La Sagrada Familia, «porte qui s’ouvre sur Dieu et donc sur l’espérance»
Chef-d’œuvre de l’architecte catalan Antonio Gaudì, la basilique mineure de Barcelone est «un signe d’espérance pour l’Église», explique le recteur Josep Maria Turull, «parce qu’elle ouvre les cœurs, même les plus fermés, en créant une fissure où l’Esprit peut entrer». Une réalité qui devient un fort présage pour l’Année Sainte qui vient de commencer.
Benedetta Capelli – Cité du Vatican
Contemplation et admiration pour «ce lieu saint d’une beauté enchanteresse, avec tant d’histoire de foi». Le 7 novembre 2010, le Pape Benoît XVI a exprimé dans son homélie pour la dédicace de la Sagrada Familia l’émerveillement que l’on ressent en franchissant le seuil de la «Bible en pierre», comme elle est parfois nommée.
Lancée en 1882, la construction de l’église a été confiée à l’architecte catholique Antoni Gaudí en 1883. Décédé en 1926, la construction de la basilique de Barcelone s’est poursuivie tout au long du XXe siècle.
Un mélange entre la réalité du monde et l’histoire du salut
Union de l’art et de la liturgie, l’œuvre d’Antonio Gaudí, a été définie par le cardinal Lluís Martínez Sistach, aujourd’hui archevêque émérite de Barcelone, comme «une cartographie du sacré, une grande carte ouverte où le monde peut lire les grandes questions de la vie, de l’origine et de la fin, du ciel et de la terre».
Visitée par plus de quatre millions de personnes chaque année, la Sagrada Familia est, en cette année jubilaire, l’un des huit lieux sacrés de Barcelone où l’on peut recevoir l’indulgence, avec la basilique Notre-Dame de Mercè, la basilique du Sacré-Cœur du Tibidabo, la basilique de Santa Maria de Mataró, l’église paroissiale de Santa María de Cornellà, le sanctuaire de Saint-Joseph de la Montagne, dans le quartier du Salut à Barcelone, et l’église du Cottolengo du père Alegre.
Ces deux derniers lieux sont extrêmement symboliques: la Congrégation des mères des abandonnés et de saint Joseph de la Montagne, poursuit le recteur de la Sagrada Familia, s’occupe d’enfants orphelins ou en difficulté. Dans le second, les Servantes de Jésus du Cottolengo du Père Alegre s’occupent de personnes souffrant de handicaps physiques et mentaux. Ce sont des exemples d’espoir.
Le chemin de la beauté
En ouvrant l’année jubilaire le 29 décembre, le cardinal Juan José Omella, archevêque de Barcelone, a exprimé le souhait que cette année soit une année de croissance dans l’espérance. «L’espérance, a-t-il dit, ne déçoit pas et s’enracine dans l’amour du Christ qui nous a tant aimés qu’il s’est fait l’un de nous pour nous sauver». Une espérance que l’on respire en regardant les tours de la Sagrada Familia dressées vers le ciel, les trois retables placés à l’extérieur qui sont une invitation à l’interrogation et à la recherche.
«Je pense que la Sagrada Familia, ajoute Don Turull, est avant tout une porte qui s’ouvre sur Dieu et donc sur l’espérance. Quand on entre, on reste bouche bée, admiratif, c’est un chef-d’œuvre de la via pulchritudinis, la voie de la beauté, qui ouvre à la foi ». Mais c’est un étonnement qui conduit à bien plus. «Il ne s’agit pas seulement de rester bouche bée, mais d’ouvrir le cœur à la beauté. Nous avons tant de témoignages de personnes athées, loin de Dieu, qui, en entrant, se laissent transpercer par l’Esprit». C’est pourquoi, ajoute-t-il, «je pense que la Sagrada Familia est un signe d’espoir pour l’Église parce qu’elle parvient à ouvrir les cœurs».
Gaudi, prophète de l’espérance
2026 sera l’année du centenaire de la mort d’Antonio Gaudí, dont le processus de béatification est en cours. Pour cette date, on attend la fin des travaux d’une partie de la chapelle de l’Assomption et, surtout, de la Tour de Jésus, qui deviendra l’édifice religieux le plus haut du monde avec ses 172,5 mètres, et au sommet de laquelle se trouvera la croix à quatre bras, typique de Gaudí. «La taille de la tour, explique le recteur de la Sagrada Familia, ne dépasse pas celle de la colline de Montjuic, car dans l’idée de Gaudí, l’œuvre de l’homme ne doit pas dépasser l’œuvre de Dieu».
«Je pense que Gaudì serait heureux de voir les pèlerins d’espérance franchir le seuil de la basilique, car je pense que c’est pour cela qu’il a construit la Sagrada Familia, en la rendant si spéciale et différente des autres églises. Il était comme un prophète, les prophètes, surtout dans l’Ancien Testament, apportent l’espérance à leur peuple et je pense que Gaudi, sur le plan architectural mais pas seulement, est devenu un prophète de l’espérance», a estimé le recteur de la basilique.
«Je remercie vivement le Pape François d’avoir voulu dédier ce Jubilé à l’espérance, car il y a tant de raisons de désespérer. Le Jubilé est ainsi comme un rayon de lumière, l’espérance ne désespère pas, et comme l’a écrit le poète français Charles Péguy, c’est la plus petite des vertus théologales, mais c’est celle qui nous fait avancer. J’espère», conclut le père Josep Maria Turull, «que le Jubilé nous aidera à avancer dans la foi, car notre monde en a grand besoin».