Le dialogue et la paix au cœur de la visite du Pape au Kazakhstan
Vendredi 9 septembre au matin, le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège a présenté le programme du 38e voyage apostolique de François à Nour-Soultan, capitale du Kazakhstan où il se rendra pour le VIIe Congrès des chefs des religions mondiales et traditionnelles. Interrogé par les journalistes, il a déclaré que les rencontres bilatérales sont encore en cours de définition, sans donner de détails sur l’absence du patriarche Kirill ou la possibilité d’une rencontre avec Xi Jinping.
Antonella Palermo – Cité du Vatican
«Au cœur de ce voyage, il ne peut y avoir que le dialogue, la rencontre, la recherche de la paix entre des mondes religieux et culturels différents». C’est ce qu’a déclaré le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni, à propos de la visite du Saint-Père dans un immense pays au carrefour de multiples ethnies, confessions et cultures.
Un voyage dans le sillage de celui de Jean-Paul II
Le voyage de François présente des analogies avec celui effectué il y a vingt et un ans par Jean-Paul II, qui s’était rendu sur place, montrant à l’humanité un certain courage, quelques jours après l’attaque terroriste contre les tours jumelles de New York et le Pentagone. Aujourd’hui encore, le scénario international est imprégné de préoccupations liées à la guerre en Ukraine et à de nombreuses crises mondiales.
Matteo Bruni a rappelé quelques passages du discours prononcé par Jean-Paul II à son arrivée au Kazakhstan, notamment: «Kazakhstan, terre de martyrs et de croyants, terre de déportés et de héros, terre de penseurs et d’artistes, n’ait pas peur! Si les marques des plaies infligées à ton corps restent profondes et multiples, si l’œuvre de reconstruction matérielle et spirituelle est encore parsemée de difficultés et d’obstacles, que te servent de baume et d’encouragement les paroles du grand Abai Kunanbai: « L’humanité a comme principe l’amour et la justice. Elles sont le couronnement de l’œuvre du Très-Haut » (Proverbes, chap. 45)».
Les thèmes du Congrès des responsables religieux
Le VIIe Congrès des chefs religieux mondiaux et traditionnels se tiendra les 14 et 15 septembre au Palais de l’Indépendance, plus grand que le Palais de la Paix et de la Réconciliation initialement choisi. Située au centre de la ville, il est de forme trapézoïdale, décoré à l’extérieur d’un treillis de tubes rappelant la structure de la yourte, l’habitation mobile des nomades de la steppe asiatique. Pour l’heure, la présence 108 délégations de 50 pays a été confirmée; lors des éditions précédentes, celle du Saint-Siège était conduite par un cardinal, cette fois-ci, et c’est une première, c’est le Pape lui-même.
Le thème de l’assemblée est « Le rôle des dirigeants des religions mondiales et traditionnelles dans le développement spirituel et social de l’humanité dans la période post-pandémique ». Les thèmes abordés seront les suivants: « Le rôle des religions dans le renforcement des valeurs spirituelles et morales dans le monde moderne »; « Le rôle de l’éducation » pour la coexistence des religions et des cultures et le « renforcement de la paix et de l’harmonie »; « La contribution des chefs religieux et des hommes politiques à la promotion du dialogue interreligieux et de la paix dans le monde, et à la lutte contre l’extrémisme, le radicalisme et le terrorisme, notamment pour des motifs religieux »; et « La contribution des femmes au bien-être et au développement durable de la société et le rôle des communautés religieuses dans le soutien du statut social des femmes ».
Proximité avec les descendants de martyrs de la foi
Matteo Bruni a aussi souligné que lors de la célébration de la messe du 14 septembre, sur la place de l’Expo (où s’est tenue l’Exposition internationale 2017 et dont la capacité est estimée à environ dix mille personnes), la présence de chrétiens -enfants de ceux qui ont été persécutés par le régime soviétique et qui ont fini prisonniers dans les goulags- n’est pas exclue. Un tour en papamobile est prévue à cette occasion.
Concernant la cathédrale du Perpétuel Secours, Matteo Bruni a rappelé que certains habitants de la Biélorussie, de la région de la Volga et d’autres endroits qui faisaient partie de l’ex-URSS ont été déportés au Kazakhstan dans les années 1930 et c’est là, pour échapper au régime, qu’une maison de prière a été consacrée à la périphérie de la ville, en l’honneur d’une icône autour de laquelle la communauté s’est réunie à l’époque de la clandestinité. Dans les années 1990, la cathédrale a été construite et dédiée à l’icône. Elle a également été visité par Jean Paul II, et la rencontre avec les évêques et les religieux avec la bénédiction de l’icône de la Mère de la Grande Steppe aura lieu ici.
Rencontres bilatérales à préciser
Le moment de prière silencieuse des chefs religieux, avant l’ouverture du Congrès, aura lieu au même endroit. Quant aux cinq discours que le Souverain Pontife prononcera, le directeur du Bureau de Presse du Saint-Siège a déclaré qu’il pourrait y avoir une référence à l’abolition de la peine de mort, qui a été réalisée avec la nouvelle Constitution approuvée dans le pays en juin derniers. Les autres références attendues sont celles liées à la société et aux institutions du pays, en pleine mutation si l’on pense aux manifestations qui ont secoué le Kazakhstan en début d’année.
Les rencontres bilatérales que le Pape aura durant son séjour au Kazakhstan sont encore en cours de définition: «Nous devons encore étudier le calendrier et les modalités», a expliqué Matteo Bruni. Quant à l’absence annoncée de longue date du patriarche Kirill et à une hypothétique rencontre bilatérale avec le président chinois, Xi Jinping, invité par Tokayev en visite d’État au Kazakhstan durant les mêmes jours que François, le directeur du Bureau de presse du Vatican a simplement noté que les autorités du pays avaient annoncé la présence de Xi Jinping à Nour-Soultan le 14 septembre, mais qu’aucun événement impliquant le Pape n’était prévu à ce jour.