À Durban, le Pape exhorte à plus d’efforts contre le travail des enfants
Le Pape François a adressé un message aux participants à la 5e Conférence mondiale sur l’élimination du travail des enfants, qui se déroule dans la ville sud-africaine de Durban du 15 au 20 mai, sous l’égide de l’Organisation internationale du travail (OIT). Cette dernière s’est fixé avec l’Onu l’objectif ambitieux de mettre fin à l’exploitation des jeunes d’ici 2025.
Delphine Allaire – Cité du Vatican
Si le Souverain pontife constate «des progrès significatifs» réalisés pour éliminer de la société le fléau du travail des enfants, il note que cette tragédie a été aggravée par l’impact de la crise sanitaire mondiale et la propagation de l’extrême pauvreté dans de nombreuses régions du monde, où il regrette «le manque d’opportunités de travail décent pour les adultes et les adolescents, les migrations et les urgences humanitaires», qui condamnent des millions de jeunes filles et garçons à «une vie d’appauvrissement économique et culturel». L’OIT en dénombre 160 millions dans le monde.
«Trop de petites mains labourent les champs»
Malheureusement, «trop de petites mains sont occupées à labourer les champs, à travailler dans les mines, à parcourir de grandes distances pour puiser de l’eau et à effectuer des travaux qui les empêchent d’aller à l’école», déplore le Saint-Père, évoquant aussi «le crime de la prostitution enfantine», qui a privé des millions d’enfants «de la joie de leur jeunesse et de la dignité qui leur est due».
La pauvreté étant le principal facteur exposant les enfants à l’exploitation du travail, le Pape François espère que les participants à ce sommet de Durban s’attaqueront «aux causes structurelles de la pauvreté mondiale et à l’inégalité scandaleuse qui continue d’exister entre les membres de la famille humaine», dixit l’encyclique Fratelli tutti (116). De même, l’évêque de Rome attend que cette Conférence conduise à «une prise de conscience et à un engagement accrus» de la part des acteurs sociaux et des organismes internationaux et nationaux pour trouver des moyens appropriés et efficaces de protéger la dignité et les droits des enfants, notamment «par la promotion de systèmes de protection sociale et l’accès de tous à l’éducation».
Le travail des enfants, souci majeur de l’Église
La question du travail des enfants préoccupe particulièrement l’Église catholique, dont l’enseignement social souligne qu’en assurant le présent et l’avenir des enfants, nous assurons également le présent et l’avenir de toute la famille humaine, a ensuite rappelé le Successeur de Pierre dans cette lettre adressée nommément à Guy Rider, syndicaliste britannique à la tête de l’OIT.
Le Saint-Siège, pour sa part, continuera à œuvrer pour que la communauté internationale persévère dans ses efforts pour combattre l’exploitation du travail des enfants de manière résolue, conjointe et décisive, afin que les enfants puissent profiter de la beauté de cette étape de la vie, tout en cultivant les rêves d’un avenir radieux, a garanti le Pape, remerciant toutefois l’OIT pour la tenue de cette conférence.
Première conférence de ce type en Afrique
Ce message du Saint-Père a été lu aux participants lundi 16 mai par le nonce apostolique en Afrique du Sud, Mgr Peter Bryan Wells. D’ici vendredi, les délégués de la Conférence devraient adopter une déclaration résumant les actions à prendre, «la déclaration de Durban».
C’est la première fois que la Conférence mondiale sur l’élimination du travail des enfants a lieu en Afrique -une région où, selon les chiffres, le nombre d’enfants qui travaillent est le plus élevé et où les progrès sont les plus lents. La plupart du travail des enfants sur le continent – environ 70%- se fait dans l’agriculture, souvent dans des contextes où les enfants travaillent aux côtés de leur famille.
La conférence s’appuie sur les quatre précédentes Conférences mondiales, tenues à Buenos Aires (2017), Brasilia (2013), La Haye (2010) et Oslo (1997), qui ont permis de sensibiliser au problème.