Le COE lance un appel à la paix en Éthiopie et en Terre Sainte
Réuni depuis le 12 novembre à Bossey, en Suisse, le Comité exécutif du Conseil œcuménique des Églises (COE), a clos ses travaux mercredi tout en publiant deux déclarations sur des questions d’actualité.
Tiziana Campisi – Cité du Vatican
Dans deux déclarations différentes publiées mercredi, les membres du Conseil œcuménique des Églises expriment leur solidarité avec le peuple éthiopien, qui fait face à une grave crise, s’associant aux prières des Églises locales et soulignant les obstacles qui empêchent une coexistence pacifique entre Israéliens et Palestiniens en Terre Sainte.
L’appel pour l’Éthiopie
En ce qui concerne l’Éthiopie, le COE se déclare préoccupé par l’exploitation politique des différences ethniques et la menace qu’elle fait peser sur le tissu social et la sécurité de la nation, et exhorte les parties en conflit à prendre en compte les souffrances vécues par la population ces dernières années, en appelant au dialogue et à la coopération. À Addis-Abeba, des milliers de Tigréens ont été arrêtés pour avoir aidé le Front populaire de libération du Tigré (FPLT), souvent sur la base de plaintes arbitraires. Tout a commencé l’année dernière, lorsque le parti au pouvoir dans la région du Tigré s’est opposé au report des élections prévues pour le 29 août et a procédé à l’organisation d’une élection pour le renouvellement des institutions régionales. Depuis, les relations entre le gouvernement fédéral et le gouvernement régional du Tigré se sont dégradées et le Premier ministre Abiy Ahmed a ordonné une offensive militaire le 4 novembre en réponse aux attaques des Tigréens contre les unités de l’armée stationnées dans la région. Le résultat est un conflit qui a généré une crise humanitaire majeure et une vague de réfugiés vers le Soudan.
Soutien aux initiatives de paix
«Toutes les parties doivent se souvenir de leurs responsabilités, morales et légales, concernant la sécurité de la population, dont elles seront tenues responsables», peut-on lire dans la déclaration du COE, qui appelle à un cessez-le-feu immédiat, à la fin des affrontements armés, au respect des droits de l’homme et à l’accès de l’aide humanitaire aux zones les plus touchées. L’organisme œcuménique plaide ensuite en faveur du processus de paix que tente de mettre en place la communauté internationale par l’intermédiaire du haut représentant de l’Union africaine pour la Corne de l’Afrique, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo. «La violence et la division ont causé des blessures profondes dans la nation éthiopienne. Un processus tout aussi profond de dialogue national et de réconciliation sera nécessaire», a ajouté l’organisme œcuménique, soulignant que les Églises et les communautés religieuses d’Éthiopie doivent jouer un rôle de premier plan et reconnaître ce qui a déjà été fait et les efforts déployés pour fournir un abri aux personnes déplacées à l’intérieur du pays et une aide aux victimes du conflit. Enfin, le Comité exécutif du COE encourage toutes les Églises du monde à la communion œcuménique avec les Églises d’Éthiopie, afin qu’elles puissent élever leur voix prophétique pour un dialogue inclusif, pour la paix, la justice et l’unité.
L’appel pour la Terre Sainte
Le Conseil œcuménique des Églises est également profondément préoccupé par les récents événements en Palestine et en Israël, qui reflètent «une aggravation de la situation» dans la recherche d’une paix juste entre les peuples de Terre Sainte, et par les conséquences socio-économiques causées par la pandémie de Covid-19. L’organisme œcuménique rappelle l’inquiétude des chefs d’Églises et des responsables religieux de Terre Sainte concernant les colonies et les activités des colons israéliens soutenues par les autorités dans la vieille ville de Jérusalem, les changements dans le Statu quo, les menaces pour l’identité pluriireligieuse, les expulsions de Palestiniens de leurs maisons et les restrictions des activités culturelles palestiniennes.
Actes discriminatoires à l’encontre des Palestiniens
Le COE critique également le ministre israélien de la défense, Benny Gantz, pour avoir qualifié de groupes terroristes six organisations non gouvernementales palestiniennes engagées dans la défense des droits de l’homme, en raison de leurs liens présumés avec le Front populaire de libération de la Palestine, et considère cette décision comme une attaque contre le mouvement palestinien des droits de l’homme. Il souligne ensuite que les autorités israéliennes poursuivent leurs projets de construction de plus de trois mille nouveaux logements dans les colonies juives de Cisjordanie occupée. Selon le Conseil œcuménique des Églises, cette expansion est contraire au droit international et à la quatrième convention de Genève. Il y a aussi les quelque 300 Palestiniens qui risquent d’être expulsés de force de leurs maisons dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est – où ils vivent depuis 1956 en vertu d’un accord entre l’UNRWA) et le Royaume hachémite de Jordanie – et les actes de vandalisme commis par des colons israéliens qui ont endommagé la récolte d’olives de nombreuses familles palestiniennes. À ce jour, rapporte encore le COE, 28 incidents ont été enregistrés au cours de cette saison de récolte, 1415 arbres ont été endommagés et des centaines de kilogrammes d’olives ont été volés.
Prier et agir pour une coexistence pacifique
L’organisme œcuménique conclut sa déclaration en encourageant les pèlerinages en Terre Sainte, afin de soutenir l’économie palestinienne, affirme qu’une paix juste et durable ne peut être construite avec la violence et l’injustice et exhorte tous les chrétiens et les personnes de bonne volonté à prier et à agir pour maintenir vivant l’espérance de paix, de justice, de dignité et de reconnaissance des droits, tant pour les Palestiniens que pour les Israéliens, et pour une solution pacifique à la situation conformément au droit international.