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L’Église en Afrique dénonce l’exploitation abusive des ressources minières et naturelles

Le Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM) a organisé un séminaire crucial, du 8 au 10 mars dernier à Accra, au Ghana, portant sur le thème: «Les conflits en Afrique dans le contexte de l’exploitation des ressources naturelles et minières». Cet événement avait pour objectif de «débattre du lien critique entre l’exploitation des ressources naturelles et les conflits sur le continent africain».
Christian Losambe, SJ – Cité du Vatican

Pendant trois jours, environ 40 participants, dont des évêques, des prêtres et des laïcs catholiques, ont engagé des discussions substantielles couvrant un large éventail de sujets pertinents, notamment sur l’exploitation minière et d’autres ressources naturelles en Afrique; les réflexions théologiques; les cadres juridiques et réglementaires; l’engagement de l’Église dans ce domaine; les initiatives de plaidoyer, ainsi que les stratégies pour aborder les défis multifacettes associés à ces situations, en particulier, les conflits et leurs répercussions découlant de l’exploitation des ressources naturelles, a fait savoir le SCEAM, dans un communiqué de presse datant du lundi 11 mars.

«Cessez d’étouffer l’Afrique»
Les participants ont unanimement fait écho du message prophétique délivré par le Saint-Père, lors de son voyage apostolique en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud, du 31 janvier au 5 février 2023. Dans son appel passionné, en effet, le Pape François a ainsi imploré: «Cessez d’étouffer l’Afrique: elle n’est pas une mine à exploiter, ni une terre à dévaliser. Que l’Afrique soit protagoniste de son destin! Que le monde se souvienne des désastres commis au cours des siècles, au détriment des populations locales, et qu’il n’oublie pas ce pays ni ce continent. Que l’Afrique, sourire et espérance du monde, compte davantage: qu’on en parle davantage, qu’elle ait plus de poids et de représentation parmi les nations», a rappelé le Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar.

Le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque métropolitain de Kinshasa et président du SECAM, a souligné non seulement le scénario paradoxal, selon lequel d’importants investissements étrangers dans le pétrole, le gaz, l’exploitation minière et les ressources naturelles, ne bénéficient pas suffisamment aux populations locales du continent; mais aussi «le besoin urgent pour l’Église en Afrique d’adopter une approche pastorale de l’écologie intégrale, et de la conversion écologique inspirée par sa doctrine sociale, notamment en ce qui concerne les industries extractives». De ce fait, il a précisé que l’objectif global est de «veiller à ce que les ressources abondantes de l’Afrique contribuent au développement économique, bénéficient à la majorité de sa population, favorisent la paix et réduisent la pauvreté», un engagement que Mgr Matthew Gyamfi, évêque de Sunyani et président de la Conférence des évêques catholiques du Ghana, a réitéré dans son discours de bienvenue, affirmant «l’importance de la focalisation du séminaire face aux circonstances actuelles sur le continent, et au sein de l’Église».

Renforcer l’éducation sur l’écologie intégrale
Les participants issus de diverses régions d’Afrique et d’ailleurs, ont identifié les principaux défis liés à l’exploitation minière et des ressources naturelles sur le continent. Ils ont également échangé des expériences sur les réponses existantes de l’Église à ces défis, au sein de certaines Conférences épiscopales et régions du monde. Diverses situations à travers le continent ont été examinées, tel qu’on peut le lire dans le communiqué, conduisant à la formulation de propositions concrètes, visant à promouvoir un avenir meilleur pour les croyants de toutes dénominations, les communautés religieuses et la population en général.

Parmi ces propositions, «la promotion de l’établissement d’une Journée continentale de prière et de solidarité en Afrique, pour mettre en lumière des problématiques spécifiques dans chaque pays, et amplifier les voix des marginalisés». De plus, «il est appelé à renforcer l’éducation sur l’écologie intégrale, ainsi qu’à accroître la participation des professionnels du droit et des médias, dans le suivi de l’exploitation des ressources naturelles et les efforts de plaidoyer», explique la note du SCEAM.

L’Église en Afrique appelée à renforcer son engagement
Au terme de leur déclaration, les prélats ont souligné que le dicastère pour le Service du développement humain intégral, participant et partenaire clé de ce séminaire, a exhorté l’Église en Afrique à «renforcer son engagement à résoudre les problèmes qui causent d’immenses souffrances, tels que les conflits et les déplacements forcés de populations».

Le séminaire a été organisé par le SCEAM en collaboration et avec le soutien du dicastère, du Misereor, (une œuvre de l’Église catholique en Allemagne chargée du développement), du Catholic Relief Services (association humanitaire de l’Église catholique aux États-Unis), du Mosaiko Institute for Citizenship, Centre d’Études pour l’Action Sociale (CEPAS), Denis Hurley Peace Institute (DPHI) et Catholic Peacebuilding Network of Notre Dame University.

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