Mère de Dieu, Mère du monde: le portrait de Marie selon François
Antidote à l’individualisme, source de vie, source d’espérance et de joie véritable: en huit ans de pontificat, François a dessiné un véritable portrait de la Vierge Marie, indiquant en Elle un modèle à suivre par les femmes de notre temps.
Isabella Piro – Cité du Vatican
Marie, Mère de Dieu, représente un modèle de femme et de mère par excellence. Ses caractéristiques ont été délimitées par le Pape François au cours des huit années de son pontificat: en relisant ses homélies prononcées entre 2014 et 2021 à l’occasion de la solennité de Marie Très Sainte Mère de Dieu, qui tombe le 1er janvier, il se dégage un véritable «portrait-robot» de la Sainte Vierge dont les femmes d’aujourd’hui peuvent s’inspirer.
«Source d’espérance et de vraie joie», en effet, Marie n’est pas seulement la Mère de Dieu, mais elle est aussi «notre Mère», Celle qui «nous précède et nous confirme continuellement dans la foi, dans la vocation et dans la mission, observait François en 2014. «Avec son exemple d’humilité et de disponibilité à la volonté de Dieu, elle nous aide à traduire notre foi en une annonce joyeuse et sans frontières de l’Évangile. De cette façon, notre mission sera fructueuse, car elle est modelée sur la maternité de Marie».
Jésus, indissociable de sa Mère
Au centre, en outre, se trouve sa «relation très étroite» avec Jésus, comme cela est naturel «entre tout fils et sa mère». «La chair du Christ», soulignait le Pape en 2015, «a été tissée dans le sein de Marie», créant de fait une «inséparabilité». Ce qui signifie que Marie «est si unie à Jésus parce qu’elle a eu la connaissance de son cœur, la connaissance de la foi, nourrie par l’expérience maternelle et le lien intime avec son Fils. C’est pourquoi il est impossible de comprendre Jésus sans sa Mère».
Avec Marie, saisir le sens des événements
Celle qui a «cru aux paroles de l’Ange» représente l’accomplissement d’une «antique promesse» et la réalisation de «la plénitude des temps». En ce sens, expliquait le Souverain pontife en 2016, Marie se présente à nous comme «un vase toujours rempli de la mémoire de Jésus, siège de la sagesse, dans lequel puiser pour avoir une interprétation cohérente de son enseignement». En pratique, a dit François, la Vierge nous permet de «saisir le sens des événements qui nous touchent personnellement, nos familles, nos pays et le monde entier», grâce à la «force de la foi qui apporte la grâce de l’Évangile du Christ».
Antidote contre l’individualisme et l’égoïsme
Mais il y a un aspect, en particulier, grâce auquel Marie peut être un point de référence pour toutes les mères d’aujourd’hui: le Pape l’a rappelé en 2017 et c’est être «l’antidote le plus fort contre nos tendances individualistes et égoïstes, contre nos fermetures et notre apathie». «Une société sans mères ne serait pas seulement une société froide, disait François il y a quatre ans, mais une société qui a perdu son cœur, qui a perdu le « goût de la famille »». «Une société sans mères serait une société sans pitié, qui n’a laissé place qu’au calcul et à la spéculation. Parce que les mères, même dans les pires moments, savent témoigner de la tendresse, du dévouement inconditionnel, de la force de l’espérance».
Protection contre «l’orphelinat spirituel»
Les mères qui souffrent, celles dont les enfants sont enfermés en prison, hospitalisés ou asservis par la drogue, celles qui vivent dans des camps de réfugiés ou au milieu de la guerre, a déclaré le Souverain pontife en 2017, ont beaucoup à enseigner parce qu’elles «ne renoncent pas et continuent à lutter pour donner le meilleur à leurs enfants». Et parfois, «le meilleur» signifie, littéralement, la vie. «Là où il y a une mère, il y a l’unité, il y a l’appartenance, l’appartenance des enfants», a répété le Pape, désignant Marie comme celle qui nous protège «de la maladie corrosive de « l’orphelinat spirituel », celle qui trouve un espace dans le cœur narcissique qui ne sait regarder que lui-même et ses propres intérêts».
La Vierge n’est pas une option
En plus de son regard, l' »étreinte » de Marie est également essentielle, un rempart contre «la vie fragmentée d’aujourd’hui, où nous risquons de perdre le fil». Connecté, mais désuni, en effet, le monde a besoin de se confier à la Mère qui est «un remède à la solitude et à la désintégration, elle est la Mère de la consolation, qui résout : elle est avec ceux qui sont seuls» et «les prend par la main, les introduit avec amour dans la vie», a soutenu François. Cela signifie que «la Vierge n’est pas une option: elle doit être accueillie dans la vie. Elle est la Reine de la Paix, qui vainc le mal et conduit sur les chemins du bien, qui apporte l’unité entre les enfants, qui éduque à la compassion».
La violence contre les femmes, profanation de Dieu
Autre caractéristique de Marie, rappelée par le Pape en 2020, est sa capacité à «garder les choses dans son cœur», c’est-à-dire à se soucier, à «prendre la vie à cœur». Et c’est une attitude qui est « propre à la femme », a dit François, parce que « la femme montre que le sens de la vie n’est pas de continuer à produire des choses, mais de prendre à cœur les choses qui sont là. Seuls ceux qui regardent avec le cœur voient bien, parce qu’ils savent « voir à l’intérieur »: la personne au-delà de ses erreurs, le frère au-delà de ses fragilités, l’espoir dans les difficultés; ils voient Dieu en tout ». D’où l’appel du Souverain pontife à la protection des femmes: elles sont « sources de vie », mais « elles sont continuellement offensées, battues, violées, poussées à la prostitution et à la suppression de la vie qu’elles portent dans leur ventre ». Toute violence infligée à une femme est une profanation de Dieu, né d’une femme », a déclaré le Pape l’année dernière. «Du corps d’une femme est né le salut de l’humanité: de la façon dont nous traitons le corps d’une femme, nous comprenons notre niveau d’humanité».
N’humiliez pas la maternité
La mise en garde de François contre l’exploitation du corps féminin «sur les autels profanes de la publicité, du profit, de la pornographie» est donc forte. Elle «doit être libérée du consumérisme, elle doit être respectée et honorée; c’est la chair la plus noble du monde, elle a conçu et donné naissance à l’Amour qui nous a sauvés!» Tout aussi sincère a été l’appel contre l’humiliation de la maternité, si fréquente aujourd’hui, et due au fait que «la seule croissance qui nous intéresse est la croissance économique».
Les célébrations du Pape
À l’occasion de la solennité de la Très Sainte Marie Mère de Dieu, première fête mariale apparue dans l’Église occidentale, le Pape présidera deux célébrations dans la basilique vaticane: vendredi 31 décembre à 17 heures, il dirigera les premières vêpres, qui seront suivies de l’exposition du Saint-Sacrement, du chant traditionnel de l’hymne » Te Deum » de fin d’année civile et de la bénédiction de l’Eucharistie. Afin d’éviter les foules et le risque de contagion qui en découle, le Pape ne se rendra pas à la crèche installée sur la Place Saint-Pierre à la fin de la célébration dans la Basilique.
Samedi 1er janvier 2022 à 10 heures, octave de Noël, le Pape François présidera la Sainte Messe, au cours de laquelle il priera également pour les parents, afin qu’ils aient «la joie d’élever leurs enfants dans la sainteté», ainsi que pour les personnes seules et angoissées, afin qu’elles fassent l’expérience de «la douce compagnie de Jésus».
La célébration coïncide avec la 55ème Journée mondiale de la paix, pour laquelle le Souverain pontife argentin a rédigé un message intitulé: «Dialogue entre les générations, éducation et travail: instruments pour construire une paix durable».