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Libération du père Okechukwu enlevé au Nigeria

Enlevé mardi 20 décembre, le père Okechukwu est désormais libre, selon un communiqué du diocèse de Kafanchan rendu public le 23 décembre, soulignant la complexité de la situation socio-politique du pays, où les attaques contre les prêtres sont perpétrées, perturbant les liens communautaires.
Antonella Palermo – Cité du Vatican

Alors qu’un autre prêtre catholique, le père Mark Ojotu du diocèse d’Otukpo, a été enlevé dans l’après-midi du 22 décembre, le long de la route Okpoga-Ojapo dans l’État de Benue (le troisième enlèvement de prêtre en cinq jours), le père Sylvester Okechukwu, qui avait été enlevé mardi 20 décembre par des hommes armés au presbytère de l’église catholique Saint-Antoine dans l’État de Kaduna, a été libéré aux premières heures du matin.

«Quand une brebis est perdue, Dieu laisse les 99 autres pour la retrouver. Nous l’avons trouvé sain et sauf, heureusement. C’est une personne très calme et humble. Les ravisseurs l’ont poursuivi, nous ne savons toujours pas pourquoi», explique le père Gabriel Okafor, directeur du bureau de communication du diocèse de Kafanchan. C’est une nouvelle qui soulage l’Église du Nigeria, espérant que les autres détenus retrouvent leur liberté.

«Nous prions Dieu d’accélérer la libération de ceux qui sont encore aux mains des ravisseurs», peut-on lire dans la note du diocèse de Kafanchan. Cependant, la situation dans le pays reste pleine d’appréhensions en raison des attaques qui se multiplient également contre les chrétiens.

Le phénomène des attaques armées est endémique dans le pays, et «nous nous demandons qui est derrière ces actions et quelles en sont les raisons». Déplorant l’insécurité dans son diocèse, le religieux explique que «chaque année, avant les élections, il y a ce climat de tension. Souvent, ce sont les politiciens qui arment les jeunes et ils utilisent les armes pour faire du mal», poursuit le prêtre.

Les prêtres visés, des points de référence
«La tension reste élevée», malgré la cohabitation entre les chrétiens, les musulmans, et les membres des religions traditionnelles. L’attaque contre les prêtres a pour effet «de diminuer la force de la foi, car ce sont eux qui en fin de compte, la protègent», souligne encore le père Okafor, mettant en évidence le haut degré de complexité du contexte sociopolitique et confessionnel.

«Il existe de nombreux problèmes interdépendants. Il y a des questions concernant les relations entre les groupes ethniques, entre les tribus, entre les classes sociales…». Il ne s’agit pas seulement d’actions impliquant les religions. Les musulmans sont également enlevés. La situation est délicate et difficile à comprendre, ajoute le religieux.

«Parmi les tribus, il y a les problèmes concernant les « terres ». Les chrétiens sont souvent la cible d’embuscades même mortelles. En fait, le prêtre est le point de référence de la communauté. C’est pour cela que le prêtre est attaqué. Ainsi, ce point de référence, perdu, les brebis se dispersent… en ce sens, ce sont des « actions stratégiques »».

«Nous célébrerons Noël avec beaucoup de prudence»
À la veille de Noël, le directeur du bureau de communication du diocèse de Kafanchan invite la communauté catholique locale à une grande vigilance «parce qu’il y a tellement de garçons armés, qui vivent dans la forêt. Nous devons être prudents car quelque chose de mal peut toujours arriver. De notre côté, nous essayons de faire revivre les gens, les paroissiens. C’est une période difficile».

Le père Okafor rappelle que jeudi 22 décembre encore, des funérailles ont été organisées pour les victimes d’un massacre de 46 personnes tuées par «ces jeunes garçons». La douleur est grande, «nous essayons de faire comprendre aux gens que ce n’est pas la fin, qu’il y a toujours de l’espérance. C’est notre tâche en tant que prêtres», déclare le religieux, qui demande que des enquêtes soient menées.

Les attaques auraient eu lieu pendant trois jours dans quatre villages de Kaduna, dans le nord du Nigeria. Les agences humanitaires rapportent que certaines victimes ont été brûlées vives pendant leur sommeil.

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