A la une | Actualités

Deuxième session du Synode, une veillée de pardon pour les péchés de l’Église

Les cardinaux Mario Grech et Jean-Claude Hollerich, avec le père Costa et Mgr Riccardo Battocchio, ont présenté ce lundi 16 septembre les détails et les événements concernant l’assemblée synodale du mois d’octobre prochain. Le programme prévoit une célébration pénitentielle présidée par le Pape avec les témoignages de trois victimes d’abus, de guerre et d’indifférence à l’égard des migrations. Parmi les nouveautés: quatre forums théologico-pastoraux ouverts au public.
Tiziana Campisi et Salvatore Cernuzio – Cité du Vatican

Le Synode est un temps de prière, «pas un congrès», mais «une assemblée ecclésiale qui prie», un temps d’écoute de la Parole de Dieu et de l’Esprit, ainsi qu’une occasion d’implorer le pardon de Dieu pour les péchés de l’Église. C’est ainsi que le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode, a présenté la deuxième session de la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, qui se tiendra à Rome du 2 au 27 octobre, lors d’une conférence de presse ce lundi 16 septembre. Le cardinal a également rappelé que le Pape François, lors de l’ouverture du Chemin synodal le 9 octobre 2021, a souligné que «le protagoniste du Synode est l’Esprit Saint», lors d’une conférence de présentation de cette deuxième session dans la Salle de presse du Saint-Siège.

Retraite spirituelle et veillée pénitentielle
Le cardinal Mario Grech a expliqué que cette deuxième et dernière session du Synode sur la synodalité, comme la première, «sera précédée de deux jours de retraite spirituelle», les 30 septembre et 1er octobre, au Vatican, sous la conduite des méditations du père dominicain Timothy Radcliffe et de Mère Ignazia Angelini, bénédictine. Ces deux religieux animeront ensuite la prière pendant les journées du Synode, avec le père camaldule Matteo Ferrari, prieur général de l’Ordre des camaldules.

Une nouveauté cette année: à l’issue de la retraite, une veillée pénitentielle sera organisée dans la soirée du mardi 1er octobre, dans la basilique Saint-Pierre, présidée par le Pape François. Elle sera organisée par le Secrétariat général du Synode et le diocèse de Rome, en collaboration avec l’Union des Supérieurs Majeurs (USG) et l’Union Internationale des Supérieurs Majeurs (UISG). La célébration pourra être suivie sur les médias du Vatican et est ouverte à tous, en particulier aux jeunes, «parce que c’est à eux que le message de l’Église est confié», et parce que «les jeunes souffrent pour nos péchés et pour les péchés de l’Église», a fait remarquer le rapporteur général de l’assemblée, le cardinal Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg.

La célébration comprendra un temps d’écoute de trois témoignages de personnes ayant souffert d’abus, de la guerre et de l’indifférence face au drame engendrés par les migrations. Il y aura ensuite la confession de certains péchés pour «se reconnaître comme faisant partie de ceux qui, par omission ou par action, deviennent cause de souffrance, responsables du mal subi par les innocents et les sans-défense», a précisé le cardinal Mario Grech. En particulier, seront confessés le péché contre la paix; le péché contre la Création, contre les peuples indigènes, contre les migrants; le péché des abus; le péché contre les femmes, la famille, les jeunes; le péché de la doctrine mal utilisée; le péché contre la pauvreté; le péché contre la synodalité/le manque d’écoute, de communion et de participation de tous. À la fin, le Pape adressera, au nom de tous les fidèles, une demande de pardon à Dieu et aux sœurs et frères de toute l’humanité.

Prière œcuménique
Une prière œcuménique sera ensuite prononcée, avec le Pape François, les délégués fraternels participants et les autres représentants des Églises et communautés ecclésiales présentes à Rome. Elle aura lieu le soir du vendredi 11 octobre, toujours au Vatican, sur la place des Protomartyrs romains, où, selon la tradition, a eu lieu le martyre de Pierre. Cette date permettra de commémorer également l’ouverture, le même jour, il y a 62 ans, du Concile Vatican II.

Enfin, le 21 octobre, une nouvelle journée de retraite spirituelle sera organisée en vue du discernement sur le projet de document final. Il y aura donc «une alternance de moments de prière personnelle, de dialogue et de communion entre nous, de communion fraternelle dans l’écoute et l’amour réciproque, et de communion dans la prière», a souligné le cardinal Mario Grech, qui a également invité les communautés religieuses, en particulier celles de vie contemplative, et tous les fidèles à prier «pour que les membres de l’Assemblée soient dociles à la voix de l’Esprit Saint».

Quatre forums ouverts à tous
Autre nouveauté, quatre forums théologico-pastoraux seront ouverts à tous. Deux se tiendront en même temps, le 9 octobre à 18 heures, sur le thème «Le peuple de Dieu, sujet de la mission», dans la salle de la Curie jésuite, et sur «Le rôle et l’autorité de l’évêque dans une Église synodale», à l’Augustinianum. Les deux autres se tiendront à 18 heures, le 16 octobre, sur «Les relations mutuelles entre l’Église locale et l’Église universelle», dans l’Aula de la curie des Jésuites, et sur «L’exercice de la primauté et le Synode des Évêques» à l’Augustinianum.

Chaque forum abordera le thème choisi d’un point de vue ecclésiologique, en rapport avec le contenu de l’Instrumentum laboris, a précisé Mgr Riccardo Battocchio, secrétaire spécial de la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, et comprendra la participation de théologiens, canonistes, évêques, personnes également impliquées dans les assemblées d’évêques, avec lesquels il sera possible de dialoguer. Les forums seront également disponibles en ligne sur demande. «L’assemblée s’ouvre au monde extérieur en sachant que les thèmes abordés intéressent également ceux qui veulent s’informer, non seulement sur la dynamique et le déroulement de la session, mais aussi sur le contenu de la session», a déclaré Mgr Riccardo Battocchio.

Les chiffres du Synode
Le cardinal Jean-Claude Hollerich a communiqué les chiffres de la deuxième session du Synode. Il a déclaré que la liste des participants «ne présente pas de grands changements» par rapport à celle de la première session. Au total, les membres, c’est-à-dire ceux qui ont le droit de vote, «sont au nombre de 368, dont 272 sont investis du’une charge épiscopale et 96 ne sont pas évêques». Il y a eu 26 changements, principalement des remplacements.

Les invités spéciaux sont au nombre de huit et les délégués fraternels, une autre nouveauté, sont passés de douzeà seize: «le Pape François nous a permis d’augmenter leur nombre étant donné le grand intérêt que les Églises sœurs ont manifesté dans ce parcours synodal», a ajouté le cardinal Mario Grech. Il a ensuite confirmé la présence de deux évêques chinois, comme l’année dernière: «la Secrétairerie d’État nous a communiqué les noms, nous n’avons pas d’autres informations». En revanche, en ce qui concerne la substitution des noms de certains participants, il a expliqué que le changement s’est fait à la demande des participants eux-mêmes: «Certains pour des raisons de santé, d’autres ont décidé de ne pas revenir, en aucun cas le Pape n’a exclu qui que ce soit».

Une méthode spécifique
Le père Giacomo Costa, secrétaire spécial de la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, est en revanche entré dans le vif du sujet, en précisant que la deuxième session devra «indiquer les pas à faire» sur les thèmes proposés par l’Instrumentum laboris, en tenant compte du «caractère concret» et de la «variété des contextes locaux», ainsi que de la «richesse des expériences synodales déjà en cours». L’Assemblée synodale travaillera sur la base de «cinq modules, chacun d’entre eux ayant des sessions alternées en Assemblée plénière (appelées Congrégations générales) et en groupes de travail (Circuli minores)». Les quatre premiers modules auront chacun «un axe thématique spécifique, consistant en une section de l’Instrumentum laboris». Trente-six groupes de travail seront répartis en cinq tables linguistiques; leur travail, comme lors de la session de 2023, «sera structuré selon la méthode de la conversation dans l’Esprit», avec un expert facilitateur qui aidera «la conversation d’un point de vue méthodologique sans entrer dans les contenus». Chaque table linguistique préparera un bref résumé qui sera présenté à la prochaine Congrégation générale.

Communication
En liaison vidéo, Sheila Pires, secrétaire de la Commission de l’information, a énuméré quelques événements du calendrier. «En ce qui concerne la communication, la deuxième session aura un rythme différent de la première: moins de plénières, plus de pauses pour la réflexion, la prière et le discernement», a-t-elle souligné. Pour sa part, Paolo Ruffini, préfet du dicastère pour la Communication a rappelé que, selon l’article 24 du règlement du Synode, «chacun des participants est tenu à la confidentialité», afin de «protéger le libre discernement de tous et de chacun» et de «faire une pause dans le brouhaha dans lequel nous sommes tous plongés et d’éviter le stéréotype du va-et-vient». Il s’agit d’une méthode qui, selon Paolo Ruffini, rappelant les paroles du Pape l’année dernière, «peut aider le monde, et pas seulement l’Église, sur tant de fronts et sur tant de questions», telles que les guerres. La méthode consiste à s’arrêter, à s’écouter et à se comprendre.

Les péchés qui suscitent la honte
Les intervenants à la conférence de présentation ont ensuite été interrogés sur la veillée pénitentielle au cours de laquelle les «péchés qui suscitent la douleur et la honte» seront appelés par leur nom, aux côtés des abus sur les critiques de la synodalité. «Comment deux choses pareilles peuvent-elles aller de pair?» a demandé un journaliste. «Quand je me confesse, a répondu le cardinal Jean-Claude Hollerich, j’ai beaucoup de péchés différents: certains plus graves, d’autres moins. Mais c’est ma réalité qui est en jeu…. Il en va de même pour notre acte pénitentiel: il y a des choses différentes, mais c’est la même Église qui a fait l’expérience de ces déficits et qui fait souffrir les gens».

Interaction avec les groupes d’étude
Plusieurs questions ont également été posées sur l’interaction entre les dix groupes d’étude, mis en place par le Pape en mars dernier pour approfondir dix thèmes, et l’Assemblée synodale. Les thèmes analysés par les dix groupes seront-ils alors exclus des discussions dans la salle de l’assemblée? «Ils ne sont pas mis de côté», a répondu le cardinal Mario Grech. Les groupes communiqueront «ce qu’ils font, leur plan d’action, comment ils ont l’intention d’approfondir ces thèmes. Ensuite, les résultats seront remis au Pape». Mais alors, par exemple, a demandé un autre journaliste, l’accès des femmes au ministère ordonné ou les questions morales, des sujets qui ne sont pas inclus dans l’Instrumentum laboris, entreront-ils ou non dans ce Synode? «L’assemblée a déjà été écoutée, des demandes ont été faites et le Pape a dit: ces dix sujets, je les prends et je les confie à des personnes qui peuvent m’aider à proposer quelque chose à l’Église», a répondu le même cardinal. L’objectif du Synode, a-t-il rappelé, «est de savoir comment être une Église synodale en mission. Le but n’est pas de se mettre à l’écart mais d’aider l’Église à faire un pas en avant».

Les fruits du chemin synodal
Enfin, lorsqu’on lui a demandé «comment il voulait qu’on se souvienne de lui pendant ce Synode», le cardinal Jean-Claude Hollerich a répondu qu’il voulait qu’on se souvienne de lui comme d’un «serviteur du Synode» et qu’il voulait mettre de côté ses opinions et ses convictions pour ne répondre qu’à la mission du Pape. Pour le cardinal Mario Grech, en revanche, il n’est pas nécessaire d’attendre encore de nombreuses années: les fruits peuvent déjà être appréciés aujourd’hui. «Ce matin, nous avons eu la visite ad limina des évêques de Corée, et écouter les évêques parler de la façon dont les communautés s’efforcent de devenir des communautés synodales est une raison de remercier le Seigneur et me donne la force d’aller de l’avant», a-t-il assuré. Le récent voyage du Pape en Asie du Sud-Est et en Océanie, a ajouté le préfet Paolo Ruffini, a également montré «comment l’Église synodale est vivante dans des lieux aussi éloignés».

A lire également