Cardinal Parolin aux juristes catholiques: protéger les «nouveaux faibles»
Le discours du Secrétaire d’État du Saint-Siège a inauguré le 70ème Congrès italien d’études de l’Union des juristes catholiques, sur le thème «Les derniers: la protection juridique des sujets faibles». Vendredi 10 décembre, les participants à ce congrès seront reçus par le Pape au Vatican.
Alessandro Di Bussolo – Cité du Vatican
Les sujets les plus faibles, les nouveaux «derniers» pour lesquels la loi doit garantir une protection juridique, sont aujourd’hui les nouveaux orphelins, les enfants «appelés à la vie en dehors d’une relation naturelle et stable entre un homme et une femme», ou qui «se retrouvent dans le monde sans parents ou vivent dans la froide réalité d’une éprouvette». Et les nouveaux «étrangers» qui, selon l’Ancien Testament, «ont le droit d’être traités comme des citoyens égaux» sont les migrants. C’est à eux et aux autres «nouveaux faibles» que doit être adressée la protection d’un «droit positif adéquat, inspiré des principes de solidarité».
C’est le cœur du discours articulé que le cardinal-Secrétaire d’État, Pietro Parolin, a prononcé à l’ouverture du 70ème Congrès national d’étude de l’Union des juristes catholiques, intitulé « Les derniers: la protection juridique des sujets faibles », qui se tient à Rome du 9 au 11 décembre, à l’Institut patristique Augustinianum et à l’Université de la Lumsa. Le cardinal Parolin a envoyé un message vidéo car il se trouve actuellement à Coni dans le Piémont italien pour présider les funérailles de Mgr Aldo Giordano, nonce apostolique auprès de l’Union européenne et ami personnel du cardinal.
Le vrai pouvoir est le service aux plus petits
Dans son message, le Secrétaire d’État invite les membres de l’Union des juristes catholiques à adopter la perspective suivante: «Que le vrai pouvoir est le service, le service de tous, surtout des plus petits, auxquels sont appelés, certes, les législateurs et les administrateurs publics, mais auxquels vous êtes également appelés, universitaires et juristes, dans la mesure où l’acquisition de vos recherches et de vos réflexions peut aider les premiers à mieux exercer leurs fonctions.»
Une Église proche des oubliés
Le service très spécial, auquel «vous êtes appelés en tant que juristes catholiques», a estimé le cardinal Parolin, est celui d’une Église toujours plus proche des abandonnés, des oubliés, des imparfaits; je désire une Église heureuse avec le visage d’une mère qui comprend, accompagne et caresse, selon le vœu du Pape François.
« La protection du plus fort a pris la main du législateur »
Partant du principe que le droit est toujours une relation entre les faibles, nous, les êtres humains qui sommes de toute façon incomplets, la réflexion des juristes catholiques doit analyser la justice dans le droit positif, afin de comprendre où «les différentes faiblesses dans les relations ne sont pas garanties de manière égale, où la protection du plus fort dans la relation a pris la main du législateur», a assuré le Secrétaire d’État, regrettant quand le droit est un instrument de force, « ius quia iussum » (« le droit parce qu’il est imposé »).
La protection des faibles dans la Constitution italienne
Mais le titre du congrès, poursuit le cardinal italien, invite à penser aux plus faibles des faibles, qui «par la naissance ou les vicissitudes de la vie» ont «le plus besoin de protection et de promotion». Les racines culturelles fondées sur la civilisation juridique médiévale, qui mettait l’accent sur la «responsabilité envers les plus faibles», ont favorisé la naissance du système dit de « welfare ». En Italie, a souligné le Secrétaire d’État, «le problème des plus petits» d’un point de vue juridique est confié aux «grands principes contenus dans la Charte constitutionnelle» dans les domaines de la famille, de l’éducation, de la santé et du travail.
Solidarité-charité, au-delà de ce qui est légalement dû
Le cardinal Parolin souligne également qu’en introduisant dans les articles le principe de «solidarité-charité», qui «n’est rien d’autre que donner au-delà de ce qui est dû, aller au-delà des prescriptions de la loi», la Constitution italienne présente un trait singulier «dans la mesure où elle semble fixer comme un devoir un comportement qui, allant au-delà de ce qui est légalement dû, dépasse la sphère du droit».
Le dialogue avec les non-croyants
Le thème du congrès de l’Union des juristes catholiques, lit-on dans la présentation, s’inspire de l’intention «d’étudier et d’approfondir, à travers l’analyse de la diversité, la fragilité, en tant qu’attribut, en soi, juridiquement pertinent pour la personne». La conférence elle-même «s’inscrit dans la tradition des juristes catholiques qui ont toujours été ouverts au dialogue entre croyants et non-croyants, laïcs au sens le plus élevé du terme et fidèles au message évangélique, et qui écoutent, comprennent et respectent les opinions des autres».
Vendredi 10 décembre, les participants à ce congrès de juristes catholiques seront reçus en audience par le Pape François dans la Salle des Bénédictions.