Le Pape souhaite se rendre au Kosovo et privilégier les petits pays d’Europe
François s’est entretenu avec Vida Nueva, à l’occasion du 65e anniversaire de cette revue espagnole. En ce qui concerne les voyages à venir, il réitère la possibilité d’une visite en Argentine l’année prochaine, en 2024. À propos de la mission du cardinal Zuppi, il annonçe que « l’offensive de paix » du cardinal se poursuivra également en Chine; et explique ensuite qu’il veut nommer un représentant comme « pont entre les autorités russes et ukrainiennes » .
Salvatore Cernuzio – Cité du Vatican
Les voyages, la guerre en Ukraine, les réformes de et dans l’Église: ce sont les principaux thèmes abordés dans l’entretien que le Pape François a accordé à la revue espagnole Vida Nueva à la Maison Sainte-Marthe avant de s’envoler pour Lisbonne pour les Journées mondiales de la Jeunesse et publié lors de ces JMJ dans un numéro spécial.
Voyages futurs
Entre plaisanteries, réflexions et confessions, le Pape répond sur ses prochains voyages. À propos d’un éventuel déplacement en Espagne, il déclare: «Je n’irai dans aucun grand pays d’Europe tant que je n’aurai pas fini avec les petits». En fait, François réitère ce qu’il avait déjà déclaré en 2014 lors de son premier voyage européen en Albanie. Le Kosovo pourrait désormais être ajouté à la liste des «petits» pays à visiter, une hypothèse qui a vu le jour à la suite de l’audience de juin dernier au Vatican avec le Premier ministre Albin Kurti, qui a invité le Souverain pontife dans le pays. «Nous travaillons sur le Kosovo, mais ce n’est pas définitif», révèle François. Quant à l’inévitable question sur le voyage en Argentine, il répond: «Je peux confirmer que c’est à l’ordre du jour, nous verrons si cela peut se faire, une fois que l’année électorale sera terminée».
L’offensive de paix du cardinal Zuppi
Tourné vers le monde, le Pape répond ensuite à quelques questions sur la guerre en Ukraine et explique qu’après les étapes de Kiev, Moscou et Washington, le cardinal Matteo Maria Zuppi pourrait se rendre à Pékin pour mener à bien la mission qu’il qualifie dans l’interview d’«offensive de paix»: «Le cardinal Zuppi travaille intensément en tant que responsable des dialogues», déclare François. Après les États-Unis, il se rendra en Chine, «parce que les deux pays détiennent également la clé pour faire baisser la tension du conflit». Le cardinal «s’est déjà rendu à Kiev, où l’on maintient l’idée de la victoire sans opter pour la médiation. Il s’est également rendu à Moscou, où il a trouvé une attitude que l’on pourrait qualifier de diplomatique de la part de la Russie». Pour le Saint-Père, «le progrès le plus significatif» concerne le retour des enfants ukrainiens dans leur pays: «Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que chaque membre de famille qui demande le retour de ses enfants puisse le faire».
Rencontre avec des responsables religieux à Abou Dhabi
François explique également qu’il souhaite «nommer un représentant permanent pour servir de pont entre les autorités russes et ukrainiennes. Pour moi, au milieu de la douleur de la guerre, c’est un grand pas». Et il rappelle qu’en novembre, avant le sommet des Nations unies sur le climat à Dubaï, une rencontre pour la paix avec les responsables religieux est organisée à Abou Dhabi: «Le cardinal Parolin coordonne cette initiative, qu’il veut voir se dérouler en dehors du Vatican, dans un territoire neutre qui invite tout le monde à la rencontre».
Les temps ne sont pas mûrs pour un Vatican III
Le Pape argentin affirme que «les temps ne sont pas mûrs pour un Concile Vatican III». Et de toute façon, «ce n’est même pas nécessaire», puisque «Vatican II n’est pas encore mis en œuvre». Quant aux réformes, François admet: «Je n’ai pas encore osé mettre fin à la culture de cour de la Curie». Et, dans tous les cas, «on ne peut pas réformer l’Église sans l’Évangile».
La rigidité, néfaste dans l’Église
Enfin, parlant des jeunes, le Pape souligne qu’«une pastorale idéologique de gauche ou de droite leur est néfaste». La rigidité excessive de l’Église est également néfaste: «J’ai peur des groupes intellectuels de jeunes, de ceux qui appellent les jeunes à réfléchir et les remplissent ensuite d’idées étranges». Même dans les séminaires, ajoute-t-il, «nous avons besoin de séminaristes normaux, avec leurs propres problèmes, qui jouent au football, qui ne vont pas dans les quartiers pour dogmatiser».
Jorge Mario Bergoglio appelle donc à «démasquer les prophètes de la confusion. Toutes ces propositions de « mauvais lactose » doivent être combattues avec des arguments clairs». Parlant de «manuel de théologie stagnante», il avertit au contraire qu’«il est facile pour l’idéologie de s’infiltrer et certains mouvements s’habillent d’un air de restauration, avec beaucoup de mysticisme apparent, mais aussi beaucoup de corruption». Dans l’interview, enfin, il se souvient de la rencontre au Vatican avec un groupe de transsexuels: «Elles sont parties en pleurant, en disant que je leur avais donné ma main, un baiser…. Comme si j’avais fait quelque chose d’exceptionnel pour elles. Mais ce sont des filles de Dieu!»