), alors que tant d’autres n’ont fait que passer.
  • La première école (1933)
    Dès le début, les Pères ont rêvé d’une école. Ils ont demandé une extension de leur concession, en descendant vers le Nord. Officiellement, et réellement au début, c’est une plantation d’arbres fruitiers et de caféiers où il n’est pas rare de rencontrer des biches…
    L’école est construite près de l’église, en briques de terre. Elle commence officiellement en 1933 avec pour premier directeur le Père Jean-Baptiste BOIVIN (35 ans) qui vient d’arriver. Dans la première équipe de maîtres, François AKOTO YAO, père du futur ministre Paul AKOTO YAO.
    Le Père BOIVIN est appelé fin 1936 à Bingerville pour y diriger le petit séminaire qui vient de s’ouvrir. Il ne se doutait pas qu’il reverrait Bouaké trois (3) ans plus tard, mais comme Vicaire Apostolique pour y donner la Confirmation. Il est remplacé par le Père François PEYVEL, qui tout en dirigeant l’école, seconde le Père ALLEZARD dans les villages les plus proches.
    Cette école comptera un jour parmi ses élèves, les petits Auguste NOBOU, Vital YAO, Maurice KOUASSI.
  • Les premières Sœurs (1937)
    1937, trois (3) Sœurs de Notre-Dame des Apôtres, Mère AGATHE et les Sœurs ALOYSIA et HERVÉ, débarquent à Bouaké pour connaître l’intérieur du pays, avec des intentions de fondations. Après 48 heures de séjour, leur décision est prise : elles vont s’installer au cœur du pays Baoulé.
    En Novembre, au début de la saison sèche, le Père ALLEZARD entreprend le chantier. Les trois (3) premières « femmes en blanc », les Sœurs ALOYSIA, EUPHROSINE et CAMILLE arrivent le 19 Mai 1938. Le Dimanche 29 Mai, en la fête de Notre-Dame des Apôtres, le Père ALLEZARD bénit la nouvelle maison. Le 1er Septembre, l’école des filles ouvre ses portes aux 13 premières élèves.
    L’année suivante, les Sœurs ouvrent leur dispensaire. Les soins sur place sont complétés par des tournées en brousse… à bicyclette.
  • Premiers enfantements (1943-1948)
    De nouveaux prêtres viennent aider le Père ALLEZARD : le Père Martin FEVRE qui remplace le Père PEYVEL à la direction de l’école, en Octobre 1940 ; le Père Louis GIRE.
    En Europe, c’est la guerre : les difficultés économiques se font sentir jusqu’en Côte d’Ivoire. Des prêtres sont mobilisés et rejoignent le camp militaire : ils donnent un coup de main à la paroisse : les Pères Jules SAVEAN et André CASSARD.
    Le Père MARTEL arrive en 1943, mais à peine arrivé, il est mobilisé et rejoint Bobo-Dioulasso pour aller participer à la campagne d’Italie.
    Les Pères continuent de visiter les villages et d’y ouvrir des Chapelles « avec enseignement catéchétique ».
    1er Octobre 1943 : Le Père DELATER est nommé à Béoumi. La nouvelle mission, fondée officiellement le 10 Octobre, entraîne avec elle Sakassou et Botro. Dans chaque centre, le Père trouve une école catholique.
    Avril 1946. Le Père ALLEZARD rentre en congés. Il ne reviendra pas. Demeuré en France, devenu sourd, il mourra à la Croix-Valmer le 17 Avril 1971.
    Le Père OLIVAIN, un ancien, vient assurer la relève. Jusqu’en 1949, il sera secondé successivement par les Pères Paul DEVIENNE, Michel ROZE et Joseph LE GLATIN.
    En 1948, à son tour, MBAHIAKRO se détache de Bouaké. C’est le Père Louis GIRE qui prend en charge cette immense région qui s’étend jusqu’à la Comoé. Tiébissou se détachera quelques années plus tard, en 1954.

Le Père… puis Monseigneur André DUIRAT (1949-1951)

1949 : Deux (2) semaines après Pâques, arrive le Père André DUIRAT. Après deux (2) ans passés à Toumodi, il vient remplacer le Père OLIVAIN.
Il découvre une immense paroisse avec des problèmes matériels, pastoraux…, de constructions à faire, des aumôneries à assurer, des catéchistes à former, des villages à visiter, des écoles à diriger…
Octobre 1949 : Le Père Maurice PAVAGEAU vient renforcer l’équipe. Il prend surtout en charge le service des villages. Ils les visite à bicyclette, accompagné du fidèle catéchiste Pascal KOFFI. Le Père LE GLATIN continue d’assurer la direction de l’école qui commence à se sentir à l’étroit dans l’enceinte de la mission.
Le 17 Mai 1951, la nouvelle éclate : Rome a créé la nouvelle Préfecture Apostolique de Bouaké, formée des Cercles du Baoulé (Bouaké) et du N’zi-Comoé (Dimbokro).
Le siège est prêt, mais personne n’est encore désigné pour s’y asseoir. Il faudra attendre le 26 Octobre pour voir arriver de Rome, un télégramme au nom de Monseigneur André DUIRAT.
Malgré son refus, Rome maintient sa décision, et le Dimanche 25 Novembre, Mgr BOIVIN vient installer à Bouaké, son premier Préfet Apostolique, en présence notamment du député Félix HOUPHOUET-BOIGNY.
Un Préfet Apostolique n’est pas encore un évêque. C’est en 1956, à la création du Diocèse de Bouaké, que Mgr DUIRAT sera nommé évêque. Il sera sacré à la Basilique Notre-Dame de Fourvière à Lyon, le 08 Décembre 1956, en la fête du Centenaire de la Société des Missions Africaines (SMA).

On s’organise (1951-1955)

Septembre 1951 : L’autorail dépose sur le quai le Père Jean DHUMEAU qui hérite des charges du Père LE GLATIN, notamment l’école et la chorale.
Début Décembre 1951 : Le Père André CHASSAIGNON vient remplacer comme curé de Bouaké, Mgr DUIRAT qui élit domicile dans une ancienne case de moniteur.
Depuis quelques temps, l’école était à l’étroit. On avait acquis un terrain derrière l’hôpital, en pleine brousse pour faire plus grand. À Pâques 1952, les élèves s’installent dans ce qui deviendra plus tard l’externat Saint André.
Les Pères quittent la vieille maison du Père SCHMIDT et viennent s’installer en Juin 1952 dans l’ancienne école que le Père PAVAGEAU a transformée en maison d’habitation. L’ancienne mission servira de local pour les réunions de la JOC qui vient de démarrer avec François IMBOUA et un groupe de jeunes Tagouanas. La JOC de Bouaké connaîtra dans les années 55, des heures glorieuses.
Octobre 1952 : Arrivée du Père Yves LEMIGNON qui vient mettre sa forte carrure au service des villages, à vélo, jusqu’à Tiébissou par exemple.
Le Père PAVAGEAU, devenu responsable de la mission au départ du Père CHASSAIGNON (1952), continue à l’équiper par la construction de six (6) chambres de passage.
Mgr DUIRAT, parti en France en Mars chercher du personnel, revient le 20 Novembre. À son arrivée, il a la surprise de trouver, encore inachevé, mais habitable, un vrai « évêché » construit par le Père DELATER, curé de Béoumi, au fond de la concession, à l’emplacement de l’ancienne bananeraie de la mission.
Avril 1954 : Arrivée du Père LE GOFF. Pendant plusieurs années (1954-1962), il s’occupera surtout des villages, laissant le Père PAVAGEAU plus libre pour s’occuper des chantiers d’écoles et de missions : Tiébissou, Mbahiakro, plus tard Sakassou, Bocanda, Ouellé.
Septembre 1955 : Arrivée du Père Clément AUDRAIN. Il ne restera pas longtemps et sera surtout le « résident » de la mission, à cause de son âge et de sa santé.

Les Clercs de Saint Viateur (1955)

En Juillet 1954, les Clercs de Saint Viateur, désireux de faire quelque chose en Afrique francophone, avaient envoyé en tournée d’inspection le Père Michel SUDRE, alors Vicaire de l’Institut. Mgr DUIRAT avait fait des propositions pour un Cours Normal. C’est son projet qui fut retenu par le Père BONNAFOUS, alors Provincial.
Il envoie le Frère Roger VIARGUES en éclaireur début Septembre 1955. Il s’installe à la mission, il prend en charge le CM2 de l’école, puis la direction. Il aide le Père DHUMEAU pour la pédagogie et la catéchèse, fait renaître le scoutisme et prépare la fondation du Cours Normal.
Juin 1956 : Les démarches finissent par aboutir pour un terrain de six (6) hectares à Ngattakro. Fin Juillet, le Père PAVAGEAU ouvre le chantier de construction.
Début Septembre, arrivent trois (3) nouveaux « Clercs » : le Père Jean LAUR, les Frères René GALTIER et Célestin TERRIER. Ils ouvrent deux (2) classes de la Sixième (6è) et une école primaire annexe à trois (3) classes dans les locaux inachevés. L’équipe loge à la mission en attendant que leur résidence soit achevée (1er Janvier 1957).
Les frères forment de futurs maîtres ; ils suivent aussi les maîtres en exercice. Les Frères MORIN, FUALDÈS, CANO, puis d’autres, viennent les rejoindre peu à peu. Leur action ne se cantonne pas aux études : catéchèse, aumôneries, scoutisme, clubs, fanfare, sport… Le Frère MORIN fondera les camps scouts de Kongodékro et de Manikro. Le Frère FUALDÈS secondera le Père DHUMEAU pour la formation pédagogique des maîtres.
En 1961, Saint Viateur construit sa Chapelle, et chaque année qui vient, voit quelque nouveau bâtiment s’ajouter et le nombre d’élèves augmenter.
En 1964, la Côte d’Ivoire supprimera les Cours Normaux. Saint Viateur deviendra Collège 1er Cycle. Le 2è Cycle sera ajouté en 1969. En 1976, les Frères passeront la direction aux laïcs ivoiriens. En 1993, le second Cycle sera ouvert aux jeunes filles.
Les Frères ouvrent un Juvénat sur place en 1961. En 1967, ce Juvénat sera transféré route de Béoumi sous le nom de « Foyer Jeune Viateur ». Il y aura deux (2) premiers religieux ivoiriens en 1967, mais ce premier essai ne sera pas le bon. Un noviciat sera construit et démarrera effectivement avec succès en 1988.
En attendant, le Foyer sera un lieu d’accueil et de rencontre très demandé (5000 journées par an de participants dans les années 93). Le Frère Paul ALAZARD l’agrandira, le Frère François VEYRIE construira la Chapelle « Notre-Dame des Fruits ».

1957 – 1958

Octobre 1957 : L’Abbé Bruno KOUAMÉ, qui vient d’être ordonné en 1956 après son Séminaire à Ouidah, prend la direction de l’école. Le Père DHUMEAU est désormais accaparé par la Direction de l’Enseignement et l’inspection des 257 classes du Diocèse. Son bureau vient d’être construit dans la concession de l’école.
Le Père Frédéric MENARD, arrivé en Juillet 1956 pour s’occuper de la catéchèse du Secondaire, prend la direction de la paroisse, en remplacement du Père PUAUT nommé à Mbahiakro.
Printemps 1958 : Arrivée de trois (3) nouveaux prêtres : le Père Émile CARPINETTI, du Diocèse de Fréjus ; le Père Joseph PASQUIER, du Diocèse d’Angers, descendu de Haute-Volta où il travaillait depuis vingt (20) mois ; le Père Claude FRICKART, Eudiste.

Le Séminaire (1959-1960)

Le Père FRICKART vient en avant-garde pour prévoir l’installation du Grand Séminaire sur l’ancien aéroport, route de Mbahiakro, comme en avait décidé la Conférence Épiscopale.
Mais, à la suite d’un changement d’avis du Délégué Apostolique de Dakar, le projet est subitement abandonné au profit d’Anyama, aux portes de la capitale. Le Père FRIKART quitte donc Bouaké, après avoir assuré, l’année durant, la catéchèse dans les collèges. Il sera le premier Supérieur du Grand Séminaire et deviendra plus tard Évêque Auxiliaire de Paris.
Le projet se modifie : ce sera un petit Séminaire.
Il s’ouvre dès Octobre 1959, mais dans l’enceinte de la mission, avec l’Abbé Bruno KOUAMÉ et… quatorze (14) élèves (dont Fulgence APPIA qui sera prêtre en 1974) sous le patronage de Saint Joseph Artisan.
Le chantier est dirigé par le Père Clovis NIEL, venu prendre la relève du Père PAVAGEAU à la tête de l’équipe de maçons de la mission.
Le Séminaire s’ouvrira en Octobre 1961 avec les Pères Jacques GUILLAUME, du Diocèse de Dijon, Bruno KOUAMÉ et Louis PERRIE, du Diocèse de Rodez. On y verra passer les Pères Frédéric MENARD (1963), Pierre CHASSAIGNE (1963-1969), Joseph HÉRY (1963-1970), Louis ROLLAND (66-70), Alphonse RAPION (69-74), et des séminaristes français faisant leur temps de service militaire en coopération.
À la rentrée d’Octobre 1970, le Séminaire changera d’orientation : il recevra les séminaristes de tous les diocèses devant suivre le Second Cycle B (sans diplômes) nouvellement créé par la Conférence Épiscopale. De l’ancienne équipe, seul demeurera le Père RAPION, comme Supérieur de la nouvelle maison, secondé par le Père Pierre PAVAGEAU. Le Père HERY partira pour le Séminaire de Gagnoa, le Père ROLLAND pour la mission de RAVIART.
Le Père Paul CHATAIGNE prendra la direction en 1972, puis le Père Joël ROY. Ensuite, la direction passera au Clergé ivoirien : Pierre-Claver GUITTEY, Barthélemy GOBOU, Pierre GOUÉ.
Prêtres et séminaristes participeront régulièrement à la pastorale et à la catéchèse des paroisses de la ville.

La vie monastique à Bouaké (1959-1963)

  • Juin 1959 : Le Père MÉNARD rentre en France, malade.
    Septembre 1959 : Le Père PAVAGEAU est nommé curé de Mbahiakro. Le Père PASQUIER prend les rênes de la paroisse.
  • Le 7 Décembre 1959, arrive à Bouaké, la première équipe de moines bénédictins : Dom Denis MARTIN, prieur du monastère de Toumliline, au Maroc, et initiateur du projet de fondation, les Pères Jacques DE CHARRY, premier Supérieur, et Édouard LE BEL. La première installation, plus que sommaire, se fait dans l’ancien abri du goniomètre du terrain d’aviation désaffecté, route de Mbahiakro, tout près du chantier du Séminaire.
    Les travaux de construction avancent très vite, si bien que le 17 mai 1960 arrive par le train une nouvelle équipe de 7 moines. La chapelle sera achevée fin juillet 1962, et l’hôtellerie recevra ses premiers retraitants, sous le regard de sa patronne, Sainte Marie.
    Dom Denis avait contacté à Paris un bon architecte, Mr Louis de Marien. Il vint voir les lieux et proposa son plan. L’originalité de la construction, basée sur les matériaux du pays, attirera bien des visiteurs et vaudra au monastère un numéro spécial de la très sérieuse revue ‘’l’Art sacré’’.
    Pour subsister, les moines commencent par planter un verger de manguier et d’agrumes, un jardin potager. Bientôt, ils lanceront la fabrication de yaourts et l’élevage de poules pondeuses.
    Le monastère entre en contact avec les villages voisins : on y vient à la prière, on vient se faire soigner. C’est ainsi que se présentera le premier postulat, un catéchiste baoulé, Augustin KOUADIO, qui fera ses premiers vœux le 11 novembre, suivi, en novembre de l’année suivante, par Étienne KOUAKOU, qui sera ordonné prêtre en 85 et sera le premier Prieur ivoirien.
    Le monastère accueille alors de nombreuses sessions, retraites, congrès. On se souvient particulièrement du Père Charles LYONNET, longtemps hôtelier discret et accueillant, du Père Vincent GUERRY, maître en langue et culture baoulé, qui fit même un essai de vie solitaire près de Brobo…
    De 1971 à 1975, Dom Denis MARTIN assume la charge de Prieur. Il remettra la destinée du monastère au Père Bernard POUPARD, le 25 février 1975 pour se retirer en France où il mourra en 1986.
    C’est en ces années que le monastère adopte la psalmodie de KEUR Moussa (Sénégal), avec accompagnement de Kora et de tambour.
    Seront ensuite prieurs : le Père Étienne KOUAKOU (85-92), le Père Dieudonné OUÉDRAOGO (92-94), le Père Jean DÉCOVILLE, depuis 94.
    Les dernières années verront de nombreux aménagements, notamment dans la chapelle, rendue plus claire et moins vulnérable aux termites.
    Beaucoup de chrétiens, en groupes ou isolés, cherchent au monastère un havre de prière, de silence et de paix.
  • En septembre 1960, la Mère Abbesse de Pradines vient ‘’prospecter’’ pour la fondation d’un monastère.
    Le 12 septembre 1962 arrivent les trois premières moniales : Mère Marie, Sœurs Cyrille et Bénédicte. Le 7 septembre, Mgr DUIRAT bénit la première pierre du nouveau monastère. En attendant, les Sœurs sont hébergées chez leurs frères bénédictins.
    Le 3 janvier 1963, arrivent de nouvelles moniales, Sœurs Louis de GONZAGUE, Jeanne d’Arc et Pascale. Les cellules du monastère de la ‘’Bonne Nouvelle’’ sont prêtes pour les accueillir. Il y en a même une qui est prévue pour recevoir le Seigneur, à titre d’oratoire, en attendant la bénédiction de la chapelle que le Père DHUMEAU fera le 13 octobre suivant.

La Cathédrale de Bouaké (1960-1962)

L’ancienne église du Père ALLEZARD, malgré les améliorations apportées, ne convenait plus au rôle de Cathédrale d’une ville de la dimension de Bouaké.
Le 30 novembre 1960, en la fête de Mgr DUIRAT, le premier coup de pioche est donné sur le chantier de la future Cathédrale. La société des Dragages se charge d’exécuter les plans réalisés par Monsieur STROBEL, architecte suisse qui a mis ses talents au service des Missions.
Le dimanche 8 janvier 1961, devant les autorités, Mgr DUIRAT procède à la bénédiction et à la pose solennelle de la première pierre. Noël pourra être célébré à l’abri, sous un toit.
Hélas, le travail va être endeuillé par un terrible accident.
Le 26 juin 1962, le Père bénédictin Augustin DE SOOS mettait la dernière main à la pose des vitraux. C’est alors que l’échafaudage volant, se décroche de la charpente, entrainant dans sa chute le Père Augustin et Jean-Joseph DAMA, son manœuvre. Le Père est tué sur le coup, Jean-Joseph le suivra quelques jours plus tard.
L’œuvre du Père DE SOOS sera achevée par le Père Michel SAURET qui vient d’arriver.
Le 1er octobre 1962, jour de la fête de Sainte Thérèse, Mgr René KOUASSI, premier prêtre ivoirien, originaire de diocèse de Bouaké, inaugure l’Église-mère du diocèse en chantant la première grande messe solennelle dans la Cathédrale.
Il faudra attendre 1975, l’année du Cinquantenaire, pour que la Cathédrale soit consacrée par Mgr DUIRAT, en présence de son successeur Mgr Vital YAO. Et il faudra attendre 1984 pour qu’elle soit dotée de ‘’vraies’’ cloches.

De nombreux prêtres en renfort

Le Pape Pie XII, dans son Encyclique Fidei Donum (1957), avait invité les anciennes chrétientés à prêter des prêtres aux jeunes Églises. Au cours de ses séjours en Europe, Mgr DUIRAT avait fait part de ses besoins en personnel à de nombreux Évêques. Ses appels ne sont pas restés vains, et à partir des années 60, de nombreux prêtres, surtout français, viennent prêter main forte aux Pères des Missions Africaines, traditionnellement engagés dans le Diocèse, et des prêtres baoulés récemment ordonnés.
Après les premiers,
Alfred KOUAKOU, en 1951, (décédé le 19 mai 1983)
Bruno KOUAMÉ, en 1956,
Auguste NOBOU, en 1959,
Arrive une nouvelle promotion :
1964 : Vital KOMÉNAN YAO, ordonné à Rome à la fin de ses études, et qui célèbrera sa première messe à Bouaké, le 1er novembre 1967,
1965 : Maurice KONAN KOUASSI,
1966 : Joseph YAO KOUAKOU.
Les prêtres étrangers se succèdent :
Émile CARPINETTI, de Fréjus (58-63) : il construira notamment pour les ‘’paralysés par l’âge’’ le cours d’adultes qui deviendra plus tard la maison des religieux de Saint Vincent à Air-France II.
Louis PERRIÉ, de Rodez (60-66) : professeur au Séminaire, il en construira la Chapelle, et fondera tout près de là pour les CV-AV, le camp qui porte encore son nom.
Jean POUGET, de Rodez (60-72) : il s’occupera surtout des villages.
Pierre MOREAU, d’Angers (60-66) : aumônier des étudiants.
Jacques GUILLAUME, de Dijon : supérieur du Séminaire.
Alain HUSSON, pradosien de Nancy (61-75) : il fonde le Centre Rural pour la formation des agriculteurs et lance dans la région les premiers GVC, avec son équipe : les Marie-Jo, Félix, Éliane, Juliette… A son départ, il laisse le travail aux ivoiriens, mais plutôt l’équipe se disperse.
René MARRE, de Rodez (61-66)
Michel SAURET, de Clermont-Ferrand (62-88) : c’est lui qui restera le plus longtemps, ajoutant aux activités paroissiales ses compétences universelles dans la construction, la réparation et les travaux matériels de toutes sortes.
Yves BOUYET, d’Angers (63-67)
Constant GABARD, d’Angers (66-69)
Jean-Paul JOLLAND, de Clermont-Ferrand (67-71)
Pierre BOURDONCLE, de Rodez (66-71)
Jean DUTUEL, de Clermont- Ferrand (69-70)
Yvon ALBESPY, de Rodez (69-73)
Fernand CHAFFARD, d’Annecy (71-74)
Paul VAN RAVESTYN, Père Blanc du Mali (71-73)
Un enfant du pays, Maurice KONAN KOUASSI, passera aussi deux ans à la Cathédrale après son ordination.
Tout cela, sous la direction du Père PASQUIER, curé de la Cathédrale pendant 24 ans, de 1959 à 1983.

De nouvelles paroisses se préparent (1964-1970)

Cela fait beaucoup de monde ! Mais la ville grandit, les établissements scolaires se multiplient, la chrétienté s’étoffe, des communautés se rassemblent dans les quartiers, des Chapelles se construisent (Gonfreville en 64, Paris-Bouaké en 65, puis, ce sera Liberté, Ahougnansou…).
Les prêtres de la Cathédrale et du Séminaire assurent une présence active, en attendant que les paroisses soient créées.
De nouveaux Ordres religieux viennent s’installer : Frères Maristes, Religieux de Saint Vincent de Paul, Sœurs de la Doctrine Chrétienne de Nancy, Ursulines de Sion, …
En novembre de 1968, à l’emplacement de la première mission disparue il y a un an, le Père DHUMEAU prépare de nouvelles constructions : Procure diocésaine et Direction de l’Enseignement Catholique pourront cohabiter dès mars 1969 dans un bâtiment spacieux et fonctionnel.

Du nouveau pour les jeunes (1966-1972)

En 1963, Mgr DUIRAT, préoccupé par les situations difficiles que vivaient de nombreuses jeunes filles de la ville, avait contacté Thérèse CORNILLE, fondatrice de ‘’Claire Amitié’’.
Son appel fût entendu. En 1964, Thérèse elle-même vint prendre contact sur place avec Mgr DUIRAT et les autorités de la ville.
L’année suivante, trois monitrices arrivent : Marthe LEMAÎTRE, Marie-Madeleine LABLEE et Angèle BOCCIARELLI.
Elles commencent par sillonner les quartiers de la ville afin de rencontrer les jeunes filles, de connaître leurs besoins et leur mentalité.
En janvier 1966, à quelques pas de l’École Saint André, elles ouvrent le Foyer ‘’Clair Logis’’.
Fin 1969, les frères maristes espagnols viennent s’implanter à Bouaké. Dès octobre, les Frères Cayetano QUINTANA et Javier GONI sont reçus à Saint Viateur où ils vont demeurer, professeurs et hôtes de la maison, deux années durant.
En octobre 1971, ils occupent le nouveau Foyer des Étudiants qui vient d’être bâti sur la concession de l’Externat Saint André. En même temps, leur communauté s’agrandit avec l’arrivée des Frères Félix GONZALEZ et Jose-Luiz MONT.
Ils construisent aussi un internat. À la rentrée 72, il recevra son plein de 48 élèves. Le Frère Félix réorganise le cours d’adultes de l’école Saint André.
Le Frère José-Maria ROMERO vient s’adjoindre à l’équipe, pour s’occuper à plein temps de la catéchèse des jeunes. Il participe activement à la Commission des Vocations et lancera en 81 le bulletin ‘’Klen Kpli’’. À partir de 80, il sera aidé par le Frère Félix SANTOS.
En 1990, arrive le Frère Benigno CASTILLA RUIZ. Il donne une impulsion nouvelle au Cours d’adultes qui devient École Champagnat, du nom du fondateur des Frères Maristes. L’École prend une dimension culturelle, avec séances de cinéma, conférences, excursions.
Un noviciat est construit près de la maison pour les jeunes appelés par le Seigneur à prendre la relève…

Monseigneur Vital YAO, évêque de Bouaké (1973)

Nommé évêque de Korhogo, l’abbé Auguste NOBOU, alors Directeur National des Œuvres, avait été consacré à Korhogo le 9 janvier 1972. Le dimanche suivant, il venait chanter sa première grande messe pontificale à Bouaké.
Le 17 mai 1973, la nouvelle part de Rome : l’abbé Vital KOMÉNAN YAO, actuellement professeur d’Écriture Sainte au Grand Séminaire d’Anyama, est nommé évêque de Bouaké, en remplacement de Mgr DUIRAT, démissionnaire.
Le 29 juillet dans sa Cathédrale, Mgr DUIRAT, assisté de Mgr NOBOU et de Mgr YAPI, Auxiliaire d’Abidjan, procède à l’ordination épiscopale de celui qu’il avait baptisé le 24 juin 1950.
Le 1er septembre, matin de son départ, Mgr DUIRAT concélèbre une dernière fois avec les prêtres de la ville.

À la rentrée, le Père DHUMEAU passe la Direction de l’Enseignement à M. Félix ZACKO et Eugène KOUADIO. Ils s’installent dans leurs nouveaux locaux près de Saint André. Le Père DHUMEAU s’installe à Liberté.
Au quartier Kennedy, Mgr Vital construit sa résidence.

Cinquante ans déjà (1975)

Le 5 octobre 1975, en la solennité de Sainte Thérèse, on fête le cinquantenaire de l’Église à Bouaké, et la consécration de la Cathédrale. Mgr DUIRAT est revenu pour la circonstance. C’est lui qui consacre, le samedi soir. Le dimanche, Mgr Vital préside le cinquantenaire, en présence du Président HOUPHOUET-BOIGNY.

Une nouvelle étape (1975-1995)

Une première étape de la vie de l’Église qui est à Bouaké a été franchie. Elle est maintenant dirigée par un fils du pays. Elle a déjà des prêtres issus de son terroir ; d’autres vont venir grossir les rangs dans les années qui viennent :
74 Fulgence APPIA,
75 Théodore KOUADIO YAO,
83 Michel BAFLAN,
85 Benoît YAO KOUADIO,
86 Joseph KAKOU KPIN,
88 Nestor KONAN, Joseph ÉKANZA,
89 Joseph TANO OI TANO, Joseph BEUGRÉ,
Émile KOUADIO KAN, Georges HOKA YAO,
Emmanuel YAO KOUAKOU,
91 Joseph N’GUESSAN KOUAKOU,
Emmanuel KOUAKOU KOFFI,
92 André ALLOU, Marcel MARCOLINO,
Jean-Marie YOBOUA KAKOU,
Siméon KOUAMÉ (étudiant en Espagne)
94 Alphonse KOUAMÉ LOUKOU,
Fulbert ATIWA KOUADIO.
Une foule de laïcs sont dans l’évangélisation. En ville comme dans le reste du diocèse, des paroisses sont nées et sont maintenant bien vivantes. Ces premières pages ont raconté surtout la chrétienté de la ville, en particulier de la paroisse Cathédrale. Nous la suivrons encore pour les années récentes, puis, nous laisserons les autres paroisses, en ville ou en dehors, nous dire leur propre histoire, surtout leurs débuts. Toutes ne seront pas au rendez-vous. À sa création en mars 1992, le nouveau diocèse de Yamoussoukro en a emporté un certain nombre, et bien des prêtres ordonnés pour Bouaké resteront désormais dans le nouveau diocèse, ou le rejoindront un jour s’ils y sont nés…

La paroisse Sainte Thérèse de la Cathédrale de 1975 à 1995

Au lendemain du Cinquantenaire, il y a à la Paroisse Sainte Thérèse :
Le Père Joseph PASQUIER (58-83)
Le Père Michel SAURET (62-88)
Le Père Alphonse RAPION (74-87), Directeur des Œuvres et Procureur.
Le Père Jean-Marc LEGRAND (74-87), venu à Bouaké après de longues années au Burkina-Faso ; il s’occupe particulièrement des Burkinabés, et, par la suite de l’Hôpital.
D’autres viendront assurer le service de la paroisse, des aumôneries, des mouvements, des églises nouvelles…
Jean-Marie MAESTRAGGI, de Marseille (75-84) : aumônerie des étudiants, église Saint Joseph Mukasa.
Joseph YAO KOUAKOU (81-93) : villages du secteur de Diabo.
Eugène DUCASTAING (82-86) : CV-AV.
André GUERET (83), curé de la Paroisse : il remplace le Père PASQUIER qui prend sa place comme curé de Dimbokro.
Michel CARTERON (83) : Direction des Œuvres, Catéchistes, création d’un Service Audio-visuel. Théodore KOUADIO (83-87).
Louis ROLLAND (86-88) : église Saint Joseph.
Alphonse ALLIRAND (88) : église Saint Joseph, hôpital, villages.
Nestor KONAN (88-92) : JEC
Joseph N’GUESSAN KOUAKOU (91) : JEC, villages.
Benoît KOUADIO (93), de retour après des études à Rome.

De la vie quotidienne bouillonnante d’une grosse paroisse, on ne peut citer ici que quelques événements particulièrement importants.

1978
Le Père AMMAN construit une nouvelle Procure. À l’emplacement de l’ancienne, il fonde la Librairie-Imprimerie de la Cathédrale (LICA). Il passe ensuite la direction à M. Bernard CLAVREUILLE. Après quelques bonnes années, surtout après 1984, la LICA sombrera.
1980
Première ébauche du Conseil Paroissial.
1981
Début de ce qui deviendra l’Association des Couples chrétiens, par des sessions de préparation au mariage avec le couple SARRAZIN. Le 31 mai, sacre de Mgr Bruno KOUAMÉ, évêque d’Abengourou. Création de ‘’Klen Kpli’’, la revue des jeunes en recherche de vocation.
1983
Septembre : arrivée des Pères GUERET, CARTERON, RANCHIN, Théodore KOUADIO, à une heure où des affiches annoncent partout « enfin de vraies cloches à la Cathédrale ». Il s’agit en fait de la cotisation organisée pour trouver les dix millions nécessaires à l’installation de véritables cloches destinées à remplacer les cloches électroniques trop peu efficaces.
1984
Vendredi 23 mars, concert par les Petits Chanteurs à la croix de bois.
Dimanche 25 mars, consécration solennelle des quatre (4) ‘’vraies’’ cloches de la Cathédrale : Thérèse, André, Anne-Marie et Jeanne Michèle. Les maisons Bollée (fondeur) et Bodet (électrification), auront fini leur travail pour la Vigile Pascale du 21 avril, les cloches, arrivées au sommet du clocher, sonneront pour la première fois en l’honneur du Christ ressuscité.
Avril, parution du premier numéro de l’ÉCHO, bulletin du diocèse de Bouaké, sous la direction du Père RANCHIN.
Octobre : Bénédiction de la photo authentique de Sainte Thérèse par Mgr Vital. Cette photo se trouve désormais au-dessus de l’autel de semaine.
1985
Plusieurs naissances : la chorale Sainte Marie, l’Association des Couples chrétiens, l’Association Sainte Thérèse.
1986
On commence à célébrer la messe régulièrement à l’Hôpital Central dans l’ancien ‘’cercle’’ aménagé en chapelle.
Naissance de la ‘’Caritas-Junior’’
Décès de Mme Colette LENOIR, membre de la Caritas à Bouaké. C’est ici qu’elle était née en Côte D’Ivoire, en 1960.
1987
Le 29 et 30 novembre : soirées d’évangélisation avec le Père TARDIF. Deux soirs de suite : prédication, messe, prière de guérison. Ce sera le vrai démarrage du ‘’Renouveau Charismatique’’ à Bouaké.
1988
11 décembre : reconnaissance officielle et envoi en mission par Mgr Vital de l’Association Saint Camille fondée par Grégoire AHONGBONON.
25 décembre : messe de minuit au stade, retransmise en direct par la Télévision.

1989
15 juin : bénédiction du nouveau presbytère que Mgr Vital vient de faire construire pour les prêtres de la Cathédrale.
16 août : le Père Giovanni DE FRANCESCHI vient s’installer dans la maison acquise par les pères du PIME au quartier Kennedy.
8 octobre : rassemblement national de la Légion de Marie.
26 novembre : célébration des Noces d’argent sacerdotales de Mgr Vital YAO, en présence du Chef de l’État. Un pagne à l’effigie de Mgr pérennise l’évènement.
1990
12 février : concert par les ‘’Petits chanteurs de Saint Marc’’ de Lyon.
10 septembre : consécration de la Basilique de Notre-Dame de la paix par le Pape JEAN-PAUL II à Yamoussoukro.
1991
Commencement de la préparation du Synode Africain. Distribution du questionnaire, réunions dans les groupes et les quartiers.
7 juillet : fête des 25 ans d’ordination de l’abbé Joseph YAO KOUAKOU à Bouaké puis, à Diabo.
1992
15 janvier : Conférence de Mme Hildegarde GOSS-MEYER sur la non-violence évangélique. Un groupe d’action naîtra de cette rencontre.
25 mars : Création du nouveau diocèse de Yamoussoukro, avec Mgr Bernard AGRÉ comme premier évêque. Les paroisses de Yamoussoukro, Tiébissou, Didiévi, Raviart, Toumodi, Dimbokro, Bocanda, Mbatto, Tièmélèkro, passent au nouveau diocèse.
Septembre : parution de la traduction en baoulé des Évangiles et des Actes des Apôtres, cadeau du diocèse de GORIZIA (Italie).
29 novembre : messe de départ des célébrations du Centenaire de l’Évangélisation en Côte D’Ivoire, présidée par Mgr Vital YAO, avec des délégations de toutes les paroisses du diocèse.
31 Décembre : première grande nuit du Renouveau Charismatique.
1993
Vendredi 19 mars : une immense procession accompagne du CHR à la Cathédrale, le corps du Père Adrien JEANNE, curé de Béoumi.
23 mai : assassinat du frère Antoine CHOMIENNE à Saint Viateur.
31 mai : bénédiction de la Chapelle Saint Antoine de Padoue à Kennedy.
9 octobre, 22h30 : une grande tornade d’une violence inouïe entraîne toute la Charpente de l’autogare UTB sur le toit de la Cathédrale.
Beaucoup de dégâts : toiture, plafonnage, plusieurs vitraux de la verrière avant-droite.
1994
Février : Lancement d’un mouvement des Professeurs et Éducateurs catholiques de Bouaké, et de son bulletin de liaison V.E.C. (Voix des Éducateurs Catholiques).
10 avril : le Synode Africain commence à Rome. Mgr Vital YAO y participe. Tout le diocèse se met en croisade de prière.
17 juillet : À la Cathédrale, ordination sacerdotale des abbés Alphonse KOUADIO LOUKOU et Fulbert ATIWA KOUADIO.
Septembre : L’abbé Maurice KONAN KOUASSI, qui vient de perdre sa maman (son papa la suivra bientôt) est nommé curé de la Cathédrale. L’Abbé Benoît KOUADIO prend sa place à Saint Jean-Baptiste. Le Père André GUERET rejoint Daoukro.

PAROISSES DE LA VILLE

SAINT PAUL DE GONFREVILLE (1964)

C’est à partir de 1956 que quelques ouvriers de l’usine Gonfreville, surtout des Voltaïques, notamment des Bissas, se rendent régulièrement à la paroisse Cathédrale pour le catéchuménat et la messe du dimanche. On note le baptême de six d’entre eux en 1959.
À partir de 1960, une réunion de prière est tenue tous les dimanches dans le quartier d’Allamankro, dans la maison de Pascal ZOMBRA. Au début, les gens du quartier se moquaient un peu de ces chrétiens, disant qu’ils étaient une église Voltaïque. Puis, progressivement, des ivoiriens du quartier se joignirent à eux : Roch CARVALLO, Jean KOUASSI, Joséphine ADJUA…
En 1964, des réunions de prière se font à Soungalokro (Nyankounkro) autre quartier de Gonfreville, sous un apatam.
En 1964, la messe est célébrée pour la première fois sous cet apatam par le Père Yves BOUYER. La même année, la mission obtient le lot actuel, et le Père Michel SAURET construit une petite chapelle (8x16m), avec poteaux de teck et toiture de paille. La Chapelle est dédiée, comme cela se doit, à Saint Paul, patron des tisserands. En 1967, le Père Jean DUTUEL fait remplacer la paille par des tôles. Il vient chaque dimanche.
En 1970, le Père SAURET construit une Chapelle en dur (14x6m). Le service du dimanche est maintenant assuré chaque dimanche par le Père Jean-Paul JOLLAND. Cette même année, arrivent les Sœurs Ursulines de Sion : elles viennent de s’installer à Ahougnansou et travaillent aussi sur Gonfreville (catéchèse, alphabétisation, culture…)
Maintenant, un prêtre vient chaque dimanche de la Cathédrale. Ce n’est jamais le même, mais certains ont été plus fréquents : le Père CHAFFARD (71-74), le Père LEGRAND (74-77), le Père AMMAN (77-79), le Père CESAREO et l’abbé Joseph KOUAKOU (82-83).
6 novembre 1983, le Père Marcel RANCHIN est présenté à la paroisse par le Père André GUERET, Vicaire Général, comme responsable permanent. Il est nommé officiellement le 12 mai 1984 comme résident, et s’installe effectivement le 5 septembre après avoir aménagé les locaux existants. L’Église n’est cependant pas paroisse autonome, et elle comprend le quartier de Gonfreville et celui de la Zone industrielle.
1986, l’Église est devenue trop petite. Le Père RANCHIN fait construire un grand apatam en face de l’entrée. Il servira d’église à partir de Noël 1986.
22 janvier 1989 : Bénédiction des fondations d’une nouvelle église qui entre en service dès Noël.
28 mai 1992, la nouvelle église est bénite par Mgr Laurent MANDJO. Une autre église a été construite à la Zone.
Depuis l’année 1983, où le Père RANCHIN est venu vivre à Gonfreville, la communauté s’est étoffée, quelques villages se sont se sont ouverts (Kpangbabo, Amanikro, Allokokro…), les groupes se sont multipliés. La nouvelle église, malgré ses 600 places, est déjà trop petite.

SAINT JOSEPH MUKASA de SOUKOURA (1965)

Dans les années 60, les quartiers s’appelait Pars-Bouaké ou Soukouradjan. C’était un quartier en construction, non encore loti. Le cimetière occupait la place de la pharmacie Kennedy, en arrière, se trouvait le village de Koffikro.
De l’autre côté de la route de Mbahiakro, dans la brousse, il y avait le Cours Normal de Garçons, devenu par la suite (l’ENI) et aujourd’hui le CAFOP 3. Plus près de la route, le Cours Normal de Jeunes Filles (actuel Lycée) dont Mme GUILLON, femme de l’Inspecteur Primaire fut longtemps la directrice. Plus proche, l’École primaire appelée École annexe. Plus loin, le village de Kassoukro, peuplé de Baoulés.
Les gens qui sont venus s’installer dans ce quartier sont pour la plupart des Burkinabés, Guinéens, Maliens, Nigérians, et autres étrangers qui cherchaient du travail en ville. Il y avait aussi des commerçants du marché. On vivait bien, car le travail se trouvait facilement et les affaires étaient prospères. Cependant, on construisait en banco puisque le terrain n’était pas loti.
Il y avait dans le quartier, une majorité de musulmans, mais, il y avait aussi des chrétiens. Parmi eux, les Samoghos étaient les plus unis. Tous allaient à la Cathédrale, de même qu’un groupe important de jeunes filles du Cours Normal, conduites en rangs par une surveillante.
Tout ce déplacement a donné l’idée au Père PASQUIER d’acquérir le terrain et d’y édifier un lieu de culte.
Le terrain est acquis auprès du chef de Kouassiblékro par le don de 22 sacs de ciment. Mgr DUIRAT fait don du hangar métallique qu’il avait pu obtenir lors de la première Foire de Bouaké. Vers 1960, le Père NIEL pose les fondations. Les Pères SAURET et PASQUIER s’occupent du montage du hangar. Le reste du travail est laissé à la charge des chrétiens. Une cotisation est lancée par groupe ethnique, les employés de l’IRTC paient par mois, même les filles du Cours Normal apportent une participation substantielle pour l’époque.
Novembre 1965, la Chapelle est enfin inaugurée par le Père Emmanuel SOMÉ (des Pères de Sant Martin) qui était venu donner une retraite aux Samoghos.
Le Père PASQUIER avait un tableau des martyrs de l’Ouganda pour orner le petit autel de gauche. L’un d’eux, Joseph Mukasa, fût choisi comme patron de la paroisse.
Il fût d’abord question de confier la Chapelle aux prêtres de Saint Vincent de Paul, mais, ils préféraient opter pour le quartier d’Air-France. Ce fût donc aux Pères du Séminaire que revint le soin d’animer la messe dominicale. Les Pères venaient avec des séminaristes pour animer la messe et faire chanter. Ainsi se succédèrent les Pères PAVAGEAU, Paul CHATAIGNE, Joël ROY. La Cathédrale dirigeait la catéchèse, les Sœurs NDA venaient pour la formation des filles : Sœur Joëlle, Melle JACQUOT, plus tard les Sœurs Piera, Carla, Marie-Bernard.
Progressivement, les Pères du Séminaire se retirent et les Pères de la Cathédrale reprennent le service dominical : Pères MAESTRAGGI, DUCASTAING, ROLLAND, et depuis septembre 1988, le Père Alphonse ALLIRAND. Les Pères avaient commencé à assurer la messe quelquefois en semaine en 1987. Depuis 1989, le Père ALLIRAND célèbre à Saint Joseph chaque jour.
La catéchèse et l’animation des CV-AV avec les séminaristes se faisaient au début dans les locaux de l’École Annexe. Depuis l’arrivée du Père ALLIRAND, on se débrouille avec les moyens dont on dispose sur place. Pendant les vacances 89, le Père a ajouté la salle contigüe à l’apatam appelée ‘’Salle jaune’’.
Depuis les débuts, la communauté chrétienne a fortement évolué. Au début, la chapelle était fréquentée par une majorité de Burkinabés, surtout des Samoghos. Leur catéchiste Jean-André FOLANE avait même été installé comme gardien dans les locaux construits près de la Chapelle. L’assistance était composée surtout d’adultes, la Chapelle était loin d’être remplie et la Parole de Dieu était traduite en Dioula, langue comprise par la majorité.
Puis, vers les années 80, la communauté s’est diversifiée, les enfants et les jeunes sont devenus majoritaires, et tous les mouvements sont maintenant représentés.

(BELLEVILLE)

Au-delà de Sokoura s’étend le grand quartier de Belleville. On peut préciser : Belleville I, Belleville II, et même Belleville III.
Depuis longtemps, on parlait d’obtenir un terrain pour y édifier un lieu de culte. Le Père MAESTRAGGI, de 82 à 84, puis, le Père ROLLAND, avaient essayé sans succès. Enfin, un terrain est obtenu. Il est bénit le 22 mars 92, et le 17 décembre suivant, commence la construction d’une salle destinée à être un Foyer de jeunes, mais, qui sert de lieu de culte depuis septembre 93 en attendant que l’Église soit édifiée.
La communauté de Belleville avait commencé avec les laïcs. La messe était célébrée deux dimanches par mois dans l’enceinte de la pharmacie Aimé DIMBOUR…
Le lieu de culte achevé, un certain nombre de ceux qui allaient à Saint Joseph resteront à
Belleville. Mais pour le moment, le plus grand nombre des chrétiens de Belleville qui vont à la messe préfèrent se rendre à la Cathédrale pour des raisons de commodité.

(KENNEDY)

Tout proche de Sokoura se trouve le grand quartier de Kennedy. La plupart des pratiquants du quartier ont des moyens de locomotion, ils préfèrent se rendre à la Cathédrale ou au monastère où ils peuvent trouver une messe tardive.
Cependant, les Pères du PIME, qui ont leur maison d’accueil dans le quartier, viennent d’y construire une Chapelle dédiée à Saint Antoine de Padoue : elle a été bénite le 31 mai 1993.

(KOUASSIBLÉKRO II)

Enfin, au-delà de l’ENSOA, proche du Monastère de la Bonne Nouvelle, il y a le quartier Oliénou ou encore Kouassiblékro II. Les catholiques y ont construit une chapelle en briques de terre, couverte de tôles. Elle n’est pas encore entièrement achevée.
Bientôt, tous ces lieux de culte qui naissent, et les communautés qui s’organisent autour d’eux, demanderont des prêtres à demeure. Et il y a aussi les nombreux villages qui s’ouvrent à l’Évangile au-delà des limites de la ville…

SAINT MARTIN D’AIR-FRANCE (1968)

À Air-France I, on avait ouvert une première classe, annexe de l’École Saint André, en 1958. Puis en 1960, un peu plus loin, on avait créé encore 3 classes, sous un hangar.
Le quartier se développant rapidement, et le nombre des chrétiens également, la première classe était devenue chapelle. On lui avait donné le nom de Saint Martin, qui aurait dû être le patron de la Cathédrale si Sainte Thérèse ne lui avait pris pas la place. Les prêtres de la Cathédrale venaient régulièrement y dire la Messe.
En novembre 1965, Mgr DUIRAT était à Nancy exposer aux sœurs de la Doctrine Chrétienne les immenses besoins de son diocèse. Les supérieures étaient venues à Bouaké, elles avaient vu, et elles avaient donné leur accord pour une fondation à Air-France.
On construisit donc pour elles un bâtiment scolaire de 3 classes.
Le 14 septembre 1967, arrivent à Bouaké les Sœurs Aline SHUL, Henriette MARCHAL, Gilberte REYNAUD, Antoinette BLASE. Elles se mettent tout de suite au travail : école, PMI, catéchèse, promotion féminine.
En août 1968, le Père Alexandre COUTURE, religieux de Saint Vincent de Paul, arrive en précurseur, de la maison de Bobo-Dioulasso, pour fonder la deuxième paroisse de la ville sur l’indication de Mgr DUIRAT.
Le 20 octobre, le Père COUTURE chante la première messe à la Chapelle de Saint Martin. Le 2 novembre, le frère Roland VIDAL vient le rejoindre, puis, le 4 novembre, les Frères Pie SOMÉ et Bernard TRAORÉ. La communauté s’installe dans l’ancienne École des paralysés par l’âge, qui devient leur presbytère au quartier Air-France II.
Le 10 novembre, en la solennité de sa fête, Saint Martin se voit officiellement confier le patronage de la deuxième paroisse de la ville de Bouaké. Le Père COUTURE est installé comme premier curé. Dès, le 1er janvier 1969, on ouvre les registres paroissiaux.
Alors, commence une longue et efficace collaboration avec les Sœurs de la Doctrine Chrétienne.
1970, le Père François CHANIAC remplace le Père COUTURE. Il fait équipe avec les Frères Ferdinand SANON et Élie SOMÉ.
1971, le Père Emmanuel BONTÉ remplace le Père CHINIAC. Avec l’aide de Maurice KONAN, président du premier Conseil Paroissial, il obtient du maire DJIBO Sounkalo un terrain pour la construction d’une nouvelle église. Le Frère Serge REDUREAU le seconde pour les travaux. Il s’emploie aussi à fonder la Mison de l’Enfance à la Rue 2, et à organiser le futur Foyer Charles Lwanga (le Patro actuel).
10 novembre 1973, Mgr Vital YAO, qui vient d’être sacré, bénit la première pierre de la nouvelle église.
10 novembre 1974, un an plus tard, Mgr Vital YAO, bénit l’église et procède à la consécration de l’autel avec les reliques de Jean-Gabriel PERBOYRE, martyrisé en Chine en 1840.
Le 1er Décembre, la nouvelle église voit ses premiers Baptêmes, en juin 75, ses premières Confirmations.
1977, Jeudi-Saint, la paroisse pleure la Père BONTÉ.
Le 11 septembre 1977, le Père Jean VÉZIANT est installé comme curé.
1978, Léger redéploiement de personnel dans la communauté. Le Père Jean MAZENOD remplace le Père Paul PASQUIER comme vicaire.
La nouvelle équipe entreprend des travaux de restauration : remise en état de la Chapelle d’Air-France I, réfection du clocher de l’église, pose du plafond, modification du chœur, pose de dossiers sur les bancs.
Depuis 1980, la paroisse est très vivante et progresse : le nombre des baptêmes et des mariages augmente, les ressources aussi. Aux jours de fête, l’église refuse du monde.
1983, arrivée du Frère Joseph-Marie SOMÉ qui donne une belle impulsion au Patro. Dieu le rappellera en 86.
1990, le Père MAZENOD est appelé à servir au diocèse de Gagnoa. Il est remplacé par les Pères André MORET et Henri de PENFENTENYO.
Les laïcs sont encouragés à s’engager dans les mouvements de spiritualité : Service Monde Meilleur, Renouveau Charismatique, Chemin Néo-catéchuménal (8 communautés). Il y a onze (11) communautés chrétiennes de quartier. Le Patro connaît un bel élan. Au mois d’août 92, 250 enfants ont assidûment fréquenté le Centre de Vacances, dont 140 non-chrétiens.

NOTRE-DAME DE NAZARETH de LIBERTÉ (1970)

C’est à ‘’Liberté’’ qu’en 1902, le Père FER avait construit la première mission provisoire, simple casse couverte de paille…
Les gens du quartier ont découvert l’Église en même temps que les autres de Bouaké dans les années 25. Mais, on doit signaler que deux jeunes d’Assèkro, Marcel BROU et Augustin N’GORAN ont été baptisés à Katiola en 1929, après avoir connu l’Église par un vieux chrétien Agni qui travaillait avec eux à la voie ferrée. Mais, ils ne purent guère entraîner leurs frères, l’opposition des vieux était alors très violente. Cependant, quand le Père Paul LE GOFF sillonna la région et construisit une Chapelle en dur en 1960, la communauté d’Assèkro put démarrer, ainsi que celle toute proche, de Bamoro, dont les catéchumènes connaissent les mêmes difficultés.
1960, c’est l’année où quelques chrétiens de ‘’Liberté’’ obtiennent sur le chantier de Kamounoukro quatre lots pour la construction d’un lieu de culte.
1967, les travaux d’aménagement commencent, sous la direction du Père Michel SAURET. On nettoie le terrain, on creuse un puits, un hangar est monté, qui deviendra église.
Cette même année 1970, le gros des constructions est achevé. Les premières cérémonies sont célébrées dans l’Église : le chemin de Croix est animé par la Sœur Antoinette. La première messe y est célébrée le soir du Jeudi-Saint par le Père SAURET. Le 1er juin, il fait le premier baptême, celui de Géneviève COULIBALY, le Père JOLLAND assure l’Eucharistie tous les dimanches.
1971, le Père Paul RAVENSTYN dessert le quartier. Mais, occupé à l’évangélisation de la brousse, il demande au Père Jean DHUMEAU, alors Directeur de l’Enseignement, d’assurer les célébrations du dimanche.
1973. En janvier, le Père Paul LE GOFF rentre définitivement dans sa Belgique natale. En juillet, c’est le sacre de Mgr Vital. En septembre, le Père DHUMEAU prend la charge effective et la responsabilité du quartier. Avec lui, les religieuses s’investissent de plus en plus dans la paroisse, pour la catéchèse et la formation des femmes.
L’église est en service mais, il reste les finitions. Mai 1974, la statue de la Vierge, œuvre du Père NIEL, prend place dans le chœur. Mgr Vital la bénira au cours d’une cérémonie imposante.
On commence aussi les démarches pour avoir des religieuses à demeure. Après un triduum de prières, une lettre collective est adressée à Mère Philippe, leur supérieure Générale. Le 5 janvier 1975, une réponse positive est donnée par sœur POIRE, de passage à Air-France.
Leur logement sort de terre. Sur la concession de la mission, le Père SAURET construit l’apatam puis, le presbytère.
Le 31 août 1976, on inaugure. Le Père DHUMEAU s’installe au presbytère, les Sœurs Antoinette BLAISE, Aline SHUL et Christiane LOMBARD dans leur nouvelle maison.
La paroisse va prendre le nom de Notre-Dame de NAZARETH. Au départ, à cause de l’aide financière des Libanais, les premiers bâtisseurs donnèrent à l’Église le nom de Saint CHARBEL, moine libanais. Mais, comme la paroisse est destinée à tous les chrétiens du quartier, le Père DHUMEAU va proposer l’idéal de Nazareth, une famille qui prie et qui travaille. Cependant, Saint CHARBEL restera en bonne place pour répondre à la dévotion des gens et tout spécialement des libanais.
Au fil des ans, les travaux se succèdent : plantation d’arbres, construction de Calvaire chez les Sœurs, salles pour le Foyer féminin (payées par Lions-Club). Dans l’église, réfection des murs, installations des cloches, pose des vitraux… Et la vie paroissiale va de l’avant.
Le 26 juillet 1981, le Père DHUMEAU est rappelé en France. Alors, Mgr Vital demande aux Clercs de Saint Viateur de prendre en charge la paroisse. Le Père Yves LE MIGNON assurera l’intérim pendant une année.
Octobre 1981 : le Père Roger DEBAUD et le Frère Gérard MORIN s’installent.
Gérard restera 3 ans. C’est l’homme des bois, toujours prêt avec sa Datsun à patrouiller la ville au service d’une dizaine de troupes scoutes.
Les autres Clercs de Saint Viateur viennent donner un coup de main pour les catéchèses, pour quelques messes ou pour les grandes célébrations. Le Père Maurice ESPIE lancera en 1990 le Cours Biblique.
Sœur Aline part en 1986. Sœur Marie la remplace un an. Puis, ce sera une laïque, Paulette FLAMAND, et enfin Sœur Virginie en 89-90. Après 90, Sœurs Antoinette et Sabine resteront seules. À la maison, en 1988, Jean-Paul TOURÉ, qui fait partie des Associés aux Clercs de Saint Viateur, prend la relève de Jean- Paul BAMBARA.
1990. les Clercs de Saint Viateur décident de restructurer leur communauté. On bâtit un nouveau presbytère, et à la mi-novembre, le Père Jorge NESTARES et le Frère Paul ALAZARD viennent rejoindre le Père Roger. Un jeune postulant de France viendra étoffer la communauté.
Le Père Jorge sera plus particulièrement responsable des jeunes : il sera leur guide spirituel. Grâce à une Pajero tout-terrain, don de Luxembours, Roger et Paul pourront visiter les campements les plus démunis, aider les chrétiens abandonnés et susciter de petites communautés de foi.
Les dernières années ont vu de nouvelles réalisations, pour faire face à l’accroissement de la communauté : salle de célébration pour enfants, réfection de l’église, local scout, garage…
1991 sera l’année des villages. Réparation des églises d’Assèkro et de Bamoro : toiture, plafond, électricité. Nouvelle église à Abokro. Tout près, le Sanctuaire Marial Notre-Dame, des Champs.
D’autres projets sont en route : une nouvelle Chapelle en ville, une dans un village…

SAINT JEAN-BAPTISTE D’AHOUNYANSOU (1976)

Ahounyansou (en Baoulé, ‘’sur le sable’’), quartier Ouest de Bouaké est formé de deux villages, Kprikro et Koliakro, autrefois séparés, maintenant englobés tous deux dans la ville.
Dans les années 50-60, des deux villages vivaient à l’ombre d’un complexe industriel dont le fondateur s’appelait LEDENT. L’usine recrutait sa main d’œuvre sur place, l’argent entrait dans les familles, l’animation régnait, les idées nouvelles faisaient leur chemin. C’est ainsi que les ouvriers envoyèrent très volontiers leurs enfants à l’école. Or, il y avait à Bouaké à l’époque bien peu d’écoles : l’École ‘’régionale’’ (actuelle Ville-nord et Ville-sud) et l’École de la Mission Catholique, la plus renommée. Beaucoup de parents choisirent l’École Catholique. À travers l’enseignement chrétien donné aux enfants, l’Évangile entra peu à peu dans les familles. Ce n’était vraiment qu’un début, car de tous les enfants baptisés à l’école, bien peu devenaient des adultes pratiquants.
En 1968, Mgr DUIRAT contacte les Sœurs Ursuline de Sion, en Suisse, pour une fondation à Bouaké. La réponse est favorable. Des Sœurs viennent d’être expulsées de Guinée : elles sont disponibles et elles ont l’expérience de l’Afrique.
En mai 1970, elles arrivent. Mgr DUIRAT les installe rue du Collège Technique et leur confie le quartier d’Ahounyansou, avec quelques activités sur Gonfreville. Tout de suite, elles se mettent au travail : visite des familles, catéchèse, soins aux malades, promotion féminine, …
Sur le terrain acquis par la Mission, on construit un petit studio avec deux salles : c’est là que les groupes se réunissent. C’est là aussi que le Père RAPION commence à célébrer la messe régulièrement le dimanche.
La grande salle s’avère bientôt trop petite. Les chrétiens lancent une souscription et construisent un apatam de 200 places, inauguré à Noël 70.
1971-1973. La communauté s’organise. Les Sœurs et les laïcs mettent en place un embryon de Conseil Paroissial.
1973. On construit un deuxième bâtiment de trois (3) grandes salles. Déjà, on parle d’une future paroisse Saint Jean-Baptiste, car c’est vraiment une zone de première évangélisation.
1975. Premiers baptêmes : une dizaine d’enfants et une quinzaine de jeunes.
Mgr Vital confie au Père Jean CHARDIN, le Père blanc, la construction d’un presbytère.
1976. Deux autres Pères blancs, le Père Jean CHAUVINEAU et le Père Dominique AMMAN, le rejoignent dans le nouveau presbytère, bientôt suivis par l’Abbé Fulgence APPIA.
La même année, l’Arche, fondée par Jean VANIER, vient installer une communauté dans le quartier : elle sera dans la paroisse un appel permanent à l’attention aux plus pauvres.
Déjà, on pense à construire une grande église. Mr Franz Van BEERS est chargé d’élaborer les plans.
1978. Une nouvelle équipe vient prendre en main la paroisse. L’abbé Maurice KONAN KOUASSI est nommé curé. Avec lui, le Père Jean-Louis THERON, qui assume la pastorale des enfants de la rue, et le Père Philippe PARENT, qui s’occupe particulièrement du quartier de Zone Industrielle.
25 janvier 1981. Inauguration de la nouvelle église par Mgr Auguste NOBOU, qui préside la messe, Mgr Vital YAO et Mgr Paul DACOURY. Cette église est pratiquement un don de l’Église de Suisse, qui assure la plus grande partie des dépenses.
1982. Mise en place des premières Communautés Chrétiennes de Base dans les quartiers.
Arrivée des Sœurs de Saint Joseph de Rodez, Sœurs Simone VIGUIE et Marguerite LAUR. Sœur Simone prend en charge le Camp Pénal : soins, alphabétisation, artisanat, … En liaison avec le mouvement ATD-Quart Monde, elle créera plus tard la ‘’Maison des Métiers’’ pour la réinsertion des prisonniers libérés qui veulent prendre en main leur vie par le travail.
1983. Départ des Pères THÉRON et PARENT. Arrivée du Père Marcel RANCHIN, après un service en France. Il est nommé responsable de Gonfreville et de la Zone Industrielle, qui sera définitivement détaché d’Ahounyansou en 1990.
D’autres prêtres viendront seconder l’abbé Maurice : Théodore KOUADIO, Michel BAFLAN, Joseph YAO KOUAKOU, David AMAN, Joseph KPIN, Georges HOKA, Gabriel BÉDA.
Septembre 94. L’abbé Maurice part à la Cathédrale. Il est remplacé par l’abbé Benoît YAO KOUADIO comme curé.

(N’GATTAKRO)

Au cœur du quartier de Ngattakro, qui fait partie de la paroisse, il y a le Collège Saint Viateur. Sa Chapelle, d’abord réservée au Collège (professeurs, élèves, ouvriers), fut bientôt ouverte aux chrétiens du quartier.
Elle est rapidement devenue un centre de rencontre et de rayonnement. Les Clercs de Saint Viateur et les professeurs se sont engagés de plus en plus dans l’animation pastorale du quartier et les activités caritatives (Communautés de Base, Camp Pénal, …)

SAINT PIERRE DE NIMBO

Nimbo est un quartier au Sud de Bouaké. La Mission s’étend sur une centaine de villages.
C’est dans l’un deux, Tiéplé, que les Pères BEDEL et FER, lors de leur première venue à Bouaké, passèrent la nuit du 6 février 1902.
C’est surtout à partir des années 50 que l’évangélisation à vraiment commencé dans les villages du Sud de Bouaké, avec les Pères Maurice PAVAGEAU (49-59), Paul LE GOFF (54-62), Jean POUGET (60-72), et l’inlassable catéchiste Pascal KOFFI. Une église fût même construite à Kongondèkro en 1957, peut-être un peu trop tôt.
Plusieurs écoles furent créées (Tiéplé, Konzo…), qui étaient des centres d’évangélisation et amenaient des visites plus fréquentes des Pères dans le village.
C’est dans les années 70 qu’est née l’idée d’ouvrir une paroisse à Nimbo. Mgr Piero COGOLIN, évêque de Gorizia, en Italie du Nord, était venu inaugurer des maisons offertes pas son diocèse à la léproserie de Manikro. Des Pères de Gorizia étaient déjà installés à Kossou avec les ouvriers italiens construisant le barrage.
En 1973, Mgr COGOLIN se rend compte qu’une fois le barrage terminé, Kossou risque de stagner. Désirant maintenir et même amplifier sa collaboration, il s’intéresse alors à la Zone Sud de Bouaké. Au cours d’une visite de Mgr Vital YAO à Gorizia, les deux évêques se mettent d’accord : des prêtres de Gorizia viendront prendre en charge le quartier de Nimbo, assez défavorisé sur le plan sanitaire et scolaire, et les villages vers le Sud.
1974. Le Père Gennaro CARDARELLI, ancien du Brésil, vient préparer la fondation. Demeurant à la Cathédrale, il construit un bâtiment pour les Pères, un pour les Sœurs et un oratoire.
Le 7 décembre 1975, le reste de l’équipe arrive : les Pères Flaviano SCARPIN et Giovanni DE FRANCESCHI, le Frère Fabio MUSSI, les Sœurs Allessandra BELLAFO, Armida ZULIANELLO et Natalia NAPOLANO, de la Congrégation des Sœurs de la Providence, et Mlles Pinuccia, Marcella, Ivana.
Les Pères prennent contact avec les gens du quartier, organisent des rencontres à l’école de Nimbo tous les soirs. Frère Fabio s’occupe des lépreux de Manikro, les Sœurs et les jeunes filles dans les services de santé et l’animation des villages.
Un an après son arrivée, le Père Giovanni rejoint Kossou.
Le Frère FABIO construit une chapelle (6x8m) couverte en paille. La première messe y est célébrée en octobre 76.
9 avril 1977. Premiers baptêmes.
1978. La petite chapelle ne suffit pas. On se réunit aussi dans la cour de la mission ou chez Mr. Maurice KONAN. Mlles Silvana et Daniella remplacent Marcella et Pinuccia.
4 septembre. Arrivée du Père Ivano TOSOLINI. Visite systématique de toutes les familles du quartier.
12 décembre. Création du premier Conseil Paroissial, avec Mme Marthe HONORINE et Mr Maurice KONAN.
La communauté grandit. Il faut une salle de réunion et une église. L’Architecte RIAVEZ de Gorizia fait un projet. Un terrain est trouvé, de l’autre côté de la route d’Abidjan, autour d’un large rocher. On y construit une chapelle et un bâtiment de trois salles.
1979. Le 7 janvier. Première visite des catéchistes itinérants du Chemin Catéchuménal, des Espagnols. 80 personnes à la première catéchèse. Les gens sont touchés. Les catéchèses se poursuivent deux fois par semaine, et aboutissent à la formation de deux communautés. Elles fonctionnent jusqu’au départ du Père Ivano en 83. L’expérience sera poursuivie ensuite sur la paroisse Saint Martin. Elle sera reprise à Nimbo en février 91.
1980. Les constructions sont terminées. Le Père Gennaro rentre en Italie pour un servie de sa Société.
1983. Séjour d’un an du Père Maffero ZAMBONARDI.
1984. Le Père Flaviano est nommé à Kossou. Il est remplacé par le Père Michel STEVANATO.
Le père Gennaro revient. Il s’occupera beaucoup des villages et de la formation des catéchistes. Le Père Michel s’attache surtout à la ville et à la jeunesse. Les Sœurs font la catéchèse et l’animation. Il y en aura toujours une ou deux à travailler à la léproserie de Manikro.
1985. Il devient urgent d’avoir une grande église. L’avant-projet de Mr. Franz VAN BEERS est accepté. La première pierre, qui est en fait le gros rocher offert par la nature, est bénite le dernier dimanche de juin, en la fête des Saints Pierre et Paul.
La nouvelle église sera dédiée à Saint Pierre, à cause du rocher sur lequel elle est bâtie, et aussi en souvenir de Mgr ‘’Piero’’ COGOLIN, initiateur de la paroisse et qui vient de mourir en 1981. Les travaux sont confiés à l’entreprise BOTTARI. Le diocèse de Gorizia finance la quasi-totalité des 68 millions du devis.
30 novembre 1986. Bénédiction de la nouvelle église par Mgr Vital YAO, en présence de Mgr Vitale BOMMARCO, successeur de Mgr COGOLIN, et de nombreux invités dont Mme Thérèse HOUPHET-BOIGNY.
1988. Le Père Luciano GONZALES passe un an à Nimbo et rejoint Prikro. Le vieux Père Gennaro rentre définitivement en Italie.
1990. Arrivée de l’abbé Joseph TANO, qui restera deux ans. En octobre, arrivée du Père Paolo ZUTTION, qui vient de Kossou. Il relance le Chemin Catéchuménal.
1993. Les sœurs construisent près de leur maison, un Foyer pour la formation des femmes (santé, couture, …)
Pendant toutes ces années, les villages n’ont pas été abandonnés : visites, formations des catéchistes, … On a même construit de nouvelles églises à Konzo (82). Djébonouan (87), Kondoukro (94).

SAINTE MARIE DE LA ZONE (1992)

Au début, les quelques chrétiens de la Zone Industrielle allaient à la Cathédrale ou à Ahounyansou.
En Octobre 1975, à l’occasion de la consécration de la Cathédrale, Pascal OURA KOUAMÉ, engagé dans la chorale Sainte Thérèse, fait la connaissance du Père CHARDIN qui jouait à l’orgue. Pascal le met en contact avec un groupe de jeunes de la Zone qui se réunissaient chez lui souvent le samedi soir et avaient exprimé le désir de suivre le catéchisme.
À partir de cette rencontre, le Père CHARDIN vient à la Zone tous les mardis soir pour leur faire la catéchèse, alternativement chez OURA KOUADIO Édouard, grand-frère de Pascal ; et chez Mme AMENAN Bernadette. Il y a 8 auditeurs : 5 catéchumènes et 3 baptisés. Pascal met le Père en contact avec deux familles de chrétiens, celles de Marc SANOU et de Benoît APALO. Le Père envoie Pascal suivre la formation des catéchistes.
1976. Afin de découvrir d’autres chrétiens du quartier, l’annonce est faite à la Cathédrale qu’il y aura une messe par mois à la Zone, dans le salon de Marc SANOU. Au début, c’est le Père CHARDIN qui vient. Après son départ, c’est le Père Jean CHAUVINEAU qui le remplace. Quand il est envoyé à Daloa, divers prêtres de la ville viennent à tour de rôle assurer la messe : les Pères PASQUIER, RAPION, LEGRAND, SAURET, les abbés Joseph KOUAKOU, Théodore KOUADIO, Maurice KOUASSI, et aussi le Père Gabriel et d’autres prêtres du Séminaire.
1978. Le Père Philippe PARENT, qui vient d’arriver à Ahounyansou, est chargé de la Zone. Désormais, il y célèbre la messe deux fois par mois. Sœur Marie-Paule, Ursuline, vient régulièrement faire la catéchèse.
1979. La messe est célèbre maintenant tous les dimanches par le Père Philippe ou l’abbé Maurice. Le nombre des fidèles augmente, le salon de Marc SANOU est trop petit. Il faut faire une chapelle. La mairie donne un terrain. Le petit groupe lance une cotisation.
1980. Mgr Vital YAO vient à la Zone bénir le mariage de Germain TANO. La communauté lui présente les 150.000 frs de sa cotisation, avec 150.000 offerts par les Sœurs Ursulines et 100.000 offerts par le curé d’une paroisse de France où avait servi le Père Philippe. Mgr Vital accueille favorablement cette somme et demande à Mr Franz VAN BEERS de proposer le plan d’une Chapelle de 250 places qui pourra plus tard servir de salle de réunions.
1983. La chapelle est construite. Le Père Philippe rentre en France. En septembre, le Père Marcel RANCHIN est nommé responsable de la Gonfreville et de la Zone. Il célèbre la messe pour la première fois dans la chapelle, le 23 octobre.
Le quartier connaît un développement spectaculaire, la communauté chrétienne aussi. Mgr Vital promet de construire une église à la dimension du quartier.
1991, dimanche 20 janvier. Le Père RANCHIN bénit les fondations de la nouvelle église. Le travail avance vite. Mais, le 30 mars, une terrible tornade s’abat sur Bouaké. Les murs, encore mal assurés, s’écroulent. Pas de découragement. Le Père repense le plan initial et prévoit des contreforts. Des proches apporteront une note de gaieté. Le 2 avril, les travaux reprennent. Tout ira très vite. Le 1er août, pose de la toiture, en septembre, les carreaux, en octobre, les portes, la peinture, l’installation de la cloche (80 kilos). L’église est inaugurée le 17 novembre 91, et placée sous le vocable de Sainte Marie.
8 mars 1992. Mgr Vital YAO bénit la nouvelle église, d’une capacité de 1300 places.
8 septembre 1992. Le Père RANCHIN vient s’installer dans la maison qu’il a construite près de l’Église. Il laisse la responsabilité de Gonfreville au Père René HOC qui vient d’arriver.
Septembre 1993. Après une session ‘’pour un renouveau paroissial inculturé’’, mise en place des Communautés Ecclésiales de Base… pour un avenir meilleur.
14 janvier 1994. Le nouveau presbytère, à étage, sort de terre…

SECTEUR OUEST

BÉOUMI : NOTRE-DAME DE LA PAIX (1943)

Jean ATTOUNGBRÉ KOUADIO, baptisé à l’EPS de Bingerville par le Père DUHIL en 1924, était devenu commis d’un commerçant libanais à Bouaké, puis à Béoumi en 1925.
Seul chrétien à Béoumi, il apprend la catéchèse à ses frères et amis. Il contacte le Père SCHMIDT qui vient de fonder la Mission de Bouaké. Dès 1927, le Père PARAGE vient chaque mois, il loge et célèbre la messe chez Jean KOUADIO.
Le Père, accompagné de Jean KOUADIO, visite quelques villages, notamment Kongonosou. Grand succès. Quelques nouveaux catéchumènes seront baptisés à Noël 1927.
Jean KOUADIO commence la construction d’une chapelle. Le Père PARAGE l’inaugure en juillet 1928 par deux baptêmes. Ce fût l’occasion d’une grande fête qui malheureusement, se termina très mal. La boisson ayant chauffé tout le monde, les néophytes et le Père lui-même appelèrent tous les invités à abandonner leurs fétiches. On désigna des sorciers, des fétiches furent brûlés, un païen fût molesté et dut s’enfuir… mais on le retrouva le lendemain matin pendu à un arbre. Jean KOUADIO fût arrêté avec une dizaine de compagnons, et ils passèrent cinq jours en prison. Le Père SCHMIDT prit très mal l’affaire et interdit au Père PARAGE de remettre ses pieds à Béoumi. Jean KOUADIO dut payer une amende. Son zèle fût quelque peu refroidi, et la Chapelle fût abandonnée.
1930. Le Père OLIVAIN vient de temps en temps à Béoumi. Il loge et célèbre chez Thomas-Patrick MARTIN, un métis originaire de Grand-Bassam, gérant de la SCOA.
1931-1932. Le Père OLIVAIN continue ses visites. La communauté est animée par Louis NAVIGUÉ, métis tagouana et Clément ANGBIN.
1934. Le Père ALLEZARD remplace le Père OLIVAIN, aidé par le Père Francis PEYVEL.
1936. Jean KOUADIO, qui vient d’être nommé Chef de canton, propose un terrain pour la mission, auprès de sa propre concession.
1937. Le Père ALLEZARD construit une classe dont la moitié sert de chapelle. On débute avec 70 garçons en mai 1938. Le maître est Édouard KOUAKOU, d’Aloko-Sakassou, ancien élève de la Mission de Bouaké. Édouard restera près de 25 ans au service de la mission, faisant tous les métiers.
Avec la guerre, les visites ralentissent…
1er octobre 1943. Le Père Paul DELATER, venant de Memni, est nommé curé de la paroisse de Béoumi, qui comprend alors Béoumi, Sakassou, Botro et Bodokro.
Il entreprend aussitôt la construction d’une Chapelle de 25m sur 10, en briques de terre et toit de paille. Tout le monde s’y met : le commandant VAN KEMPEN, Jean KOUADIO, les Écoles. La Chapelle est bénite le 9 juillet 1944 par Mgr BOIVIN. Elle a fière allure, avec ses deux alignements de piliers, son autel reposant sur des fûts de tecks et la fresque qui orne le mur du chœur. Elle a été réalisée par Mlle Marie BARANGER, qui avait fondé l’Association ’’Art et louange’’ et avait mis ses talents au service des Missions. Elle représente la Vierge Marie entourée d’Anges et montant l’Enfant-Jésus : Notre-Dame de la Paix, vers qui montent les prières en ce temps de guerre.
Les débuts sont prometteurs : un bon nombre de catéchumènes, en particulier des jeunes filles, viennent s’inscrire. Mais les tracasseries des féticheurs, notamment les sorties du masque ‘’Gbosso’’ que les femmes ne doivent pas voir, gênent sérieusement le catéchuménat.
Pour subsister, le Père fait tous les métiers : jardinier camionneur, menuisier, revendeur de poteries ; il se lance même dans la culture du tabac.
1947. Arrivée du Père Willy LEJEUNE, belge, frère de deux autres missionnaires, ordonnés tous trois le même jour. Il fût vite très populaire. Il visitait les villages en vélo, il faisait le catéchisme, il était très simple et très proche des gens, au bout de peu de temps il parlait le Baoulé… Mais à la fin de son séjour, en juin 1951, il rentra en congés et revint… au Congo Belge (le Zaïre).
1949. Arrivée du Père Joseph PUAUT, qui prend la direction de l’École.
1950. Janvier. Des flammèches venues d’un feu de brousse mettent le feu à l’église. La toiture est en cendres, les murs calcinés. Mais, les piliers ont tenu. L’église est rapidement remise en état.
1952. Bref séjour du Père Jean EVAIN.
1953. Arrivée du Père Paul GAUTRET qui restera deux ans.
1955. Juin. Visite de la Mère Générale des Sœurs de la Providence de la Pommeraye. Elle vient voir Béoumi, lieu choisi pour leur première fondation missionnaire. Mgr DUIRAT n’a pas frappé en vain à leur porte.
Les premières Sœurs arrivent en octobre : les Sœurs Joseph, Pierre-Claver, Agnès, Alphonse et Marie de Montfort. Au début, elles enseignent à l’École, puis elles ouvrent une École de filles et un dispensaire, l’année suivante.
1955. Le Père PUAUT s’en va, nommé Curé de Bouaké. Le Père GAUTRET part à Sakassou. Ils seront remplacés par les Pères René MENARD et Jean BAUDUCEL.
Le Père DULATER a décidé de rentrer en France pour reprendre du ministère. Mais, il ne veut pas quitter Béoumi sans y laisser une grande et belle église. À son départ, en 1960, la nouvelle église est presque terminée : les murs et le toit sont montés.
Le Père PUAUT revient à Béoumi pour lui succéder. Il faut d’abord terminer l’église, la consolider car les murs s’écartent, l’élargit par des ailes car elle est vraiment trop en longueur, achever la façade.
Les communautés chrétiennes sont rares (Zedekan, Afotobo, Mandanou, …) Le Père cherche des catéchistes et les prend à la mission pour les former et ensuite les envoyer dans les villages. Parmi eux, Georges OURA, s’installé à Béoumi près du Père, aura une grande influence par la conviction de sa foi.
Les villages s’ouvrent à la scolarisation, et le Père PUAUT construit de nombreuses Écoles, et souvent en même temps des Chapelles. C’est l’époque où l’Enseignement Catholique est en pleine expansion dans le diocèse, et Béoumi tient la tête. Le directeur de l’École, Eugène KOUADIO, sera plus tard appelé à la Direction Diocésaine.
Les Sœurs veulent créer une École Ménagère. Mais le Gouvernement leur demande de faire plutôt un Collège de Filles, car il y en a très peu dans le pays. Rapidement construit, le Collège ouvre ses portes en septembre 1964 sous la direction des Sœurs Marie CLÉMENT.
Plusieurs Pères se succèderont auprès du Père PUAUT :
Jean EVAIN,
Michel CONVERS, qui ne tardera pas à s’investir sur Botro,
Michel CARTERON, quelques mois en 1963,
Pierre BOUCHET, qui s’occupera beaucoup du Collège, aménagera le chœur de l’église et se fera un pied-à-terre à Bodokro,
Louis ROLLAND, un an en 1970.
1971. Le Père PUAUT rejoint le Père CONVERS à Botro. Il est remplacé par le Père Marcel RANCHIN, qui restera de 1971 à 1978, aidé des Pères Raymond JOLY (71-73), Ennrique RUIZ (73-74), Eugène DUCASTAING (74-79).
1978. Le Père RANCHIN est rappelé en France. Il est remplacé par le Père Gérard BOULLERY (78-88) aidé quelque temps par les Pères Paul GAUTRET (85-86) et Alain BEAL (87-88).
1988. Les deux Pères sont nommés à Yamoussoukro. Le Père Petrus REYNARD vient pour deux ans (88-90), avec les abbés Joseph ÉKAZA (88-89). Au départ du Père Petrus, le Père Georges FRAYSSIGNES vient de Sakassou pour faire l’intérim.
Tous ces changements successifs ont quelque peu effrité la communauté. En septembre 1991, le Père Adrien JEANNE, après un an passé en Allemagne, vient reprendre la paroisse en main, et tout repart dans l’unité retrouvée, pour la plus grande joie de tous.
Mais dans la nuit du 14 au 15 mars 1993, le Père Adrien est assassiné pendant son sommeil. C’est un émoi profond dans la paroisse et dans tout le pays. À Bouaké, puis à Béoumi, des foules bouleversées viennent prier pour lui et l’accompagner à sa dernière demeure, au cimetière de Béoumi.
Les paroisses voisines s’occupent de Béoumi jusqu’à l’arrivée de l’abbé Nestor KOUASSI, venu du diocèse de Yopougon en septembre 1993. Il sera rejoint l’année suivante par un des nouveaux prêtres, l’abbé Alphonse KOUADIO LOUKOU.

SAKASSOU : NOTRE-DAME DE FOURVIÈRE (1955)

Dès la fondation de la mission de Bouaké en 1925, les premiers Pères, voyageurs infatigables, ont sillonné la région. On se souvient encore des Pères BOIVIN, PEYVEL, mais le Père Jean ALLEZARD (Akanza okwlè) est dans la mémoire de tous les anciens.
Avant 1939, il avait déjà ouvert une École à Sakassou, avec des maîtres comme François AKOTO YAO, un des premiers baptisés de Bouaké (24 mai 1927), et qui enseigna d’abord à Bouaké avant de venir chez lui.
Cependant, avant les années 40, c’est à Yablassou que les missionnaires trouvèrent l’accueil le plus favorable. Grâce à Denis KOFFI, un des premiers catéchistes, qui était originaire du village, c’est à Yablassou que se constitua la première communauté chrétienne. Il y eut même le projet d’y installer la mission, avec la maison des Pères et des Sœurs…
Après la création de la paroisse de Béoumi en 1943, ce sont les Pères de Béoumi qui visitent les villages de Sakassou. On se souvient des Pères DELATER, LEJEUNE, PUAUT, GAUTRET.
1955. Mgr DUIRAT a une entrevue avec le roi Baoulé ANOUBLÉ II pour l’obtention d’un terrain. On arrive à un accord pour un terrain situé après le marigot sur la route de Tiébissou, côté Sud, le côté Nord étant réservé à l’Administration.
Le 24 juin, le Père Paul GAUTRET, qui vient d’être nommé à Sakassou, est présenté au roi qui lui donne une case toute neuve (en paille) sur la route de Nyamienbô.
La messe est célébrée dans le salon du catéchiste moniteur François AKÔTÔ YAO, ou au campement d’Antoine NGOTTA, sur la route de Tiébissou.
En juillet, on attaque la brousse pour bâtir la Mission.
En septembre, le Père s’installe chez lui : il n’y a encore ni portes ni fenêtres.
En Octobre, le Père PAVAGEAU vient de Bouaké avec son équipe et monte un hangar métallique qui sera la première chapelle et la première École.
Le 1er novembre, les Sœurs de la Pommeraye qui viennent de fonder Béoumi, envoient deux Sœurs à Sakassou : Sœur Marie de l’Ascension pour l’École et Sœur Thérèse de la Croix pour un poste médical. Une équipe envoyée par le Commandant de Béoumi construit leur maison et un dispensaire, sur le terrain en face de la mission.
C’est encore l’année où le Père GAUTRET fait la rencontre de Pascal KOUAKOU, à la sortie d’une boutique où le Père avait fait le catéchisme aux enfants de l’École publique. Pascal, aveugle, deviendra chrétien, catéchiste, il accompagnera les Pères et sera leur interprète pendant dix-sept ans.
Pour l’École, le roi ANOUBLÉ et François YAO aident au recrutement. À Noël, il y a déjà trente élèves. Et des écoles de brousse ne tarderont pas à s’ouvrir : il y en aura jusqu’à dix-neuf, avec des débuts souvent difficiles. Certains moniteurs ont été des aides précieuses pour l’évangélisation, notamment Jacques DIABY à Yablassou, puis à Sakassou.
1957. L’École est achevée. C’est dans une classe que maintenant le Père célèbre la messe.
1958. Arrivée du Père Louis ROLLAND. Il crée un internat pour les garçons, tandis que les Sœurs, avec Sœur Dominique Marie, en créent un pour les filles.
Arrivée aussi de Sœur Marie-Stéphane. Elle est docteur en médecine et entreprend la création d’un poste médical moderne. On construit la maternité en 58 : six cases de terre, brûlées en 1960 à la suite d’une épidémie de variole et remplacées en 1961 par un bâtiment nouveau. Après cela, les deux bâtiments des tuberculeux, réalisés par le Père GAUTRET. L’hôpital ne désemplit pas. En plus de l’École et de l’hôpital, les Sœurs visitent les villages, soignant les malades, enseignant aux femmes l’hygiène et le catéchisme.
1963. Pendant son congé, le Père GAUTRET fait le plan et cherche des fonds pour la construction d’une église. Pas de cotisation. Le Père fait du commerce, il construit pour les gens : le bénéfice servira à construire la nouvelle église.
Le Père Gérard LANDAIS vient remplacer le Père ROLLAND. Il restera onze ans (63-74).
L’église, une fois achevée, est placée sous patronage de Notre-Dame de Fourvière, sur la proposition de Mgr DUIRAT. Le Comité de construction, présidé par François YAO, aurait préféré Saint Paul, peut-être pour remercier le Père Paul GAUTRET. Mgr DUIRAT répond qu’il n’y a pas de palabre entre Paul et la Vierge. La mission est confiée à Notre-Dame de Fourvière comme à une mère, Saint Paul sera le titulaire de l’église.
1969. Le Père GAUTRET s’en va, et c’est le Père LANDAIS qui devient curé de la paroisse, bientôt aidé par le Père Gérard BOULLERY (70-76).
1974. L’abbé Alfred KOUAKOU vient remplacer le Père LANDAIS. C’est un homme de culture. Il vient de publier son livre ‘’Sagesse Africaine’’ où il recueille les traditions de son peuple. Il a souci de la scolarisation des enfants, et en scolarise plusieurs à ses frais. Il est d’une générosité sans limites. Il baptise beaucoup…
Mais ses absences fréquentes, ses problèmes de santé, le manque de suivi des communautés… poussent Mgr Vital YAO à chercher au loin des forces nouvelles. Surtout qu’un nouveau problème se pose en 1976 avec le départ des Sœurs de la Pommeraye.
1979. Le diocèse italien de Belluno envoie deux prêtres à Sakassou : Le Père Giovanni DE FRANCESCHI, du PIME, et le Père Claudio SACCO. Ils trouvent des appuis solides auprès de personnes comme Pascal KOUAKOU et TOTO KOUAMÉ Georges, qui mourra en 1985 et sera enterré comme un ministre.
Le Père Claudio se signalera par l’impulsion donnée au chant Baoulé. Il compose lui-même et il met au point les airs composés par les catéchistes.
1980. Mgr Vital, au cours d’un voyage à Rome, avait pris contact avec les Supérieures des Sœurs Carmélites missionnaires (d’Espagne), déjà présentes dans plusieurs pays africains. La réponse avait été favorable… et rapide. Le 21 septembre, quatre (4) Sœurs arrivent à Sakassou pour le catéchuménat, les soins aux malades, la formation des femmes, … en ville et dans les villages : ce sont les Sœurs Josefina, Trinitad, Maria-Paula et Julia. Sœur Maria-Teresa les rejoindra le 19 décembre. En 1982, elles ouvriront une maison pour leurs postulantes africaines.
1984. le Père Claudio (80-85) remplace le Père Giovanni comme Curé après son départ pour Mbahiakro.
1985. En souvenir du 30è anniversaire de la fondation de la paroisse, la communauté complète l’église par un clocher. La cloche (210 kg) avait été fondue à Nantes en 1866. C’était la cloche de la Chapelle d’une grande clinique détruite par les bombardements en 1943.
Viendront encore les Pères Vito DE BASTIANA (81-85), Alfredo LEVIS (85-88), Georges FRAYSSIGNES (89-90).
1990. Le Père Virgino DE MARTIN, arrivé en novembre 88, prend la direction de la paroisse, aidé par le Père Ezio DEL FAVERO.
1991. Le Père Virgino fait construire le premier cimetière chrétien de Sakassou, sur la route de Béoumi.
Pendant ces dernières années, beaucoup a été fait pour les villages, la formation de leurs catéchistes, la construction ou la rénovation de leurs églises : Ngbèdjo Kan en 83, Angamankro et Awé Kansin en 84, Kpètèbônou en 86, Kanango et Toumodi-Sakassou en 90, Ayaou Sopka et Appiakro en 91, Amansalèkro et Adofuè bônou en 92, Yablassou en 93…

BOTRO : Saint GABRIEL (1968)

La région a été visitée par les Pères de Bouaké, surtout le Père Jean ALLEZARD (Akanza okwlè) à partir de 1929.
Une École catéchétique fût ouverte à Botro.
Les premiers baptêmes sont ceux de Pascal KOFFI (26 décembre 1932), Claudine KOFFI AHOU (7 février 1935), Édouard YAO KOUAKOU (29 juin 1935).
Le Père Paul DELATER fonde Béoumi en 1943. C’est lui qui vient maintenant à Botro. Il va trouver, pour le seconder, le jeune Édouard KOUAKOU, originaire d’Aloko-Sakasso.
Le terrain de la Mission se trouvait alors à proximité du village, près d’un bois de tecks, à gauche de la route conduisant chez le Chef de canton. Deux petits bâtiments y avaient été construits. L’un servait de Chapelle, l’autre était le logement du moniteur-catéchiste, François AKOTO YAO.
Le Père Willy LEJEUNE, arrivé à Béoumi en 1947, a laissé un vivant souvenir. Proche des gens, gai, parlant le Baoulé, il réussit à créer un climat de sympathie à l’égard de la Mission.
Le Père Joseph PUAUT, arrivé à Béoumi en 1949, a continué les visites à Botro et dans quelques villages. En 1951, il ouvre une École à Aloko-Sakasso.
Sont venus ensuite, toujours à partir de Béoumi, les Pères Paul GAUTRET et René MENARD. Le Père GAUTRET a construit de ses mains la première École en dur d’Aloko-Sakasso.
Le Père MENARD, à la suite d’une mésentente avec le Chef de canton, décida de transférer l’École sur un autre terrain, à Kayabo, sur la route de Béoumi. Ce projet n’eut pas de suite, et le Père PUAUT, à son retour à Béoumi en 1960, trouva les élèves de Botro transférés à l’École d’Aloko-Sakasso.
Lors des visites à Botro, la messe était célébrée chez Mr. KPANTHIÉ, infirmier, qui deviendra par la suite Chef chrétien de Botro.
Désirant réinstaller l’École et la Mission à Botro, le Père PUAUT décida de prendre contact avec le Chef de canton, TOTO KRA. Pour avoir plus de poids, il avait demandé à Mgr DUIRAT de venir aussi. L’entrevue fût cordiale. Le Chef de canton donna un terrain sur la route de Bouaké : c’est le terrain actuel de la Mission.
Après avoir débroussé, le Père construit un bâtiment de trois classes. C’est là que viennent s’installer les Sœurs. Car les Sœurs de la Providence de la Pommeraye, dont la première maison avait été ouverte à Béoumi en 1953, avaient accepté d’envoyer à Botro des Sœurs qui resteraient attachées à la communauté de Béoumi.
Les premières Sœurs arrivent le 24 novembre 1961 : Sœur Saint Jean et Sœur Vincent-Joseph. Une salle de classe devient leur maison d’habitation (confort nul). Une autre sert de Chapelle où le Père PUAUT vient célébrer la messe plusieurs fois par semaine. Dans la troisième, on fait la classe. Une autre classe se fait sous un apatam, une troisième sur l’ancien terrain de la Mission… 150 élèves, sous la direction de Sœur Saint Jean.
Une nuit, une tornade emportera la toiture du bâtiment. Mais elle sera refaite, et mieux arrimée.
Bientôt, de nouveaux bâtiments sortent de terre : la Chapelle, la maison des Sœurs, de nouvelles classes…
Il devait revenir au Père Michel CONVERS de continuer les constructions et d’organiser la maison.
Arrivé à Béoumi à la fin de 1962, il ne tarda pas à s’orienter sur Botro. Il s’y rendait plusieurs fois par semaine pour la messe. Puis, il se construisit un pied-à-terre (chambre, garage, magasin), et ses retours à Béoumi commencèrent à s’espacer. De nouveaux bâtiments furent construits : 6 classes, 8 logements de maîtres. L’École comptait alors 12 classes et 450 élèves.
En revenant d’un congé, le Père CONVERS rapporta de France un hangar métallique. Une partie de ce hangar fût montée pour devenir la future église, l’autre servit à la maison d’habitation.
En 1968, les constructions étaient terminées. Le moment était venu de couper le cordon ombilical avec Béoumi. La paroisse de Botro fût officiellement fondée, comprenant les sous-préfectures de Botro et de Bodokro. La paroisse fût confiée à Saint Gabriel, en mémoire du Père Gabriel CLAMENS, ami de longue date et très estimé du Père CONVERS.
Le Père CONVERS, d’abord seul, fût rejoint quelque temps par le Père Francis VERGER.
1971. Le Père PUAUT quitte Béoumi et vient à Botro. Rapidement, on repartit le travail, le Père CONVERS se consacrant à Botro et le Père PUAUT à Bodokro.
Plus que d’autres, la Mission de Botro a été marquée par la présence des Sœurs. Vivant sur place bien avant les Pères, elles ont été les chevilles ouvrières de l’évangélisation : École, formation des maîtres, puis catéchèse, alphabétisation, contact avec les gens de la ville et des villages. Avec une large utilisation des moyens audio-visuels, dont le Père CONVERS était un partisan convaincu et bien équipé. Sœur Andrée DAVY, arrivée en 63, restera jusqu’en 87, 24 ans !
Le séjour des Sœurs a été marqué par de grandes épreuves : la mort de Sœur Vincent-Joseph en 69, et de Sœur Marie Renée en avril 81. Toutes deux reposent au cimetière de Béoumi.
Au départ du Père CONVERS, le Père Louis ROLLAND prend la relève. L’ancienne Chapelle étant vraiment petite, et la communauté chrétienne de la ville s’étant bien développée, il a fallu penser à faire du nouveau. Le hangar était là, attendant depuis des années. Prolongé, habillé, il a servi d’armature à la nouvelle église.
Dans les villages, il y aussi quelques communautés chrétiennes, un peu perdues au milieu des nombreux protestants, et il y a malheureusement peu de catéchistes pour les conduire.

(BODOKRO)

Le Père ALLEZARD était passé autrefois, mais sans succès. Vers 1964, le Père Pierre BOUCHET, à partir de Béoumi, tente une nouvelle approche, avec succès cette fois.
Il construit à Bodokro une Chapelle et un logement pour le catéchiste. Il séjourne à Bodokro plusieurs jours par semaine et rayonne dans les villages où il y de petites communautés, certaines toutes nouvelles, d’autres déjà anciennes, comme Aloko-Sakasso, avec Michel LOUKOU KOUADIO, un catéchiste de la première heure.
Le Père PUAUT, en prenant la charge du secteur en 1971, a été amené lui aussi à rester longuement à Bodokro. Mais comme il y avait incertitude sur l’emplacement d’un nouveau village, le Père a préféré, en attendant, fonder un campement près de l’ancien village et entreprendre quelques activités d’élevage.
À partir de 1977, Sœur Marie-Renée vient régulièrement à Bodokro et rassemble les enfants. Le Père construit quelques salles et une maison où la Sœur peut habiter. Mais la Sœur meurt brusquement d’une crise cardiaque en avril 1981. C’est un choc pour la population, car elle était très aimée. Elle est remplacée en octobre par Sœur Maria qui continue son travail auprès des enfants. Mais pour des raisons de santé, la Sœur rentre en France en 1989.
La communauté chrétienne grandit peu à peu. Dans les villages, des Chapelles se construisent, des jeunes se proposent comme catéchistes.
La chapelle du Père BOUCHET est devenue trop petite. Il faut l’allonger, l’élargir. Les travaux, commencés en octobre 1992, sont menés rapidement, avec l’aide de Dieu qui empêche miraculeusement un gros arbre de tomber sur l’église. Noël est célébré dans l’église rénovée. Le Père abandonne son campement et vient s’installer près de l’église, dans la maisonnette construite pour les Sœurs.

DIABO : SAINT JOSEPH ARTISAN

En 1941, Père ALLEZARD rencontrera le chef de tribu Nanan SRAN KOUAMÉ et ses notables, dans l’intention d’évangéliser le pays ‘’Brô’’. Les vieux ne furent pas d’accord, alors que les jeunes auraient souhaité la venue du Père.
Un an plus tard, le Père revint, explora la région. Il prit deux jeunes, KOUAKOU AKPOUÉ Bernard, de Tandokro, et NGUESSAN KOUASSI Pascal, de Sélakro, qui furent inscrits à l’École de la Mission de Bouaké.
Mais les vieux étaient opposés à l’évangélisation… et la région fût abandonnée par les Pères qui avaient bien d’autres régions à voir sur leur immense territoire…
En 1951, les Pères Paul LE GOFF et Maurice PAVAGEAU visitent le pays. Ils créent plusieurs Écoles, notamment à Diabo, avec 32 inscriptions. La plupart de ces Écoles, tomberont assez vite ; mais certaines ont subsisté plus de quinze ans.
En 1960, le Père Jean POUGET prend la relève. Il fait le catéchisme dans les Écoles publiques. Il obtient l’actuel terrain de la Mission et construit en 1964 la Chapelle de Diabo et en 1966, celles de Ndoumoukro et Sahébo.
Jusqu’à son départ en 1972, le Père POUGET vient régulièrement à Diabo et dans quelques villages. Il est ensuite remplacé par d’autres prêtres de Bouaké : le Père Alphonse RAPION, les abbés Bruno KOUAMÉ et Fulgence APPIA, le Père Francis VERGER venait, lui de Botro.
Des évènements importants ont marqué cette période :
– Deux ordinations : l’abbé Maurice KONAN KOUASSI, en juin 65, l’abbé Joseph YAO KOUAKOU, le 28 juin 66.
– Deux professions religieuses chez les Sœurs de Notre-Dame de la Paix, en 71 ! Sœur Geneviève-Renée KOUAKOU et Sœur Thérèse-Augustin KONAN BROU, dixième sœur de l’abbé Maurice KONAN KOUASSI. Elles feront leurs vœux perpétuels en 78.
La cadette de Sœur Geneviève-Renée deviendra religieuse à son tour sous le nom de Sœur Véronique KOUAKOU, en 1984 dans la même Congrégation.
Pendant toutes ces années, les chrétiens du lieu ont pris une grande part à la Mission : les chefs chrétiens comme Jean-Baptiste KRAMO, Grégoire ADJÉRAN, Pierre YÉBOUÉ KOUAMÉ ; les catéchistes Paul KOFFI, Ferdinand BROU NGUESSAN, Jean-Marie KOFFI… Les plus jeunes vont maintenant se former au CAPMR de Brobo.
En 1981, la région de Diabo est confiée à l’abbé Joseph YAO KOUAKOU, vivant d’abord à la Cathédrale, il s’installe complètement à Diabo en septembre 1993.
Son jubilé d’argent, grandement fêté à Diabo en juillet 1991, avait fait constater l’insuffisance de l’ancienne Chapelle. Une grande église est actuellement en construction.

BROBO : SAINT PAUL (1986)

Dans la région, c’est pratiquement à Bangassou que l’Église a commencé.
En 1937, Bernard YAO HOUPHOUET, qui a connu l’Église à Bouaké, fait une première annonce dans son village Bangassou. Joseph KOFFI NGUESSAN fait de même à Bouakro.
En 1939, le premier fils du pays est baptisé à Bouaké : c’est Jean-Marie KOFFI KOUASSI, de Bangassou.
Dès lors, les missionnaires commencent à s’intéresser à la région. En 1942, le Père Jean ALLEZARD va visiter Bangassou, accompagné du catéchiste Jean TOTO KOUAMÉ.
De 1942 à 1945, Bernard YAO HOUPHOUET, qui avait appris un peu le français au cours de ses voyages, transforme son salon en salle de classe pour alphabétiser et catéchiser ceux qui le désirent. À sa demande, en 1946, le Père OLIVAIN construit une École à Bangassou. Elle sert aussi de Chapelle : le catéchiste se nomme DJÈ.
La communauté grandit, mais elle connaît un temps de persécution de la part des autorités locales. Les chrétiens demandent d’avoir leur propre village, mais le Père refuse leur demande, selon la consigne de Jésus, d’être « Le levain dans la pâte. » La persécution se poursuit, un chrétien meurt empoisonné.
À Bouakro, Joseph KOFFI NGUESSAN, qui avait commencé à réunir quelques catéchumènes, rencontre la même opposition des vieux et quitte le village, découragé.
En 1951, deux jeunes de Bounda, Lasson TANOH KOUAKOU et KOUAMÉ, ayant connu l’Église en forêt, puis devenus chrétiens à Bouaké, rapportent la Bonne Nouvelle dans leur domicile.
En 1952, l’Église commence à Zougban et à Kpétékro. On bâtit une nouvelle Chapelle-école à Bangassou. En 1954, Bounda a sa première Chapelle.
Mais, il faut arriver au temps du Père Paul LE GOFF (52-62) pour que la force de Dieu se répande vraiment dans la région.
En 1956, l’École Catholique créée en 46 à Bangassou est transférée à Bounda (où elle est encore vivante aujourd’hui après avoir instruit plus de mille enfants).
En 1961, le Père LE GOFF bâtit une Chapelle à Brobo sur le terrain donné par Maurice KOUAMÉ KOUASSI. En 1962, c’est le tour de Bounda.
Quand le Père LE GOFF est nommé à Daoukro, en 1962, le Père Jean POUGET (60-72) prend la relève. Il construit une Mission à Brobo pour pouvoir rester sur place.
1967 : Chapelle à Zougban.
1970 : Chapelle à Ahounzankro.
Depuis 1962, le Père Alain HUSSON, qui vient de construire à Bouaké le Centre Rural, vient souvent dans la région. Avec le Frère François VEYRIE, les jeunes Marie-Jo, Félix, Éliane, Juliette… il sillonne les villages, lançant la JAC, les Clubs Avenir, les GVC, notamment à Brobo et à Bounda.
En 1972, le Père Maurice PAVAGEAU remplace le Père POUGET.
C’est aussi l’époque où le Père Vincent GUERRY, moine bénédictin, après un séjour à Mébo, vient s’installer à Koundanou. Il bâtit sa case près du cimetière. Il travaille avec les gens, il va aux champs avec eux, il les aide à construire le nouveau village. Lui aussi vient de temps en temps à Brobo.
À noter, en 1974, un bref séjour de l’abbé Paul DACOURY, jeune prêtre d’Abidjan, venu s’initier au monde Baoulé.
Après le départ en France du Père PAVAGEAU, les Pères de la Cathédrale s’occupent de Brobo. Le dernier à venir régulièrement avant l’installation d’un prêtre permanent sera le Père RAPION.
En 1981, Mgr Vital YAO obtient des autorités coutumières un terrain de 800 hectares en vue de créer le CAPMR (Centre d’Animation et de Promotion du Monde Rural) qui doit comporter une ferme et une École de catéchèse-paysans, et qui était déjà en expérimentation depuis 1979 près du Séminaire de Bouaké.
Le chantier démarre en 1982 avec les frères Philippe, Fabio et Alphonse chargés de la formation catéchétique. En même temps, le Père Dino DUSSIN est nommé à Brobo.
Le CAPMR démarre vite, et déjà en 1983, il forme la première promotion de catéchèse. Parmi eux, Célestin KOUAKOU, actuel responsable des catéchistes de la paroisse.
La même année 1983, la Congrégation des Filles de Jésus, qui travaillait depuis 1967 à Daoukro, vient fonder une communauté à Brobo. Ce sont les Sœurs Marie, Madeleine et Paule.
L’ancienne église devenue trop petite, une nouvelle est en chantier. Le 22 mai 1984, jour de Pentecôte, 40 hommes unissent leurs forces pour dresser le nouveau clocher : trois gros rôniers de 7 mètres.
Le 28 janvier 1986, en la fête de la Conversion de Saint Paul, le Père GUÉRET vient bénir et poser la première pierre de la nouvelle église. C’est aussi le jour de naissance de la paroisse.
En 1989, le Père Giovanni DE FRANCESCHI, de retour d’Italie, vient prendre en main la formation spirituelle au CAPMR. Mr Rémi FREMAUX dirige la ferme.
Un signe visible du mouvement de conversion, et aussi du dynamisme des communautés, est donné par la construction ou la rénovation de plusieurs Chapelles dans les villages : Bounda en 89, Ahounzankro et Ndokro en 90, Sinavessou en 91.
Le 9 février 1992, Mgr Vital YAO vient bénir la nouvelle église… qui s’avère déjà trop petite.

LE SECTEUR EST

MBAHIAKRO : NOTRE DAME DE LA PROVIDENCE (1948)

Le Père BEDEL, lors de son deuxième voyage sur Bouaké par l’indénié et la Comoé jusqu’à Samanza, était passé à Mbabiakro le 11 janvier 1903 avant d’arriver à Bouaké et de continuer sur Korhogo pour y fonder la Mission. Simple passage.
Il semble que dans les années 20, quelques chrétiens originaires du Sud aient vécu à Mbahiakro, mais sans qu’il y ait de communauté organisée.
Vers 1930, le Pasteur POWEL de l’Église protestante CMA, avait fondé quelques communautés.
C’est en 1932 que le Père Jean ALLEZARD prend contact avec la région de Mbahiakro. Sa méthode, comme celle des Pères de son temps, était simple : contacter les chefs, créer une École, bâtir une petite Chapelle.
Ainsi, une première École a été créée dès 1932. Le premier maître, Antoine KOUAMÉ, resta trois mois : il enseignait le catéchisme, mais personne ne venait. Le second, Alexandre AMANI, resta deux ans et fit l’École, mais pas le catéchisme.
En septembre 1935, le Père ALLEZARD envoie de Bouaké Louis LOUKOU, qu’il avait connu à Katiola, pour diriger l’École et faire le catéchisme. Il y avait quelques chrétiens du Sud : les premiers baptêmes seront ceux de leurs enfants.
L’École de la Mission est alors la seule École de Mbahiakro. Louis LOUKOU est très dévoué. Il enseigne le catéchisme à l’École. Il se fait des amis, gagne des catéchumènes. Il rayonne dans quelques villages : Abokro, Dangoukro, Adi-Yapikro…
Une École est créée à Abokro. On y baptise même 8 adultes en 1937 : parmi eux, Lucien KRA, qui sera plus tard chef chrétien de Mbahiakro (décédé en 88). Parmi les parrains, IPOU TANO François, instituteur à Ananda pendant de longues années (décédé en 87).
Après 1937, les baptêmes se succèdent régulièrement. D’autres villages (Paningokro, Kondrobo…). Le Père ALLEZARD demande l’ouverture d’autres Écoles. Mais c’est la guerre, le personnel et les moyens manquent. Du bon travail se fait cependant : une Chapelle est construite à Dangoukro en 1941. En juillet 43, le Père demande officiellement un terrain pour la Mission.
C’est alors que la réaction éclate. En plusieurs occasions, les païens accusent les chrétiens de ne pas respecter les interdits traditionnels, ils les convoquent devant le Chef de canton et le ‘’Commandant’’. Le Père ALLEZARD écrit au Gouverneur… Parti en congé en juin 46, il ne reviendra pas.
Les choses se sont arrangées, la communauté grandit. Le Père Louis GIRÉ est envoyé pour fonder la Mission de Mbahiakro. Venant d’Agboville dans sa Peugeot 202, il arrive à Mbahiakro le 16 juin 1948.
Il est reçu dans la modeste Chapelle en briques de terre datant d’avant 1935. Lucien KRA, chef chrétien, lui trouve une maison à louer.
17 juin 1948. Première messe du Père GIRÉ.
Mgr BOIVIN lui a donné 25.000 francs, comme premier acompte pour la fondation de la Mission. Il commence à construire une maison et une nouvelle École. Chrétiens et catéchumènes donnent un coup de main pour extraire le sable et les pierres, des maisons de commerce donnent du ciment et des tôles…
Le Père visite les villages : plusieurs ont une petite communauté chrétienne et une École qui marchent bien.
5 décembre 1948. Bénédiction de la maison.
1949. 3 janvier. Ouverture de la nouvelle École, sur le terrain de la Mission, avec 15 élèves.
3 avril. Première visite de l’évêque, Mgr BOIVIN.
17 avril. Jour de Pâques. 16 baptêmes.
1950. 16 février. Le Père GIRÉ part en congé. Il ne reviendra pas. Il mourra près de Rome le 22 janvier 55.
25 février. Arrivée du Père Prosper MALO. Après avoir payé les moniteurs. La caisse est vide. Le Père fait appel de tous côtés à la générosité chrétienne. Il reçoit un frigidaire, de l’argent pour 4 mois de solde des maîtres, un don de 100.000 francs ; le ministre français des Affaires Étrangères, Robert SCHUMAN, lui envoie 125.00 mille francs pour l’achat d’une camionnette Citroën.
1951. Le Père MALO a maintenant un moyen de locomotion et peut visiter facilement le village. Dans le canton Abbey, il constate un mouvement de sympathie envers le christianisme. Dans plusieurs villages, les chrétiens construisent des églises. En même temps, il entreprend les démarches pour la reconnaissance officielle de l’École.
Octobre 1952. Arrivée du Père Georges LEGRAND.
Février 1953. Le Père CHASSAIGNON, de Ouellé, partant comme curé de Bouaké, la Mission de Ouellé est rattachée à Mbahiakro, qui devra donc s’occuper aussi de Prikro, Ouellé et Daoukro !
Mai 1953. Le Père MALO s’en va. Il est remplacé par l’abbé Alfred NGORAN KOUAKOU qui arrive en août. Avec une ardeur infatigable, il parcourt les villages, faisant de nombreux baptêmes.
Dans ces années, on verra passer par Mbahiakro pas mal de Pères, surtout des jeunes. Mbahiakro est un peu, dans le diocèse, le terrain d’apprentissage des Pères en pays Baoulé. On verra ainsi les courts séjours des Pères Jean ÉVAIN (53), Paul LE GOFF (54), René MENARD (54), Jean-Claude DENNIEL (55). Clément AUDRAIN (55), Émile HÉGRON (56), Paul GOTTE (57), Jean BAUDUCEL (58).
Septembre 1957. Le Père LEGRAND s’en va. Il est remplacé par le Père Joseph PUAUT, qui fera un court séjour, mais en profitera pour construire la nouvelle église.
9 novembre 1957. Accompagnées de Mgr DUIRAT et de deux Clercs de Saint Viateur, arrivent les premières Sœurs de la Sainte Famille : les Sœurs Hélène CALMELS et Odile CONSTANS. L’année précédente, Mgr DUIRAT était passé chez elles, à Villefranche-de-Rouergue, à l’occasion d’une visite aux Clercs de Saint Viateur. Il leur avait proposé plusieurs postes dans le diocèse, précisant que celui de Mbahiakro était le plus urgent.
En arrivant, elles trouvent une École toute prête, en bordure de la ville. Une des quatre classes leur sert de logement, en attendant. L’école débute dès novembre avec 50 filles, venues de l’École de la Mission. Les Sœurs s’engagent bientôt dans la catéchèse, la visite des villages, les soins aux malades, l’étude du Baoulé. Elles ouvrent un internat.
1958. Bénédiction de la nouvelle église. Départ de l’abbé Alfred KOUAKOU.
1959. 1er mai. Les Sœurs entrent dans une nouvelle maison. Elles auront bientôt du renfort et ouvriront de nouvelles maisons à Toumodi (59), Yamoussoukro (60), Tiébissou (63).
Le Père PUAUT s’en va. Il est remplacé par le Père Maurice PAVAGEAU, qui restera treize ans (59-72). Durant ces années, plusieurs vicaires viendront le seconder :
Joseph ÉVAIN (59-60),
Louis FROMY (60-61),
Jean-Pierre MICHAUD (61-63),
Gérard LANDAIS (63-64),
Michel DENIAUD (64-70)
Vital KOMÉNAN YAO (67-68) : enfants du pays, il arrive de Rome où il avait été ordonné au cours de ses études en novembre 64.
Hilaire PONYA, prêtre Burkinabé (70-71),
Clovis NIEL (71-72)
Octobre 1972. Le Père PAVAGEAU est nommé à Bouaké. Le Père Petrus REYNARD le remplace, avec les Pères :
Enrique RUIZ (72-73),
Roger LARRIVE (74-76),
Jean-Marie MATHON (78-84).
29 juillet 1973. L’abbé Vital KOMÉNAN YAO est sacré évêque de Bouaké. Le 15 août suivant, il vient célébrer sa première messe épiscopale à Mbahiakro. Septembre 1980. Départ du Père Petrus. Le Père MATHON devient curé, aidé quelque temps par l’abbé Joseph YAO KOUAKOU (mars-septembre 81, mai-juillet 84).
Le Père MATHON continue les aménagements de la Mission et de l’église commencés par le Père Petrus.
Été 1983. Mbahiakro fête solennellement les dix ans d’épiscopat de Mgr Vital et les 35 ans de la paroisse.
Août 1984. Le Père MATHON est nommé à Yamoussoukro. C’est le Père Giovanni DE FRANCESCHI, prêtre italien du PIME, qui vient diriger la paroisse. Désormais, ce sont les prêtres du PIME, italiens et brésiliens, qui viendront à Mbahiakro comme à Prikro. Le Père Giovanni sera aidé par le Père Jaeder DA ROCHA en 85-86. Septembre 1986. Le Père Carlo GHISLANDI remplace le Père Giovanni parti en Italie au service de sa Société.
Il sera secondé par le Père Francisco-Vicente DA SILVA de 87 à 93 et le Père Antonio NUNES depuis 93.

OUELLÉ : NOTRE-DAME DE LA PAIX (1948)

L’Église est arrivée dans la région de Ouellé aux environs des années 30. Des jeunes partis travailler en pays Agni ou en basse-côte y ont découvert des communautés chrétiennes et ont commencé à en former chez eux.
C’est ainsi que Jean-Baptiste ADJOUMANI, originaire de Kongoli, connut l’Église à Agnibilékro chez le tuteur BLÉDOU. De retour chez lui, il alla s’installer à Daourébo, s’y maria et commença à réunir une petite communauté.
L’Église était née de manière analogue à Krégbé, et le Père SCHMIDT, curé de Dimbokro, y venait parfois. Jean-Baptiste prit contact avec lui et le Père envoya les jeunes de Krégbé pour enseigner la communauté naissante. C’est d’ailleurs à Krégbé que les premiers baptêmes furent donnés.
Le Père SCHMIDT visita Daourébo et d’autres villages où l’Église commençait aussi : Kongoti, Paningokro, Kouakousèkro, Zanzansou, Étroukro…Très vite, il demanda au Père Louis PARAGE, venant d’Assinie, de se charger de la région. Et le Père PARAGE visita les villages de 1935 à 1939.
Par la suite, les Pères d’Abengourou prirent la relève : le Père Émile ALAINMAT (39-41), puis l’abbé René KOUASSI (42-43) deux hommes vigoureux en paroles et en actions.
À partir de 1943, la région fût rattachée à Bongouanou et confiée particulièrement au Père CHASSAIGNON. Il trouva un bon accueil à Ouellé chez un commerçant et planteur français, Émile BOUGAREL, qui habitait à la sortie de la ville, sur la route de Bouaké, ce qui lui permettait de faire de longs séjours dans la région, d’autant plus que son cœur commençait à s’y attacher fortement.
Le Père ‘’Chasse’’ était un homme très communicatif, surtout avec les enfants, on le surnommait ‘’le blanc des enfants’’. Sur place, il trouva un guide en la personne du vieux DJO NGOTTA Eugène qui l’aida à trouver un terrain pour s’installer. Un planteur, NYAMIEN Jean-Clément, lui céda sa plantation de café où se trouve actuellement la Mission.
Le Père exploitait lui-même la plantation. C’était une curiosité de voir un Blanc avec la machette comme les villageois.
Sur ce terrain, le Père construisit une maison et un salon qui servait de Chapelle (elle existe toujours) : il s’y installa et fonda la Mission en la dédiant à Notre-Dame de la Paix.
Depuis 1947, un Belge, le Père COLA, était venu travailler avec lui. Il restera quatre ans. C’était un grand chasseur. Il distribuait le fruit de sa chasse au cours de ses tournées dans les villages qu’il effectuait à pied et qui le menaient de Zanzansou à Étroukro.
Janvier 1952, le Père Prosper MALO remplace le Père ‘’Chasse’’. Il restera 7 ans, avec pour vicaires Père Jean ÉVAIN (54-56), l’abbé Barthélemy KROU (56-57), puis le Père Marcel CALMET, arrivé en 57. Ils visitaient les villages à bicyclette. C’est le Père MALO qui construisit la première église, à côté de la Mission. Il construisit aussi les deux premières classes de l’École.
Au départ du Père MALO, en juin 59, le Père CALMET prend la charge de la paroisse. Il est rejoint par le Père Joseph PACREAU qui lui succède en 1964.
On verra passer rapidement à Ouellé :
Le Père Louis FROMY (septembre-décembre 61),
Le Père Paul LE GOFF (septembre 62), qui ira presque aussitôt s’installer à Daoukro,
Le Père Émile HÉGRON (63-64), qui ira fonder Prikro.
En 1963, arrivent les premières Sœurs de la Pommeraye : elles s’installent dans un magasin cédé par un commerçant.
Au mois de septembre, c’est le tour du Père Jean-Pierre MICHAUD, qui devient curé de la paroisse en 1964.
Le Père MICHAUD a laissé le souvenir d’un travailleur acharné et infatigable. Il avait le ‘’charisme’’ des Écoles, qui étaient florissantes à cette époque. C’est lui qui réalisa aussi, avec l’aide du Père Clovis NIEL, la grande église actuelle.
Plusieurs Pères ont travaillé avec lui à cette époque :
– L’abbé Joseph YAO KOUAKOU (66-70),
– L’abbé Jean-Marie MATHON, séminariste (68-70),
– Le Père Pétrus REYNARD (70-72),
– Le Père Eugène DUCASTAING (72-74), dont la douceur et la patience attiraient des foules d’enfants,
– Le Père Clovis NIEL (janvier-décembre 73).
– Le Père Adrien JEANNE, arrivé en septembre 75, fût chargé spécialement du secteur d’Ananda. Il y construisit une maison où il résidait habituellement. Homme de contact et de dialogue, il y accueillait beaucoup de monde. Il rayonnait aussi dans tout le diocèse pour la formation des catéchistes.
Rentré en France en 77, le Père MICHAUD est remplacé par le Père René HOC. C’est lui qui fonde le village ‘’Akwaba’’, Foyer pour les collégiens.
Mais les temps sont difficiles, la sécheresse sévit, l’exode rural s’amplifie. Malgré la création d’un Collège, Ouellé dépérit. Les Sœurs s’en vont (88), les Écoles se ferment (89) …
1990. Le Père Adrien quitte Ananda pour un an de recyclage en Allemagne. À son retour, il ira à Béoumi où il laissera sa vie de la manière tragique que l’on sait.
1991. Le Père René est remplacé par l’abbé Joseph ÉKAZA, arrivé depuis deux ans. Le Père NIEL revient pour quelques mois.
15 août 92. Un enfant du pays, l’abbé Siméon KOUAMÉ OI KOUAMÉ, qui fait ses études en Espagne, est ordonné prêtre à la Basilique. Le 23 août, il célèbre sa première messe à Ouellé, avant de repartir terminer ses études.
Septembre 92. Arrivée du Père Gérard BOULLERY. Il est rejoint en septembre 94 par un nouveau prêtre, l’abbé Fulbert ATIWA KOUADIO.
Économiquement, Ouellé est un peu en sommeil, mais 36 villages ont des communautés chrétiennes, et de nombreux catéchistes sont à l’œuvre.

PRIKRO : NATIVITÉ DE NOTRE-DAME (1964)

La région de Prikro est habitée surtout par les ‘’Andos’’ qui ont la particularité d’être islamisés à 80%. Certains sont musulmans par leur origine : ce sont des Mandés venus autrefois du Mali. D’autres sont devenus musulmans par suite d’alliances avec Samory, qui assurait protection moyennant paiement et conversion à l’Islam.
C’est en 1937 que le pays Ando a vu le premier missionnaire, le Père Jean ALLEZARD, de Bouaké, voulant prospecter la partie Est de la Mission, vient à vélo et s’aventure jusqu’à la Comoé au village d’Ahouan-Bonvoisso. Il se forme tout de suite une petite communauté chrétienne : les premiers catéchumènes vont se faire enseigner et baptiser à Bouaké.
1947. le Père Eugène OLIVAIN amène avec lui Ernest NGUESSAN qui s’installe comme catéchiste à Koffi Amoukro. Il est difficile d’aller plus au Nord : avant 1962, il n’y aura pas de piste valable.
1948. ouverture de la mission de Mbahiakro. Désormais, c’est de là que les Pères viendront pour visiter la région notamment l’abbé Alfred KOUAKOU, dans les années 50, puis les Pères MALO, LEGRAND, PUAUT, PAVAGEAU.
L’abbé Alfred visite surtout la partie Sud. Certains villages qui s’avèrent plus ouverts sont visités 2 ou 3 fois par an. C’est alors que le village de Prikro est contacté, en 1955. L’abbé Alfred, selon les idées du temps, baptisait vite, espérant que les Andos baptisés ne passeraient pas à l’Islam. Cela s’avéra exact dans la plupart des cas, sauf pour les jeunes filles épousées par des musulmans. Il faut dire aussi que des menaces de sanctions sévères pesaient sur les éventuels ‘’renégats’’.
La même année 1948, avait été fondée la Mission de Ouellé. Les Pères visitaient aussi les villages rapprochés. On a vu passer dans la région les Pères EVAIN (54), CALMET (58), PACREAU (60).
Dans les années 55, il y avait 7 Écoles de la Mission dans les villages. Elles ont dû être fermées faute de parents prêts à payer les scolarités. Des Écoles publiques ont pris la place.
1962. Le Père Émile HÉGRON, arrivé à Ouellé l’année précédente, et qui a commencé à visiter la région, s’installe à Prikro. Il y a alors une quinzaine de communautés chrétiennes, 200 baptisés, mais seulement 3 catéchistes.
La même année, Prikro devient sous-préfecture. Le Père HÉGRON construit la résidence du sous-préfet, et le fruit de son travail lui permet de commencer la construction de l’église.
Elle est bénie le 8 septembre 1967, en la fête de la Nativité de Notre-Dame, fête qui a donné son nom à la paroisse.
1969. Arrivée des premières Sœurs.
Mgr DUIRAT cherchait à installer des Sœurs à Prikro. Mais les deux premières Congrégations contactées avaient été effrayées par la situation de ce bled perdu. Enfin, une Congrégation toute jeune, celle des Missionnaires Clarétaines (du nom de Saint Antoine-Marie Claret), fondée au Brésil en 1958, accepte le défi. Les Sœurs Leda, Ermerinda et Leonilda arrivent le 30 septembre, pour s’engager dans la Pastorale et la santé : dispensaire, maternité, PMI.
Le Père HÉGRON, qui est en train de finir sa nouvelle habitation, lance le chantier de la maison des Sœurs.
Dans ces années, l’équipe du Père HUSSON travaille dans les villages pour la formation des agriculteurs : JAC, GVC… Le Père HÉGRON donne l’exemple : l’élevage de poulets, construction de citernes dans les villages où le problème d’eau est crucial en saison sèche.
Le Père HÉGRON, longtemps, seul, sera aidé ou remplacé quelque temps par les Pères Clovis NIEL et Eugène DUSCASTAING (73-74), plus tard par le Père Paul GAUTRET (82).
En 1979, le Père HÉGRON construit le Centre d’Hébergement et de Puériculture qui deviendra en 85 le Foyer Féminin, pour que les Sœurs puissent donner aux femmes une éducation sanitaire et ménagère, et y ajouter pour les chrétiennes, une formation religieuse.
À partir de 1979, le complexe sucrier installé à Famienkro attirera une nombreuse main d’œuvre, et la communauté chrétienne y sera très vivante. Mais quatre ans plus tard, c’est l’échec… et la dispersion.
À son départ de Prikro en 1984, le Père HÉGRON est remplacé par des Pères du PIME (Brésiliens et Italiens) :
Carlos NUNES (84-92)
Jeader DA ROCHA (84-85)
Francisco Vicente DA SILVA (84-85)
Puis Carlos Antonio DA SILVA (85-90, 92…)
Luciano GONZALES (90…)
Graziano MICHIELAN (92…)
En 1992, l’ouverture d’un Collège apporte une dimension nouvelle au travail pastoral.
En 1993 sont célébrés les premiers mariages religieux. On fête aussi les 25 ans de vie religieuse de Sœur Ermerinda, la première Sœur arrivée dans la paroisse.
En 1994, construction de 3 salles de catéchèse avec la participation de la communauté.
Ces dernières années ont été marquées par la création du Conseil Paroissial, le lancement des CV-AV dans de nombreux villages et la création de sociétés de travaux champêtres : le travail par groupe, en contrat, un jour par semaine, permet d’alimenter la caisse de la communauté. Le Père Luciano, dans la région de Ngroumagnia, s’est engagé dans la recherche et le dialogue avec les musulmans.
De nouveaux villages s’ouvrent, des catéchistes s’engagent et viennent se former : en 94, ils sont une soixantaine, pour 36 communautés.

DAOUKRO : SAINT PIERRE ET SAINT PAUL (1963)

À l’époque coloniale, la région de Daoukro dépendait de Bocanda sur le plan administratif et de Ouellé sur le plan coutumier. Il n’y avait donc ni Administration ni Gendarmerie. La région faisait partie de la ‘’boucle du cacao’’. La ville était très active sur le plan commercial. Les bandits et les voleurs venaient s’y installer au moment de la traite et redescendaient ensuite sur Abidjan. Si bien que Daoukro était surnommé le ‘’Chicago’’ de la Côte d’Ivoire.
La région de Daoukro-Ouellé semble avoir reçu sa toute première évangélisation des Pères venant d’Abengourou, dont les Pères Alphonse KIRMANN, qui deviendra le premier évêque de Daloa en 1939, et le Père André CHASSAIGNON, qui fonda les Missions de Bongouanou et de Ouellé.
Mais, les communications avec Abengourou n’étaient pas faciles à cause du manque de pont sur la Comoé. C’est ainsi que la région Krégbé-Ouellé-Daoukro fût rattachée à Dimbokro.
La Mission de Dimbokro a été fondée en 1931 par le Père SCHMIDT, qui laissa dans la région un souvenir impérissable. Il était grand, mince, et chantait admirablement. Il était d’une santé fragile, mais cependant infatigable. Il parcourait la région de Krégbé-Daoukro à vélo, puis à moto (31-34).
Les deux premiers catéchumènes de Daoukro furent Gabriel ASSIET et Albert NZI. Ils ont commencé leur catéchisme à Krégbé en 1934. En fait, ils y sont allés deux fois seulement. Ensuite, c’est le catéchiste de Krégbé, Lambert ANOKOUA, qui venait lui-même à Daoukro. Il fit le catéchisme pendant cinq ans, mais malheureusement, il fut atteint d’une maladie des yeux. Il fut alors remplacé par Antoine NYAMKEY, qui sillonna toute la région jusqu’à Daourébo.
Vint ensuite de Dimbokro, l’abbé René KOUASSI, premier prêtre ivoirien, qui venait d’être ordonné en 1934 et avait été affecté la même année à Dimbokro. L’abbé KOUASSI vint à vélo de Dimbokro à Daoukro, où il passa une seule nuit, juste le temps d’inviter les premiers catéchumènes à construire une Chapelle. C’est ainsi que fut faite la première église, à gauche, à la sortie Sud de Daoukro : une case très rudimentaire, entourée de branches de palmier et couverte de feuilles.
En 1935, cette Chapelle fut remplacée, au même endroit, par une autre plus solide, avec des murs en terre. Quand le nombre des catéchumènes augmenta (sept en 1935), le chef de village Kongo DAGOU manifesta son désaccord en les malmenant : il les faisait allonger par terre et chicoter. Albert NZI dut aller à pied à Dimbokro pour avertir les Pères de toutes les persécutions qu’enduraient les premiers fidèles.
Le Père Alphonse GUÉRIN passa ensuite à Daoukro, à moto, pour encourager les catéchumènes. Les deux premiers baptêmes furent ceux de Gabriel ASSIET, qui deviendra le premier chef chrétien de Daoukro, et d’Albert NZI. Ces baptêmes furent faits le 22 avril 1937 par le Père Louis PARAGE qui avait succédé au Père SCHMIDT à Dimbokro avec le Père Melaine ROUGER. Le Père PARAGE était d’une santé fragile et ne resta que deux ans, le temps de faire de nombreux baptêmes à Daoukro.
Quand la mission de Bongouanou fut fondée en 1942 par le Père André CHASSAIGNON, les Pères de Dimbokro laissèrent Daoukro à ceux de Bongouanou.
Le Père André CHASSAIGNON fit ses premiers baptêmes à Daoukro en 1946 et 1947.
Le Père Jules COLA, un belge, venant lui aussi de Bongouanou, baptisa énormément dans la région, entre 47 et 51. Il a laissé à Daoukro le souvenir d’un homme dévoué et infatigable. C’était aussi un grand chasseur qui appuyait son fusil sur l’épaule du catéchiste Justin COMO KOUASSI, et ensuite sur celle de Robert KANGA. Le Père faisait ensuite une large distribution de viande de singe.
Le Père CHASSAIGNON, lui, n’avait qu’un rêve, celui de fonder la Mission de Ouellé. Son rêve se réalisa. Il fonda la Mission de Ouellé en 1949, avec son compagnon, le Père COLA.
C’est ainsi que Daoukro devint une station secondaire de la mission de Ouellé. Les Pères y construisirent une petite maison en briques de terre pour y résider de temps en temps. Cette maison existe toujours dans la concession du catéchiste actuel, Robert KANGA.
En Septembre 1962, le Père Paul LE GOFF, vicaire à la Mission de Bouaké, est nommé curé de Ouellé, avec mission de préparer la fondation de Daoukro. Dès Janvier 63, Mgr DUIRAT demande au Père le GOFF d’ouvrir la Mission de Daoukro et de s’installer dans la petite case qui servait de résidence secondaire aux Pères de Ouellé. C’est ainsi que le premier baptême du registre de Daoukro est daté du 13 janvier 1963 et porte le nom d’Eugène YAO BROU.
La même année, Daoukro devient sous-préfecture, avec Mr YAHI Victor.
L’église d’alors se trouvait à côté de la maison des Pères : une construction aux murs de terre ‘’Atakpa’’, non crépis, de 15 mètres sur 5. La maison des Pères, en briques de terre non crépies, avait 10 mètres de long sur 5 de large. Elle n’était guère confortable. Et quand le Père André GUÉRET rejoint le Père LE GOFF en 1964, y vivre à deux n’était guère supportable.
En 65-66, le Père entreprend la construction d’une nouvelle Mission : un bâtiment imposant, de 28 mètres sur 10, et de 5 mètres de hauteur. Mgr DUIRAT, en le voyant, s’écria : « Oh ! c’est trop ! On va dire que les Pères sont riches. » C’est pourtant une maison bien modeste à laquelle s’ajouta une citerne de 40m3 financée par le Président Félix HOUPHOUËT-BOIGNY.
En 1963, il y avait une École Catholique de 4 classes. Malheureusement, un fromager de 50 mètres tomba un jour sur l’École, détruisant trois classes. Elles furent reconstruites, et aujourd’hui le Groupe Scolaire de la Mission compte trois Écoles mixtes de 6 classes chacune, avec 5 logements pour les maîtres.
Juin 1967. Un télégramme arrive, annonçant la venue des Sœurs de la Congrégation des Filles de Jésus. On leur attribue un terrain qui n’est autre que l’ancien cimetière Baoulé qu’il faut entièrement défricher : un travail dont le souvenir restera longtemps gravé dans les mémoires.
Trois mois plus tard, leur maison était construite, ainsi que les trois premières classes de l’École de filles. Les Sœurs Madeleine et Claire arrivent le 17 septembre, Sœur Roseline, arrivée en 72, sont toujours là. Leur mission ne cessera de se développer, avec un grand bâtiment pour la promotion de la femme, un Foyer de jeunes filles et une salle d’études pour les lycéennes. Elles fonderont une maison à Brobo en 1983.
Le Père GUÉRET quitte Daoukro en 68. Viendront les Pères Adrien JEANNE (68-69), Pierre CHASSAIGNE (69-70), Michel DENIAUD (70-83).
En 1970, s’ouvre le chantier de la nouvelle église. C’est une construction métallique en forme de trapèze. Avant la maçonnerie, on aurait pu imaginer un ‘’Concorde’’ au décollage. Les travaux se font avec les moyens de bord.
Le 11 novembre 74 commencent les travaux du clocher : une tour carrée de 3,5 mètres de côté et de 23 mètres de hauteur, surplombée d’une croix de 5 mètres. On y ajoutera un escalier de bois qui permet aux nombreux visiteurs de contempler la ville de Daoukro et le paysage montagneux environnant.
1976. Bénédiction de l’église et du clocher par Mgr Vital YAO. On lui donne comme patrons les Saints Apôtres Pierre et Paul. Une troisième cloche fut plus tard offerte par les FEBVAY, une famille française ayant résidé anciennement à Kotobi.
L’année 1993 verra l’agrandissement de cette église devenue trop petite : prolongement en avant, addition de deux ailes. En voie d’achèvement, elle aura l’honneur d’accueillir, la nuit de Noël 93, le nouveau Président de la République, Mr Henri KONAN BÉDIÉ, illustre fils de Daoukro.
Septembre 94. Le Père LE GOFF rentre pour un service en France. C’est le Père André GUÉRET qui revient dans ces lieux qu’il avait contribué à bâtir vingt ans plus tôt.

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QUELQUES CHIFFRES POUR 1994

Paroisses

Population

Baptisés

Catéchumènes

 

 

 

 

 

 

Ste Thérèse

100.000

19.000

2.350

 

St Paul et Ste Marie

41.000

1.800

440

 

ND de Nazareth

53.000

2.500

740

 

St Martin

70.000

8.000

980

 

St Jean-Baptiste

45.000

3.400

1.440

 

St Pierre

 

VILLE DE BOUAKE

50.000

359.000

4.100

38.000

950

6.900

 

Béoumi

58.000

3.300

620

 

Sakassou

70.000

1.900

550

 

Botro-Bodokro

39.000

1.020

800

 

Brobo

21.500

450

250

 

Mbahiakro

40.000

3.5000

700

 

Prikro

54.000

3.800

2.100

 

Ouellé

24.500

10.060

950

 

Daoukro

49.000

5.750

1.550

 

TOUT LE DIOCESE

715.000

68.580

14.420

 

Ensemble des chrétiens : 83.000
Pourcentage de la population : 11,6%

L’ÉGLISE CATHOLIQUE À BOUAKÉ 1925-1975

 

ÉVÉCHÉ DE BOUAKÉ                                                       Bouaké, le 1er octobre

BP 649 BOUAKÉ                                                                 en la fête

                                                                                              de Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus

                                                                                              Patronne du Diocèse

 

Chers Amis,

            L’histoire est maîtresse de vie. Ces pages que le Père DHUMEAU a si gentiment accepté de rassembler pour évoquer les cinquante ans de la vie de l’Eglise Catholique à Bouaké arrivent à temps dans l’orientation rénovée de nos communautés chrétiennes.

            Nous y voyons au fil des ans, des hommes et des femmes, de chair et de sang comme nous, s’engager résolument pour la cause de Dieu et de son Église – avec ce qu’ils ont tempérament impulsif mais généreux comme ‘’Akanza Kokorè’’, tempérament intelligemment rêveur comme le patriarche de Raviart-Didiévi, ou encore fortement lucide et clairvoyant comme mon prédécesseur, qui a su patiemment bâtir ce Diocèse et en prévoir l’évolution…

            Mais toutes ces ressources humaines n’auraient servi de rien si l’esprit du Seigneur n’avait été avec ces ouvriers de l’Évangile, pour guider, rectifier, améliorer, stimuler et relancer d’une manière invisible, mais non moins réelle, toutes leurs entreprises. Les résultats sont sous nos yeux, évidents, quoique dans ce domaine, il faille se garder de comptabiliser pour se reposer sur un bilan. Nous avons des leçons à en tirer.

            Une expression revient souvent : « Et la vie continue ! » Oui, la vie continue. Elle doit continuer car le temps est porteur de salut. Il nous empêche donc d’être des nostalgiques du passé ou des poètes de l’avenir. Il exige de vivre le présent en continuité avec le passé et l’avenir, sous la mouvance de l’Esprit-Saint, âme de l’Église.

            C’est sous cette optique que nous devons voir la Consécration de la Cathédrale dédiée à Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus – canonisée il y a exactement cinquante ans – , et de la même manière, célébrer le cinquantenaire, les noces d’or, de notre Église en marche à Bouaké.

            J’espère que tous nos amis participeront à notre joie et nous aideront, matériellement et spirituellement, à vivre fidèles et dociles à l’action de l’Esprit qui vivifie.

            Procedamus in Pace !

 

 

Vital Koménan Yao,

Évêque de Bouaké

 

 

 

 

 

EN GUISE D’INTRODUCTION

 

            En réalité, c’est en 1973 que la Mission Catholique de Bouaké aurait dû fêter ses 50 ans…

            … Si tout n’avait pas commencé par une fausse-couche !

            La naissance, en effet, avait été préparée pour 1903. Tout avait été prévu. Tout, sauf ce qui obligea les Pères à abandonner Bouaké au profit de Korhogo !

            « Peut-être a-t-il été malheureux que les missionnaires n’aient pas pu fonder de suite cette station sur les bases solides. Peut-être aussi, la Divine Providence est-elle intervenue parce qu’elle voulait l’établissement de la Mission sur un autre point… » écrira en 1904, le Révérend Père HAMARD, Préfet Apostolique de Côte d’Ivoire.

            Saint Luc écrit un peu la même chose, au chapitre 16 des Actes, à propos des tournées apostoliques de Saint Paul : « Le Saint-Esprit les empêcha d’annoncer la Parole de Dieu dans la province d’Asie… Ils essayèrent d’aller en Bithynie, mais l’Esprit de Jésus ne leur permit pas. »

            Les grandes réussites de Dieu sont toutes marquées par la Croix.

            De l’échec du Vendredi-Saint, sortira la victoire de Pâques.

            De l’échec de 1903, est sortie la belle moisson de 1975 !

 

            À l’occasion des noces d’or, on prend toujours une photo de famille : les jubilaires entourés de leurs enfants, petits et arrières petits-enfants.

            La photo de famille du jubilé de 1975 nous montre ainsi la jeune aïeule entourée de ses cinq (5) plus grandes filles « déjà établies » : Béoumi, M’Bahiakro, Raviart, Tiébissou et Saint Martin.

            Assises par terre devant leur mère et leurs grandes sœurs, les cinq (5) benjamines, encore dans le giron maternel pour quelque temps : Gonfreville, Paris-Bouaké, Liberté, Ahougnassou et Nimbo.

            Debout derrière la jubilaire, ses trois (3) petites-filles, déjà mère de famille elles aussi : Sakassou, Prikro et Botro.

            Enfin, juchés un peu partout autour du groupe, comme des enfants turbulents, les innombrables arrières petits-enfants : soit 178 villages ou stations secondaires.

            Vraiment, une belle famille de 19.250 chrétiens engendrés à la vie de Dieu depuis Octobre 1925 !

 

            Quand j’étais enfants, je passais de longues heures à fureter dans le grenier de notre maison, parmi quantités d’objets (vases, photos, meubles, pendules, …) que les générations successives avaient abandonnés aux toiles d’araignées, …

            Tout cela était pour moi rempli de mystères et me faisait pénétrer dans un passé familial que je n’avais pas connu.

            C’est un peu l’impression que je garde de ces six (6) mois où je me suis aventuré au milieu de récits et de lettres, malheureusement trop rares (inexistants mêmes à Bouaké !), sollicitant des « anciens » le réveil de souvenirs vieux de 30 ou 40 ans, à la recherche de tout ce qui pouvait m’aider à reconstituer, que ce soit une ride ou un sourire, le visage de notre chère jubilaire, la paroisse Sainte Thérèse de Bouaké.

            Par contre, ayant partagé son existence quotidienne depuis le 26 Septembre 1951, pour cette deuxième tranche de sa vie, je n’ai eu qu’à me recueillir pour me souvenir… Mgr DUIRAT a bien voulu relire mes notes, les corriger et les compléter.

            Je remercie Mgr Vital YAO de m’avoir demandé ce travail. Il me fut source de beaucoup de joie.

            Je remercie tous ceux et toutes celles, ne voulant nommer personne au risque d’oublier quelqu’un, qui m’ont aidé dans mes recherches, qui m’ont conté leurs souvenirs. Ce travail est un peu aussi le leur…

            Il y a sans doute bien des lacunes et des oublis, probablement des inexactitudes, mais c’est une ébauche qu’il serait intéressant de compléter… avant les noces de diamant !

            Puissent ces pages du Souvenir donner à ceux qui les liront autant de plaisir qu’elles m’en ont procuré à les écrire.

 

Jean DHUMEAU

 

 

LES ORIGINES

 

            En 1895, les cinq (5) premiers Pères de la Société des Missions Africaines de Lyon débarquaient à Grand-Bassam. C’est là qu’ils s’installèrent. C’était, en effet, la principale ville de la Côte d’Ivoire, résidence du Gouverneur et de quelques fonctionnaires, de l’unique médecin de toute la Côte d’Ivoire. (Souvenirs du P. BEDEL)

            En 1896, quatre nouveaux viennent les rejoindre, dont le Père BEDEL qui, le 28 Septembre, est envoyé à Dabou pour y fonder une nouvelle mission. Le voyage, bien sûr, se fait par la lagune, rapidement avec une courte escale à Abidjan, petit village de la lagune Ébrié, où il y avait trois (3) petites boutiques installées dans des cases en bambou et gérées par des indigènes… Dabou, disait-on, était appelé à devenir une capitale d’où partirait une première voie terrestre vers l’intérieur.

            C’est de là que, le 13 Janvier 1902, les Pères BEDEL et FER partent pour un voyage d’environ 1.200 km qui, par le pays Baoulé, devait les conduire jusqu’à Korhogo, avec retour par l’Indénié…

            Nous devions marcher à pied, et pour le transport de nos colis, nous recrutâmes quelques porteurs à Débrimou. Ils devaient nous abandonner en nous volant deux (2) caisses !

            Marche difficile par un sentier à travers la brousse. Le 16 Janvier, ils arrivent à Tiassalé. C’est l’entrée dans la zone militaire.

            Nous sommes étonnés d’apprendre que tout le Baoulé est occupé militairement, qu’il y a eu des combats assez durs, et que beaucoup de tribus ne se sont pas encore soumises. À la Côte, le public ne connaît rien à cette situation. Il faut obtenir une autorisation du commandant militaire pour avancer vers le Nord.

            Traversée du Bandama, arrêts aux villages de Brimbo, Singrobo, Ouossou, et la marche continue vers Toumodi.

            Toujours des rôniers, mais la plaine nous paraît brûlantes. Ce n’est plus l’humide forêt. Rencontre de nombreux Dioulas, descendant vers la Côte, porteurs de caoutchouc.

            Marche pénible… Depuis le Bandama, il n’y a guère qu’un sentier étroit et sinueux. Ce n’est qu’à certains endroits qu’on commence à établir une piste assez large.

            Le 27 Janvier, les voyageurs sont à Toumodi, alors capitale administrative du Baoulé.

            La campagne des environs de Toumodi est assez fertile : on y trouve des ignames, des bananes, du manioc, du maïs, … et à bon prix… On nous apprend que le vrai nom de Toumodi est Tomedi : « achète-moi à manger ». Le Commandant Colonna d’Istria nous raconte bien des choses sur Samory, sur les durs combats de la région de Kérouané… Il nous explique pourquoi les militaires partant de Saint Louis sont descendus jusqu’au Baoulé, les durs combats autour de Bouaké, de Kouadiokoffi, la prise récente de Kokumbo, pays aurifère sur la rive gauche du Bandama. On apprend la nouvelle d’un combat qui a eu lieu dans la région de Tiébissou. L’affaire a été dure… Le Commandant nous donne la permission pour continuer notre voyage vers Bouaké. C’est la que nous pourrons établir une mission avec des chances de succès.

            Et le 31 Janvier, on reprend la montée vers le Nord : Lomo, Touniniance, Kangrassou, jusq’à Kouadiokoffi, construit près du petit village de Didiévi, agglomération de 300 Baoulés et de 800 Dioulas.

            On y passe au repos la journée du 4 Février, et dès le 5 au matin, la marche continue : N’Guetankro, N’Gouakro, Sakri, Kano, et Tiéplé, où, le 6 au soir, nous trouvons un ancien poste évacué récemment. Nous y passons une nuit bonne mais un peu fraîche.

            Enfin… Vendredi 7 Février : Départ à cinq (5) heures. Quelques rivières. Je suis parti en avant avec Louis OUENDETE et NOMOU (de Dabou). À neuf (9) heures, j’arrive dans la cour du poste de Bouaké, et je vois abattre les derniers pans de mur du fortin. Ce réduit fut bien utile contre les Baoulés… La campagne a été très dure et les tribus de l’Ouest sont encore à réduire.

            La capitaine Lambert, commandant du poste, nous reçoit très bien et nous invite à déjeuner.

            L’après-midi, nous visitons le village qui se construit lentement près de l’emplacement de l’ancien Gbwékékro (village du chef GBWÉKÉ qui a été tué), d’où vient le nom de Bouaké.

            Le village de Gbwékékro avait été construit vers 1858 à l’emplacement de l’actuel camp militaire. Son chef et fondateur, Koua GBWÉKÉ, avait conduit la délégation Baoulée auprès de Samory, quand celui-ci, heureusement conseillé, avait préféré pactiser avec les Baoulés. Depuis lors, Samory échangeait avec eux des esclaves contre des armes, des munitions, de l’or et du ravitaillement. C’est à cette époque que les Baoulés s’enrichirent en captifs. Ils donnaient à Samory six (6) poulets pour un homme, un mouton pour trois (3) et un (1) bœuf pour dix (10).

            Ce troc s’effectuait au grand marché de Kotia-Koffikro. C’est entre ce marché et Gbwékékro qu’en 1898, le capitaine Benoît, après la reddition de Samory à Guélémou, dans la région de Touba, vint installer son camp retranché.

            KOUASSI Blé, chef de Gbwékékro, fut vite indisposé par les exigences tracassières du capitaine ; il le supporta cependant jusqu’au où les militaires blessèrent deux (2) notables du village. Alors, la guerre éclata. C’était en 1899.

            KOUASSI Blé vaincu, abandonna son village, et, avec tous ses gens, s’en alla fonder Kouassiblékro, à quelques kilomètres plus à l’Est.

            C’est alors que les esclaves libérés par les troupes vinrent se placer sous la protection des militaires, en s’établissant tout près du camp. C’est l’origine du quartier Liberté, premier quartier du grand Bouaké actuel.

            Le pays nous paraît, vu la situation politique, peu favorable pour le moment à la fondation d’une mission. Nous faisons et défaisons ses projets.

            L’incertitude dure peu cependant, puisque dès le 10 Février, les décisions sont prises et le programme arrêté :

  1. Prendre un terrain voisin du camp et y construire une case provisoire.
  2. Rester un temps assez long dans la région de Bouaké pour entrer en relation avec les divers chefs, et apprendre bien la langue baoulée dont nous avons commencé l’étude à l’aide du livre de Maurice DELAFOSSE.
  3. Faire une exploration dans le pays des Sénoufos.
  4. Redescendre à Grand-Bassam en passant par l’Indénie…
  5. Revenir à Bouaké pour établissement définitif… Le capitaine Lambert est tout à fait de notre avis et nous assure de tout son concours. Et pour commencer, il fait appeler le chef du village de Liberté (BAMBELE) qu’il charge de nous construire une maison, suivant nos indications.

Mercredi 12 :

Quinze (15) hommes viennent au travail et commencent les fondations pour notre case, suivant le tracé que j’en fais.

25 Février :

Je vais à Koffikro rendre visite à KOFFI, chef du village, qui m’a invité plusieurs fois à aller le voir, et qui vient souvent à Bouaké, portant toujours son grand sabre de cavalerie.

            Aussitôt, mon arrivée dans la case de réception, KOFFI fait apporter son « Gbékré sè ». J’avais déjà entendu parler de cette boîte à rat. De forme cylindrique, haute de 25 à 30 cm, cette boîte est divisée en deux (2) parties communiquant entre elles par un petit trou rond. Le rat, habitant de ce logis, peut aller d’un étage à l’autre. Un couvercle fermant le dessus de l’appareil l’empêche de sortir.

            Je regardais KOFFI ouvrir sa boîte, y ranger en ordre à l’étage supérieur les petits bâtonnets qui y sont fixés, et qui sont formés de ficelles enfilées de perles. Là-dessus, il plaçait quelques pincées de maïs moulu grossièrement, refermait et attendait. Le rat montait prendre sa pitance et dérangeait quelque peu les bâtonnets. KOFFI ouvrait et regardait attentivement, puis remettait les perles en lignes droites et recommençait l’opération. Enfin, il fit remiser son « Gbékré sè », et parut satisfait.

            Le rat avait dû donner des réponses favorables sur mon compte car KOFFI me traita fort bien.

27 Février :

            On commence la toiture de notre case… Nous recevons la visite de KOUASSI Blé, chef de la tribu, qui nous invite à aller le voir dans son nouveau village, à une dizaine de kilomètres dans l’Est.

            Le 7 Mars, dès sept (7) heures, le père BEDEL reprend la route du Nord, avec trois (3) porteurs et deux (2) enfants chrétiens de la Côte.

            Je laissais à Bouaké mon confrère pour surveiller nos caisses et la construction de notre case.

            Au soir, nous arrivons sur les confins du Baoulé, à Bamoro. Le chef m’accueillit très bien et m’offrit quelques cadeaux, politesse que je ne pus malheureusement pas lui rendre.

            Le lendemain, nous eûmes une route pénible de plus de 40 km, sous un soleil de plomb, à travers une plaine déserte et sans eau. Nous venions d’entrer dans le Tagouana, pays complètement dévasté par Samory… En maints endroits, on rencontre d’immenses plateaux, où l’on voit des ossements desséchés au milieu d’habitations en ruines… Ce sont les vestiges du camp du barbare.

            (En 1975, Monsieur J.A.K. se souvient encore de ce que lui racontait son père, contemporain du cruel guerrier : parfois, en passant dans un village, Samory entassait des petits enfants dans une case, et il y mettait le feu. Il appelait cela « faire griller des arachides. »)

            Le vendredi 28 Mars, donc trois semaines plus tard, le père BEDEL est de retour à Bouaké, avec … 500 nouveaux kilomètres dans les jambes ! Il est en effet monté jusqu’à Korhogo, où le chef Gon COULIBALY le reçut fort aimablement.

            J’arrivai à Bouaké le Vendredi Saint… Depuis trois (3) semaines, je n’avais pas eu le bonheur de célébrer la Sainte Messe, aussi ma joie fut elle grande, en ce jour de la Résurrection de Notre Seigneur ! J’avais retrouvé mon confrère un peu fatigué, car il avait eu pendant mon absence un accès bilieux, dont il commençait heureusement à se remettre.

            Notre case était achevée. Nous en fîmes la bénédiction. Nous y célébrâmes tous deux (2) le Saint Sacrifice, et nos trois (3) enfants chrétiens furent une fervente communion pascale. Jésus-Christ prenait ainsi possession de cette contrée que nous sommes résolus à lui conquérir entièrement.

            Cependant, nous n’avions pas encore assez parcouru les villages environnants. Trois (3) des principaux chefs étaient venus nous rendre visite et nous prier d’aller les voir. Nous répondîmes avec empressement à leur invitation, et nous nous mîmes en route chacun de son côté.

            C’est ainsi que le 8 Avril, le père BEDEL rendait visite au chef KOUASSI Blé.

            Partout on nous reçut à bras ouverts, on nous promit de nombreux enfants, et il fut convenu que nous reviendrions nous installer à Bouaké.

            C’est là, en effet, ou du moins dans la région, que notre ministère serait le plus fructueux. Les habitants ne se sont jamais laissé entamer par le mahométisme, bien que placés dans le voisinage de deux (2) centres musulmans relativement peu éloignés.

            Ils ont prouvé, par une résistance acharnée aux troupes françaises, qu’ils étaient une race solidement trempée. Moins en contact avec les européens, ils sont très attachés à leur sol, que d’ailleurs ils cultivent d’une façon remarquable.

            D’ailleurs, nous sommes déjà connus d’eux. Les enfants du Poste nous ont assez montré qu’ils nous aiment beaucoup.

            Pendant un mois encore, les pères vont visiter les principaux villages de la région. Ils font le choix d’un assez grand terrain pour y installer la mission à leur prochain retour, car… il faut maintenant penser au départ.

            Un ménage du village de Liberté gardera la maison où nous laissons quelques caisses qui ne nous sont pas indispensables. Deux (2) jeunes baoulés, l’un neveu de KOUASSI Blé, l’autre originaire de Toumodi, qui fréquentent l’école du Poste et qui habitaient déjà avec nous, resterons aussi à la ‘’mission’’ pour attendre notre retour.

            C’est le 9 Mai, lendemain de l’Ascension, trois mois après leur arrivée à Bouaké. Par Fétékro, Dabakala et Groumania, ils atteignent la Comoé et terminent leur voyage en pirogue jusqu’à Alépé (24 Juin) et Moossou. Là, les attendait le père HAMARD, préfet apostolique de la jeune Église de Côte d’Ivoire.

            Il jugea d’ailleurs raisonnable, au terme d’une pareille expédition, de les envoyer se reposer en France. Seul, cependant, le père FER prit le bateau, car le père BEDEL, lui, préféra pour ne pas grever la caisse de la Préfecture, aller se reposer à Dabou et songer à l’établissement d’une station à l’intérieur.

            Nous avions promos aux chefs de la région de Bouaké de retourner chez eux le plus tôt possible. Nous avions laissé des bagages, des vivres, etc… et un terrain avait été désigné pour la future mission. Il fallait donc retourner là-bas vers le début de la saison sèche, en Décembre.

            Mais entre-temps, des événements graves s’étaient produits…

            Les maisons de commerce de la Côte d’Ivoire, surtout la CFAO, dit-on, n’ont cessé d’importuner le Gouverneur ROBERDEAU pour avoir l’autorisation de vendre des fusils et de la poudre. Les commerçants se plaignent de subir de grosses pertes au profit des compagnies anglaises de la Côte d’or qui vendent des tonnes de poudre.

            Le Gouverneur a envoyé lettre sur lettre au Commandant du Baoulé pour qu’il obéisse à ses injonctions. Le pauvre Commandant a été obligé de s’incliner… L’autorisation de vendre fusils et poudre fut lancée. Immédiatement, de tous les coins du Baoulé, les gens, hommes, femmes, jeunes, enfants même, descendirent vers Tiassalé et remontèrent chargés de munitions…

            … Le lendemain du 14 Juillet, le chef AKAFOU avec toute sa tribu armée se présenta au Poste d’Ouossou, à 6 heures du matin.

            Et les fusils parlèrent, semant la mort…

            Les Baoulés s’enfuirent en déroute. Mais c’était l’incendie rallumé. La révolte éclata, sauf dans l’Est de Bouaké.

            Cependant, il fallait du plus tôt revoir Bouaké pour commencer la nouvelle mission. Je devais en demander l’autorisation au Gouverneur CLAUZEL à Bingerville. Je Gouverneur encourageait le projet, mais ne voulut pas me permettre de prendre la route Tiassalé-Bouaké. « Montez, me dit-il, par l’Indénié, ce sera plus sûr. »

            Le départ a lieu le 9 Décembre. Cette fois, le père BEDEL est accompagné seulement du fidèle Louis OUENDÉTÉ. À Alépé, ils embraquent dans une pirogue pour remonter la Comoé, dans des difficultés qu’on a peine à imaginer aujourd’hui ! En parcourant les notes de voyage du père, on songe à l’apôtre Saint Paul écrivant : « Pendant mes nombreux voyages, dangers des rivières, dangers des voleurs…, dangers des païens, … Labeurs et fatigues, veilles fréquentes, faim et soif, … » (2 Cor 11,26)

            À Bettié, il faut composer avec Bénié KOUASSI, roi de l’Indénié : il fournit, moyennant finances, une pirogue et cinq (5) hommes expérimentés, car les rapides sont nombreux et difficiles à franchir.

            Le 30 Décembre, les voyageurs arrivent à Attakro (près d’Arrah). Mais la consigne est de ne reprendre la voie de terre qu’au-dessus du 7ème parallèle. Aussi, la navigation continue-t-elle jusqu’à Samanza.

            Il fallut alors chaque jour recruter des porteurs et les payer fort cher. De Kongoti au village suivant, ce fut une étape très dure dans un sentier coupé de ruisseaux desséchés et obstrués par des arbres et des broussailles très denses. La soif nous tourmentait cruellement. Nous rencontrâmes vers midi deux (2) caravanes de baoulés de quarante (40) à cinquante (50) hommes allant, nous dit-on, acheter de la poudre. Ils avaient de l’eau. Je demandai à en acheter. On m’en donna un verre pour moi seul et impossible d’en avoir davantage.

            Quand, vers 5 heures du soir, nous débouchâmes dans la savane et aperçûmes une petite ferme, nous trouvâmes seulement quelques ananas tout verts pour rafraîchir notre bouche, mais pas d’eau.

            Le lendemain, nous arrivions à M’Bahiakro… Encore trois (3) jours de marche, et le 14 Janvier, nous arrivions à Bouaké. Long, fatiguant et coûteux voyage qui avait duré trente-cinq (35) jours.

            Mais ce n’est plus le Bouaké d’il y a un an !

            La situation politique du Baoulé avait bien changé depuis six (6) mois. Après l’affaire de Ouossou presque, toutes les tribus avaient repris les armes. Au camp militaire même, il ne reste plus qu’un adjudant et une dizaine de tirailleurs. Tous les autres sont dans la région Ouest, où il y a « pas mal de cases ». Bouaké lui-même risque d’être attaqué et n’est pas en état de tenir longtemps.

            Dans ces conditions, mieux valait chercher un terrain d’apostolat plus calme. Le Baoulé était en guerre, le Tagouana n’avait encore que de rares habitants. Il fallait essayer de s’établir dans une région très peuplée, à l’Ouest du poste de la Bandama.

            C’était ennuyeux de quitter le Baoulé, où l’on avait déjà des amis, surtout le principal chef de tribu, KOUASSI Blé, et des catéchumènes déjà très attachés. Il le fallait. Les ennuis ne manquent jamais dans le début d’une mission.

           

            Le 16 Mars 1903, le père MEHEUST rejoignait le père BEDEL, et, quelques jours plus tard, ils quittèrent tous deux Bouaké par la route du Nord. C’est ainsi qu’ils s’installèrent d’abord à Guiembé, puis ensuite à Korhogo, 35 km plus haut, où la mission fut définitivement plantée.

            Bouaké devrait encore attendre 22 ans…

 

            En 1904, dans une lettre écrite de Jacqueville et datée du mois de Mai, le révérend père HAMARD, Préfet Apostolique, écrira au sujet de cette aventure malheureuse en pays Baoulé :

            Un premier projet avait été fait en faveur de Bouaké, station militaire importante située dans le haut-baoulé, et habitée exclusivement par la race Agni. On faisait ressortir que les races Agni étant les plus intelligentes de la Côte d’Ivoire, il y aurait avantage à commencer l’évangélisation par cette race.

            C’est pourquoi les missionnaires étant restés quelques mois à Bouaké y ont construit une petite case… et c’est pourquoi aussi, considérant la mission comme établie à Bouaké, nos supérieurs ont proposé la fondation d’un village de Liberté dans cette localité… sous le nom de Wallonville et placé sous le patronage de Saint Jean de Matha.

            En 1906 (du 19 Janvier au 14 Avril), il fera lui aussi, à pied, le voyage Dabou-Korhogo aller-retour, pour se rendre compte sur place de l’implatation de la nouvelle mission en pays Sénoufo. Il notera alors, au sujet de son passage à Bouaké :

            Bouaké est la ville la plus populeuse du Baoulé. Outre les bâtiments de l’Administration qui sont considérables, il y a un gros village de Liberté, un village Dioula et un village de représentants… Le village de Liberté est particulièrement développé…

            Centre d’Administration civile et militaire, marché important, point de réunion des représentants des chefs de canton, Bouaké réunit tous les éléments de prospérité, et il est probable, en effet, que cette ville prendra peu à peu de l’importance.

            Le village Dioula, qui donnera naissance au quartier Dougouba, est alors habité des marchands, des colporteurs, assez mal vus des Baoulés qui les considèrent comme des espions à la solde des militaires blancs. Voyageant en effet par des villages à travers la brousse, ils sont les yeux et les oreilles des soldats !

            En 1910, un nouveau Bouaké sort de terre, à quelques kilomètres plus au Sud. Ce sera le quartier commerçant, délimité au Nord par la voie ferrée. Celle-ci, en effet, arrive à Bouaké courant 1911. Le 20 Avril 1912, le premier train ‘’régulier’’ entrera en gare ! Et, le 15 Mars 1913, la ligne de chemin de fer Abidjan-Bouaké sera officiellement inaugurée par le Gouverneur Général William PONTY.

            La ville prend alors un rapide essor. Les premiers bâtiments administratifs sont déjà debout : le Cercle, la gare, la poste, l’ambulance, … Un château d’eau est construit dans la cour de la gare. Les grandes maisons de commerce se partagent le quadrillé du nouveau lotissement du futur « commerce » : CGAF, CFAO, SCOA, De TESSIERES, etc.

            Cependant, à l’Est de la « rue du commerce », le quartier est réservé aux « traitants » africains. C’est là que viennent s’établir peu à peu, montés du Sud, Marocains, Sénégalais, Appoloniens, …

            Parmi eux, se trouveront quelques rares chrétiens qui marqueront les débuts prochains de la mission à Bouaké.

 

 

1925

            Vers la mi-octobre, arrive à Bouaké le père Joseph SCHMIDT, 48 ans d’âge et 23 ans d’Afrique. À Dabou, son poste précédent, il vient d’achever la construction de l’église. Monseigneur MOURY, Vicaire Apostolique, l’a choisi pour fonder la mission à Bouaké. Cette fois, c’est pour de bon !

            « A Bouaké, je n’ai pas trouvé un seul catéchumène originaire du pays. Il y en a qui sont venus de la Côte d’Or. Malheureusement un gros obstacle, la polygamie, les retient devant le pas décisif. » (Lettre de 1927)

            Ils lui seront cependant d’un précieux secours. En effet, la case construite en 1902 a disparu depuis longtemps. Ces Appoloniens, catéchumènes ou chrétiens, vont lui assurer le gîte et le couvert durant les premiers mois. Chez les Damti, Nobou, Akpagny, Agnounou Benzé et Kuny, il trouvera toujours porte ouverte et table accueillante.

            Leur mission était l’étape appréciée, d’ailleurs, des rares pères de passage. C’est ainsi que le 25 Octobre, un jeune missionnaire fraîchement débarqué, le père Jean ETRILLARD, fera halte chez M. Nobou avant d’atteindre Katiola, son lieu d’affectation.

            En semaine, le père dit la messe dans la maison de M. Damti, et le dimanche, les chrétiens se réunissent sous hangar de la C.G.A.F (emplacement actuel de la pharmacie Kodjo). M. Ernest N’guessan, de Tiébissou, se souvient encore d’y avoir été baptisés le 24 Avril 1927…

            Pratiquement, le registre des baptêmes est l’unique document que la paroisse de Bouaké garde de ses premières années :

8 Novembre1925 : premier baptême. Jean-Michel Dubois.

Décembre 1925 : baptême de Marie Aïthio, bébé appolonien, décédé peu après.

En 1926 : 4 baptêmes et 3 mariages.

En 1927 : 46 baptêmes, dont 20 le 24 Avril.

            Parmi ces 20 nouveaux chrétiens, il y a 15 Baoulés, dont François Yao de Sakassou, et Ernest N’guessan de Tiébissou, qui se mariera le 27 Avril suivant (n°5).

            Les premières semences commencent à produire des fruits en terre Baoulée…

            « J’ai baptisé mes premiers le mois dernier, une vingtaine. Le prophète Harris n’est passé par ici. On y est toujours très fétichistes, et pour grouper des catéchumènes, il faut se démener et travailler dix fois plus qu’en Basse-Côte. Là-bas, en un seul voyage, on les cueille par centaine. Ici, il faut cinq ou six tournées pour en réunir la dizaine. » (Lettre de 1927)

            Il est vrai que le secteur est immense. Si, au Nord, la mission de Katiola n’est qu’à 50 km, au Sud, le plus proche voisin (père Compagnon), est à plus de 250 km (Agboville). À l’Est et à l’Ouest, il n’y a pas de voisins…

            « Curé sans vicaire d’une paroisse de 250 000 âmes », il faut faire son nid. Un emplacement unique est choisi : juste au croisement des deux grands axes routiers, Nord-Sud, Est-Ouest, entre les quartiers africain et européen que sépare la voie ferrée. C’est là qu’aujourd’hui se dresse le clocher de la Cathédrale !

            Le terrain de la mission touche celui de la gare. Cette proximité donnera bientôt la possibilité de quelques avantages, précieux alors :

  • L’adduction d’eau, à partir du château d’eau, mais d’une eau dont l’odeur, la couleur et le goût rebuteraient aujourd’hui les moins délicats !
  • Le courant électrique grâce au groupe électrogène mis en marche chaque soir de 18 heures jusqu’à … l’arrivée du train !

En Mai 1927, le père SCHMIDT écrivait :

      « Je viens d’achever le presbytère… et je vais entreprendre la construction de l’église. C’est de toute nécessité. Le hangar-garare qui m’a servi jusqu’à ce jour, ouvert à tous les vents, n’est pas convenable, et je ne puis l’utiliser que les dimanches et fêtes. Il nous faut une maison au Bon Dieu. »

En semaine déjà, le père ne dit plus la messe « chez l’habitant », mais dans sa nouvelle maison. Celle-ci, coquette de ses briques et tuiles rouges venues de Moosou, comporte trois pièces ouvrant sur un couloir-véranda. Ce dernier donne sur un vestibule d’environ 30 m2, formant avancée au milieu de la façade et très vite surnommée « le kiosque’’ à cause de son allure et de sa forme !

C’est la pièce du milieu, prévue comme salle à manger, qui est pour l’instant aménagée en chapelle provisoire. Les repas sont pris dans le « kiosque ».

Les travaux de la nouvelle église sont à leur début, quand Mgr MOURY vient donner la confirmation en Juillet 1927 dans le « hangar-garage ».

 

1927

            Le 20 Juillet, en effet, la jeune mission de Bouaké fête dans l’allégresse la première visite du Vicaire Apostolique d’Abidjan. Pour la circonstance, toute la communauté chrétienne (quelques dizaines !) s’est rassemblée, car à l’occasion de la confirmation donnée à 33 adultes, Mgr MOURY est venu présider les noces d’argent du père SCHMIDT.

            La messe fut célébrée dans le hangar-garage avec une belle assistance, dont Mgr DISS et plusieurs pères (j’y étais) et deux Sœurs de Moossou. Les chrétiens et catéchumènes qui n’avaient jamais tant vu de pères à la fois, étaient dans l’euphorie. (Souvenirs de Mgr ETRILLARD, Mai 1975)

            Durant son séjour, Monseigneur visita le chantier de la nouvelle église. Les soubassements étaient terminés, et les murs autour du chœur devaient avoir 1,50 mètre de haut… Le chœur était tellement petit que Monseigneur exigea absolument qu’il fut agrandi. Il fallait donc faire tomber les murs du chœur et reculer les fondations de plusieurs mètres. Il y eut une violente discussion. Le père SCHMIDT n’accepta pas… (id)

            Sans doute, devait-il penser aux fatigues déjà accumulées pour en arriver là, et peut-être surtout à l’argent déjà investi qu’il avait eu tant de mal à se procurer. N’écrirait-il pas deux mois plus tôt :

            « Ce sont de bien gros soucis. Que ne puis-je faire des miracles ! Je consens à tout, même à mendier, pour que s’élève bientôt cette église en l’honneur de Saint Martin. »

            Il n’en verra pourtant pas la fin de cette église qui devait être celle de ses 25 ans de sacerdoce et de ses 25 ans d’Afrique !

 

1928

            C’est, en effet, l’année de son congé en France. Depuis Octobre 1927, le père Louis PARAGE, jeune de ses 28 ans, est venu pour l’aider, se préparant ainsi à assurer l’intérim. Déjà, tous les 15 jours, à la demande de Monsieur Jean Attoungbré Kouadio, il va à Béoumi pour assurer la messe dominicale.

            En Août, le père SCHMIDT s’en va, et … ne reviendra pas. Par la suite, il ira fonder Dimbokro (1931), avant de quitter définitivement la Côte d’Ivoire (1934) à cause de sa mauvaise santé. Il mourra le 15 Août 1953, missionnaire en Tunisie.

            La solitude du père PARAGE est de courte durée. Quelques semaines plus tard, arrive le père Eugène OLIVAIN, 30 ans, comme supérieur de la mission. Ils ne passent pas 24 heures ensemble ! Et le nouveau venu doit se débrouiller tout seul.

            Il ne dit la messe dans le hangar que le premier dimanche. Dès le deuxième, il accueille ses chrétiens au presbytère-même :

            Comme la salle du milieu était arrangée pour dire la messe en semaine, alors, en attendant d’avoir mis au point quelque chose, j’ouvrais les deux portes de la salle, et l’assistance se tenait dans le « kiosque ».

            Puis, avec les tôles qui devaient couvrir le toit de l’église, (en les pointant juste aux extrémités pour ne pas les abîmer !) j’ai arrangé une espèce de chapelle dans la cour. Il n’y avait pas de porte ; une petite barrière mobile seulement pour empêcher cabris, moutons et cochons d’entre…

            Et le Bon Dieu a été assez bon pour que cela tienne jusqu’à la construction de l’église, sans être emporté par les tornades. (P. OLIVAIN, Lettre du 22 Avril 1975)

            Cette église, dont le chantier sommeillait depuis le départ du père SCHMIST, il faut la continuer…

            À mon arrivée, les murs émergeaient de terre, sauf pour les sacristies… qui avaient été oubliées ! Mgr MOURY, quand je suis monté à Bouaké, m’avait donné un plan et 15 000 francs, en me disant : « Débrouillez-vous, vous n’aurez pas un sou de plus ! »

            Les 15 000 francs avaient été donnés par une famille Reyter pour la construction d’une chapelle à Sainte Thérèse. Aussi, Saint Martin n’avait pas laissé un centime, Mgr MOURY a jugé bon de changer le titulaire. (id)

            Et voilà comment, commencée sous les auspices de Saint Martin, l’église fut mise sous la protection de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, dont la canonisation coïncidait, d’ailleurs, avec la fondation de la paroisse.

            Saint Martin aura sa revanche en 1968, au quartier Air-France…

            L’extraction des pierres et leur emploi se faisaient en même temps ! Pour le transport, comme les camions n’étaient pas très nombreux et de petit tonnage, les propriétaires tâchaient d’intercaler un voyage pour moi dans leurs nécessités à eux… (id)

            On comprend qu’en de telles conditions, le travail se fasse à la petite semaine et avance tout doucement.

 

 

1929                                 Encore, ne faut-il pas trop s’éloigner du chantier, sinon gare aux surprises :

Un jour, j’ai dû aller à Béoumi pour régler un palabre. À mon retour, j’ai dû faire démolir la partie de mur construite en mon absence. Si elle n’était pas régulière, m’a dit le maçon, c’est que le niveau n’était pas d’accord avec le fil à plomb ! (id)

Le 20 mars, le Père a recours à Mgr MOURY : pas moyen de trouver un menuisier sur place, l’administration et le chemin de fer raflant tout ce qui a quelque valeur.

Étant donné mes disponibilités, j’ai d’abord construit la moitié de la longueur. C’est dans cette moitié que j’ai célébré la première messe à Pâques, sur un terrain simplement damé de la veille. Les assistants sont restés débout ce jour-là. (id)

Les soucis du constructeur s’ajoutent à ceux du messager de l’Évangile. Dans sa lettre au Vicaire Apostolique, le Père OLIVAIN donne aussi des nouvelles de son immense district : À Sakassou, 4 catéchumènes sont prêts pour le baptême ; à Béoumi, c’est la Chapelle que la tornade a détruite ; à Raviart et à Bamoro, on s’endort… Et puis, le travail de traduction en baoulé qui n’avance pas bien vite.

            On rêve aussi déjà d’une école ! Mais la concession est trop étroite.

C’est, en effet, un grand parallélogramme, bordant sur 100 m la ʺroute du Soudanʺ, et s’enfonçant en brousse, sur 200 m, par-delà le ʺjardin potager du railwayʺ. Or, presbytère et église occupent déjà presque toute la largeur. Demande est donc faite du terrain qui se prolonge vers le Nord, jusqu’à la route de Marabadiassa.

La mise en valeur de cette partie était officiellement : plantation d’arbres fruitiers ! J’ai donc débroussé et planté les arbres fruitiers, et surtout des caféiers… La Cathédrale et la maison des sœurs les ont aujourd’hui remplacés !

Ce qui donne une idée de la situation d’alors, c’est qu’on voyait des biches sur le terrain. Un jour, j’ai eu le temps d’aller prendre mon fusil et d’en tirer une près du chœur de l’église. (id)

                                    Heureux temps, quand même !

                        Vers la fin de 1929, arrive un petit Père à qui la rousseur de la barbe vaudra bien vite le surnom d’Akanza Kokoré. Âgé de 36, le Père Jean ALLEZARD n’est pas un nouveau. Missionnaire déjà à Katiola (1923) puis à Tafieré (1925), il est riche d’une première expérience et aussi d’un courage à toute épreuve. Il ne rechigne pas à l’ouvrage. Nerveux, vif, il a aussi une plume facile et pointue dont les commandants de Cercle (et même le Gouverneur !) n’apprécieront pas toujours le mordant…

 

 

1930                                 La deuxième moitié de l’église commence à s’élever.

J’ai eu à faire à un bon Commandant qui, pendant quelque temps mit une escouade de soldats à extraire les pierres. Juste comme je considérais que la quantité était maintenant suffisante, il vint un jour me dire qu’on lui avait notifié que les tirailleurs étaient pour faire l’exercice et non du travail !

Je pouvais remercier Dieu ! Tout le terrain entre la route et la maison était recouvert de plus d’un mètre de pierres bien tassées. Avec l’arrivée du Père ALLEZARD, j’avais moins de souci pour leur utilisation. (id)

            Le 2 février, le Père OLIVAIN baptise le petit Auguste Koblan NOBOU, dont le parrain est Alexandre NIANGORAN, catéchiste, interprète, bras droit de la Mission. Qui aurait pu deviner que 42 ans plus tard, presque jour pour jour, ce nouveau petit chrétien serait sacré premier évêque de Korhogo ?

            Quand le Père OLIVAIN quitte Bouaké, l’église tout entière est debout.

Dallage et crépissage sont terminés, le gros travail en somme. Il la laisse dans l’attente d’une finition que réalisera le Père ALLEZARD, et d’une inauguration qui ne sera jamais faite !

                        Demeuré seul, le Père ALLEZARD entreprend la visite de son immense paroisse. Le seul document relatif à ses premières années à Bouaké est une lettre qu’il écrivit … en 1935 :

                        Jusqu’en 32, la station n’étant guère occupée que par un missionnaire, l’apostolat s’est borné à quelques visites rapides à travers l’immense district. Il a fallu construire l’église de la station principale. Faute de ressources, on y a mis bien du temps, et il lui manque encore tant de choses !

En même temps, plusieurs villages plus importants ont été munis d’une Chapelle où le missionnaire avait un pied-à-terre et d’où il rayonnait dans les villages voisins. Où sont les heureux districts où les chrétiens, de leur propre initiative, bâtissent eux-mêmes ces Chapelles à leurs frais ? Ici, nous devons tout faire par nos propres moyens et non sans interminables palabres.

Chaque fois que nous l’avons pu, nous avons installé dans ces Chapelles un catéchiste à demeure. Il est chargé de tout un groupe de villages qu’il doit visiter aussi souvent que possible. Cet apostolat nécessaire a déjà donné des résultats consolants… En quelques mois, des villages qui, jusqu’alors n’avaient rien voulu savoir, vinrent me demander quelqu’un pour leur enseigner la religion. Quatre villages m’ont fait tout dernièrement cette demande.

Une autre œuvre que je considère comme indispensable dans un district où, sans elle, nous piétinerions longtemps sur place : l’école. Elle a été longtemps un cauchemar, avant même d’être ouverte.

                        Le Père précise ailleurs :

                        On fit intervenir le système D. la bonne Providence y mit du sien. On construisit une école pour 200 élèves. Elle est en plein rendement aujourd’hui, avec deux autres écoles qui sont venues s’y ajouter dans deux villages différents.

                        Ces bâtiments, construits en briques de terre, sont toujours debout. En 1952, ils deviendront maison d’habitation des Pères, avant d’être légèrement modifiés pour être promus au rang de presbytère de Cathédrale !

 

 

1933                Cette école dont fonctionnent déjà 6 classes, va prendre son départ officiel :

                                               C’est d’abord l’arrivée de celui qui en sera le premier directeur, le père Jean-Baptiste BOIVIN. Il a 35 ans.

                                               C’est ensuite l’ouverture officielle par le Gouverneur RESTE, dont la décision (n° 72 du 8.1.34), très laconique, annonce qu’« est autorisée l’ouverture d’une école régionale privée à Bouaké. »

                                               Dans la première équipe de maîtres, se trouvait alors François AKOTO YAO, de Sakassou, père de notre actuel ministre de l’Éducation Nationale.

                                               Dès 1935, le Père ALLEZARD notera dans son courrier que déjà les élèves… avides d’un petit bagage de science n’en font pas toujours le bon usage que nous voudrions. Leur idéal vise à un bureau, à être commis, presque jamais à revenir dans la plantation de leur père. Et qu’ils deviennent chrétiens ou non, nos élèves ne seront pas toujours un exemple. C’est là le mauvais côté de la médaille.

 

Heureusement que le bon côté compense largement le mauvais :

Mais pendant les 4 ou 5 ans où l’élève est resté à la Mission, la famille est venue le voir souvent (petits frères et grands frères par douzaines, autant de grandes sœurs et de petites, guère moins de pères et de mères…)

                        Désormais, tout ce monde peut y venir sans crainte … et quand le missionnaire ira lui-même au village, il rendra visite au chef de famille qui en sera très content. Il n’est désormais pas difficile de réunir un bon groupe de fidèles pour faire un brin de catéchisme : le reste se fera petit à petit.

Tel village compte aujourd’hui plus de mille chrétiens et autant de catéchumènes. Voilà la plus grosse raison d’être de l’école dans tout pays païen, où le missionnaire sent qu’il serait trop long de marcher par le chemin direct qui n’est pas toujours, quoi qu’on dise, le plus court. Sans compter qu’il sort de nos écoles bien des auxiliaires précieux … les catéchistes.

                        Le Père ALLEZARD n’a pas écrit le mot, mais, sans doute, devait-il espérer dans le fond de son cœur que de son école sortiraient aussi des prêtres pour prendre la relève …

                        S’il avait su alors qu’en moins de 40 ans, elle fournirait à l’Église trois prêtres dont … deux évêques (Mgr Auguste NOBOU, Mgr Vital YAO et l’Abbé Maurice KOUASSI), comme il aurait tenu pour peu de chose toutes les difficultés auxquelles il devait s’affronter !

                        Monseigneur NOBOU se rappelle encore ‘‘ la grosse main du Père BOIVIN ’’ prenant la sienne pour lui apprendre à former ses lettres au CP1 … En ce temps-là, c’était la sirène du dépôt qui rythmait les entrées et les sorties d’école. Et on embrayait dès 13 heures l’après-midi. Chacun avait aussi son petit lopin de terre à cultiver dans le jardin scolaire, se trouvant alors derrière l’actuelle Cathédrale…

 

 

1936                Le père BOIVIN est appelé à Bingerville pour y diriger le Petit Séminaire qui ouvre le 31 octobre. Il part donc … sans se douter qu’il reverra Bouaké 3 ans plus tard, comme Vicaire Apostolique, pour y donner la confirmation le 17 décembre 1939.

                                               À cette même occasion, il confirmera aussi 21 chrétiens à Béoumi, le 14 décembre, et 46 à M’Bahiakro, le 19, alors stations secondaires desservies par les Pères de Bouaké.

                                               Il est remplacé par le Père François PEYVEL, qui, tout en dirigeant l’école, s’occupe des villages les plus proches. Béoumi cependant reste sa terre d’élection !

                                               Pour sa part, le Père ALLEZARD sillonne la brousse baoulée, de Bamoro à Tiébissou, et du Bandama à la Comoé … Qui n’a pas vu, un jour « mon Pé Alza » traverser son village, accompagné de son fidèle catéchiste Christophe DJÉ, ou déjà aussi du jeune Pascal KOFFI ? Le soir, on fait du cinéma pour attirer les gens …

                                               Mais, quand on sait que le Père ne supporte pas le foutou, seule nourriture que les villageoises puissent lui offrir, et qu’il doit pendant ses tournées emporter avec lui des pains, donc il se nourrit, après les avoirs trempés dans de l’eau … Il faut le faire !

                                               Cette même année, on retrouve sur le registre des baptêmes la signature du Père PARAGE. C’est qu’il remonte de temps en temps de Dimbokro pour revoir la mission de ses débuts. Il vient accompagner de son ‘‘petit KOUAKOU’’, (le futur Abbé Alfred !), et chaque fois, on fait visite à la famille NOBOU. Là, dans la cour où cuisent les beignets, ‘‘petit KOUAKOU’’ satisfait son solide appétit, tandis que le fils de la maison (futur évêque de Korhogo) ne quitte pas des yeux le père dont l’imposante barbe l’impressionne tant !

                                               Visite aussi du jeune Père DURRHEIMER, voisin de Katiola, qui vient près du père PEYVEL chercher des tuyaux sur les secrets du métier de directeur d’école ! C’est en effet le sort réservé à beaucoup de jeunes à leur arrivée en mission …

 

 

1937                Un beau jour, le Père ALLEZARD reçoit un mot de Mgr PERSON, nouveau Vicaire Apostolique, sacré l’an passé à Abidjan, lui annonçant la visite prochaine de trois Sœurs de Notre-Dame des Apôtres, auxquelles il offre le voyage jusqu’à Bouaké, ‘‘histoire de faire connaissance avec l’intérieur du Pays’’, et, sans doute surtout …avec le secret désir qu’elles y établissent une maison !

                        C’est en tout cas ce qui arrive : après 48 heures de séjour à Bouaké, quand Mère Agathe, Supérieure principale en Côte d’Ivoire, reprend le train avec ses compagnes, Sœurs Aloysia et Hervé, la chose est décidée ! Les sœurs vont s’installer au cœur du pays Baoulé.

                                               Voilà pourquoi, en novembre, dès le début de la saison sèche, le Père ALLEZARD s’affaire au volant de sa camionnette, dans des voyages sans fin vers la Sogéna (route de Tiébissou) d’où il rapporte de pleins chargements de latérite, avec, par-dessus encore, 4 ou 5 écoliers qui ne cachent pas leur joie ! À quelqu’un qui s’étonne de ces enfants ainsi juchés, il répond en mordillant sa barbe : « Eh ! si je tombe en panne, il faudra me pousser ! »

 

 

1938                Il ne s’agit pas de lambiner, en effet ! La nouvelle maison qui s’élève dans le bas de la concession de la mission, près de la route de Marabadiassa, doit être prête pour le mois de mai. Mère Agathe en a fait le plan, que Père ALLEZARD, promu architecte et entrepreneur, réalise de son mieux … tandis qu’à la mission de Katiola, les élèves de l’école de menuiserie s’activent à faire tout l’ameublement.

                        Enfin, le 19 mai, à 7 heures du soir, les nouvelles Sœurs trouvent sur le quai de la gare, à les attendre, un groupe d’écoliers entourant les deux Pères. Les enfants dévisagent curieusement ces 3 femmes tout en blanc : sœurs Aloysia, Euphrosine et Camille !

                                               Dimanche 29 mai, fête de Notre-Dame des Apôtres. Grande liesse à la mission. Après la grande messe, la musique de Georges Kuny conduit la foule vers la maison des Sœurs, où les enfants de l’école font la haie pour assurer le bon ordre. Le Père ALLEZARD bénit la nouvelle demeure en présence de Mgr DISS et du père ETRILLARD, venus en voisins à Katiola.

                                               Aux Sœurs qui cherchent comment récompenser les garçons de l’école qui ‘‘ont fatigué’’ pour aider à la construction de leur maison, le Père PEYVEL suggère la confection de 300 (exactement 301 !) ‘‘Tiékotos’’ (petits caleçons) les assurant d’avance qu’ils feront des heureux ! La distribution solennelle, à chacun selon sa taille, a lieu le 21 juin pour la fête de Mère Aloysia, au grand bonheur de tous !

                                               Le 1er Septembre, l’école de filles ouvre ses portes… aux 13 premières élèves. C’est surtout histoire de leur en apprendre le chemin, car les grandes vacances vont commencer à Noël !

 

 

1939                Les Sœurs ouvrent leur dispensaire bien que n’ayant pas d’infirmière officielle. Mais elles voient tellement de misère autour d’elles et dans les villages qu’elles visitent !

                        Il leur arrive en effet, assez souvent, de partir en brousse à bicyclette. Mais parfois le retour se fait à pied ! Ainsi se termina une fameuse expédition de 3 jours : 18 km, le vélo à la main…

                                               C’est l’époque aussi où elles vont couper du bois avec leurs élèves jusqu’à 7 km, pour la cuisine et la lessive ! Cela leur vaut, un jour, la menace d’êtres traînées devant le Commandant, par un paysan dont le jardin avait été prestement vidé, par les écolières, de tout ce qui pouvait être mangé !

 

 

1940                Courant janvier, grosse émotion chez les Sœurs ! Un télégramme leur annonce l’arrivée de la T.R.M.G. (traduire : Très Révérende Mère Générale). Venant de Gold-Coast, elle sera à Bondoukou le 25 janvier. C’est là qu’il faut aller la chercher.

                        De bonne heure, le 25 au matin, le Père PEYVEL et Sœur Aloysia partent pour Bondoukou. M. LAGORCE a offert sa voiture conduite par M. ROBIN, qu’accompagne Madame. Le soir, on est au rendez-vous. Mais la route n’allant pas jusqu’à la frontière, il faut terminer jusqu’au poste par un petit sentier qui, de l’autre côté, s’enfonce dans la forêt. C’est de cette piste que sort bientôt la Mère Eugenia, suivie de Mère Odillia et … des porteurs de bagages !

                                               À Bouaké, la Mère Générale restera dix jours.

                                               Dans le cours de l’année, un troisième Père est affecté à la mission. C’est un pionnier ! Âgé de 56 ans, le Père Pierre PORTE a débuté en 1907 à Korhogo. Plus tard, Supérieur à Katiola, il y fut le curé de Père ALLEZARD dont il devient à présent le vicaire ! Pour peu de temps, il est vrai, quelques mois à peine, mais plus qu’il ne lui en faut cependant pour repartir de Bouaké en sachant parler baoulé !

                                               Le mois de Septembre est orageux, du mois à la mission, où le Père ALLEZARD se fait rappeler à l’ordre par Mgr BOIVIN, son ancien vicaire devenu son évêque, pour une correspondance peu aimable adressée directement au Gouverneur d’Abidjan. Le 5 octobre, le Père répond à son évêque :

                                               Quant au reproche que vous me faites de ne vous avoir pas préalablement donné connaissance de ma lettre au Gouverneur, je le mérite aussi car c’est bien intentionnel. Si ce n’est pas manque de confiance, dans le sens que vous semblez donner à ce mot, c’est bien dans l’intention que ma lettre ne soit pas arrêtée par rien, et qu’elle arrive au but.

                        Je me suis donné la peine, cette fois-ci d’y mettre un peu de forme (une fois n’est pas coutume) mais ce n’est pas que je regrette mes lettres passées, car j’estime et je suis même certain que le manque de forme fait souvent le plus bel ornement d’une lettre, et aussi sa force, quoi qu’on en dise.

                        Une fois de plus, je vous dis que je suis convaincu que le temps de parler est arrivé, pour que les actes s’ensuivent.

                                               De quoi s’agit-il ? De démêlés, sans doute, avec l’Administration coloniale…

 

 

1941                Le 6 mars, le dispensaire des Sœurs est officiellement autorisé.

                        Quelque temps avant Pâques, le P. ALLEZARD s’embarque pour son congé en France. Le P. Louis GIRE vient le remplacer, auprès du P. Martin FÈVRE arrivé depuis octobre 40 pour succéder au P. PEYVEL à la tête de l’école.

                                               Chaque année, on fête avec éclat la Patronne de la Paroisse. Cette année en particulier, comme l’écrit le P. GIRE à Monseigneur, le 29 septembre :

                                               Nous avons dimanche prochain la fête très solennelle de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. La ville sera pavoisée par l’Administration, la musique militaire prendra part, avec celle de KUNY, à la procession qui sera suivie par les autorités civiles et militaires.

                                               On processionnera encore ainsi pendant 20 ans, chaque année pour la Fête-Dieu (où le Reposoir est fait sur la terrasse des Sœurs), pour Ste Thérèse (autour du Commissariat de Police), et pour la Toussaint (jusqu’au cimetière).

                                               En septembre, arrive l’autorisation du Gouverneur ‘‘ pour l’ouverture avec enseignement catéchétique ’’ des Chapelles de N’Drikro, Broukro, Akanzakro, Konankankro, Assèkro, Assoumodiékro, Pambambo, Kouadio-Prikro et Bangassou, … ainsi qu’un avis de paiement de 100 f pour l’impôt sur le revenu !!!

 

1942                Février : Le P. ALLEZARD rentre de congé. Il trouve à Bouaké, comme il l’écrit à Mgr BOIVIN, la place chaude lissée par le Père GIRE, parti deux jours avant mon retour !

                                               Dès cette première lettre, il réclame d’urgence un troisième Père pour s’occuper de cette région qui vaut n’importe quelle autre région sous tous les rapports… Donc, à mon avis, ce n’est pas deux que nous devrions être ici, mais trois ou quatre, et tout de suite.

                                               On ne peut parler plus clairement à son évêque !

                                               Celui-ci connaît bien les difficultés de la mission de Bouaké, pour y avoir vécu lui-même. Aussi, annonce-t-il au Père ALLEZARD, à son retour de congé, qu’il lui offre l’équipement de sa camionnette avec un gazogène, pour remédier à la pénurie d’essence qui sévit alors à cause de la guerre. M. LAGORCE procède tout de suite à l’installation…

                                               Ce fameux ‘‘gazo’’, très capricieux, souvent en panne, alimentera la bonne histoire de la ville avant d’entrer dans la légende…

                                               J’étais à Sakassou cette semaine. Selon l’habitude consacrée, le gazo n’a pas voulu partir au retour. Je suis revenu à bicyclette et je suis allé le rechercher le lendemain… À Yablassou, on a fait un arc de triomphe pour me recevoir. Triomphe sans lendemain, puisqu’on y repassait… Le lendemain, en poussant la voiture ! (Lettre du 22.6.42)

                                               Cette année-là, le scoutisme est lancé à Abidjan. Les missions de l’intérieur sont invitées à envoyer chacun un stagiaire à Treichville, pour s’initier au mouvement. Le père répond que l’oiseau rare est difficile à trouver. Il y a bien un moniteur qui ferait l’affaire, mais on préfère le garder à l’école. Et puis, c’est un voltaïque. Il vaudrait mieux un Baoulé.

                                               1942, année difficile. L’occupation de la France par les Allemands se fait sentir en Côte-d’Ivoire :

                                               Le ravitaillement devient coriace. Six jours déjà sans viande… Une petite igname, 5 francs. Dans le pays des ignames ! À chaque voyage, je tâche d’en ramener des villages, pour nous, pour les sœurs et les maîtres qui tirent la langue. (Lettre du 21.8.42)

                                               L’atmosphère est à la palabre ! Le pays est divisé : PÉTAIN et DE GAULLE ont chacun leurs partisans. Une circulaire de Mgr BOIVIN annonce pour cette année la suppression de la messe de minuit pour Noël, ‘‘en raison des circonstances exceptionnelles que nous vivions.’’

                                               Cela ne va pas sans répercussion sur la vie même de la mission où curé et vicaire ne sont pas toujours d’accord. L’un trouvé trop autoritaire et l’autre trop indépendant ! En décembre, l’orage éclate à propos de la paye des maîtres de l’école, et l’affaire est portée jusque devant l’évêque ! Quelque mois plus tard, Monseigneur devra encore arbitrer un autre différent, mais cette fois, entre le père ALLEZARD et sœur Hervé, nouvelle Supérieure de la communauté N.D.A.

 

 

1943                                Le 2 janvier arrive le père Jean MARTEL, pour remplacer le père FÈVRE affecté au Séminaire de Bingerville. À peine le temps de faire connaissance avec les villages environnants que le nouveau venu doit déjà partir, le 3 avril, pour rejoindre Bobo-Dioulasso, son centre de mobilisation. C’est là, à l’armée, qu’il se liera d’amitié avec le soldat… Raymond TCHIDIMBO, futur archevêque de Conakry !

                                                Le père ALLEZARD ne reste pas seul pour autant. Un certain nombre de pères sont alors mobilisés au camp militaire. Quelques-uns, même, sont mis au ‘‘prêt-franc’’ a la paroisse où ils prennent pension tout en rendant service. Ainsi, le père Jules SAVÉAN qui, chaque dimanche, assure la messe de 7 h et dirige la chorale tout en tenant l’harmonium pendant la grande messe. Ainsi, le père André CASSARD qui jette un coup d’œil (un peu trop sévère) sur la marche de l’école.

                                               Cette dernière a déjà solidement établi sa bonne réputation ! En fin d’année scolaire, elle se place de nouveau en tête dans les résultats au CEPE, comme le note le père supérieur dans une lettre à son évêque :

                                               La semaine dernière, ont eu lieu les examens du CEPE. Pas brillant. Sur 46 candidats, 11 reçus seulement :

                        1 sur 8 à l’école régionale,

                        1 sur 15 candidats libres,

                        3 sur 12 de Katiola,

                        6 sur 11 des nôtres.

                                               C’est encore de tout repos pour les correcteurs !

                                               Le scoutisme a quand même fait ses débuts à Bouaké. Mais le père n’en est guère enchanté :

                                               Le scoutisme mené par M. LE ROY fait des progrès. Le jour de la Pentecôte, il veut faire leur promesse à 5 ou 6, les premiers, le soir évidement, feu de camp. Je ne sais pas même si je dois m’en réjouira. C’est une chose qui ne m’emballe pas du tout… Je ne compte pas sur le scoutisme pour améliorer quoi que ce soit dans le Baoulé…

                                               2 août : les Sœurs sont heureuses ! Marie FAMEY, leur première candidate à la vie religieuse, part pour le Dahomey. Espérance qui n’aura pas de suite…

                                               1er octobre : Le père Paul DELATER est nommé à Béoumi. La nouvelle mission détache de Bouaké le cœur même du baoulé : Sakassou, avec le roi ANOUBLÉ, Botro avec le chef TOTO-KRA, et Béoumi avec M. Jean ATTOUNGRÉ-KOUADIO, premier chef chrétien. Le père trouve une école catholique dans chacun des trois centres, et, à Béoumi, un moniteur catéchiste qui lui sera très précieux, Édouard Yao KOUAKOU.

                                               Le 10 octobre, une grande fête marque la fondation de la mission. Les Baoulés sortent leur danse ‘’Goli’’ et les festivités dureront tard dans la nuit !

 

1944                                 Le 10 août, tout le monde se retrouve à Béoumi pour la bénédiction de la première église. Elle avait commencé en février.

                                               Ce fut une réalisation très difficile. C’était la guerre. Il n’y avait ni ciment ni bois, ni pointes. Pour la charpente, je fis abattre un Iroko du côté de Bellakro. On creusa une fausse près de l’arbre abattu, et deux scieurs de long firent les madriers de la charpente. C’est M. BALAMINE, un commerçant musulman, qui fit le transport jusqu’à la mission.

                        À la demande de Jean KOUADIO, les hommes des villages avoisinants firent la toiture en paille. Je réussis à acheter un tonneau de ciment pour 4000 f. Les Tecks de la toiture vinrent de Brobo, fournis par TOTO-KRA.

                         Ce fut une fête magnifique à laquelle assistèrent 30 européens, avec les habitants de Béoumi et des environs.

                        (Lettre du père DELATER, 11.4.75)

                                               Le père DELATER fait alors régulièrement la route Béoumi-Bouaké, traînant derrière sa moto une petite remorque remplie des légumes de son jardin, dont la vente à Bouaké alimente la maigre caisse de sa mission. La ‘’petite histoire’’ rapporte même que le Père ALLEZARD fit un jour, dans la remorque, le tour d’honneur du quartier commerçant de sa paroisse !

                                               Centre d’attraction de toute la région, Bouaké l’est aussi déjà pour le Nord du pays. Mgr WACH, préfet apostolique de Korhogo, pense un moment y louer ou y construire une maison pour héberger les pères de passage, afin d’éviter de continuels dérangements à la mission, dont l’équipement hôtelier reste d’ailleurs à désirer ! Ce projet ne verra jamais le jour…

                                               16 septembre : Les sœurs NDA payent leur premier tribut au pays baoulé. Gage de la moisson future, le grain est mis en terre, pour qu’il ne reste pas seul… Ce jour-là, sœur Adrien (Catherine TRUNEL) est conduite au cimetière de Bouaké.

 

1945                                 Année heureuse, sans doute, car année sans histoire, sans parler de celles, déjà nombreuses (et toutes savoureuses !) qui courent sur le compte du père Claudius LAZINIER, nouvellement affecté au pays baoulé !

                                               Avant d’y ouvrir la mission de Raviart en 1951, il va d’abord provisoirement fixer sa tente à N’Dougna, près de didiévi. Là, il vivra dans une extrême pauvreté à laquelle son originalité légendaire donnera une apparence moins austère, parfois comique même ! Qui ne se souvient, par exemple, de son lit à 3 places ? Il avait, en effet, moulé à même le sol ses trois positions de dormeur : côté gauche, dos, côté droit. Il lui suffisait de choisir la position préférée…

                                               Pendant une vingtaine d’années, il sera l’hôte régulier de la mission de Bouaké, chaque semaine ou presque. Il y passera même, une fois, le 1er novembre, ayant oublié que c’était la Toussaint, et que ses chrétiens l’attendaient pour la messe…

 

1946                                 Le père ALLEZARD rentre en congé… sans se douter qu’il ne reviendra plus ! Le 10 avril, il fait son dernier baptême (Dieudonné KONAN) ayant ainsi conduit le registre du n°118 au n°2030…

                                    Demeuré en France, devenu sourd, il mourra le 17 avril 1971, à la maison de repos des Missions Africaines de la Croix-Valmer. Mais le souvenir d’Akanza Kokoré, lui, reste encore vivace dans toute la savane baoulée. Quelqu’un qui l’a bien connu et qui essuya certaines de ses tempêtes, dira de lui :

                                               C’était un impulsif, Des colères terribles… et un cœur d’or. Malgré une santé délicate, c’était un gros travailleur.

                                                C’est un ancien de Bouaké, le père Eugène OLIVAIN, qui revient pour assurer la relève. Jusqu’en 1949, il sera successivement secondé par les pères DEVIENNE, ROZE, et LE GLATIN…

                        Pour l’instant, c’est le père Mathieu qu’il trouve à la mission. Arrivé depuis plusieurs mois, ce père de ‘‘Timon-David’’ prépare l’implantation d’un collège à Bouaké. Des briques sont déjà prêtes sur le terrain choisi, vers l’abattoir, route de Katiola. Mais la demande de concession demeure sans réponse, semble-t-il, à en juger ce qu’écrivait à Mgr BOIVIN alors en France, son vicaire général :

                                               Quant au père Mathieu, il nous laisse dans l’incertitude. Le gouverneur m’a encore répété ce qu’il lui avait dit : Faites-moi une demande de concession pour autre chose qu’un cours secondaire, et je l’examinerai à nouveau.

                                               Ce qui est certain, c’est qu’à la rentrée d’octobre, le père Mathieu est à Dabou pour prendre la direction du cours Normal catholique, d’où allaient sortir les futurs maîtres de notre école : Albert KOUASSI BLÉ, Augustin KOUADIO et Joseph KOKO KOUAME.

                                               Il est remplacé par un autre prêtre de ‘‘Timon-David’’, le père VIVÈS qui assure la direction de l’école. C’est lui qui commence à initier au latin le jeune Auguste NOBOU, alors maître de CM2.

 

1947                                 Le 5 juillet, le registre des baptêmes porte 48 nouveaux chrétiens, dont 19 baptisés par le Père OLIVAIN, 17 par Mgr BOIVIN et 12 par l’abbé Bernard YAGO qui, jeune prêtre, a accompagné son évêque pour venir chanter une grande messe à Bouaké.

                                                Après le repas pris chez M. LAGORCE, on assiste à une séance récréative donnée par les écoliers, en l’honneur du nouveau prêtre (2ème prêtre ivoirien). C’est Auguste NOBOU qui mène le jeu, tandis que parmi les jeunes acteurs germent en secret deux autres vocations sacerdotales : Maurice KOUASSI et Vital YAO…

                                               Le Bon Dieu devait sourire en voyant réunis à cette modeste séance trois futurs évêques de son Église en Côte-d’Ivoire !

 

1948                                 À son tour, M’Bahiakro se détache de Bouaké. C’est le père Louis GIRE qui prend en charge cette immense région, desservie jusqu’à la Comoé par des chemins impraticables… Le P. OLIVAIN vient d’y faire sa dernière tournée :

                                               Il m’en reste l’image de la plus petite Chapelle que j’aie jamais eu l’occasion de voir. Elle n’avait pas plus de 3m² de surface. Je l’ai trouvée assez loin derrière M’Bahiakro. Elle avait été construite par deux jeunes gens qui avaient été travailler à la basse-côte. Au retour, ils avaient eu l’idée de cette petite construction, quoique païens et non instruits. Elle était tenue dans un parfait état de propreté. Ce fut ma dernière tournée de ce côté, M’Bahiakro était devenu ‘‘indépendant’’…

                        (Lettre du 22.4.75)

 

1949                                 Ce devait être, en effet, un de ses derniers souvenirs, car deux semaines après Pâques, arrive le père André DUIRAT pour le remplacer. Venu de Toumodi, où il a passé deux ans, le nouveau père se présente à ses paroissiens le dimanche du Bon Pasteur.

                                               La mission de Bouaké est à la veille de fêter ses noces d’argent ! Deux de ses filles ont déjà quitté le giron maternel : Béoumi (1944) et M’Bahiakro (1948). Il lui reste encore 528 villages, dont 239 sur la subdivision de Tiébissou, qui se détacherons bientôt eux aussi.

                                               Dans son premier rapport (1950), le père DUIRAT fera à ses supérieurs le bilan d’un premier inventaire de sa nouvelle paroisse :

                                               J’ai pu me rendre compte que nous n’avions que trois stations secondaires à peu près organisées, c’est-à-dire avec un chrétien faisant régulièrement le catéchisme : Kouadio-Assékro, Assékro, Sahébo.

                        Plusieurs stations anciennes étaient fermées, leurs bâtiments (Église, école, case du père) totalement ou en partie écroulés : Bamoro, Agbanienssou, Kongodékro, N’Drikro…

                                               N’Drikro, quand on songe que le 7 juillet 1944, Mgr BOIVIN était venu y confirmer 60 chrétiens ! Il est vrai que bon nombre d’entre eux était parti dans la région d’Oumé pour y faire des plantations de café…

                                               Dans ce même rapport adressé au Supérieur général des Missions Africaines, le père passe ensuite en revue tous les problèmes que lui posent la grande paroisse dont il vient d’être chargé : soucis matériels, constructions envisagées (presbytère, église, école, salle d’œuvres…), soucis pastoraux (visites aux familles, catéchismes, aumôneries du collège et du Camp Militaire ; tournées en brousse, catéchistes, …). En tout, sept grandes pages !

                                               Déjà, le 3 octobre, arrive un troisième père pour renforcer l’équipe : le père Maurice PAVAGEAU, qui prend surtout en charge le service des villages. Il les visite à bicyclette, accompagné du fidèle Pascal KOFFI, catéchiste dévoué, autant qu’habile à démêler les affaires les plus embrouillées.

                                               Le père Joseph LE GLATIN continue d’assurer la direction de l’école ; Une école qui commence à se sentir un peu à l’étroit dans l’enceinte de la mission !

1950                                  Un terrain est acquis derrière l’hôpital, tout contre ce qu’on appelle alors ‘‘les contagieux’’. Cette grande concession destinée à la future école et aux logements des maîtres, est encore en pleine brousse. À cette époque, en effet, l’agglomération de Bouaké ne dépasse pas, à l’Est, la rue qui reliera en 1975 l’hôtel Harmattan à la Banque Centrale…

                                                Et tout de suite, commencent les travaux de ce qui deviendra un jour le florissant ‘‘ Externat saint André.’’

                        24 juin : baptême de 21 élèves de l’école, dont le petit Vital KOMÉNAN YAO (n° 2464). Ni le baptisé ni le baptiseur ne se doutent alors du dessein de Dieu sur eux, à savoir que le premier succèderait au second, 23 ans plus tard, sur le siège épiscopal de Bouaké ! Déjà, le Seigneur prévoir les hommes dont il se servira pour la grande aventure qui va commencer dans un an !

                                               Noël : Innovation ! L’église se montrant vraiment trop petite pour contenir la foule des grandes fêtes, on avait pris l’habitude de fait sortir les bancs dans la cour de la mission. Mais quel chantier ! Car ces gros bancs, il fallait les rentrer pour la grande messe du jour…

                                               Cette année, sur le terrain de foot de l’école (l’emplacement de la future Cathédrale) on a installé un immense amphithéâtre, fait de centaines de planches (aimablement prêtées par les maisons de commerce) reposant sur des briques. Qui a pu oublier ces merveilleuses messes de minuit sous le ciel étoilé ?

                                               Surement pas les enfants d’alors, car, s’il leur arrivait de dormir sur les bancs pendant la messe, leur grand plaisir était, une fois la foule dispersée, de se construire avec les briques et les planches de petites cabanes dans lesquelles ils passaient le reste de la nuit.

 

1951                                 La grande nouvelle éclate : le 17 mai, Rome créé la nouvelle préfecture apostolique de Bouaké, formée des cercles du Baoulé (Bouaké) et du N’Zi-Comoé (Dimbokro). Le siège est prêt, mais personne n’est encore désignée pour s’y asseoir ! Il faudra attendre le 26 octobre pour connaître le nom de celui dont le sort sera lié au destin de la nouvelle préfecture.

                                               La vie continue : en juillet, visite du T.R.P. HARRINGTON, supérieur général de la Société des Missions Africaines… Qui oublie une soutane blanche à la mission !

                                               Le 25 septembre, vers 9h du soir, l’autorail dépose sur le quai un jeune père débarqué la veille du Banfora, pour prendre dès le 26 au matin la direction de l’école. C’est ainsi que le père Jean DHUMEAU hérite à la fois des charges du Père LE GLATIN (école et chorale) et de la soutane oubliée par le Supérieur général !

                                               Dans les mêmes jours, Vital YAO et Maurice KOUASSI partent pour le Séminaire de Bingerville.

                                               Vers la fin du mois d’octobre, arrive de Rome un télégramme adressé à ‘‘Monseigneur DUIRAT’’… Le libellé de l’adresse suffit pour fait deviner la nouvelle aux deux jeunes pères qui reçoivent le message en l’absence du destinataire !

                                               Tout se déroule alors très vite : malgré le refus du Père DUIRAT d’accepter pareille charge, Rome maintient sa décision, et le dimanche 25 novembre Mgr BOIVIN vient installer à Bouaké son premier préfet apostolique, en présence du député Felix HOUPHOUËT et de ses autorités civiles et militaires.

                                               La petite église n’en avait jamais tant vu ni entendu ! La foule déborde loin au-delà de toutes les ouvertures…

                                               Mgr BOIVIN nous fait alors part de ses sentiments : Serrement de cœur de passer en d’autres mains une portion de son territoire qu’il connaît bien, pour avoir fait ses premières armes à Bouaké… Joie profonde cependant, car cette séparation, il l’a voulue et désirée. Elle doit être le point de départ d’un nouvel essor.

                                                … Mgr DUIRAT rend hommage au labeur de ceux qui ont rendu possible la formation de la nouvelle préfecture… qu’il met sous la garde de la Vierge, Notre- Dame du Baoulé. Qu’elle donne son Fils au peuple Baoulé… dont la reine POKOU n’hésita pas à sacrifier son fils dans les eaux de la Comoé, pour sauver son peuple. N’est-il pas permis de fonder les plus grandes espérances sur un peuple dont les origines furent marquées par un tel acte d’héroïsme ?

                                                À l’issue de la cérémonie, sur le perron de la mission, Mgr DUIRAT reçoit les félicitations des autorités et c’est également tout son peuple qui veut s’approcher de lui pour baiser son anneau.

                                               Le père PUAUT, auteur de cette chronique, signale que la chorale fit merveille durant la messe. Elle était alors compressée dans une minuscule tribune, où trouvait pourtant place aussi la quarantaine d’écoliers qui venait renforcer l’effectif pour les grandes solennités. On chantait alors des morceaux de grands Maîtres, tel le ‘‘Quae est ista’’ de C. Franck… La chorale reposait sur des piliers aussi solides que fidèles ! C’était l’époque des Dioulo, Médafé, Mobio, Aguié, N’Diaye, de Mmes Ebé, Magate, Bakassa, Ehouman… pour ne citer que quelques noms.

                                               Début décembre, le père André CHASSAIGNON vient assumer la charge de supérieur des stations, à la place de Mgr DUIRAT qui élit domicile dans une ancienne case de moniteur, à l’intérieur de la concession. Tel est le premier ‘‘évêché’’, sur le toit duquel il n’est pas rare de voir, en short et tablier bleu, notre nouveau Préfet occupé à clouer quelques tôles ou à colmater quelques trous pour limiter les dégâts de la pluie à travers le plafond !

                                               Quant à la ‘‘voiture de fonction’’, elle continue de s’appeler … bicyclette.

 

1952                                 Début mars, Monseigneur rentre en France, à la recherche de personnelle missionnaire, de religieuses en particulier, de ressources aussi, en vue des fondations futures. En mai, il est suivi par le père CHASSAIGNON qui part se reposer, laissant ainsi seul les pères PAVAGEAU et DHUMEAU.

                                               Pendant les vacances de Pâques, l’école va prendre possession de ses nouveaux locaux au quartier TSF, laissant les anciens à la disposition PAVAGEAU dont l’équipe de maçons va fait des chambres et un réfectoire qui deviendront la nouvelle mission.

                                               Les Pères viennent donc s’y installer en juin, abandonnant le vétuste ‘‘chalet suisse’’ du Père SCHMIDT aux rats et aux termites dont le travail est déjà bien avancé. Jusqu’à sa destruction, en 1967, ‘‘la vieille mission’’ servira de local pour les réunions de la J.O.C. d’abord, des scouts ensuite, tout en assurant bien souvent pour la nuit, un gîte de choix à quantité de clochards !

                                               Dès octobre, les quatre nouvelles chambres de la mission sont toutes occupées, avec l’arrivée du Père Yves LE MIGNON et M. André BOURGEON.

                                               Ce dernier se pointe un bon matin, au petit jour, après avoir passé la nuit assis contre la porte de l’église, à la descente d’un train qui, cette fois encore avait mis près de 15 heures pour remonter d’Abidjan ! Venu de Lyon pour enseigner à l’école, il est le premier laïc missionnaire que beaucoup d’autres suivront…

                                               Le Père LE MIGNON, lui, vient mettre sa forte carrure au service des villages. Cependant, même quand on est jeune, Bouaké-Tiébissou en vélo, avec des crises de coliques néphrétiques qui vous obligent à vous coucher sur le bord du chemin… Il faut le faire ! 

                                               Le Père PAVAGEAU devenu responsable de la mission, continue à l’équiper. Pour le moment, c’est la construction de six chambres de passages.

                                   Le Père DHUMEAU ajoute à la direction de l’école l’aumônerie du collège, alors située route de Fékékro à l’emplacement du futur ‘‘complexe télévisuel’’, la catéchèse en français aux adultes et aux écoliers. La chorale et la J.O.C. se partageant le reste de son temps.

                                               La J.O.C. en effet, est maintenant bien assise à Bouaké. Lancée au début de l’année sous l’impulsion de François IMBOUA, commis au T.P., avec un groupe de jeunes Tagouanas, elle forme actuellement une section de 27 garçons. En novembre, elle est affiliée officiellement par Joseph AMICHIA et Pierre N’Da, responsables nationaux. Pendant près de six ans, Adrien N’DATIEN en restera l’animateur dévoué et… patient !

                                               Tout le monde est donc bien en place quand revient Monseigneur, le 20 novembre. À son arrivée, il a la surprise de trouver, encore inachevé mais déjà habitable, un vrai ‘‘évêché’’, construit par le père DELATER tout au fond de la concession à l’emplacement de l’ancienne bananeraie de la mission.

 

1953                                 Cette nouvelle construction sert de cadre, courant février, à la première kermesse organisée dans l’enceinte de la mission. Les stands sont installés de chaque côté de l’allée reliant la mission à l’évêché. Le député HOUPHOUËT nous fait l’honneur de sa visite. À un moment donné, même, bloqué de toute part au risque d’être étouffé par les gens qui se pressent autour de lui, il ne doit son salut qu’à la poigne vigoureuse du Commandant de cercle, M. Jean RAMADIER. Celui-ci, s’arc-boutant au comptoir d’un stand, oblige la foule à reculer, tandis que le député se glisse prestement, par-dessous le comptoir à l’intérieur du stand où M. DELACOUR faisant office de barman !

                                               En juin, passage de la Mère générale des sœurs de la Pommeraye. Accompagnée de son assistante, elle vient voir Béoumi, lieu choisi pour une prochaine et première fondation. Monseigneur n’aura pas tiré en vain tant de sonnettes l’année dernière !

                                               Une rue est percée qui nous sépare maintenant de la concession de la R.A.N. De même, on peut désormais aller à l’école par la rue qui vient d’être ouverte entre l’hôpital et le cinéma Rex. Le Père PAVAGEAU apprécie cette commodité pour conduire sa Benne toute neuve sur le chantier des nouvelles classes en construction.

                                               Devenu maintenant bâtisseur attitré, il partira bientôt vers Tiébissou puis M’Bahiakro, pour y construire les écoles, à la tête de son équipe volante, les fidèles Togola, Lamine, Moussa, Justin, René, Michel…

                                   Tout le monde doit mettre la main à la patte ! Durant les grandes vacances, les petits séminaristes (Maurice, Vital, Noël, Jean-Baptiste…) sont ‘‘réquisitionnés’’ pour rouler jusqu’à l’école des bidons de 200 litres dont l’eau étanchera la soif des arbres qu’on vient d’y planter.

                                               Sur ce terrain ravi à ses fantaisies, la brousse accepte difficilement, d’ailleurs, de perdre ses droits ! Aussi, son tour de rôle pendant les congés, des équipes d’élèves viennent manier daba et marchette, dans une lutte efficace contre les ‘‘herbes à éléphants’’… Cela leur vaut, en retour, une réduction de moitié sur la scolarité à payer à la rentrée d’octobre.

 

 

1954                                 En avril, le Père Paul LE GOFF vient remplacer sur le ‘‘chantier’’ le Père PAVAGEAU qui rentre en congé, laissant la responsabilité de la mission au Père LE MIGNON.

                                               À l’occasion de la nuit mariale, un pèlerinage national est organisé en août, vers Lourdes, Lyon et Lisieux. Notre paroisse y est représentée par Mme Antoinette ÉHOUMAN, sage-femme à la maternité.

                                               En septembre, arrive le Père Clément AUDRAIN. Son état de santé et son âge en font le ‘‘résident’’ de la mission, tandis que le Père LE GOFF est chargé des villages et du Camp Militaire, et que le Père PAVAGEAU reprend avec ses maçons la route vers de nouveau chantier : Sakassou, Bocanda et Ouellé.

                                               Le Père DHUMEAU garde aussi la résidence à cause de l’école et des réunions quasi-quotidiennes. De plus, l’A.C.F. naissante est venue s’ajouter au reste des ‘‘œuvres’’. Chaque mois de juin, cependant, il descend sur Dimbokro pour la correction du C.E.P.E., en aimable compagnie des Kouassi-Kouamé, Remi, Kouassi-Kouadio, Vamoutari, et autres collègues de l’enseignement public.

            Octobre : Visite officielle de Mgr LEFÈBVRE, délégué apostolique de Dakar.

            L’avion le dépose, le samedi 9 au matin, sur l’aérodrome alors situé route de M’Bahiakro. Les gardes-cercle, en grande tenue lui font une haie d’honneur devant l’église où se fait la réception ‘‘selon le cérémonial’’ prévu dans les gros livres liturgiques !

            L’après-midi, visite à l’école des filles puis à l’école des garçons où Mgr le Délégué bénit solennellement les 12 nouvelles classes. Le soir, à la mission, rencontre avec les maîtres, la JOC, l’ACF et les catéchistes.

            Le dimanche, après la grande messe, vin d’honneur à la paroisse et repas chez le Commandant de cercle. Puis, départ pour Béoumi, première étape d’une tournée de huit jours durant laquelle Mgr DUIRAT présentera à son hôte les 9 paroisses dont il est le pasteur.

            Le 8 décembre : clôture de l’année mariale. Dans la matinée, après une messe solennelle, longue procession par la rue qui entoure la mission, avec les 660 élevés de nos écoles escortant la statue de Notre-Dame. Cette dernière est installée sur le podium servant pour la messe de minuit, et attendra au milieu des fleurs la procession aux flambeaux devant réunir, le soir, toute la paroisse dans une commune prière à l’Immaculée Conception.

            Ce même matin, le Lieutenant ALBENOIS, tandis que sa femme est à la messe de 7h, trouve la mort au cours d’une séance de gymnastique, après être venu lui-même communier à la messe de 6h…

 

1955                                 C’est l’âge d’or de la JOC à Bouaké ! Une section filles a été constituée qu’animent Sœur André-Avelin et Pauline WAHORO, la responsable. Des journées-rencontre se font près du lac de Gonfreville, ce qui permet de joindre la baignade à la réflexion et à la prière !

                                                Chez les garçons, on est maintenant bien structuré. La JOC est devenue réalité vivante pour les gens de la ville. On défile pour le 1er mai, on fait des enquêtes dont les résultats sont communiqués dans des réunions publiques au Cinéma Rex, on fait du théâtre au foyer municipale… Si les réunions hebdomadaires affichent rarement ‘‘complet’’, par contre les sorties rassemblent jusqu’à 60 jeunes. On doit même réserver un wagon à la RAN pour une sortie à Raviart où le père LAZINIER nous accueille et nous conduit à la conquête du Mont Poué…

                                               Autre sortie, en camion celle-là, jusqu’à Bamoro le 16 octobre, pour le baptême du chef de village Pierre KONAN YAO par Mgr DUIRAT. Joyeux repas sous l’apatam avec le parrain Paul N’GUESSAN, chef de canton, les Pères, les Sœurs et M. et Mme LAGORCE.

                                               L’ACF va lentement, par contre. Hommes, et femmes surtout, sont plus difficiles à remuer ! Afin de créer des liens d’amitié entre les familles, plusieurs sorties sont organisées au bord du Bandama. Un gros car de la Transafricaine nous conduit au ‘’vieux bac’’ de Béoumi, du moins à proximité quand il arrive qu’un ponceau s’écrase sous son poids…

                                               Début septembre, nous apprenons avec stupeur la mort du Père CHARRIER de Zuénoula, tué par un éléphant. La veille, il était parmi nous à Bouaké !

                                               Le 14 septembre, à la suite de l’érection de la Hiérarchie Ecclésiastique dans les territoires de mission en Afrique, la Préfecture Apostolique de Bouaké est élevée au rang de d’Évêché. En attendant que notre nouvel évêque soit désigné par Rome, Mgr DUIRAT est nommé Administrateur Apostolique du Diocèse.

                                               Deux arrivées nouvelles : le Père Joseph PUAUT comme supérieur de la mission et le Frère Roger VIARGUES, des Clercs de Saint Viateur, débarqué du train un beau soir de septembre, avec soutane et casque blancs ! Qui vient en éclaireur pour la fondation d’un Cour Normal. En attendant, dès la rentrée, il prend en charge la classe de CM2, et entreprend de faire renaître à Bouaké le scoutisme avorté quelques années plus tôt. Il lance ainsi la troupe Saint Michel et en fonde une seconde au Lycée Classique.

 

1956                                 Opération nettoyage à la mission ! Le Père PUAUT, nouveau curé, fait détruire le bâtiment en terre situé dans la cour intérieure, ayant servi autrefois de logement pour les maîtres de l’école, et plus récemment … de premier évêché !

                                                L’église aussi est rajeunie. Déjà l’an passé, les énormes piliers carrés ont été supprimés. Cette année, c’est la vieille tribune qui disparaît, remplacée par une plus vaste et … plus solide, sur toute la largeur de l’église. Un bon coup de peinture sur tous les murs sera la dernière coquetterie de la maison de Dieu, avant la mise à la retraite !

                                               Au quartier N’Gattakro sont déjà sortis les quatre premiers bâtiments destinés au Cours Normal Saint Viateur. En octobre ; ouverture de 2 classes de 6ème et d’une école primaire d’application à 3 classes. La paroisse accueille le Père Jean LAUR, les Frères René GALTIER et Célestin TERRIER qui, avec le Frère VIARGUES resteront ses hôtes jusqu’au début de l’année 57, où ils iront s’installer dans leur nouveau logement du Cours Normal.

                                               Durant les grandes vacances, nous avons la joie d’accueillir à son passage Mgr YOUGBARÉ, premier évêque Africain de l’A.O. qui vient d’être sacré le 8 juillet par le Cardinal GERLIER, archevêque de Lyon.

                                               En juillet, nous apprenons le choix de Mgr DUIRAT comme évêque de Bouaké. Quelques mois plus tard, il nous quitte pour la France, où il sera sacré à Notre-Dame de Fourvière, à Lyon, le 8 décembre en la fête du centenaire de la fondation de la Société des Missions Africaines.

                                               Un nouveau Père nous est envoyé qui s’occupera plus particulièrement de la catéchèse dans le secondaire : le père Fréderic MÉNARD.

                                               Avec la rentrée scolaire, se lance à travers toute l’Afrique noire le concours Kisito. C’est notre école qui se classera la première, avec plus de 600 abonnements nouveaux … collectés en même temps que la scolarité. Elle reçoit de Paris un bel appareil de cinéma parlant !

                                               Bien vite alors, le Père DHUMEAU organise des séances de cinéma pour les écoliers de la ville, tous les 15 jours au Foyer Municipal, le mercredi après la classe du soir. Droit d’entrer 25f ! Il y a foule, au point que M. SÉGUÉLAT, directeur du Cinéma Vox, décide d’instaurer chez lui une séance quotidienne en matinée. Il sera suivi de près par son concurrent du Cinéma Rex, et c’est ainsi que l’école catholique est à l’origine des séances de 18h30 dans les cinémas de la ville !

                                               Le père supprime alors les siennes, tout en continuant d’aller en fait profiter les missions de Béoumi et de N’Bahiakro … avant de laisser, en octobre 58, l’appareil au Cours Normal St Viateur qui saura en tirer bon parti !

 

1957                                  En février, nous accueillons à son retour de France, notre nouvel évêque. À sa descente d’avion, Mgr DUIRAT trouve à l’attendre, Pères et Autorités de la ville, ainsi que… un beau ‘‘domaine’’ café-au-lait, don de joyeux avènement de la part de tous ses diocésains.

             Il sera solennellement intronisé dans son humble Cathédrale Sainte Thérèse le deuxième dimanche d’avril, par Mgr BOIVIN devenu archevêque d’Abidjan, en présence de Mgr DURRHEIMER, évêque de Katiola.

                                               Promue à la dignité de Cathédrale, notre église s’enorgueillit désormais un bel harmonium électrique, à deux claviers et ‘‘son d’orgue’’, il remplace depuis la Pentecôte, le petit instrument sur lequel, pendant de longues années, Mme LAGORCE avait accompagné les chants de nos cérémonies…

                                               1957 est l’année des grands voyages :

                                               En mars, la JOC et son aumônier descendent à Dimbokro pour l’affiliation du groupe de cette ville, animé par le Père Gaston TEILLET. Le soir, un petit accrochage avec la police sur le quai de la gare (un jociste ayant satisfait un besoin pressant contre le mur du poste de police !) faillit fait rater le train du retour !

                                               Le 2 avril suivant, le Père TEILLET mourra d’un accès pernicieux. Grand voyage dont on ne revient pas…

                                               En juillet, c’est Gabriel SORO qui va représenter la JOC de notre ville au congrès international de Rome.

                                   Peu après, c’est Martin KONAN, directeur de l’école primaire St Viateur, qui est délégué du scoutisme au Jamborée anglais.

                                               Autre grand voyage enfin, celui de Benjamin KONAN N’GUESSAN, élève de CM1 de notre école. Classé premier vendeur du Journal Kisito, il se voit offrir par le mouvement Cœur-Vaillant un séjour de plusieurs semaines à Paris.

                                               Cette année, le scoutisme fait un grand pas en avant à Bouaké. La troupe St Michel de la Cathédrale se scinde en deux : branche ‘’éclaireurs’’, avec Joachin BEUGRÉ, branche ‘’Louveteaux’’, avec Joseph OKOMA. Et la ‘‘vieille mission’’, promue au rang de local scout, abrite les réunions de tous ces jeunes…

                                               Par ailleurs, le camp-école de Kokumbo, durant les grandes vacances, donne le coup d’envoi à la troupe St Viateur. Elle fournira pendant longtemps l’encadrement de tout le district dont l’effectif progressivement, atteindra 350 jeunes.

                                               En septembre, nous accueillons l’abbé Bruno KOUAMÉ dans l’équipe paroissiale. Il est chargé de la direction de l’école, à la place du Père DHUMEAU désormais accaparé par la bureaucratie de la direction de l’enseignement et l’inspection des 275 classes du Diocèse. Le Père MÉNARD, de son côté, devient responsable de la paroisse en remplacement du Père PUAUT, nommé à M’Bahiakro.

                                               Pour la rentrée, deux nouvelles personnes sont venues s’installer dans la concession de l’école : le bureau de la direction de l’enseignement catholique et six logements de maîtres.

                                               Depuis plusieurs mois, cette école est très bruyante chaque soir ! Une quarantaine de jeunes y apprennent le solfège avec Père DHUMEAU. On souffle déjà dans les cuivres et on bat le tambour… au grand désagrément des voisins, rares heureusement !

 

1958                                 Le scoutisme prend un nouvel essor avec le Frère Gérard MORIN de St Viateur. Devenu commissaire effectif de district, il occupera ce poste pendant 10 ans. Il consacre son effort à l’établissement d’une base permanente dans la galerie forestière de Kongodékro, à 4 km sur la route d’Abidjan. Cette base offrira ses abris pittoresques à des sessions nationales et internationales pour les scouts de toute enseigne. Mouvements d’action catholique, clubs culturels aussi, y profiteront de la bonne hospitalité scoute…

                                               En février, le Père DHUMEAU part assister à une réunion de directeurs d’œuvres, au Grand Séminaire de Koumi (H.V.), pour tous les diocèses francophones d’A.O. Un beau parterre de futurs évêques et archevêques !

                                               Trois nouveaux prêtres nous arrivent : le Père Émile CARPINETTI, comme ‘‘Fidei Donum’’ du Diocèse de Fréjus, le Père Joseph PASQUIER descendu de Haute-Volta où il travaillait depuis 20 mois déjà, et le Père FRICKART, eudiste, venu en avant­-garde pour prévoir l’installation du Grand Séminaire sur le terrain de l’ancien aéroport, route de M’Bahiakro, comme l’avait décidé la conférence Épiscopale.

                                               À la rentrée d’octobre, deux nouveaux centres scolaires sont inaugurés par l’ouverture d’une première classe : à Air-France dans le local qui deviendra plus tard la Chapelle de Saint Martin, à Koko dans le bâtiment construit en remplacement de la première église qui, bien qu’édifiée avec l’autorisation, avait dû disparaître en 1956 pour satisfaire au nouveau plan d’urbanisme prévoyant… un carrefour à cet endroit­-la !

                                               Quant à l’école de TSF, elle a profité des grandes vacances pour se parer d’une clôture en ciment. L’année scolaire débute donc sous de bons auspices, quand, en novembre, la perturbation est jetée chez nos maîtres par le départ précipité de bon nombre de Dahoméens.

 

1959                                 Le 13 janvier, on attend la visite de Mgr CHAPPOULIE d’Angers, et voici qu’un coup de téléphone nous annonce sa mort accidentelle sur le quai de la gare d’Abidjan, au moment de prendre le train pour Bouaké !

                                               Route de M’Bahiakro, les premiers travaux ont commencé sur l’emplacement du futur Grand Séminaire : forage de puits, installation d’une pompe… mais, à la suite d’un changement d’avis du Délégué Apostolique de Dakar, le projet est subitement abandonné en faveur d’Anyama, aux portes de la capitale. Le père FRICKART quitte donc Bouaké après avoir assuré, l’année durant, les cours de religion dans les collèges. Et l’emplacement désormais libre est tout de suite affecté à la construction d’un Petit Séminaire.

                                               Ce dernier s’ouvre dès octobre, mais dans l’enceinte de la mission, avec l’Abbé Bruno KOUAMÉ aidé d’Auguste TIÉKOURA et… 14 élèves (dont Fulgence APPIA qui deviendra prête en 1974). L’œuvre naissante est placée sous le patronage de Saint Joseph Artisan…

                                               5 juin : ordination de l’Abbé Auguste NOBOU, dans la soirée sur la terrasse de l’évêché, l’allée de neems servant de nef ! Les ‘‘officiels’’ de la ville ont répondu à l’invitation et la foule est nombreuse. La cérémonie se déroule en présence de Mgr DURRHEIMER, évêque de Katiola, du TRP MONDÉ, supérieur général des Missions Africaines, et du Père LOMBARDET, régional pour la Côte-d’Ivoire. Dans la nuit, l’orage de circonstance est regardé comme signe des bénédictions divines pour le nouveau prêtre !

                                               18 juin : l’abbé Auguste fait ses 12 premiers baptêmes.

                                               10 septembre : la paroisse est endeuillée par la mort de Sœur Marie-Chanel         (Christine Grand), décédée brusquement à son retour de retraite. Elle repose elle aussi au cimetière de la route de M’Bahiakro.

                                               Depuis juin, le père MÉNARD est rentré en France, rapatrié sanitaire. En septembre, le père PAVAGEAU part pour M’Bahiakro où il est affecté comme curé. Le père PASQUIER prend alors les rênes de la paroisse.

                                               Deux départs, deux arrivées ! Celles du père LAULOM, prêtre du S.C. de Bétharram, qui se charge des étudiants, et celle de l’Abbé Barthelemy KROU qui prend la direction de l’école. Une école désormais baptisée ‘‘Externat St André’’ qui reçoit son directeur dans un bureau nouvellement construit ! Avec l’Abbé KROU, commence un service dominical régulier à la ‘‘classe-chapelle’’ d’Air-France.

                                               À Saint Viateur, le Père Jean LAUR lance la fanfare, récupérant à la paroisse les instruments qui depuis un certain temps demeurent en chômage, faute d’apprentis musiciens !

                                               À la rentrée d’octobre, le père CARPINETTI organise des cours de rattrapage pour les grands élèves qu’un âge trop avancé empêche de fréquenter l’école officielle pour prépare le CEPE. Ces garçons, ‘‘paralysés par l’âge’’, (comme on les appellera), sont bientôt une soixantaine, regroupés dans le bâtiment qui vient d’être construit sur la nouvelle concession d’Air-France 2, au beau milieu des champs, bâtiment encore sans emploi qui deviendra un jour maison d’habitation des Religieux de Saint Vincent de Paul…

                                               Le 7 décembre, arrive à Bouaké la première équipe de moines bénédictins, les Pères Denis MARTIN, Prieur, Jacques DE CHARRY et Édouard LE BEL, que le Père DHUMEAU est allé accueillir au bateau. La première installation, plus que sommaire, se fait dans l’ancien abri du goniomètre du terrain d’aviation désaffecté, route de M’Bahiakro.

 

1960                                 En janvier, à l’occasion du passage de M. COLAS, délégué SOS outre-mer, se fonde un groupe de Secours Catholique, dont le Docteur Jérôme EBAGNERIN est choisi comme président.

                                               Sur le terrain du Monastère, les travaux sont commencés, et si bien avancés que le 17 mai arrive par le train une nouvelle équipe de 7 moines. Un coup de cœur durant le repas à la mission : l’un d’eux s’aperçoit subitement qu’il a ‘‘oublié sa jambe sur le quai’’ ! mais, ce n’était qu’une jambe de bois, celle de rechange du Père FULCRAN…

                                               Tout près du chantier monastique, se construit aussi le Petit Séminaire sous la direction du Père Clovis NIEL venu prendre la relève du Père PAVAGEAU à la tête de l’équipe de maçonS. À Koko et à Air-France, les embryons d’école sont dotés d’un hangar métallique permettant ainsi l’ouverture de 3 classes dans chacun des quartiers à la rentrée d’octobre.

                                               L’année est généreuse : quatre prêtres et deux grands séminaristes nous arrivent en renfort ! Le Père Jean POUGET, du diocèse de Rodez, assurera la direction de l’école. Le Père Pierre MOREAU, du diocèse d’Angers, animera l’aumônerie des étudiants. Le Père Jacques GUILLAUME, du diocèse de Dijon, prend la direction du Petit Séminaire, auquel est affecté également comme professeur, le Père Louis PERRIÉ, du diocèse de Rodez. Quant à Michel THÉBAUT et Joseph ALBERT, du Grand Séminaire de Poitiers, ils assureront une classe à l’école, tout en prenant leur part des activités à la paroisse.

                                               Courant septembre, nous recevons la Mère Abbesse de Pradines venue ‘‘prospecter’’ pour la fondation d’un monastère. Puis, le 27 octobre, la paroisse accueille Mgr Bernard YAGO, nouvel archevêque d’Abidjan. Sacré le 8 mai dernier à Rome par le pape Jean XXIII, il succède à Mgr BOIVIN, démissionnaire pour raison de santé.

                                               30 novembre : en la fête de Mgr DUIRAT, le premier coup de pioche est donné sur le chantier de la future Cathédrale. La Société des Dragages se charge d’exécuter les plans réalisés par M. STROBEL, architecte suisse qui a mis ses talents au service des Missions.

 

1961                                 Le dimanche 8 janvier, devant un parterre d’officiels, dont M. Jean DELAFOSSE, président du Conseil Économique, M. MOUTIEZ, commandant de Cercle, et M. DJIBO Sounkalo, maire de la ville, Mgr DUIRAT procède à la bénédiction et à la pose solennelles de la première pierre de la Cathédrale.

                                               La cérémonie a lieu le matin, avec le concours des moines et des prêtres de la paroisse, au milieu d’une grande foule de chrétiens, sous un vrai soleil d’harmattan ! Une croix monumentale est portée par MM EBAGNERIN, DELACOUR, LAGORCE et Bertin KOFFI, jusqu’à l’emplacement du chœur où elle est plantée. Le ‘‘parchemin’’ du procès-verbal de la cérémonie est enfoui dans les fondations, à l’extrémité gauche de la façade…

                                               Si, un jour, quelqu’un le récupère, il pourra y lire :   

                                               Procès-Verbal de la Bénédiction et de la Pose de la Première Pierre de la Cathédrale Sainte Thérèse de l’Enfant –Jésus de Bouaké.

 

                                               Le 8 janvier de l’An de Grâce 1961, en la fête de la Sainte Famille, la Première Année de la République Ivoirienne,

                                               Sa sainteté Jean XXIII, Pape glorieusement régnant, Monsieur Félix HOUPHOUËT BOIGNY, Président de la République de Côte-d’Ivoire, et Président du Comité de Patronage pour la construction de la Cathédrale de Bouaké,

                                               Son Excellence Monseigneur Bernard YAGO, archevêque métropolitain d’Abidjan,

                                               Monsieur DJIBO Sounkalo, Maire de la Ville de Bouaké, Membre du Conseil Économique,

                                               Monsieur André MOUTIEZ, Commandant le Cercle de Bouaké,

                                               Le Lieutenant-Colonel COCQUERET, Commandant la Garnison Militaire de Bouaké,

                                               Monsieur DARRIGRAND, Président du Tribunal de Bouaké,

Monsieur CHAZELET, Procureur près du Tribunal de Bouaké,

Le RP Dom Denis MARTIN, Prieur du Monastère de Bouaké,

Les Prêtres de la Paroisse : Père Joseph PASQUIER, Curé, Pères Frédéric MÉNARD, Clovis NIEL, Paul LE GOFF, Jean POUGET, Pierre MOREAU, vicaires, Émile CARPINETTI, aumônier militaire,

Le Père Jacques GUILLAUME, Supérieur du Petit Séminaire, les Pères Louis PERRIÉ et Bruno KOUAMÉ, professeurs,

Le Cher Frère VIARGUES, Directeur des Clercs de Saint Viateur,

La Mère Euphrosine, Supérieure des Sœurs de Notre-Dame des Apôtres,

Nous, soussigné, André DUIRAT,

Par la Grâce de Dieu et du Saint-Siège Apostolique, évêque de cette Sainte Église de Bouaké, assisté de notre Vicaire Général, le Révérend Père Jean DHUMEAU, avons procédé aux rites solennels de la Bénédiction et de la Pose de la Première Pierre de la Cathédrale de Bouaké, selon les règles du Pontifical Romain.

Comme requis par le dit Pontifical, nous avons, au début de la cérémonie, planté à l’emplacement du Maître-Autel une Croix portée processionnellement par quatre membres du Comité de Patronage :

Monsieur Jean-Bertrand LAGORCE, conseiller général,

Monsieur Bertin Koffi KONAN, conseiller général,

Monsieur Jean DELACOUR, directeur technique des Établissements Gonfreville,

Le Docteur Jérôme EBAGNERIN.

Les travaux de construction ont été confiés à la Société des Dragages représentée par Monsieur SAVEROT, directeur, avec la collaboration de Monsieur BASLER, chef de l’Agence de Bouaké, et de Monsieur PRADON, chef de chantier.

En foi de quoi, ce PROCÈS-VERBAL a été rédigé et signé par nos soins et contresigné par notre Vicaire Général,

                                                Le HUIT JANVIER MIL NEUF CENT SOIXANTE ET UN

Jean DHUMEAU                                                                  André DUIRAT

Vicaire Général                                                                    Évêque de Bouaké

 

1er Mai : autre Première Pierre ! Celle de la Chapelle du Cours Normal Saint Viateur. L’établissement va d’ailleurs se doubler, à la rentrée d’octobre, d’un Cours Complémentaire Catholique.

Le Petit Séminaire, lui, s’installe enfin dans ses locaux, route de M’bahiakro, avec les Pères GUILLAUME, KOUAMÉ et PERRIÉ, aidés de l’Abbé Franck, grand séminariste de Grenoble et … virtuose de la flûte ! Le Père NIEL y passera encore plusieurs mois pour l’achèvement des constructions, mais l’essentiel est prêt et le travail commence … à la lueur des bonnes vieilles lampes-tempête !

À la paroisse, deux nouveaux arrivés : Le Père Alain HUSSON, pradosien du diocèse de Nancy, chargé spécialement du monde rural, et le Père René MARRE du diocèse de Rodez, qui prend place au sein de l’équipe de la ville.

La nuit de Noël, cette année, nous réunit dans une Cathédrale en construction, à l’abri des murs et du toit cependant ! À l’inconfort de la crèche de Bethleem se joint pour nous le chant des anges, cette nuit… C’est du moins ce que certains peuvent penser en écoutant avec ravissement les airs de Noël joués par la flute de l’Abbé Franck, 1er Prix du Conservatoire de Grenoble !

 

 

1962                Juin : depuis plusieurs mois, le Père Augustin De SOOS, moine bénédictin, est occupé à la confection et la pause des vitraux de la Cathédrale. Ce matin du 16 juin, il doit achever son travail par la mise en place des derniers panneaux de la verrière gauche du chœur. C’est alors que se produit la catastrophe : l’échafaudage volant se décroche de la charpente, entraînant dans sa chute le Père Augustin et Jean-Joseph DAMA, son manœuvre… Le Père est tué sur le coup. Jean-Joseph le suivra quelques jours plus tard, laissant 5 enfants et un sixième en route.

                        L’enterrement se fait le soir au monastère, sous une pluie diluvienne. Il faudra attendre le lendemain pour descendre le cercueil dans la fosse, transformée en baignoire !

                                               L’œuvre du Père SOOS est achevée par le Père Michel SAURET, prêtre du diocèse de Clermont-Ferrand, venu mettre au service de la paroisse une compétence aussi appréciée qu’universelle…

                                               Au monastère, la vie continue : fin juillet, la Chapelle est achevée, et l’hôtellerie reçoit ses premiers retraitants. Le 12 Août, y seront hébergées les trois moniales de Pradines, Mère Marie, Sœurs Cyrille et Bénédicte, venues fonder le premier monastère de contemplatives en Côte-d’Ivoire. Monseigneur DUIRAT en bénira la première pierre le 7 Septembre prochain.

                                               14 Août : tout Bouaké accompagne les cercueils du Docteur et de Mme EBAGNERIN, tués accidentellement la veille à Yamoussoukro, en se rendant à l’enterrement du Président Jean DELAFOSSE à Toumodi. L’église est trop petite pour contenir la foule qui se presse et qui pleure…

                                               7 octobre, jour de la fête patronale de Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus, Mgr René KOUASSI, chancelier de l’Archevêché d’Abidjan, premier prêtre ivoirien, originaire du Diocèse de Bouaké, inaugure l’Église-Mère du Diocèse en chantant la première grand-messe solennelle dans la nouvelle Cathédrale.

                                               Ce même jour, y est donné le premier baptême, celui de Placide DAMA, fils posthume du manœuvre qui, quatre mois plus tôt, trouvait la mort dans cette maison de Dieu !

                                               Pour la rentrée scolaire, l’internat Saint André a fait peau neuve : une large véranda a été ajoutée, tout au long des 12 classes. À Koko, l’école maintenant baptisée ‘’ Saint Jean ‘’, s’est prolongée d’un nouveau hangar qui la porte à présent à 5 classes.

 

 

1963                                 Le Séminaire accueille le Père Frédéric MÉNARD, revenu courageusement affronter le climat pour la 3ème fois en 7 ans !

Le 3 janvier arrivent quatre nouvelles moniales, Sœurs Louis de GONZAGUE, Jeanne d’Arc et Pascale. Les cellules du Monastère de la Bonne Nouvelle sont prêtes pour les accueillir. Il y en a une de prévue pour recevoir le Seigneur, à titre d’oratoire, en attendant la bénédiction de la Chapelle que fera père DHUMEAU, le 13 octobre prochain.

Février : Bouaké est en effervescence ! C’est la Foire Internationale, sur le terrain appelé autrefois ‘‘hippodrome’’devant Saint Viateur. La mission y a son stand de la ‘’ Presse Catholique ‘’. Elle héritera même d’un hangar métallique sur le nombre important de ceux que la Mairie a reçus en cadeau des exposants de la foire, pour la construction de nouvelles classes. C’est ainsi que les Sœurs N.D.A. ouvrent, à la rentrée scolaire, une annexe de leur école de filles, à l’extrémité du terrain TSF-SUD où avaient trouvé refuge pendant trois ans les ‘‘paralysés’’ par l’âge !

Début juillet, départ définitif du Père MÉNARD qu’un an de séjour a de nouveau anémié à l’extrême. Il quitte Bouaké en compagnie de Mgr ANCEL, évêque auxiliaire de Lyon, venu prêcher une retraite sacerdotale et visiter la nouvelle fondation bénédictine.

Passage aussi de Mgr GANTIN, archevêque de Cotonou, au Monastère de la Bonne Nouvelle. Ce dernier va fêter dans l’épreuve son premier anniversaire : la Prieure, mère Marie DECHAVANNE, passe en effet tout le mois d’Aôut à l’hôpital, dont huit jours de coma, entre la vie et la mort. Elle échappe enfin aux griffes de l’Hépatite virale, et le 9 septembre, ayant repris assez de forces, elle peut être rapatriée sanitaire.

Trois nouvelles arrivées : les Pères Pierre CHASSAIGNE et Joseph HÉRY, pour le séminaire, et le Père Yves BOUYER, du diocèse d’Angers, pour le service paroissial.

C’est l’époque où le Père Vincent GUERRY, moine bénédictin, s’éloigne de son monastère pour aller vivre en solitaire au village de Mébo. Quant au Père HUSSON, il va s’installer au Centre Rural construit avec l’aide du Secours Catholique sur un terrain acquis par l’évêché dans le centre de la ville.

 

 

1964                             Le Passage à la nouvelle année se fait au son des cloches ! Fin décembre, en effet, la Maison Constant Martin de Versailles a donné une voix mélodieuse au clocher de la Cathédrale. Il s’en sert désormais, non seulement pour ponctuer les heures marquées sur les quatre grands cadrans qu’il porte haut dans le ciel, mais encore pour souligner, dans la joie ou la gravité, les moments importants de notre vie d’hommes. Il dispose pour cela d’un beau carillon, riche de 25 cloches électroniques commandées par un clavier tout au bas de la tour.

                        Au Séminaire, l’Abbé Bruno KOUAMÉ devient Supérieur en remplacement du Père GUILLAUME rentré en France. Le Père PERRIÉ commence la construction de la Chapelle. Chargé, depuis plusieurs années, de l’animation du mouvement Cœur-Vaillant, il a également aménagé, tout près du Séminaire, un endroit où se regroupent les enfants pour les sorties. Il laissera beaucoup de sueur et … son nom, à ce ‘‘Camp Perrié’’ !

                           À l’école Saint André, M. Étienne Brou KOUAKOU devient directeur, à la place de M. Aurélien ROQUES qui décharge le père DHUMEAU de l’inspection des écoles à travers le diocèse.

                           Avec le Père BOUYER commence le service dominical à la Chapelle de Gonfreville. Le Père DHUMEAU prend en charge le Camp Civique de filles qui vient d’être fondé et placé sous la haute main de Madame DINAH, colonel de l’armée israélienne. Pendant plusieurs années, les filles descendront au pas cadencé jusque chez les Moniales pour assister à la messe, chaque dimanche matin !

 

 

1965                 5 juin : Premier ordinaire dans notre Cathédrale. Monseigneur DUIRAT confère le sacerdoce à l’Abbé Maurice Konan KOUASSI, quatrième prêtre du diocèse. Le soir, réunion familiale à la Piscine où la Municipalité nous offre le repas de fête.

                        Le lendemain, jour de la Pentecôte, première grand-messe de l’Abbé. Un long cortège part de l’école Saint André, conduit par la fanfare de Saint Viateur. Les élèves, en grand nombre, escorte leur ‘‘ancien’’ devenu prêtre de Jésus-Christ. Après la messe, nous nous retrouvons au Foyer Municipal pour le vin d’honneur offert par les chrétiens, et durant lequel M. Fulbert Khissy BÉNIOUAH adresse au jeune prêtre les vœux et félicitations de ses frères du canton Bros.

                                                L’équipe de la Cathédrale accueille Luigi GIRAUDO, séminariste italien des Missions Africaines, pour un stage pastoral de deux ans. Une nouvelle chapelle se construit au quartier Paris-Bouaké. Le Père PASQUIER commencera à y célébrer la messe dominicale, ministère qui sera ensuite confié aux Pères du séminaire.

                                                À Saint Viateur devenu Collège depuis l’an dernier, le cours Normal cesse d’exister, par la suppression de la classe de pédagogie. L’Établissement continuera cependant, par la suite, à contribuer à la formation des Maîtres en les accueillant pour des sessions de recyclages pendant les vacances.

                                                Novembre : Enterrement de M. Georges KUNY par l’Abbé Bruno KOUAMÉ. La mission lui doit un grand merci, qu’elle traduit dans la prière, tout à la joie du baptême que vient de recevoir, avant le grand départ, celui qui avait été l’un des premiers amis fidèles et dévoués, ayant désiré, accueilli et aidé le Père Joseph SCHMIDT, en 1925 …

                                                15 décembre : Sœur Générosa BAILLY, après 31 ans de profession religieuse dans la Congrégation des Sœurs de Notre-Dame des Apôtres, devient la première novice ivoirienne contemplative, selon la Règle de Saint Benoît, au Monastère de la Bonne Nouvelle.

 

 

1966                              En janvier, à quelques pas de l’école Saint André, s’ouvre le Foyer ‘‘Clair-Logis’’. Il est rattaché à l’œuvre de ‘‘Clair-Logis’’ de France, fondée par Thérèse CORNILLE, ancienne permanente nationale de la JOCF, pour l’éducation et l’épanouissement de toute la personnalité des jeunes filles les moins favorisées de notre société.

                        Aussi, les trois monitrices qui viennent d’arriver chez nous, Mlles Marthe LEMAÎTRE, Marie-Madeleine LABLÉE et Angèle BOCCIARELLI, commencent-elles par faire connaissance, chacune avec un quartier, ses concessions, ses familles, afin d’établir avant tout les contacts d’amitié nécessaires à la réussite de leur œuvre.

                                                28 mai : le canton Bros donne à l’église de Bouaké son deuxième enfant en la personne de L’Abbé Joseph KOUAKOU, qui reçoit l’ordination sacerdotale des mains de Mgr DUIRAT.

                                                Le lendemain, jour de la Pentecôte, il chante sa première grand-messe à la Cathédrale. Après quoi, famille et amis se retrouvent tous au Foyer Municipal où, cette fois encore, M. Fulbert se fait l’orateur de circonstance. Après lui, M. Rémi ANGORA, ancien maître du jeune Prêtre, lui adresse des paroles toutes pleines d’affection. Puis, Monsieur le Maire nous reçoit avec sa gentillesse habituelle pour le repas de famille à la Piscine Municipale.

                                                20 juin : au monastère bénédictin, mort de Paul KOFFI, jeune postulant. Il repose près du Père Augustin De SOOS, derrière la Chapelle du monastère.

                                                Cette année encore, le mois de septembre est généreux ! Quatre nouveaux Prêtres arrivent en renfort : les Pères Pierre BOURDONCLE, du diocèse de Rodez, et Constant GABARD, du diocèse d’Angers, pour l’aumônerie des collèges, le Père Jean-Paul JOLLAND, pour le ministère paroissial, et le Père Louis ROLLAND, des Missions Africaines, pour le Séminaire.

 

 

1967                              Du 8 au 12 février, le Monastère abrite tous les évêques de l’Afrique Occidentale francophone, réunis en Conférence plénière.

                                                Le 9 au soir, nous avons l’honneur de les accueillir tous dans la Cathédrale pour une messe concélébrée, autour de Mgr BENELLI, Pro-Nonce à Dakar, et sous la présidence du Cardinal ZOUNGRANA, archevêque de Ouagadougou.

                                                Mgr DUIRAT, dans son mot de bienvenue, rappelle la devise de Bouaké ‘‘De nombreux peuples, une seule cité’’. Ils sont rares, d’ailleurs, les évêques d’A.O. qui n’ont pas à Bouaké l’un ou l’autre de leurs diocésains ! Aussi après la messe, chacun peut retrouver les siens dans l’enceinte de la Piscine Municipale, à la réception où sont invités les chrétiens des différents États d’A.O.

                                                Juillet : inauguration de la Chapelle œcuménique à la Léproserie de Manikro, avec la présence des Pères Vincent GUERRY et Bruno KOUAMÉ, ainsi que Pasteur KOFFI.

                                                13 septembre : Nouvelle fondation au quartier Air-France. Quatre Sœurs de la Doctrine Chrétienne de Nancy viennent prendre leur part de travail (école, PMI, catéchèse, promotion féminine) dans cette immense partie du champ paroissial nouvellement sortie de terre …Accueillies par Mgr DUIRAT, à leur descente de bateau, sœurs Antoinette, Aline, Henriette et Gilberte sont ‘‘voiturées’’ sur Bouaké par les Pères JOLLAND et POUGET. Après une première nuit chez les Sœurs N.D.A., elles prennent dès le lendemain procession de leur maison, construite dans la concession de ce qui est alors l’école.

                                                Deux d’entre elles sont des anciennes du Congo que la Providence a soustraites au massacre de leur communauté, lors des évènements de 1964. Tout de suite, les gens du quartier les adoptent, elles et … leur habit religieux (simplifié, raccourci) qui innove alors en la matière !

                                                À la paroisse, nous accueillons encore deux nouveaux visages : Luigi AIMETTA, séminariste des Missions Africaines, pour un stage de pastorale, et le Père Jean DUTUEL, prêtre de Clermont-Ferrand, qui se charge de l’A.C.I., du catéchuménat des écoles, et assurera chaque dimanche la messe à Gonfreville.

                                                1er novembre : l’Abbé Vital KOMÉNAN YAO chante sa première grand-messe dans la paroisse de son enfance. Ordonné prêtre le 19 décembre 1964 à Rome, où il faisait ses études théologiques, il nous revient après de longues années d’absence. Aussi, la joie est grande. Monsieur Rémi ANGORA s’en fait l’interprète durant le vin d’honneur qui nous rassemble au Foyer Municipal, avant le repas offert à la Piscine.

                                                8 décembre : en la fête de l’Immaculée Conception, dans la petite Chapelle des Sœurs bénédictines, Sœur Générosa fait sa profession solennelle. En présence de Mgr DUIRAT, c’est l’Archevêque d’Abidjan, Mgr Bernard YAGO, qui préside la cérémonie, première du genre encore dans les annales de l’Église en Côte-d’Ivoire.

                                                Si en cette fin d’année vous passez par la mission, à peine remarquerez-vous qu’il y a un vide… tant son départ a été rapide et discret ! Oui, fatiguée comme une bonne vieille servante qui, fidèle pendant quarante et un ans, a vu passer bien des visages sous son toit, la vieille maison du Père SCHMIDT s’est laissé décoiffer de ses tuiles et dévêtir de ses briques rouges, pour ne plus être, en cette fin 68, qu’un morceau de décombres, témoin silencieux d’un âge héroïque révolu…

                                                Tout près, pourtant, sa vieille compagne reste encore debout, utile elle-aussi jusqu’à l’extrême limite, dans l’humble acceptation de n’être plus, elle, la première Cathédrale du diocèse, qu’un simple foyer d’étudiants, tout bruyant de musique ‘‘pop’’ et de ‘‘cha-cha-cha’’ !

 

 

1968                        2 février : profession religieuse du premier moine Baoulé, issu de la paroisse, le Frère Augustin KOUADIO, né au village d’Assouman-Broukro.

                                   En août, nous recevons le Père Alexandre COUTURE, venu en précurseur des Religieux de Saint Vincent de Paul, pour la fondation d’une deuxième paroisse à Bouaké, au quartier Air-France. Le 2 novembre, avec le Frère Roland VIDAL, venu le rejoindre, ils s’installent dans ce qui sera leur presbytère, l’ancienne école des ‘‘paralysés par l’âge’’. Bientôt, la communauté s’augment des Frères Pie SOMÉ et Bernard TRAORÉ.

                                                Le 10 novembre, en la solennité de sa fête, Saint Martin se voit enfin officiellement confier le patronage de cette deuxième paroisse de la ville. L’érection canonique est faite au cours de la grande messe en plein air par le père DHUMEAU, vicaire général, en l’absence de Mgr DUIRAT.

                                                La première Église de Bouaké, commencée en 1927 par le Père SCHMIDT ‘‘en l’honneur de Saint Martin’’, peut maintenant disparaître ! C’est du moins ce que conseille la prudence, tant les murs s’écartent de plus en plus, risquant la catastrophe. Ainsi sera détruit, un beau matin, le berceau des premiers baptisés du pays Baoulé.

                                                Dès novembre, en l’emplacement de la première mission disparue il y a un an, se creusent de nouvelles fondations : Procure Diocésaine et Direction de l’Enseignement Catholique pourront cohabiter dès mars 69 dans un bâtiment spacieux et fonctionnel.

                                                Promesse d’une nouvelle fondation de Religieuses ? C’est, du moins, ce que nous laisse espérer la visite de la Mère Générale des Ursulines de Sion, courant décembre.

 

1969                                 L’année commence mal ! Le 4 janvier, le Père DHUMEAU se casse plusieurs côtes dans un accident d’auto, sur l’autoroute de Port-Bouët, ‘‘en service commandé’’… Durant 10 jours, il apprécie l’hospitalité et les soins attentifs des Sœurs de la Providence de Marcory. Puis, le 9 février, nous allons à Béoumi pour conduire à sa dernière demeure Sr Vincent-Joseph GUÉRIF, de la mission de Botro, décédée la veille après un mois d’hospitalisation à Bouaké.

                                   On construit toujours : À Air-France, les 6 classes de l’école sont regroupées sur le terrain des Pères où un deuxième bâtiment s’élève. À Kamonoukro, un hangar métallique s’implante pour devenir Chapelle du quartier Liberté. À la Cathédrale, on transforme le chœur pour satisfaire aux nouvelles dispositions liturgiques. Le 26 octobre y est chantée la première messe ‘‘face au peuple’’.

                                                À la mi-août, on plante la crémaillère à la Procure ! Monseigneur bénit les nouveaux locaux au chant d’un ‘‘asperges me’’ que les convives sont étonnés de connaître encore ! La suite se passe autour d’une grosse marmite pendue à la crémaillère, héroïne de la soirée…

                                                Le 27 septembre, Côte-d’Ivoire et Haute-Volta se mêlent dans la Cathédrale, en présence du Chef de l’État, pour le mariage d’André OUEZZIN COULIBALY, fils de l’ancien leader politique, avec Caroline NIGNAN NACUZON, fille d’un ancien conseiller de l’Assemblée de l’union Française.

                                                Avec la rentrée scolaire, arrive le Père Yvon ALBESPY, du diocèse de Rodez, pour l’aumônerie des étudiants, et le Père Alphonse RAPION destiné au Séminaire pour remplacer l’Abbé Bruno KOUAMÉ qui nous quitte pour un an, à destination de l’Angleterre… Un peu plus tard, Emmanuel De BUTLER, séminariste, vient s’adjoindre à l’équipe de la Cathédrale.

                                                Enfin, une nouvelle famille religieuse vient s’implanter à Bouaké : les Frères Maristes espagnols. Dès octobre, les Frères Cayetano QUINTANA et Javier GONI sont reçus à Saint Viateur où ils vont demeurer, professeurs et hôtes de la maison, deux années durant. C’est à ce moment que le collège ouvre sa première classe de second cycle.

 

1970                                 Le soir du Jeudi-saint, le Père SAURET célèbre la première messe dans la Chapelle de Liberté dont le gros œuvre est achevé. Un jour prochain, il y posera quatre autres vitraux de sa composition… Le service dominical sera assuré par le Père JOLLAND, dans la suite.

                                                Au quartier Ahougnassou, le Père RAPION commence également un service régulier le dimanche. D’ailleurs, les Sœurs Ursulines de Sion viennent s’y installer. En mai, Sœur Antoinette et Marie-Paule prennent possession des lieux, rue du Collège Technique. En Août, Sœur Régis les rejoint, et en septembre Sœur Dominique vient compléter la Communauté. Catéchèse, PMI, promotion féminine, rempliront bien leur emploi du temps !

                                                En plus de cela, elles prennent en charge le quartier de Gonfreville. De leur côté, les Sœurs d’Air-France adoptent le quartier Liberté, et les Sœurs NDA, celui de Paris-Bouaké. Ces dernières, par ailleurs, ouvrent à Koko une maison nouvelle, où les Sœurs Claire, Janine et Christiane s’installent en habit civil, dans le désir de mieux partager la vie des gens du quartier.

                                                En septembre, nous avons la joie d’accueillir l’Abbé Maurice KONAN KOUASSI qui fera désormais partie de l’équipe sacerdotale de la Cathédrale.

                                                Fermé en juillet, notre Petit Séminaire ouvre ses portes pour recevoir les séminaristes de tous les diocèses, devant suivre le second Cycle B nouvellement créé par la Conférence Épiscopale, pour une expérience de deux ans. De l’ancienne équipe, seul demeure le Père RAPION, comme Supérieur de la nouvelle maison, secondé par le Père Pierre PAVAGEAU. Quant au Père HÉRY et ROLLAND, ils partent, respectivement, pour le séminaire de Gagnoa et la mission de Raviart.

 

1971                                 Le 19 juillet, la foule, très dense des grands jours, déborde de la Cathédrale, voulant manifester sa sympathie et sa reconnaissance au Docteur Alexis BAKASSA, dont la dépouille mortelle vient d’arriver de Paris. On se rappellera longtemps la magnifique homélie prononcée par Mgr DUIRAT sur le sort que Dieu réserve aux pécheurs qui l’ont aimé dans le service dévoué et quotidien de leurs frères…

                                                Les Maristes occupent en octobre le nouveau Foyer des Étudiants qui vient d’être bâti sur la concession de l’Externat Saint André. En même temps, leur communauté s’agrandit avec l’arrivée des Frères Félix GONZALEZ et José Luiz MONT.

                           Départ du Père JOLLAND, arrivée des Pères Fernand CHAFFARD, du diocèse d’Annecy, et Paul Van RAVENSTYN, Père blanc déjà missionnaire au Mali et en Haute-Volta, tous les deux pour le service paroissial. Le premier prend en charge l’A.C.I. et le quartier Gonfreville. Le second, l’apostolat auprès des ‘‘gens du Nord ’’ et le service du quartier Liberté.

                           Dimanche 14 novembre à toutes les messes de la ville est annoncée la grande nouvelle. L’Abbé Augustin NOBOU, actuellement directeur national des Œuvres, vient d’être choisi par le Pape, le 17 octobre, comme premier évêque du nouveau diocèse de Korhogo.

 

 

1972                                 Le 9 janvier, la paroisse de la Cathédrale est présente, par quantité de ses enfants, au sacre du premier évêque sorti de son sein. Mgr DUIRAT, co-consécrateur de son fils, peut déjà dire son ‘‘nunc dimittis’’…

                                                Le 16 janvier, le nouvel évêque nous fait l’honneur de venir chanter sa première grand-messe pontificale dans la paroisse de son baptême et de son ordination sacerdotale. Un immense cortège le conduit de l’Externat Saint André à la Cathédrale, où l’accueille Mgr DUIRAT. Précédé par la fanfare de Saint Viateur, les enfants de l’école, les chrétiens, la chorale, il marche à l’intérieur d’une haie formée par les Maîtres et Maîtresses de nos écoles, fiers d’escorter celui qui fut un des leurs, 25 ans plus tôt.

                           Après la messe, sur le parvis de la Cathédrale, la fanfare rythme les danses ! Puis, après un vin d’honneur au Foyer Municipal, où Monsieur Rémi ANGORA se fait une fois de plus l’interprète des sentiments de tous, Monsieur le Maire nous convie à la Piscine pour un repas intime autour de lui.

                           Au Foyer des Étudiants des Frères Maristes, on construit un internat. À la rentrée des classes, il recevra son plein de 48 élèves. Un nouveau Frère, Joé-Maria ROMÉRO, vient s’adjoindre à l’équipe. Il s’occupera en temps plein à la catéchèse dans le milieu des lycées et collèges.

                           Trois nouveaux visages aussi au Séminaire : les Pères Paul CHATAIGNÉ, Jean-Marie CAMARA et Jérémie CROWE, tous trois de la Société des Missions Africaines.

                           13 novembre : départ pour la Terre Sainte de nos 21 pèlerins, accompagnés des Pères PASQUIER et KOUASSI. Ils nous reviendront le 4 décembre, les yeux et le cœur remplis de merveilleux souvenirs…

                           8 décembre : la paroisse voit avec joie un deuxième de ses enfants se donner au Seigneur dans l’ordre bénédictin. C’est le Frère Étienne KOUAKOU, né à Kanankro, qui fait profession religieuse au Monastère de Bouaké.

 

 

1973                                 Dès janvier, le Père Van RAVENSTYN nous quitte déjà pour aller retrouver sa Belgique natale.

                                   Le 12 avril, le ministre de l’Éducation Nationale, M. Paul AKOTO YAO procède à l’inauguration des bâtiments du Second Cycle à Saint Viateur, en présence d’un représentant de l’Ambassade des Pays-Bas qui ont assuré le financement des travaux. À cette occasion, les Frères VIARGUES, MORIN et FUALDÈS sont décorés de l’Ordre National Ivoirien.

                                                Saint Viateur demeure toujours le centre moteur du scoutisme, dont le Frère MORIN reste l’âme discrète mais efficace ! Après lui, l’office de Commissaire a été ivoirisé et successivement assuré par René YAO, Michel KOUAMÉ, et René N’GONIAN.

                                                Les troupes se sont à présent éparpillées dans la ville : Air-France, Bouaké-Ouest, avec une évasion très sympathique vers Assoumankro et Minankro. Ce dernier village est devenu pépinière de jeunes chefs pour tout le district baoulé. Que doit penser de tout cela le Père ALLÉZARD, lui qui, exactement 30 ans plus tôt, était si pessimiste sur l’avenir et l’utilité du scoutisme en pays Baoulé ?…

                                                17 mai : la nouvelle part de Rome ! L’Abbé Vital KOMÉNAN YAO, actuellement professeur d’Écriture Sainte au Grand Séminaire d’Anyama, est nommé évêque de Bouaké, en remplacement de Mgr DUIRAT, démissionnaire.

                                                29 juillet : notre Cathédrale voit se dérouler la cérémonie du sacre de son deuxième évêque. Cérémonie magnifique par son assistance, sa liturgie, ses chants, et, chose rare, son très grand recueillement. Dix évêques entourent le nouvel élu à son entrée au chœur.

                                                Mgr DUIRAT, assisté de Mgr NOBOU et de Mgr YAPI, auxiliaire d’Abidjan, procède à l’ordination épiscopale de celui qu’il baptisait le 24 juin 1950. La cérémonie est présidée par Mgr MARIANI, Pro-nonce à Dakar, assisté de Mgr YAGO, métropolitain d’Abidjan. En face d’eux, dans le chœur, le Président de la République, originaire de Yamoussoukro au diocèse de Bouaké, suit avec beaucoup de recueillement la cérémonie qui élève à l’épiscopat le premier fils au Pays Baoulé, pays de ses ancêtres…

                                                Après quoi, une fois encore, la Piscine Municipale nous reçoit dans son cadre sympathique, pour un sélect repas.

                                                Septembre : Mgr DUIRAT va nous quitter définitivement.

                     Quelques jours auparavant, le ministre M’Bahia BLÉ, dans une cérémonie intime à la résidence du Président, à Bouaké, l’élevait au rang d’officier de l’Ordre national. En même temps, et sur sa demande, les Pères PUAUT, PAVAGEAU et DHUMEAU, étaient promus chevaliers.

                                                Le 1er septembre, matin de son départ, Monseigneur concélèbre une dernière fois avec les prêtres de la ville. Une délicatesse de la Providence fait que Mgr Auguste NOBOU soit présent et puisse ainsi, avec Mgr Vital YAO, s’associer à l’action de grâces de celui qui s’en va, le cœur gros certes, mais dans la paix joyeuse du vieillard Siméon, heureux de voir deux de ses fils devenus évêques de l’Église en Côte d’ivoire…

                                                La mission continue. Au quartier Ahougnassou, on a construit un deuxième bâtiment dans la concession de la future paroisse que prend en charge le père Jean CHARDIN, des Pères Blancs, arrivé depuis mars à Bouaké. Quant au quartier Liberté, il est maintenant confié au Père DHUMEAU, revenu de congé. Le village des lépreux, à Manikro, est spécialement remis entre les mains du Père CORTI, prêtre italien de la Fondation Follereau, qui vient d’arriver…

 

 

1974                                 En février, le Père RAPION quitte le Séminaire pour la Cathédrale, où tout en partageant la vie de l’équipe paroissiale, il assure la Direction des Œuvres, l’aumônerie de la JEC et des prisons.

                                                On construit ferme encore cette année ! À Air-France, Saint Martin aura désormais une église digne de lui ! Les travaux sont rondement menés sous l’œil attentif et connaisseur du Père Emmanuel BONTÉ, curé de la paroisse depuis trois ans. Le 10 novembre, Mgr Vital YAO viendra bénir l’église et consacrer l’autel, juste six ans, jour pour jour, après l’érection de la paroisse.

                                                Au quartier Liberté s’achève l’intérieur de la Chapelle, livrée jusqu’à présent aux caprices du vent et de la pluie. En deux mois et demi, l’équipe du Père GOTTE, de Toumodi, en fait un cadre idéal pour le recueillement et la prière.

                                                Au quartier Kennedy, le nouvel évêché sort de terre et monte tout doucement. Durant les grandes vacances, deux appartements et un bureau sont également construits pour les besoins de la Direction Diocésaine de l’Enseignement. Le Père DHUMEAU lâche enfin le flambeau qu’il passe à M. Félix ZACKO, tandis que M. Eugène KOFFI KOUADIO prend la relève du Frère FUALDÈS à l’animation pédagogique.

                                                Au quartier Koko, les Sœurs N.D.A. mettent fin à l’expérience tentée quatre ans plus tôt et ferme leur maison. Par contre, deux nouveaux nous arrivent : le père Jean-Marie LEGRAND, père blanc de Haute-Volta pour aider à la fondation prochaine de la paroisse d’Ahougnassou, et le Père Gennaro CARDARELLI, Religieux italien déjà en service à Kossou, pour préparer une autre nouvelle paroisse au quartier Nimbo…

                                                En juillet, Mgr Bruno WÜSTENBERG, nouveau Pro-nonce en Côte-d’ivoire, nous fait l’honneur de séjourner deux jours chez nous. Juste le temps de faire connaissance avec notre ville, de visiter le Monastère, le Séminaire et le collège Saint Viateur, et même, de pousser une pointe jusqu’à Sakassou où Mgr Vital YAO lui présente l’hôpital dirigé par Sœur Marie-Stéphane GIROGUY.

                                                En octobre, afin de mieux sensibiliser les chrétiens de la ville au renouveau attendu de l’Année Sainte, dans les différents quartiers sont constituées des équipes de prière et réflexion qui, à intervalles réguliers, se réunissent autour de l’Évangile pour approfondir le thème proposé à toute l’Église par le Pape Paul VI : « Réconciliation avec Dieu et avec les hommes nos frères. » Le 30 novembre, ces équipes se mêlent pour un week-end d’amitié, d’étude et de prière, au Monastère bénédictin.

 

 

1975                                 En ce début d’année, le Monastère monopolise l’actualité religieuse ! C’est d’abord du 21 au 24 janvier, la Conférence Épiscopale qui y tient ses assises. Cette occasion nous vaut, le 22, la visite du Cardinal Agnelo ROSSI, Préfet de la S. Congrégation pour l’Évangélisation des Peuples. Accompagné de Mgr WÜSTENBERG, Pro-nonce, il est reçu par la Conférence Épiscopale, puis rend visite au Séminaire Saint Joseph, à ses ateliers, encourageant cette expérience nouvelle, ‘‘la seule de ce genre’’ à sa connaissance. L’après-midi, Mgr Vital YAO fait à son illustre hôte les honneurs de sa ville épiscopale, de sa Cathédrale et de la nouvelle église Saint Martin.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le 23 janvier, à 18h30, tous les évêques de Côte-d’Ivoire se retrouvent à la Cathédrale et concélèbrent avec 13 prêtres la messe pour l’Unité des Chrétiens, en présence d’un millier de fidèles, auxquels se sont joints quelques protestants et musulmans.

                        Le 25 février, le Monastère remet sa destinée entre de nouvelles mains ! À l’occasion du passage de Dom BRASO, Abbé Général de la Congrégation bénédictine de Subiaco, le Père Bernard POUPARD est élu prieur en remplacement de Dom Denis MARTIN que la santé oblige à prendre désormais un repos mérité.

                        Et la vie continue, dans ce haut-lieu de la prière … Le 4 mai, près de 900 jeunes s’y retrouvent, après une marche tour à tour silencieuse, chantante et priante, selon une tradition vieille de quelques années à peine. La messe, le repas et les danses leur permettent de traduire dans l’amitié la joie qui les habite.

                        19 mai : En présence d’une belle couronne de prêtres, de sœurs et d’amis, sous la présidence de Monseigneur, le Frère Jean-Marie SANON fait profession solennelle. Cérémonie émouvante, rendue plus priante encore par les chants de l’abbaye bénédictine de KEUR Moussa (Sénégal) soutenus par la musique légère et discrète de la cora.

                        En cette année sainte, doublement jubilaire pour elle, la paroisse demeure plus jeune que jamais ! Le 5 janvier, la Cathédrale est remplie des cris de centaines de bébés que les mamans sont venues présenter, l’après-midi, à l’Enfant-Jésus de la crèche… À plusieurs reprises, l’immense vaisseau vibre de chants jeunes et dynamiques, que ce soit pour les baptêmes d’étudiants, (6 avril), la confirmation (18 mai), la grand-messe de l’Abbé Théodore KOUADIO (20 avril), premier prêtre Kodè ordonné à Béoumi le 9 février dernier.

                        Le 25 mai, enfin, pour la fête des Mères, à l’occasion de la semaine de la Femme, la chorale du Collège Moderne de filles, longuement entraînée par le Père CHARDIN, enlève avec brio la ‘‘Messe mexicaine’’ du Frère MEJIA.

                        Dans les quartiers Nimbo et Ahougnassou se prépare sérieusement la mise en place de leur future paroisse. À Liberté, dans la Nuit Pascale, le Seigneur prend possession de la ‘‘Chaise royale’’, achevée le soir-même par le sculpteur KOUAMÉ, auteur du Chemin de Croix de la Cathédrale.

                        7 juin : dernier week-end des équipes d’Année Sainte au Monastère, en union avec les pèlerins de Côte-d’Ivoire arrivés aujourd’hui en Terre Sainte. Le lendemain, tous les équipiers des différents quartiers se retrouvent à la Cathédrale pour la messe de clôture de l’année jubilaire.

                        29 juin : Fête de Saint Pierre et de Saint Paul, qui ‘‘par leur martyre ont planté l’Église’’.

 

            Aujourd’hui s’achève ce modeste travail.

            Il a essayé de retracer dans ses grandes lignes l’histoire de notre Église de Bouaké.

            Je ne puis mieux faire que de le dédier, en affectueuse reconnaissance, à tous ceux et à toutes celles qui ont planté l’Église au cœur du Pays Baoulé, sinon par l’effusion de leur sang, comme Pierre et Paul, du moins par un don quotidien de leur vie, parfois par l’usure prématurée de leur santé, dans un don généreux de leurs forces et de leur cœur.

                        Le 5 octobre prochain, à l’occasion des fêtes du cinquantenaire, la consécration de la Cathédrale Sainte Thérèse viendra couronner la fécondité de leur vie et mettre un sceau final à cette première étape de l’Église de Jésus-Christ en Terre Baoulé.

 

                                   L’Esprit-Saint écrira sans doute d’une façon différente le second chapitre de cette histoire… mais ce qui est certain, c’est qu’il se servira de l’encre du même Amour.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ARBRE GÉNÉALOGIQUE

 

 

BOUAKÉ – CATHÉDRALE

(1925)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À la Paroisse Cathédrale Ste Thérèse :

 

1925            Joseph SCHMIDT (25-28)                            1959     ………… LAULON (59-60)

1928            Louis PARAGE (28)                                                Barthélémy COMOE KROU

                   Eugène OLIVAIN (28-30) (46-49)                              (59-60)

1929            Jean ALLÉZARD (29-46)                             1960     Clovis NIEL (60-62)

1933            Jean-Baptiste BOIVIN (33-36                                    Jean POUGET (60-72)

1936            François PEYVEL (36-40)                                        Pierre MOREAU (60-66)

1939            Martin FEVRE (39-42)                                 1961     René MARRE (61-66)

1940            Pierre PORTE (40)                                                  Alain HUSSON (61-75)

1943            Jean MARTEL (43)                                     1962     Michel SAURET (62 …)

1945            Claudius LAZINIER (45-46)                         1963     Yves BOUYER (63-67)

1946            ………MATHIEU (46)                                1966     Pierre BOURDONCLE (66-71)

                   …….. VIVES (46-47)                                              Constant GABARD (66-69)

1947            Paul DEVIENNE (47)                                              Jean-Paul JOLLAND (66-71)

                   Michel ROZE (47-48)                                  1967     Jean DUTUEL (67-70)

1948            Joseph LE GLATIN (48-51)                          1968     Alexandre COUTURE (68)

1949            André DUIRAT (49-51)                               1969     Yvon ALBESPY (69-73)

                   Mgr DUIRAT (51-73)                                  1970     Maurice KONAN KOUASSI

                   Maurice PAVAGEAU (49-59) (72…)                         (70…)

1951            Jean DHUMEAU (51…)                              1971     Fernand CHAFFARD (71-74)

                   André CHASSAIGNON (51-52)                                Paul VAN RAVENSTYN

1952            Yves LE MIGNON (52-54)                                       (71-73)

1954            Paul LE GOFF (54-62)                                 1973     Jean CHARDIN (73…)

                   Clément AUDRAIN (54-55)                                      Gianni CORTI (73-74)

1955            Joseph PUAUT (55-57)                                1974     Alphonse RAPION (74…)

1956            Frédéric MÉNARD (56-63)                                       Jean-Marie LEGRAND (74…)

1957            Bruno KOUAMÉ 57-59)                                          Gennaro CARDARELLI (74…)

1958            Émile CARPINETTI (58-63)

                   Joseph PASQUIER (58…)

                   Claude FRICKART (58-59)

 

 

À la Paroisse St Martin : (Religieux de St Vincent de Paul)

 

1968            Alexandre COUTURE (68-69) (71…) 1970                 Élie SOMÉ (70-74)

                   Roland VIDAL (68-69) (71)                          1971     Emmanuel BONTÉ (71…)

                   Bernard TRAORÉ (68-70)                                        Serge REDUREAU (71-74)

                   Pie SOMÉ (68-73) (74…)                                         Joseph SANON (71-47)

1969            François CHANIAC (69-71)                          1974     Gratien SOMÉ (74-75)

                   Ferdinand SANON (69-71)   

 

 

Au Séminaire St Joseph :

 

1959            Bruno KOUAMÉ (59-69)                             1966     Louis ROLLAND (66-70)

1960            Jacques GUILLAUME (60-64)                      1969     Alphonse RAPION (69-74)

                   Louis PERRIÉ (60-66)                                 1970     Pierre PAVAGEAU (70-72)

                   Frédéric MÉNARD (63)                               1972     Paul CHATAIGNE (72…)

1963            Pierre CHASSAIGNE (63-69)                                   Jean-Marie CAMARA (72-75)

                   Joseph HÉRY (63-70)                                              Jérémie CROWE (72-74)

 

 

 

 

 

Sœurs de Notre-Dame des Apôtres :

 

1938            Aloysia POTIRON (38-42)                           1957     Pasqualina BORGHETTI (57-66)

                   Euphrosine COLOMBEL (44-47)                  

                   (48-49) (55-61)                                                       Jeanne Chantal BAROIN (57-63)

                   Camille GARANCHER (38-40)                    

1939            Vindicien PEROIS (39-43)                           1959     Michel-Marie BOIS (59-66)

                   Emmanuela FERRARI (39-42) (53-54)           1960     Claire-Emmanuel DUTEL (60-73)

1942            Hervé KERMARREC (42-43)                       1961     Claudiane OUANA (61…)

1943            Adrien LEVRAULT (43-44)                         1965     Paul-Joseph (65-66)

                   Maxime JEUNET (43- ?)                              1966     René-Marie LAULER (66-69)

                   Vincent-Marie BOURDIN (43-48)                 1968     Brigitte CARUYER (68-73)

1944            Marie Salomé (44-45)                                  1969     Marie-Joël LEBOEUF (69-74)

                   Édith BEGAUD (44-50)                               1970     Christiane PERRIER (70-14)

                   Timothée RASSER ( ?)                                            Marie-Damien FAUC (70…)

1946            Colombina BORELLILI (46-47)                                Janine CHEVALIER (70-72)

                   Marie Madeleine ( ?)                                               1971     Marie Agathe CHAUMONT (71-72)

1948            Omer MASSON (48-52) (55-60)

                   Jean-Michel COLOMBERT (48-52)                           Murielle GARIEPY (71-72)

1949            Fidèle ZERR (49-55) (61)                                        Suzanne FENNINGER (71-74)

                   Pierre-Pascase BROSSIER (49-52)                 1972     Marguerite PASQUIER (72…)

1952            Maria Grazia FONTANA (52-71) (74…)                    Piera SANGALLI (72…)

                   Jeanne-d’Arc MÉNARD (52-54) (63-65)         1973     Yvette BUTEAU (73)

1954            Marie- Auguste RAOUX (54-57)                               Renée DRUT (73-74)

1956            Marie -Chantal GRAND (56-59)                    1974     M. Emmanuelle d’ESTAMPES (74-75)

                   Andréa-Avelin COUSIN (56-59)                               Olga MONGELAZ (74…)

 

                                                          

Sœurs de la Doctrine Chrétienne :

 

1967            Aline SCHUL (67…)                                   1969     Thérèse HENNINGER (69-70)

                   Gilberte RAYNAUD (67-74)                                     Jean-Paul ORBAN (69)

                   Henriette MARCHAL (67-69)                       1971     Yvonne HERBIET (71…)

                   Antoinette BLAISE (67…                              1973     Christiane LOMBARD (73…)

1969            Sabine CLAUDE (69…)                               1974     Thérèse THOMAS (74…)

 

 

Sœurs Ursulines de Sion :

 

1970            Marie-Paul DORSAZ (70…)                         1970     Marie Dominique SIERRO (70…)

                   Marie Antoinette FOURNIER (70…)              1975     Gilberte POCHON (75…)

                   Marie Régis DAILIANT (70-75)                   

 

 

Frères Maristes :

 

1969            Cayetano QUINTANA (69-70)                      1971     José Luiz MONT (71-72)

                   Javier GONI (69-74)                                    1972     José-Maria ROMERO (72…)

1970            Jésus JARAUTA (70-71)                              1974     José-Antonio RUIZ (74…)

1971            Félix GONZALES (71…)

 

 

 

 

 

 

Clercs de St Viateur :

 

1955            Roger VIARGUES (55…)                            1968     Georges LAFONT (68-69)

1956            Jean LAUR (56-64)                                                 Césario MARTINEZ (69-99)

                   René GALTIER (56-64)                               1969     Robert HEMOND (69-75)

                   Célestin TERRIER (56-73)                                       Marcel SAINTE-MARIE (69-73)

1957            Gérard MORIN (57…)                                 1970     André DEBAUD (70-72)

1958            Albert FUALDES (58…)                                          Paul CHIRAT (70…)

1959            Maurice HART (59-62)                                1971     André CHARLEBOIS (71…)

1960            Pablo CANO (60…)                                                Bernard MOULIN (71-73)

1964            André SALESSES (64-67)                            1972     Maurice BRISE BOIS (72…)

                   Germain PLANTE (64-70)                                        Marcel VOLLE (72-74)

                   Roger DEBAUD (64-65)                              1973     Christian MOSER (73…)

1965            Régis COMBET (65-67)                               1974     José Luis ACEVEDO (74…)

                   Jean FOUREL (65-67)

1966            François VEYRIER (66-75)

1967            Émile BONNAFOUS (67-74)

 

 

 

 

 

 

Cathédrale de Bouaké

 

Le Père SCHMIDT dans le ‘’Kiosque’’ de son nouveau presbytère (1927)

 

Le Père Jean ALLÉZARD ‘’Akanza Kokorè’’

 

5 juillet 1947 : Après la 1ère grand-messe de l’Abbé B. YAGO

 

 

 

La première équipe des Soeurs de Notre-Dame des Apôtres

 

La première moitié de l’Église est achevée (1930)

 

Procession de la Fête-Dieu. Reposoir devant la maison des Soeurs N.D.A.

 

Les enfants de Chœur. Au 1er rang : Joseph GUINAN, Étienne KOUAKOU, Maurice KOUASSI, Martin KONAN

 

L’Abbé NOBOU, grand Séminariste, avec Vital YAO et Noël YAO

 

Les Séminaristes autour du Père DUIRAT : Vital YAO, Joseph KOUAKOU, Joseph COULIBALY, Noël YAO, Étienne KOUAKOU

 

 

L’ancienne école devenue l’habitation des Pères

 

 

 

 

1952 : L’Evêché en construction

 

1956 : L’École remporte le 1er prix de toute l’Afrique Noire au ‘’Concours Kisito’’

 

1951 : Le futur ‘’Externat St André’’ au milieu des herbes éléphants

 

25 Novembre 1951 : Intronisation de Mgr DUIRAT, nouveau Préfet Apostolique de Bouaké. Derrière lui, le Député HOUPHOUËT et M. RIAM, Commandant de Cercle

 

Février 1953 : À la Kermesse, Mgr DUIRAT en compagnie du Député HOUPHOUËTet M. KUNY

 

1953 : La JOC de Bouaké et son Aumônier autour de Mgr DUIRAT

 

 

 

 

 

5 Juin 1959 : Ordination de l’Abbé Auguste NOBOU sur … la terrasse de l’Evêché

 

Bénédiction des fondations par Mgr DUIRAT

 

Les Officiels MM. DJIBO Sounkalo, DELAFOSSE, MOUTIEZ et le Lt Colonnel COCQUERET

 

Procès-verbal de la Cérémonie

 

 

1962 : Intérieur de la nouvelle Cathédrale

 

1965 : Ordination sacerdotale de l’Abbé Maurice KONAN KOUASSI

 

29 mai 1966 : À l’issue de la première grande-messe chantée par l’Abbé Joseph KOUAKOU

 

1966 : Ordination sacerdotale de l’Abbé Joseph KOUAKOU

 

L’équipe missionnaire autour de son évêque

 

Sacre de Mgr Vital KOMÉNAN YAO (29 juillet 1973)

 

 

“L’Ancien et le Nouveau” : 1973 : Mgr DUIRAT passe le flambeau au fils Vital YAO qu’il a baptisé 22 ans plus tôt.