Dix femmes bâtisseuses de l’Église, exemples de dialogue et de dignité
Les 7 et 8 mars prochains, l’Université pontificale de la Sainte-Croix de Rome accueillera un colloque interuniversitaire portant sur des saintes, des figures féminines «créatrices d’humanité», dont les témoignages éclairent sur le sens de la vie et le rapport de l’homme avec le monde. Cette rencontre est le fruit d’un réseau tissé entre plusieurs institutions académiques.
Antonella Palermo – Cité du Vatican
Un atelier culturel pour réfléchir sur le parcours de dix femmes extraordinaires, tel est l’objectif du colloque interuniversitaire: « Les femmes dans l’Église: créatrices d’humanité », prévu les 7 et 8 mars à l’Université pontificale de la Sainte-Croix, et présenté mercredi 28 février à l’Institut patristique Augustinianum de Rome. Religieuses, missionnaires, mais aussi laïques, mariées et mères, ces femmes, venant de différents continents, ont semé la Parole de Dieu en vivant pleinement leur foi, dans un monde souvent hostile et dans des conditions parfois inhumaines.
Dix saintes femmes
Ce rendez-vous est le fruit du réseau tissé entre plusieurs institutions académiques, notamment l’Université catholique d’Ávila (UCAV), l’Université pontificale Urbanienne, l’Université pontificale de la Sainte-Croix, l’Institut d’études avancées sur les femmes de l’Athénée pontifical Regina Apostolorum, et la Faculté pontificale de théologie Teresianum de Rome. L’initiative biennale, pour 2024, a prévu de réfléchir sur dix saintes, dont les témoignages seront relatés par autant d’intervenants et contextualisés dans cinq domaines: dignité, dialogue et paix, charité de l’éducation, charité de la prière, cœur compatissant, fécondité du don.
Ces saintes sont entre autres: la sainte Joséphine Bakhita («chanceuse»), une Soudanaise vendue comme esclave et maltraitée, devenue patronne de l’Afrique; mais aussi la vénérable Magdeleine de Jésus, fondatrice de la Fraternité des Petites Sœurs de Jésus, d’abord consacrée aux seuls peuples musulmans, vivant avec les nomades du Sahara algérien, puis ouverte au monde entier. Il y a également sainte Elizabeth Ann Seton, promotrice de nombreuses initiatives caritatives en faveur des pauvres, en particulier des veuves avec de jeunes enfants, première Américaine canonisée, tout comme Sainte Mary Mackillop fut la première en Australie, fondatrice de la congrégation des Sœurs de Saint-Joseph du Sacré-Cœur de Jésus.
Sans oublier sainte Catherine de Sienne, née Maria Laura Montoya y Upeguí, d’origine colombienne; sainte Catherine Tekakwitha, la première native d’Amérique du Nord à être proclamée sainte; sainte Teresa de Calcutta, l’une des figures les plus connues au monde, servante des pauvres; puis Rafqa Ar-Rayès, religieuse libanaise appartenant à l’Ordre Antonien Maronite. Enfin, la bienheureuse Maria Beltrame Quattrocchi, épouse de Luigi, et la servante de Dieu Daphrose Mukansanga, rwandaise de la Communauté de l’Emmanuel, tuée en 1994 avec six de ses dix enfants, dans une famille authentiquement chrétienne qui a subi de plein fouet les tensions tribales et la déportation.
La femme à la lumière d’une double anthropologie
La conférence ne se contentera pas de recueillir des réflexions théoriques mais, via le dialogue, elle abordera leur vie pour comprendre comment elles peuvent inspirer la sainteté dans la vie quotidienne. La sous-secrétaire du dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, Gabriella Gambino, espère que la conférence conduise à une compréhension plus profonde, dans une perspective ecclésiologique, de la façon de faire place à l’originalité féminine pour enrichir l’Église. Ce sont ces femmes qui sont «les interprètes d’une herméneutique évangélique avec laquelle nous pouvons mieux comprendre la vie, le monde, les hommes, grâce au don d’une atmosphère spirituelle qu’elles ont su créer». Comment susciter l’intérêt des hommes dans ce sens? C’est le défi que s’est lancé le professeur Cristina Reyes, vice-rectrice académique de l’Université pontificale de la Sainte-Croix. Il ne s’agit pas d’opposer les genres ou de s’adresser uniquement à l’univers féminin.
Répondant aux médias du Vatican, Gabriella Gambino a expliqué qu’aujourd’hui parler de la question de la femme comme s’il s’agissait d’une sphère séparée, est quelque chose qui n’est pas pleinement compris. Il est important, a-t-elle fait observer, d’aborder le thème de la vocation féminine dans l’Église, en relation avec la vocation masculine. La double anthropologie, dont Edith Stein et saint Jean-Paul II ont parlé, est aujourd’hui fondamentale pour créer un dialogue efficace et efficient à l’intérieur et à l’extérieur de l’Église. Il doit y avoir une «réciprocité entre l’homme et la femme et une complémentarité nécessaire pour que, dans l’Église, toutes les vocations puissent s’exprimer selon leurs dons et leurs charismes, tels qu’ils ont été distribués par Dieu». Le professeur Lorella Congiunti, de l’Université pontificale urbanienne, a pour sa part souligné la nécessité de dépasser toute forme de quota: «L’homme et la femme réalisent ensemble pleinement l’humain et l’imago dei au niveau surnaturel», a-t-elle déclaré.
Ni oppositions, ni revendications
Lorella Congiunti suggère par exemple d’être «plus audacieux» dans la voie de l’attribution de rôles de premier plan dans les sphères académiques, comme le rectorat, à des femmes laïques. Mais «beaucoup a été fait», a-t-elle poursuivi en expliquant qu’à cet égard, «il n’y a pas d’interdictions statutaires ou de préjugés. Parfois, comme dans le cas de l’Urbaniana, il s’agit aussi de prendre en compte la diversité culturelle des étudiants, pour évaluer l’opportunité de choisir des hommes ou des femmes pour diriger des universités». Maria del Rosario Saez Yuguero, rectrice de l’université d’Ávila, a été impliquée dans le sujet, et elle a brièvement exprimé la beauté d’occuper un tel rôle, en pleine collaboration avec ses collègues masculins. Lors du congrès de 2022, a-t-elle rappelé, trois établissements d’enseignement ont soutenus les filles au Liban, des établissements de rite latin, grec-melkite et maronite. Cette année, le soutien est destiné aux enfants et aux familles d’Alep, en Syrie. Une manière par laquelle le comité scientifique, entend unir la foi et les œuvres, en suivant le témoignage des femmes évoquées lors des conférences.