Côte d’Ivoire: repenser une nouvelle méthode pour les vocations
Le cardinal Marc Ouellet, fondateur du Centre de recherche et d’anthropologie des vocations (Crav), a partagé du 24 au 25 avril dernier, les fruits du Symposium de Rome pour une théologie fondamentale du sacerdoce. Ce partage a eu lieu à l’Université catholique de l’Afrique de l’ouest (Ucao-Uua) à Abidjan. Dans sa communication, il a appelé à une «communion des vocations» pour proposer «la figure de Jésus comme appel à l’amour et réponse d’amour offerte à tous».
Jacques Ngol, SJ – Cité du Vatican avec Marcel Ariston Ble – Abidjan
«Le changement d’époque que nous vivons à l’aune de la globalisation et de la révolution digitale nous oblige à un changement de méthode pour s’adresser aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui», c’est ce qu’a a déclaré le cardinal Marc Ouellet face aux prêtres, consacrés et laïcs lors de son intervention sur les fruits du symposium pour une théologie fondamentale du sacerdoce, organisé en février 2022 au Vatican.
Une vision mobilisatrice pour faire face au changement
Dans son intervention, le cardinal Marc Ouellet a relevé les besoins d’aujourd’hui, face à la crise des vocations en Europe, mais aussi, toutes les critiques contre le sacerdoce, les persécutions contre l’Église. Pour lui, nous avons besoin d’une «vision mobilisatrice qui éveille non seulement la passion pour une cause, mais d’abord et avant tout la passion pour le mystère chrétien, pour le témoignage chrétien, aujourd’hui méprisé et tellement persécuté à l’échelle mondiale».
Pour cela, il a préconisé un retour à l’essentiel, c’est-à-dire, la communion avec Dieu et la participation de tous, chacun à son niveau; les prêtres, consacrés et fidèles laïcs, avec leurs différents dons et charismes reçus de l’Esprit Saint pour l’évangélisation du monde, avoir «une passion pour l’expérience de Dieu en Jésus Christ et pour sa communication au monde» a-t-il insisté.
Se prononçant sur l’Afrique, le prélat a affirmé qu’elle est «sensible à ce retour à l’essentiel sous le signe de la communion». L’Afrique, a-t-il poursuivi, se focalise sur sa conception d’une Église-Famille de Dieu, une image privilégiée dans sa culture pour marquer les valeurs de «l’attention à l’autre, la solidarité, la chaleur des relations, l’accueil, le dialogue et la confiance»; ainsi que son ardeur à édifier l’Église-famille «en excluant tout ethnocentrisme et tout particularisme excessif, en prônant la réconciliation et une vraie communion entre les différentes ethnies, en favorisant la solidarité et le partage». Cette vision est un exemple pour l’Église universelle «à l’heure où la famille est menacée par ceux qui veulent une vie sans Dieu». Dans ce sens, «priver de Dieu le continent africain, ce serait le faire mourir peu à peu, en lui enlevant son âme», a-t-il affirmé.
Invitation à une adhésion personnelle
Les vocations se faisant de plus en plus rares dans les Églises de vieille chrétienté en Occident, le cardinal Ouellet a appelé les fidèles du Christ à une nouvelle évangélisation pour refonder la communauté chrétienne et son impact sur l’environnement social qui doit s’inspirer «d’une adhésion personnelle au Christ et pas seulement à partir de la permanence d’un héritage culturel».
Pour les jeunes Églises particulièrement en Afrique, riches en famille et en vocations, le prélat a affirmé que beaucoup reste à faire pour assurer une formation adéquate non seulement aux prêtres et aux religieux-religieuses mais aussi laïcs qui sont missionnaires à part entière à cause de leur baptême. Pour cela, «il faut inculquer à la communauté un sens de la paix et de la communion fraternelle, qui exerce un rayonnement et une attraction sur le reste de la société» a recommandé le cardinal Ouellet.
Terminant, l’ancien préfet de la Congrégation pour les Évêques est revenu une fois de plus, sur l’impérieuse nécessité pour l’ensemble des baptisés de travailler en synergie à l’exemple de la Sainte Trinité, en mettant en œuvre leurs charismes au service de la mission commune. Car, a-t-il estimé, pour le prolongement de l’Église Famille de Dieu qui est un développement propre à l’Afrique, une telle approche selon lui, est susceptible de renforcer les synergies positives entre tous les acteurs et actrices de chaque communauté diocésaine dans la conscience que le témoignage de communion filiale, fraternelle et nuptiale est un reflet de la présence du Dieu de l’Alliance. Ainsi, «la manière dont cette vision ecclésiologique peut bénéficier à la pastorale des vocations à tous les niveaux dépendra de la créativité de ceux et celles qui se laisseront interpeler et qui trouveront les mots simples et sincères pour proposer la figure de Jésus comme appel à l’amour et aéponse d’amour offerte à tous pour un sens de la vie insurpassable» a conclu le cardinal Marc Ouellet.
L’Amour, une vocation universelle
Le fondateur du Centre de recherche et d’anthropologie des vocations (Crav) a invité à «tirer une nouvelle impulsion pour la vocation universelle à la sainteté de tous les membres du Corps du Christ» à travers le mystère de l’incarnation et de sa continuité sacramentelle dans l’Église par la puissance de l’Esprit Saint. Car, «le but ultime du dessein de Dieu est la pleine participation des créatures à l’amour trinitaire, une vocation universelle à la sainteté, qu’elle soit vécue de manière filiale (les fidèles laïcs et les consacrés) ou de manière paternelle-ministérielle (les ministres ordonnés)» a-t-il poursuivi.
De son avis, la transformation synodale qui est en cours sera féconde dans la mesure «où elle reconnaîtra cette richesse charismatique qui soutient la tension vers la sainteté et réveille la conscience vocationnelle chez les baptisés, dans tous les états de vie, des vocations ordinaires et extraordinaires, des vocations missionnaires qui portent au monde la joie de l’Évangile» a-t-il soutenu.