François appelle à la conversion des cœurs pour aider les Églises d’Amérique latine
Le Pape exhorte les organismes d’aide de l’Église d’Amérique latine à ne pas être de simples organisations technocratiques. Il faut développer «une nouvelle imagination de la charité» comme le disait saint Jean-Paul II, affirme-t-il dans un message adressé ce vendredi 23 juin aux participants d’une rencontre de deux jours au Vatican entre la Commission pontificale pour l’Amérique latine (CAL) et les organismes d’aide.
Ne pas devenir une organisation d’aide séculière quelconque: le Pape François exprime ce vœu dans le message adressé à Mgr Robert Prevost, président de la CAL, qui reçoit depuis jeudi 22 juin et jusqu’à ce vendredi 23 juin les responsables des institutions et des organismes d’aide à l’Église d’Amérique latine.
Fondée en 1958 par Pie XII, la CAL est appelée à être «un service», une «diakonia», pour exprimer l’affection et l’attention du Pape, pour inspirer l’Église dans la région et promouvoir la synergie entre les dicastères de la Curie romaine concernant les problèmes latino-américains, résume François. La Commission peut ainsi appuyer économiquement des projets d’évangélisation, intervenir dans des situations d’urgence et promouvoir des activités significatives pour l’Église dans son champ de compétence.
Une nouvelle imagination pour la charité
Mais François veut aller plus loin. Il ne veut pas se contenter d’un organisme qui ne serait au final qu’«une organisation d’aide purement séculière». Le Saint-Père veut rêver grâce à une «nouvelle imagination de la charité», reprenant à son compte cette expression de saint Jean-Paul II et répétant ce qu’il a déjà eu l’occasion de dire notamment à la Caritas.
«Nous devons redécouvrir chaque jour, avec surprise et gratitude, que la foi chrétienne est la certitude de l’amitié d’un Dieu qui nous donne la priorité, qui nous éduque et qui nous accompagne constamment en étant proche». Ce qui est «vraiment original» dans l’aide apportée par la CAL, c’est «la charité de Jésus Christ qui nous bouscule, c’est cet amour que nous précède et nous invite à confesser un Dieu le Père, principe de tout bien» continue le Pape.
Pour François, si «l’essence chrétienne» est donnée pour acquis, elle devient tôt ou tard «un simple recours théorique et finalement s’oublie». «Il ne reste que le froid pragmatisme qui finit par asphyxier les institutions ecclésiales et ses membres», met-il en garde. D’où la nécessité que «toutes ces aides dépassent les tentations volontaristes et pélagiennes faciles».
S’il en est ainsi, le Pape ne doute pas que l’action de la Commission et des organismes qui lui sont liés, donnent des fruits surabondants comme «la coopération fraternelle et la synergie entre toutes les institutions et les agences catholiques d’aide qui, se sachant envoyées et revitalisées par la même source, trouveront des chemins de complémentarité et de collaboration de tous avec tous».
C’est tout le sens de la nouvelle constitution apostolique Praedicate Evangelium: «sans conversion des cœurs, les réformes demeurent dans un environnement purement administratif ou procédural. Nous avons tous besoin d’un changement de vie pour que l’Église puisse montrer clairement le visage authentique de Jésus-Christ», affirme François.