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Mgr Yao Kouadio invite les fidèles ivoiriens à la communion et à l’unité

C’est dans un climat fraternel que les participants à la deuxième session de l’Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques ont vécu cette expérience enrichissante pour l’Église, tout au long de ce mois d’octobre. Selon Mgr Marcelin Yao Kouadio, président de la Conférence épiscopale ivoirienne, ce Synode nous invite à la participation et à la coresponsabilité. Le prélat exprime également sa satisfaction au terme de ce processus synodal.
Entretien réalisé par Christian Losambe, SJ – Cité du Vatican

Les travaux de la deuxième phase du Synode sur la synodalité se sont refermés au Vatican avec la célébration de clôture présidée par le Pape François, dimanche 27 octobre 2024, dans basilique Saint-Pierre. Après trois années de travaux synodaux qui invitent dorénavant l’Église à se projeter avec dynamisme pour sa mission, c’est un sentiment de joie et de communion qui anime les membres, délégués fraternels et invités spéciaux de la deuxième session de l’Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, au terme de ces assises.

Revenant sur ces impressions à l’issu de ce processus synodal, Mgr Marcelin Yao Kouadio, évêque de Daloa et président de la Conférence épiscopale de Côte d’Ivoire, a souligné, dans un entretien accordé à Radio Vatican – Vatican News, que la synodalité «nous invite à une conversion face à la conception d’une Église pyramidale, afin de bâtir réellement une Église synodale en mission». Alors que la Conférence épiscopale ivoirienne célèbre ses 50 ans, le prélat a également exhorté l’Église en Côte d’Ivoire à la communion et à l’unité, «l’unité entre les évêques, les prêtres et les fidèles». Il a souhaité, en outre, que le peuple ivoirien chemine ensemble vers la réconciliation et la paix en préparation aux élections générales de 2025 dans le pays.

Excellence, au terme de ce processus synodal auquel vous avez pris part, quels sentiments vous animent? Quelles sont vos impressions?

Avant tout, c’est un sentiment de joie qui m’anime, ne serait-ce que pour le climat de fraternité, de communion que j’ai pu constater chez tous les participants. Au cours de cette seconde session, déjà après la messe d’ouverture, quand nous sommes retrouvés dans la salle Paul VI, c’était vraiment la joie: les gens se sont embrassés, ils étaient heureux. Il y a eu également un grand climat de confiance et de liberté dans les prises de parole. Donc à ce niveau, je ne peux que rendre grâce à Dieu et aussi saluer tous les participants, parce que toute la planète était présente à ce synode et cela se remarquait au moment des travaux en plénières, en carrefours même pendant les moments de pause-café.

Au cours de cette seconde session, quels ont été les grands moments qui ont le plus marqué votre attention, et sur lesquels vous souhaiteriez revenir?

Tout d’abord, il y a eu la retraite synodale au début et à la fin. Sans doute, cela a donné donner le ton pour souligner que l’assemblée synodale en tant que telle, est une rencontre à caractère religieux. Ce côté spirituel est à saluer parce que, pendant les travaux en carrefours, l’on marquait des moments de pause, de silence, de recueillement et même de prière. En outre, il y a eu toutes ces grandes célébrations eucharistiques ensemble dans la basilique Saint-Pierre. Certains invités faisaient partie de nos frères des églises protestantes, sans compter la présence des églises orientales. Ensuite, les grands sujets abordés au cours de ce Synode comme méthodologie. Déjà l’an dernier, c’était la conversation dans l’Esprit-Saint: comment écouter les églises particulières. Et lorsqu’on écoute l’Esprit-Saint, on parvient à la communion, la participation et la mission. Et le thème de cette année pastorale s’est inscrite dans le même sillage: «Comment bâtir une église synodale en mission?».

Au terme de ce processus synodal, nous sommes tous appelés à nous convertir, même nos méthodes missionnaires. Pour ce faire, nous devons promouvoir la participation de toutes les composantes du peuple de Dieu, c’est-à-dire les ministres ordonnés, les personnes consacrées et les laïcs, et donner la parole aux uns et aux autres pour mieux les écouter, plutôt que de voir les choses de façon un peu trop pyramidale et même cléricalisée. En Afrique, je pense que des efforts déjà sont fournis. Par exemple, quand je pense aux catéchistes de nos villages qui, en l’absence des prêtres, conduisent les communautés; quand je vois également les différents conseils paroissiaux où les laïcs et les consacrés sont déjà présents…Et dans certaines communautés, les responsables sont des femmes, et parmi les catéchistes, il y a aussi des femmes.

Excellence, de ce qui précède, comment pourriez-vous aider l’Église en Côte d’Ivoire, particulièrement dans le diocèse de Daloa, à vivre davantage la synodalité et cette relation de co-responsabilité dans la mission?

Dans un Synode, de manière classique, il y a deux grandes étapes. Les participants se retrouvent d’abord convoqués par le Pape, et donc autour de lui; et au terme, il y a des propositions qui sont soumises. Il y a déjà un document final, et nous partirons de cela pour donner des orientations au peuple de Dieu. Il faut donc une implication beaucoup plus grande des fidèles laïcs, que personne ne soit exclu puisque, malheureusement notre Église reste encore cléricalisée. Or, depuis Vatican II, avec l’Église vue comme peuple de Dieu, comme famille, comme communion, je crois que tous les états de vie doivent être pris en considération en termes décision à prendre, de suivi et d’évaluation.

Mgr Marcelin, vous êtes le président de la conférence épiscopale de Côte d’Ivoire, qui célèbre d’ailleurs cette année son Jubilé d’Or. Que pourrait apporter ce Synode à cette conférence pour l’aider à assurer davantage sa mission dans l’Église, 50 ans après sa création?

Je crois que c’est une heureuse coïncidence parce que, qui dit «synodalité», dit «communion et collégialité». D’où une invitation à travailler à l’unité de tous les membres de notre Conférence épiscopale. C’est vrai que nous n’avons que 15 diocèses, donc nous ne sommes qu’à 15 comme évêques en activité. Mais je crois que c’est en ces termes que le Synode nous invite tous, afin d’être une conférence épiscopale forte, crédible et engagée dans la mission. Ce synode sur la synodalité se présente donc comme une nouvelle manière d’être Église afin de marcher tous ensemble dans la communion.

Excellence, quel serait votre message à l’endroit du peuple ivoirien en ce sens, d’autant plus que la Côte d’Ivoire se prépare aux élections qui se dérouleront en 2025, afin que cette préparation soit une voie qui puisse conduire ce peuple vers la réconciliation et la paix.

Vous savez, l’Église n’a pas le monopole du marcher-ensemble ou de l’être-ensemble. Déjà, cela constitue un point d’appui que nous offre notre culture africaine. Nous avons, en effet, le sens de la communauté car l’Africain est un être relationnel. Donc, à ce niveau-là, dire ou appeler nos compatriotes à s’entendre, à se réconcilier, à faire la paix, en faisant allusion au Synode, ce serait comme l’affaire des seuls chrétiens catholiques. Cela nous concerne tous comme peuple. Et pour relever un tel défi, il faut s’entendre et faire la paix par la réconciliation, car notre pays a traversé des moments assez difficiles, des crises socio-politiques multiples.

Ainsi je voudrais inviter toute l’Église, l’Église en Afrique, l’Église en Côte d’Ivoire, mes concitoyens, à cultiver la paix et à promouvoir l’unité dans la diversité. Nous sommes condamnés à vivre ensemble, nous sommes faits pour être ensemble parce que tous, nous sommes les enfants, les fils et les filles du Très-Haut.

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