Côte d’Ivoire: des prières en mémoire des migrants morts ou disparus
La Communauté de Sant’Egidio Côte d’Ivoire a organisé samedi 29 juin 2024, à la paroisse sainte Jeanne d’Arc de Treichville, dans l’archidiocèse d’Abidjan, une prière en mémoire de toutes les personnes mortes ou disparues pendant la traversée du Sahara et de la mer méditerranée, en route vers l’Europe. Cette initiative, qui en est à sa deuxième édition, a permis aux participants d’être davantage sensibilisés sur les dangers liés à l’immigration irrégulière.
Colette Labaki – Cité du Vatican avec Marcel Ariston Blé, Abidjan
Dénommée ‘’Mourir d’espérance’’, cette initiative de prière a été présidée par le père Félicien Aguié, chargé des affaires domaniales de l’archidiocèse d’Abidjan, afin de prier pour toutes ces personnes «mortes dans l’anonymat, pour lesquelles, bien des fois, il n’y a même pas eu de sépulture». Ladite initiative avait également pour but de «faire prendre conscience d’une réalité que beaucoup d’entre nous ignorent, celle des migrants, de toutes ces femmes, hommes malheureusement des enfants qui, chaque année, meurent sur la route de la migration», a expliqué Alphonse Krécoum, responsable national adjoint de la Communauté de Sant’Egidio Côte d’Ivoire.
L’immigration irrégulière des jeunes africains en Europe, un phénomène dramatique
Pour cette année, cette initiative a beaucoup plus mis l’accent sur les récits des migrants de retour des camps de migrants de la Tunisie et de la Libye. Ces derniers ont pu faire prendre conscience à l’assemblée des dangers encourus sur les routes de l’immigration irrégulière. Selon un rapport de l’ONG espagnole Walking Borders, plus de 5 000 migrants, en effet, sont morts dans la Méditerranée, en tentant de rejoindre l’Europe depuis le début de l’année 2024, soit près de 33 décès par jour, ou un migrant toutes les 45 minutes. Plus de 63 000 sont morts ou portés disparus au cours de la dernière décennie, selon l’agence des Nations Unies pour les Migrants. C’est donc est un phénomène «qui nous touche au premier chef en tant qu’ivoirien et africain. C’est dramatique de le dire, mais beaucoup de nos frères et sœurs continuent de croire encore, qu’il suffit de mettre les pieds en Europe pour s’en sortir, ce qui n’est pas le cas», a fait savoir le responsable national adjoint.
Dans sa prédication, le père Félicien Aguié a invité les jeunes à rester dans leur pays afin de construire leur vie mais aussi participer au développement de leur patrie. «On n’est mieux que chez soi, ça ne sert à rien d’aller ailleurs pour chercher un mieux-être. Nous sommes nés dans un territoire que Dieu nous a donné. De ce fait, il est important que nous aussi, essayions de nous battre, lutter afin d’être heureux ici». Le prêtre ivoirien a aussi invité les gouvernements des pays africains à s’engager davantage à créer des conditions meilleures pour que les jeunes, ces hommes et femmes, restent dans leurs pays.