Le Pape défend saint Jean-Paul II, « objet de conclusions offensantes et infondées »
Après le Regina caeli, François a évoqué son prédécesseur en se disant «certain d’interpréter les sentiments des fidèles du monde entier» et en adressant «une pensée reconnaissante» à sa mémoire. Le nom du pape polonais est réapparu cette semaine au cours d’un nouvel épisode de l’affaire Orlandi, nom d’une adolescente, fille d’un employé du Vatican, disparue il y a quarante ans.
Après la récitation du Regina caeli, le Pape François a pris la défense de son prédécesseur saint Jean-Paul II, dont la figure a été ces derniers jours au centre d’accusations calomnieuses liées à l’affaire Orlandi, formulées sur la base de «rumeurs» anonymes, sans témoignages ni indices. Des accusations que le Souverain pontife a qualifiées de «conclusions offensantes et infondées».
Après avoir salué les groupes de la Divine Miséricorde présents sur la place Saint-Pierre ce dimanche 16 avril, François a ajouté: «Certain d’interpréter les sentiments des fidèles du monde entier, j’adresse une pensée reconnaissante à la mémoire de saint Jean-Paul II, objet ces jours derniers de conclusions offensantes et infondées».
Allégations sans preuves du frère de la victime
Pour comprendre cette prise de parole du Pape ce dimanche, il faut revenir sur les événements de cette semaine liés à l’affaire Orlandi, du nom d’Emanuela Orlandi, une jeune fille de quinze ans, disparue le 22 juin 1983. Une affaire qui fit grand bruit il y a quarante ans, Emanuela étant la fille d’un employé du Vatican et possédant la citoyenneté vaticane. Jean-Paul II s’était adressé à l’époque directement aux ravisseurs lors d’un Angélus, demandant sa libération. Depuis, cette affaire non-élucidée défraye régulièrement la chronique en Italie, les rumeurs et les hypothèses se multipliant. En janvier dernier, la justice du Vatican avait annoncé la réouverture de l’enquête, le Pape François et le secrétaire d’État du Saint-Siège ayant expressément demandé de chercher la vérité sur ce qu’il s’est passé.
Mardi 11 avril, Pietro Orlandi, le frère d’Emanuela, s’est rendu auprès du promoteur de justice du Vatican pour lui exposer longuement de nouveaux éléments dont il aurait été en possession. Le soir même, dans une émission télévisée italienne, Pietro Orlandi, accompagné de son avocate Laura Sgrò, a affirmé que Jean-Paul II «sortait le soir avec deux de ses amis monsignori polonais» et «n’allait certainement pas bénir les maisons», mais abuser de jeunes filles. Des allégations qui corroboreraient un enregistrement audio d’un ancien membre d’un groupe criminel romain bien connu à l’époque, la bande de la Magliana. La disparition de la jeune fille serait ainsi liée, selon cette dernière version, à Jean-Paul II.
Ce samedi 15 avril, l’avocate Laura Sgrò a rencontré brièvement au Vatican le promoteur de justice Alessandro Diddi, en qualité de témoin pour s’expliquer sur les sources de ces allégations concernant Jean-Paul II. L’avocate, qui avait demandé publiquement de rencontrer les enquêteurs du Vatican dès le mois de janvier, a finalement choisi d’opposer le secret professionnel et a ainsi refusé de dire d’où provenaient ces «voix» sur les soi-disant habitudes du pape polonais, signifiant ainsi son refus de collaborer à l’enquête et de faire la lumière sur ces accusations dénoncées ce dimanche donc par le Pape François.