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Le Concile Vatican II a ouvert la porte à l’enracinement de la foi dans la culture africaine

Le père Bénézet Bujo est prêtre du diocèse de Bunia, dans l’est de la République démocratique du Congo et, professeur émérite de théologie à l’Université de Fribourg en Suisse. Il a publié récemment deux ouvrages: «Une approche africaine pour comprendre la grâce» et «Quelle Église pour un christianisme authentiquement africain». Dans un entretien accordé à Radio Vatican – Vatican News, il fait le point sur le lien entre ces deux livres et l’ouverture du Concile Vatican II.
Marie José Muando Buabualo – Cité du Vatican

Dans l’historique de ces deux ouvrages, indique Bénézet Bujo, le lien avec le 60e anniversaire du Concile Vatican II vient en première place. L’enseignement du Concile Vatican II a permis l’ouverture du christianisme à toutes les cultures. Dans l’après Concile et, pour ce qui concerne le continent africain, le père Bujo mentionne la déclaration faite par le Pape Paul VI à Kampala, en Ouganda, en 1969: «Vous, Africains, vous êtes désormais vos propres missionnaires» affirmait le Pape Montini dans son homélie lors de la célébration eucharistique en conclusion du Symposium des évêques d’Afrique. Le troisième moment qu’il mentionne, c’est le synode sur l’Afrique, en 1994, au cours duquel les pères synodaux qualifient l’Eglise en Afrique comme «Famille de Dieu». Une déclaration confirmée par le Pape Jean Paul II dans son exhortation post-synodale Ecclesia in Africa.

Réflexion sur la théologie africaine avant la tenue du Concile Vatican II

Remontant dans le passé, le professeur Bénézet Bujo revient sur l’importance du Concile Vatican II et la manière dont il offre une place à toutes les cultures d’annoncer, à leur manière, la Bonne Nouvelle de Jésus Christ. Il cite le théologien allemand, le jésuite Karl Rahner qui, dans ses écrits, souligne combien le Concile Vatican II a permis au christianisme de s’ouvrir à d’autres cultures et, a été également un moment important pour l’enracinement de la culture africaine. Le Concile Vatican II a été l’occasion de surmonter les deux premières étapes: de la culture judéo-chrétienne de l’Eglise primitive, à la rencontre avec la culture grecque jusqu’au Concile Vatican II. C’est cette culture gréco-judéo-chrétienne qui, selon Bénézet Bujo, a accompagné la théologie de l’Eglise jusqu’au Concile Vatican II.

Des réflexions se faisaient déjà sur la problématique d’un christianisme authentiquement africain, comme le montre l’ouvrage collectif Les pretres noirs s’interrogent, publié en 1956. Ces réflexions ont pu trouver les clés de réponse dans l’exhortation du Pape Paul VI à Kampala, qui a donné plus de courage aux théologiens africains d’enraciner le christianisme dans leur culture. Une façon africaine de vivre la foi faisait déjà également son chemin dans d’autres disciplines. Le père Bujo cite les études philosophiques du père franciscain Placide Tempels sur la philosophie bantoue, qui a également ouvert la porte à une réflexion théologique sur comment vivre la foi chrétienne en se servant de la tradition africaine.

Concile Vatican II, l’annonce de l’évangile et la rencontre des cultures
Le Concile Vatican a le mérite d’avoir encouragé la poursuite de la réflexion, fait-il remarquer. Les enseignements du Concile Vatican II sur l’ouverture du christianisme à toutes les cultures ont encouragé les théologiens africains à poursuivre leurs réflexions bien que, cette ouverture n’a pas donné des indications particulières. Dans son récit, le professeur émérite de théologie africaine remonte les souvenirs de la rencontre du christianisme avec les cultures religieuses locales dans les universités africaines: à l’aube du Concile Vatican II, en 1960, il y a eu, pour la première fois une grande discussion sur la théologie africaine car, en 1956, le livre Les prêtres noirs s’interrogent n’avait pas posé la question de savoir comment cette théologie pouvait s’articuler. Tandis qu’en 1960, le débat entre le doyen des facultés de théologie de Kinshasa chanoine Vanneste et les étudiants en théologie représenté par celui qui devint ensuite, évêque de Mbuji Mayi, Mgr Tharcisse Tshibangu était posa les socles d’un échange sur la problématique de la théologie africaine. Avec le Concile Vatican II, en 1962 et la réhabilitation de toutes les cultures ainsi que l’ouverture au dialogue interreligieux dans, cette ouverture englobait, sans la nommer, la culture africaine.

L’enracinement de la culture dans le christianisme ne devrait pas s’arreter à la liturgie
A la question sur l’importance de la liturgie dans ce processus, avec en exemple le rite zaïrois de la messe, le professeur Bujo affirme que l’enracinement du christianisme dans la culture ne devrait pas s’arrêter à la liturgie. La question de la théologie africaine doit partir de l’image anthropologique locale. La famille sur laquelle le premier synode s’est appuyé devrait servir à l’approfondissement. La famille comme source de vie entre les ancêtres, les vivants et ceux qui viendront dans l’avenir. Bénézet Bujo fait recours à la mission de Jésus, sa venue démontre cette dimension cosmique et libératrice de l’évangile. Pour lui, la théologie africaine se rapproche de l’apostolat de la rencontre, de l’accueil et de la protection de la création présent dans le magistère du Pape François.

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