Le Pape ouvre aux femmes les ministères du Lectorat et de l’Acolytat
Avec un Motu proprio, le Pape modifie le Code de Droit canon en institutionnalisant ce qui existait déjà dans la pratique: l’accès des femmes laïques au service de la Parole et de l’autel. Le Pape explique son choix dans une lettre au cardinal Ladaria Ferrer.
Le Pape François a établi avec le Motu proprio Spiritus Domini, rendu public ce lundi 11 janvier 2021, l’ouverture aux femmes des ministères du Lectorat et de l’Acolytat sous une forme stable et institutionnalisée, avec un mandat spécifique.
Les femmes qui lisent la Parole de Dieu pendant les célébrations liturgiques ou qui accomplissent un service à l’autel, comme servantes d’autel ou dispensatrices de l’Eucharistie, ne sont bien sûr pas une nouveauté: dans de nombreuses communautés à travers le monde, c’est désormais une pratique autorisée par les évêques. Mais jusqu’à présent, tout cela s’est fait sans véritable mandat institutionnel, par dérogation à ce qui avait été établi par saint Paul VI, qui, en 1972, tout en abolissant les « ordres mineurs », avait décidé de maintenir théoriquement réservé aux hommes l’accès à ces ministères, parce qu’il les considérait comme préparatoires à un éventuel accès aux saints ordres. Aujourd’hui, le Pape François, dans le sillage du discernement qui s’est dégagé des derniers synodes des évêques, a voulu rendre officielle et institutionnelle cette présence féminine près de l’autel.
Une mise à jour du Code de Droit canon
Ce Motu proprio modifie donc le premier paragraphe du canon 230 du Code de Droit canon de 1983. Le Pape établit l’accès des femmes à ces ministères, aussi à travers un acte liturgique qui les institutionnalise.
François précise qu’il a voulu accepter les recommandations qui ont émergé des différentes assemblées synodales, écrivant qu’ un «développement doctrinal a été atteint ces dernières années, qui a mis en évidence le fait que certains ministères institués par l’Église ont pour fondement la condition commune du baptisé et du sacerdoce royal reçu dans le sacrement du baptême». C’est pourquoi le Pape nous invite à reconnaître qu’il s’agit de ministères laïcs «distincts, dans leur essence, du ministère ordonné reçu dans le sacrement de l’Ordre».
La nouvelle formulation du canon se lit comme suit: «Les laïcs qui ont l’âge et les qualités requises établies par décret de la conférence des Évêques, peuvent être admis d’une manière stable par le rite liturgique prescrit aux ministères de lecteur et d’acolyte», La spécification «laïcs hommes», présente dans le texte du Code jusqu’à l’amendement d’aujourd’hui, est donc supprimée.
Mettre en valeur la coresponsabilité des laïcs
Le Motu proprio est accompagné d’une lettre adressée au Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le cardinal Luis Ladaria Ferrer, dans laquelle François explique les raisons théologiques de son choix. Le Pape écrit que «dans l’horizon de renouveau tracé par le Concile Vatican II, il y a aujourd’hui un sentiment d’urgence croissant pour redécouvrir la coresponsabilité de tous les baptisés dans l’Église, et en particulier la mission des laïcs». Et citant le Document final du Synode pour l’Amazonie, il observe que «pour toute l’Église, dans la variété des situations, il est urgent que les ministères soient promus et conférés aux hommes et aux femmes… C’est l’Église des baptisés, hommes et femmes, que nous devons consolider en promouvant le ministère et, surtout, la conscience de la dignité du baptême.»
François, dans la lettre au cardinal Ladaria, rappelle les paroles de Saint Jean-Paul II selon lesquelles «en ce qui concerne les ministères ordonnés, l’Église n’a en aucune façon la faculté de conférer l’ordination sacerdotale à des femmes», tout en ajoutant que «pour les ministères non ordonnés, il est possible, et aujourd’hui cela semble opportun, de surmonter cette réserve». Le Pape explique que «le fait d’offrir aux laïcs des deux sexes la possibilité d’accéder aux ministères de l’Acolyte et du Lectorat, en vertu de leur participation au sacerdoce baptismal, augmentera la reconnaissance, également à travers un acte liturgique (institution), de la précieuse contribution que depuis longtemps de très nombreux laïcs, y compris des femmes, offrent à la vie et à la mission de l’Église». Et il conclut que «le choix de conférer également aux femmes ces fonctions, qui impliquent la stabilité, la reconnaissance publique et un mandat de l’évêque, rend plus effective dans l’Église la participation de tous au travail d’évangélisation».
Cette mesure intervient après un approfondissement de la réflexion théologique sur ces ministères. La théologie post-conciliaire a en effet redécouvert la pertinence du Lectorat et de l’Acolytat, non seulement en relation avec le sacerdoce ordonné, mais aussi et surtout en référence au sacerdoce baptismal. Ces ministères s’inscrivent dans la dynamique de collaboration réciproque qui existe entre les deux sacerdoces, et ils ont de plus en plus mis en évidence leur caractère proprement « laïc », lié à l’exercice du sacerdoce commun à tous les baptisés.