Recueil du Pape: que l’Église soit faite de saints, pas de mondains
Pour aider chacun «à rester vigilants et à lutter, avec la force de la prière, contre tout abandon à la mondanité spirituelle», le Pape signe la préface d’un recueil publié ce vendredi en Italie par la Libreria Editrice vaticana. Il rassemble deux de ses discours. Le premier intitulé «Corruption et péché» est un article datant de 1991, republié en 2005 lorsqu’il était archevêque de Buenos Aires. Le second est sa «Lettre aux prêtres du diocèse de Rome» parue cette année.
Vatican News
«Quand nous nous laissons habiter par l’amour d’un Père qui veut notre bonheur, notre cœur exulte pleinement, et notre existence s’illumine d’un rayon d’infini». Dans sa préface, le Pape commence par rappeler que la foi chrétienne est un «beau combat» qui consiste à faire de la place au Seigneur, en ayant raison de la tentation du repli sur soi.
En tant que disciples de Jésus, explique François, il faut «avant tout» combattre la mondanité spirituelle, qui est «un paganisme déguisé sous des habits ecclésiastiques». Le Pape met en garde contre cette attitude mondaine qui finit, dit-il, par être idolâtre dans la mesure où elle ne reconnaît pas la présence de Dieu comme Seigneur et libérateur de nos vies et de l’histoire du monde. «Elle nous laisse à la merci de nos caprices et de nos fantaisies».
Être proche de la croix du Seigneur
Ce combat n’est ni vain, ni sans espoir, car il a déjà un vainqueur en Jésus. «Bien sûr, poursuit François, sa victoire a un nom, la croix qui, à première vue, suscite la répulsion et nous détourne. Mais c’est le signe d’un amour illimité, humble et tenace», accordé même au dernier des pécheurs. Pour le Pape, cet amour éternel interpelle et oriente les chemins du chrétien et de l’Église elle-même, «la croix de Jésus devient le critère de tout choix de foi». Et François de citer le bienheureux martyr d’Algérie Pierre Claverie: «Je crois que l’Église meurt si elle n’est pas suffisamment proche de la croix de son Seigneur. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la force, la vitalité, l’espérance, la fécondité chrétienne de l’Église viennent de là. Pas d’ailleurs. Tout le reste n’est que poudre aux yeux, illusion mondaine. L’Église se trompe elle-même, et trompe le monde, quand elle se pose en puissance parmi les puissances, ou en organisation, même humanitaire, ou en mouvement évangélique capable de se donner en spectacle. Elle peut briller, mais elle ne peut pas brûler du feu de l’amour de Dieu, ‘fort comme la mort’ – dit le Cantique des Cantiques». Le Pape dit partager l’inquiétude de celui qui fut l’évêque d’Oran de 1981 jusqu’à son assassinat en 1996. Il exhorte l’Église à rester vigilante et à lutter, avec la force de la prière, contre toute abandon à la mondanité spirituelle. C’est le sens du recueil publié ce jour.
Ouverts à Dieu sur le chemin de la sainteté
Être chrétien, c’est être appelé à la sainteté qui n’est pas «état de béatitude atteint une fois pour toutes, mais le désir incessant et infatigable de rester attaché à la croix de Jésus», et cela suppose de se laisser modeler par la logique du don de soi et en résistant à ceux qui, «comme l’ennemi, nous flattent en nous inculquant la conviction de notre autosuffisance».
« Sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5), dit Jésus et la sainteté assure François, pousse à rester ouvert au «plus» de Dieu. Avec ces textes, François propose une occasion de réfléchir chacun à sa vie et à celle de l’Eglise. Il conclut sa préface en répétant avec force que «Dieu nous demande d’être ouverts à sa nouveauté, d’être inquiets et jamais satisfaits, en recherche et jamais installés dans des opacités accommodantes, non pas retranchés dans de fausses sécurités, mais sur le chemin de la sainteté».