La pauvreté continue de se creuser en Italie selon la Caritas
Dans son rapport statistique annuel, l’organisation catholique pointe des situations de précarité «chroniques» de plus en en plus fréquentes dans la péninsule. La pauvreté croissante des familles avec des enfants en bas âge ou des personnes âgées est aussi un sujet d’inquiétude.
Olivier Bonnel – Cité du Vatican
Le rapport annuel 2024 de la Caritas a été présenté ce mercredi 19 juin au siège de la Conférence épiscopale italienne (CEI). Suivant les tendances des années précédentes il révèle avant tout un numéro croissant de personnes assistées par les nombreuses Caritas diocésaines présentes dans la péninsule. Le rapport en recense près de 270 000, un chiffre plus important si l’on élargit à leurs familles. Un «noyau dur» de la pauvreté semble subsiter dans le pays relève l’organisation catholique. Cela représente une hausse de 5,4% par rapport à 2022.
Selon le rapport, les personnes qui s’adressent à la Caritas sont avant tout des femmes (51,5 %) et l’âge moyen des demandeurs est de 47,2 ans (46 ans en 2022). La proportion d’étrangers chute à 57,0 % (contre 59,6 %). En revanche, la proportion de personnes ayant des enfants est élevée: deux personnes sur trois (66,2 %) déclarent être parents. Plus de deux tiers des personnes en situation de pauvreté, selon les données des Centres d’écoute Caritas consultés, ont un niveau d’éducation faible ou très faible (67,3%), une condition qui se combine avec une fragilité chronique en matière d’emploi, en termes de chômage (48,1%) et de travail précaire (23%).
Une «profonde crise d’espérance»
A travers les demandes d’aide, la Caritas italienne dresse un panorama des difficultés économiques des familles avec des enfants en bas âge et note une augmentation de la pauvreté chez les personnes âgées, y compris les immigrés, qui recherchent de plus en plus l’aide d’organisations ainsi que l’augmentation de la pauvreté chez les jeunes. Caritas s’inquiète également de «la marginalisation extrême des adultes sans abri» et déplore des conditions qui révèlent «une profonde crise d’espérance».
La pauvreté en Italie atteint aujourd’hui un niveau record et «doit être comprise comme un phénomène structurel du pays, et non plus comme une urgence» relève l’association catholique qui se base en particulier sur les récentes données de l’Institut national des statistiques (Istat) dans son dernier rapport publié le 15 mai dernier. Selon ces données, 9,8 % de la population italienne vit dans une situation de pauvreté absolue.
Le rapport relève aussi le caractère «multidimensionel» de la pauvreté qui ne fait que croître: ainsi les personnes en besoin d’aide doivent souvent faire face à des problèmes de logement, de travail ou d’accès à la santé combinés. Plus de 55% des personnes qui frappent à la porte de l’association sont affectées par plusieurs facteurs de pauvreté relève la Caritas. «Face à ces scénarios, l’Église continue de rêver et d’affirmer un humanisme authentique, selon lequel chaque être humain peut se réaliser pleinement, en vivant dans un monde plus juste et plus digne» souligne le directeur de Caritas Italie Don Marco Pagniello.