Audience générale: la force douce du dialogue plutôt que la logique puérile des armes
Le Souverain pontife est revenu sur son 39e voyage apostolique achevé il y a trois jours à Bahreïn, lors de l’audience générale du 9 novembre, place Saint-Pierre de Rome. Il l’a éclairé à la lumière des trois mots-clés: dialogue, rencontre et marche.
Dans sa catéchèse, François a spontanément interrogé: «Pourquoi le Pape a-t-il voulu visiter ce petit pays à très forte majorité musulmane?» Il a répondu par trois mots: dialogue, rencontre et marche.
Le dialogue, oxygène de la paix
Un dialogue d’abord qui sert à découvrir la richesse de ceux qui appartiennent à d’autres peuples, d’autres traditions, d’autres croyances. «Bahreïn, un archipel composé de nombreuses îles, nous a permis de comprendre qu’il ne faut pas vivre dans l’isolement, mais en se rapprochant», a relevé l’évêque de Rome, car «la cause de la paix l’exige, et le dialogue est « l’oxygène de la paix »».
Il y a près de soixante ans, le Concile Vatican II, parlant de la construction de l’édifice de la paix, affirmait que «cette œuvre exige que les hommes ouvrent leur intelligence et leur cœur au-delà des frontières de leur propre pays, qu’ils renoncent à l’égoïsme national et au désir de dominer les autres nations, et qu’ils entretiennent un profond respect envers toute l’humanité, qui s’avance avec tant de difficultés vers une plus grande unité» (Gaudium et spes, 82).
La voie de la rencontre plutôt que celle de l’affrontement
François a confié avoir ressenti ce besoin à Bahreïn et souhaité que, dans le monde entier, les responsables religieux et civils «sachent regarder au-delà de leurs propres frontières, de leurs propres communautés, pour prendre soin de l’ensemble». C’est la seule façon pour le Pape d’aborder certains problèmes universels, comme l’oubli de Dieu, la tragédie de la faim, le soin de la création, la paix. Combien nous avons besoin de la voie de la rencontre!, s’est-il exclamé, pensant une nouvelle fois «à la guerre insensée dont est victime l’Ukraine martyrisée», et à tant d’autres conflits, «qui ne seront jamais résolus par la logique puérile des armes, mais seulement par la force douce du dialogue».
Mais il ne peut y avoir de dialogue sans -deuxième mot- rencontre. «Au Bahreïn, nous nous sommes rencontrés, et plusieurs fois j’ai entendu le souhait qu’entre chrétiens et musulmans, il y ait plus de rencontres, qu’il y ait des relations plus fortes, que chacun prenne l’autre plus à cœur», a affirmé le Successeur de Pierre. Toutefois, sans accueil, le dialogue reste vide, apparent, il reste une question d’idées et non de réalité, a-t-il noté, repensant à ses rencontres avec le Grand Imam d’Al-Azhar et à celle avec les jeunes de la Faculté du Sacré-Cœur, «des étudiants qui nous ont donné une grande leçon: ils étudient ensemble, chrétiens et musulmans».
C’est ainsi que, pour François, la rencontre fraternelle empêchera les divisions idéologiques. Les anciens ont également offert un témoignage de sagesse fraternelle: «Je repense à la rencontre avec le Conseil des sages musulmans».
Des alliances fraternelles au nom d’Abraham
Cela nous amène au troisième mot: marche. «Le voyage au Bahreïn ne doit pas être considéré comme un épisode isolé, il fait partie d’un parcours, inauguré par Saint Jean Paul II lorsqu’il s’est rendu au Maroc», a fait remarqué le Saint-Père. Ainsi, la première visite d’un Pape au Bahreïn a représenté une nouvelle étape dans le cheminement entre les croyants chrétiens et musulmans: «Non pas pour confondre ou édulcorer la foi, mais pour construire des alliances fraternelles au nom du Père Abraham».
Dialogue, rencontre et marche au Bahreïn ont également eu lieu entre chrétiens: le Pape a rappelé sa première rencontre œcuménique, de prière pour la paix, avec «le cher patriarche et frère Bartholomée» en la cathédrale dédiée à Notre-Dame d’Arabie, «dont la structure évoque une tente, celle dans laquelle, selon la Bible, Dieu rencontrait Moïse dans le désert, tout au long de la marche».
En rencontrant les pasteurs, les consacrés, les agents pastoraux et, lors de la messe «festive et émouvante» célébrée dans le stade, tant de fidèles, venus aussi d’autres pays du Golfe, «je leur ai apporté l’affection de toute l’Église», a assuré le Pape, déclarant vouloir transmettre aujourd’hui aux fidèles cette «joie authentique, simple et belle».