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François: les migrants sont une bénédiction pour les Églises en Europe

Le Pape s’est exprimé ce 11 novembre devant environ 200 participants au congrès de la fondation Migrantes de la Conférence épiscopale italienne, portant sur le thème « Les Italiens en Europe et la mission chrétienne ». Il a développé trois réflexions concernant l’influence des émigrés en Europe et dans l’Église du Vieux continent, invitant celui-ci à «revitaliser (…) sa vocation de solidarité».
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

Dans sa première remarque adressée ce jeudi matin à la fondation Migrantes, organisme chargé des questions migratoires au sein de la Conférence épiscopale italienne, le Pape a une nouvelle fois exhorté au respect et à la confiance envers les migrants, en partant de l’expérience vécue par des millions d’Italiens qui ont émigré en quête d’une vie meilleure.
Un regard inclusif
«Nous voyons souvent les migrants seulement comme des « autres » que nous, des étrangers. En réalité, a précisé le Saint-Père, en lisant les données sur le phénomène, nous découvrons que les migrants sont une partie importante de « nous », ainsi que, dans le cas des émigrés italiens, des personnes qui nous sont proches : nos familles, nos jeunes étudiants, diplômés, chômeurs, nos entrepreneurs». Le “nous“ est indispensable «pour lire la mobilité».
François, lui-même fils d’immigrés italiens originaires du Piémont et de Ligurie, a reconnu une réalité «dont je me sens particulièrement proche, car ma famille aussi a émigré en Argentine».
Halte aux préjugés
La deuxième réflexion concernait l’Europe. «La lecture de l’émigration italienne vers le continent européen doit nous rendre de plus en plus conscients que l’Europe est une maison commune», a expliqué l’évêque de Rome. Les millions d’émigrants italiens et d’autres pays «renouvellent le visage des villes, le visage des pays», formant «une belle mosaïque, qui ne doit pas être entachée ou corrompue par des préjugés ou une haine voilés de respectabilité», a-t-il mis en garde. Le Souverain Pontife a appelé l’Europe «à revitaliser dans le monde d’aujourd’hui sa vocation de solidarité dans la subsidiarité».
Un héritage spirituel précieux
François est revenu dans un troisième temps sur le témoignage de foi des communautés d’émigrés italiens dans les pays européens. «Grâce à leur religiosité populaire profondément enracinée, ils ont communiqué la joie de l’Évangile, ils ont rendu visible la beauté d’être des communautés ouvertes et accueillantes, ils ont partagé les chemins des communautés chrétiennes locales», a-t-il décrit.
Le Saint-Père a loué ce «style de communion et de mission», espérant «qu’il façonnera également leur avenir». Il a ensuite invité à prendre soin de cet héritage spirituel laissé par les aînés, «en trouvant des moyens de revitaliser la proclamation et le témoignage de la foi». Un défi qui «dépend beaucoup du dialogue entre les générations», a observé le Pape, particulièrement «entre les grands-parents et leurs petits-enfants». Il a également souligné l’importance des racines, dans lesquelles puiser «une sève de valeurs humaines et spirituelles».

«Si nous ne parvenons pas à l’intégration, il peut y avoir des problèmes, et graves», a ajouté François.

Le Souverain Pontife a poursuivi sa réflexion en affirmant que «les émigrés sont également une bénédiction pour et dans nos Églises en Europe». Pour plusieurs raisons:

“«S’ils sont intégrés, ils peuvent aider à respirer l’air d’une diversité qui régénère l’unité ; ils peuvent nourrir le visage de la catholicité ; ils peuvent témoigner de l’apostolicité de l’Église ; ils peuvent générer des histoires de sainteté».”

Le Pape a notamment cité l’exemple de sainte Francesca Saverio Cabrini, religieuse lombarde émigrée parmi les émigrés, fondatrice des sœurs missionnaires du Sacré-Cœur, première sainte citoyenne des États-Unis d’Amérique.
Un soutien à l’œcuménisme
Il a aussi fait remarquer que «les migrations ont accompagné et peuvent soutenir, par la rencontre, la relation et l’amitié, le parcours œcuménique dans les différents pays européens» où se trouvent des communautés réformées ou orthodoxes.
Ainsi, les personnes migrantes sont «une ressource importante pour le renouvellement et la mission des Églises en Europe», a insisté François, saluant le fait que le parcours synodal ouvert en Italie en tienne compte.
Le Saint-Père a enfin encouragé les membres de la fondation Migrantes à poursuivre leur engagement en faveur de «l’avenir de nos communautés, afin qu’elles soient toujours plus enracinées dans l’Évangile, fraternelles et accueillantes», et pour que «le désir missionnaire» devienne «levain de nouvelle évangélisation en Europe».

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