Le Pape transfère aux évêques des compétences réservées au Saint-Siège
Avec la publication d’un Motu proprio ce mardi 15 février, le Pape François établit que les ordinaires des Églises locales pourront intervenir dans la gestion des séminaires, la formation des prêtres, la rédaction des catéchismes et dans d’autres domaines sans avoir besoin de l’approbation du Vatican, mais d’une confirmation plus simple.
Alessandro De Carolis – Cité du Vatican
Plus besoin d’une «approbation». Une «confirmation» du Saint-Siège suffira. Telle est la nouveauté essentielle apportée par le motu proprio publié ce mardi; un texte par lequel le Pape a décidé de modifier l’attribution de certaines compétences prévues par les Codes de droit canonique de l’Église latine et des Églises orientales, afin de de favoriser une «saine décentralisation» qui dynamise les décisions dans le domaine ecclésial, tel que défini dans l’introduction du motu proprio.
Ne plus attendre l’approbation de Rome, mais la confirmation
Cela concerne par exemple la compétence des conférences épiscopales pour la publication de catéchismes sur leur territoire si elles le jugent opportun. Autre point saillant: le transfert du Saint-Siège à l’évêque diocésain de la faculté de créer un séminaire sur son territoire sans avoir à attendre l’approbation de Rome mais simplement une confirmation.
Les évêques disposent de possibilités similaires en ce qui concerne la formation des prêtres (les évêques peuvent l’adapter «aux besoins pastoraux de chaque région ou province») et leur incardination. Les prêtres peuvent désormais être incardinés non seulement dans une Église particulière ou dans un Institut religieux, mais aussi dans une «association cléricale publique» reconnue par le Saint-Siège, afin d’éviter des «clercs acéphales et errants».
Décentralisation et proximité
Le critère de décentralisation, mais aussi de «proximité», se reflète également dans l’allongement de 3 à 5 ans de la période d’«exclaustration», c’est-à-dire la possibilité qui autorise un religieux à vivre hors de son Institut pour des raisons graves. Le motu proprio, comme sur la compétence des Conférences épiscopales pour la publication des catéchismes, intervient en transférant du Saint-Siège à la responsabilité des Églises locales les décisions sur les éventuelles réductions du nombre de messes à célébrer en fonction des intentions reçues.
Mgr Marco Mellino, secrétaire du Conseil des cardinaux et membre du Conseil pontifical pour les textes législatifs, explique les principes généraux qui ont inspiré le motu proprio du Pape:
Le Motu proprio, par lequel certaines normes des deux Codes de l’Église catholique -le Code de droit canonique pour l’Église latine et le Code des canons des Églises orientales pour l’Église orientale- sont modifiées, est une pièce qui rejoint le travail de réforme que le Pape François a commencé depuis le début de son pontificat et qu’il poursuit.
Elle répond à l’esprit de « saine décentralisation » indiquée dans l’Exhortation apostolique Evangelii Gaudium, n° 32, visant à favoriser et à valoriser la dynamique de proximité dans l’Église, sans pour autant compromettre la communion hiérarchique.
L’intention qui l’anime est profondément pastorale et est bien exposée dans le chapeau introductif du texte, dans lequel il est dit que, compte tenu de la culture ecclésiale et de la mentalité juridique propre à chaque Code, certaines compétences jusqu’alors attribuées au Saint-Siège, et donc exercées par le gouvernement central, sont en train d’être « décentralisées », c’est-à-dire confiées aux évêques (diocésains/épiscopaux ou réunis en Conférences épiscopales ou selon les structures hiérarchiques orientales) et aux Supérieurs majeurs des Instituts de vie consacrée et des Sociétés de vie apostolique, avec l’intention précise de favoriser avant tout le sens de la collégialité et de la responsabilité pastorale, ainsi que de favoriser les principes de rationalité, d’efficacité et d’efficience.
Il est évident, en effet, que lorsque l’autorité a une connaissance directe et plus proche des personnes et des cas qui nécessitent une action de gouvernance pastorale, cette action, en vertu de sa proximité même, peut être plus rapidement efficace.
En ce sens, donc, les changements normatifs qui sont effectués avec ce Motu Proprio reflètent encore plus l’universalité partagée et plurielle de l’Église, qui inclut les différences sans les homologuer, garantie, en ce qui concerne son unité, par le ministère pétrinien propre à l’Évêque de Rome.