En visite ad limina, les évêques brésiliens reçus par le Pape
«Prends un risque, mon frère, si tu ne prends pas de risque, tu fais déjà une erreur». C’est l’une des indications du Pape au groupe de dix-sept évêques brésiliens reçus lundi 20 juin au Vatican. La délégation, qui représente la région nord 1 de la CNBB (États d’Amazonas et de Roraima) et le nord-ouest (Acre, sud d’Amazonas et Rondonia), a offert au Pape une coiffe et un tableau intitulé SOS Yanomami, peint en 1989 par un artiste indigène local.
Silvonei José, Bianca Fraccalvieri et Andressa Collet – Cité du Vatican
Mitre ou coiffe? Il ne pouvait y avoir de cadeau plus caractéristique pour le Pape François de la part des évêques venant de l’Amazonie en visite ad limina au Vatican, plus particulièrement des représentants de la Région Nord 1 de la Conférence Nationale des évêques du Brésil (CNBB) et du Nord-Ouest (Acre, sud de l’Amazonas et Rondônia). Les dix-sept évêques ont été reçus dans la matinée du lundi 20 juin.
Pour l’archevêque de Porto Velho, dans le département de Rondônia, Mgr Roque Paloschi, ce fut une rencontre de communion, d’espérance et de courage. «De communion parce qu’il a accueilli tout ce que nous avons apporté de la réalité de nos églises en Amazonie. D’espérance, parce qu’il nous a motivés à vivre notre mission en tant que pasteurs et non en tant que bureaucrates, de ne pas perdre cet objectif. Et du courage, pour être ensemble avec les populations les plus pauvres et, surtout, que l’Église sache respecter les cultures, le défi de l’incarnation».
Pour Mgr Lúcio Nicoletto, administrateur diocésain de Roraima, François a encouragé les évêques à agir «sans crainte d’affronter les défis que nous présente le moment présent, qui a besoin d’une parole prophétique pour annoncer l’espérance de l’Évangile de la vie, mais aussi pour dénoncer tout ce qui piétine les droits fondamentaux des populations indigènes et le soin de notre maison commune».
Le regard du Pape sur l’Amazonie
À travers cette rencontre humaine et fraternelle, où les évêques sont encouragés à être quotidiennement proches «des plus petits et sans peur de prendre des risques», Mgr Roque a indiqué que le Pape est revenu sur la Conférence d’Aparecida de 2007, qui réunissait les épiscopats d’Amérique latine et des Caraïbes, et qu’il a été «intrigué» par la place accordée à la question de l’écologie à cette époque. En plus des évêques d’Amazonie, l’archevêque de Porto Velho a commenté que Laudato si’ a aidé le Souverain Pontife à faire ce pas vers l’importance de la question, comme le Synode des évêques de 2019 pour l’Amazonie elle-même et l’exhortation apostolique post-synodale de 2020 Querida Amazonia («Chère Amazonie»):
“Le Pape a souligné à trois reprises l’importance que nous apprenions aussi quotidiennement des peuples originels, des peuples indigènes, cette relation harmonieuse et respectueuse avec la création. Et, surtout, il nous a demandé d’avoir le courage et l’audace de ne pas avoir peur de faire des pas également dans le sens de vivre une foi qui s’incarne dans cette réalité où nous sommes : ne pas vouloir revenir au schéma de la colonisation, mais, au contraire, entrer et s’immerger dans les cultures. C’était très beau !”
Selon Mgr Lúcio Nicoletto, l’audience avec le Pape a permis de se ressourcer après tant de défis dans une mission très exigeante: le Souverain pontife semblait «nous attendre pour nous encourager et nous accueillir, et pour la première fois, pas de tirage d’oreille», a-t-il plaisanté. Au nom des habitants de Roraima, Mgr Nicoletto a remis au Pape un tableau réalisé en 1989 par un artiste local, l’indigène Cardoso, qui a peint pendant de nombreuses années la souffrance et l’espoir du peuple amazonien. Le titre de l’œuvre confiée à François est emblématique: SOS Yanomami, l’une des plus grandes ethnies de l’Amazonie, qui à l’époque a dénoncé la souffrance des peuples natifs de cette région en raison des droits bafoués et des problèmes tels que l’extractivisme, la déforestation, le manque de préservation de l’environnement et le manque de respect pour le peuple.
«Je veux vivre ma mission jusqu’à ce que Dieu me le permette»
Interrogé sur l’état de santé du Pape, l’archevêque de Porto Velho a confirmé que François «a manifesté qu’il a de nombreux défis, mais que cette chose qui sort dans la presse (de démissionner) ne lui traverse pas l’esprit : ‘Je veux vivre ma mission jusqu’à ce que Dieu me le permette’, a-t-il dit. Et c’est tout »». Mgr Nicoletto a renforcé la pensée de Mgr Roque, en disant qu’il voyait le Pape dans sa propre fragilité, mais «aussi avec une grande force et cela nous apporte une grande force! Parfois, nous avons même honte d’être là à nous plaindre de tant de choses, et de regarder le Pape avec toute cette animation!» Et Mgr Roque de conclure: «Je repars très contemplé par cette étreinte aimante et affectueuse du Pape François avec toute notre région amazonienne.»
La visite ad limina se termine vendredi 24 juin. Tout au long de la semaine, la délégation d’Amazonie visite les dicastères, les conseils et les commissions du Vatican, en plus de la célébration de l’Eucharistie dans les quatre basiliques majeures de Rome: Saint-Pierre, Saint-Jean de Latran, Sainte-Marie-Majeure et Saint-Paul-hors-les-Murs.