Côte d’Ivoire: l’Église apporte son soutien aux déguerpis des «zones à risque»
A la tête d’une délégation d’institutions caritatives, Mgr Bruno Essoh Yedo, évêque de Bondoukou, président de la commission épiscopale pour la pastorale sociale, s’est rendu, lundi 11 mars 2024, sur les différents sites déguerpis dans les communes de Yopougon et d’Attécoubé, à Abidjan, pour traduire la proximité et la solidarité de l’Église aux familles impactées. Le prélat a appelé à œuvrer au profit du respect de la dignité humaine.
Jacques Ngol, SJ – Cité du Vatican, avec Marcel Ariston Ble – Abidjan
Depuis janvier 2024, le district d’Abidjan a entamé des opérations de déguerpissements. Ces actions visant 176 «zones à risque» dans la capitale économique ivoirienne, ont pour objectif selon les autorités, de résoudre des problèmes spécifiques tels que les risques d’inondation, d’effondrement ou d’éboulement de terrain, à l’approche de la saison des pluies. Elles ont connu un point fort, notamment avec les passages des bulldozers, dans les quartiers de Gesco, la commune de Yopougon et Boribana, Banco 1 et celle d’Attécoubé.
Une situation difficile pour les enfants et femmes enceintes
Des milliers de familles ont été impactées, pour la plupart, livrées à elles-mêmes, plongées dans le désespoir. «Dormir à la belle étoile avec les enfants, sans doute les femmes enceintes, les personnes âgées, les retraités, c’est difficilement supportable», s’est indigné Mgr Bruno Essoh Yedoh, évêque de Bondoukou et président de la commission épiscopale pour la pastorale sociale, qui s’est rendu sur le terrain lundi 11 mars pour soutenir les victimes de ces déguerpissements.
Cette démarche a-t-il déclaré, a pour but «d’exprimer le “yako” (compassion, ndlr) de toute l’Église à ces frères et sœurs victimes des déguerpissements, leur manifester la solidarité, la proximité de l’Église». Réagissant sur la période choisie pour ces opérations d’envergure, le président de la commission épiscopale pour la pastorale sociale a regretté qu’elles se passent en pleine année scolaire, affirmant qu’il aurait été mieux que cela soit fait «à un autre moment, pendant les vacances, permettant aux parents d’avoir la tête calme et pouvoir trouver des alternatives».
Appel à reconstruire leur dignité
Devant une telle situation, Mgr Bruno Yedoh, a appelé l’État «à se souvenir de ces victimes», à ne pas les abandonner mais à aider ces familles vulnérables, qui ont tout perdu, à reconstruire leur dignité. Pour le pasteur, cette action est «une initiative noble de préserver des vies humaines quand il y a des saisons des pluies avec les éboulements, mais ce ne sont pas toutes ces zones qui sont à risque». Il appelle à prendre des initiatives qui tiennent compte «la dignité de la personne humaine».
Pour matérialiser cette proximité de l’Église aux côtés de ces familles impactées par les déguerpissements, le prélat, au nom de la Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire (CECCI) leur a fait don de vivres. Des gestes de miséricorde corporelle salués de vive voix par les bénéficiaires. Notons que pour la circonstance Mgr Bruno Yedoh était en compagnie des responsables de la sous-commission du service du développement humain intégral, du CRS Côte d’Ivoire, de la communauté de Sant’Egido Côte d’Ivoire et des membres du clergé du diocèse de Yopougon.