La guerre entre le Hezbollah et Israël déplacent des chrétiens du Sud-Liban
Jusqu’à 90 % de la population des villages chrétiens du Sud-Liban ont quitté leurs maisons depuis octobre pour se mettre à l’abri des tirs de roquettes quotidiens échangés à la frontière israélo-libanaise.
Lisa Zengarini – Cité du Vatican
Les chrétiens vivant dans les villages frontaliers du Liban du Sud ont célébré un Noël discret cette année, dans l’ombre de la guerre en cours à Gaza et de ses retombées au Liban.
Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre, le groupe militant chiite libanais Hezbollah et les forces israéliennes se sont livrés à des affrontements quasi-quotidiens à la frontière qui auraient fait 159 morts du côté libanais, pour la plupart des militants du Hezbollah et de leurs groupes alliés, mais aussi au moins 17 civils.
Les craintes d’une escalade vers une guerre à grande échelle ont encore augmenté ces derniers jours après que les forces israéliennes ont tué six combattants du Hezbollah, dont Hussein Ibrahim Salameh, également connu sous le nom de « Nasser ».
Des villages chrétiens touchés par des tirs croisés
i les frappes israéliennes ont visé des cibles du Hezbollah, situées pour la plupart dans des zones chiites, un certain nombre de villages chrétiens ont également subi des dommages collatéraux, obligeant de nombreuses familles à fuir vers le nord.
Selon les données obtenues par la fondation pontificale Aide à l’Église en détresse (AED) à Alma Al-Shaab, le village le plus touché, 15 maisons ont été détruites par des missiles.
Alors que des familles chrétiennes de Beyrouth ont offert un logement aux familles déplacées, certains de ceux qui ont fui sont retournés dans leurs maisons dévastées en raison de la pénurie d’abris à long terme dans d’autres parties du pays.
Xavier Stephen Bisits, responsable des projets de l’AED au Liban, a indiqué que certains champs agricoles ont également été endommagés, ce qui a eu un impact sur les moyens de subsistance de nombreuses familles déjà pauvres en raison de la crise économique et financière qui sévit au Liban.
Selon Xavier Stephen Bisits, tous les prêtres et religieux sont restés dans les villages pour s’occuper des personnes trop âgées ou trop fragiles pour être relogées. Il a ajouté que l’évêque maronite de Tyr a récemment célébré la messe dans le village de Rmeich, sous la menace de bombes, et que l’évêque melkite de Tyr a également effectué une tournée pour s’assurer de la présence des fidèles dans les villages situés le long de la frontière. «C’est un témoignage de la foi solide et de la résilience des habitants de cette région», a-t-il déclaré.
Craintes d’escalade au Liban
Le responsable projet de l’AED a confirmé que la crainte d’une escalade des combats est largement répandue, le conflit actuel rappelant la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah.
Les chefs religieux locaux ont déclaré à l’AED qu’une nouvelle guerre constituerait une menace majeure pour la présence chrétienne historique dans la région. L’AED a contribué à soulager les souffrances en fournissant des colis alimentaires, une assistance médicale et un accès à l’éducation en ligne pour les élèves des écoles catholiques du Sud-Liban.
Le patriarche Bechara Al-Rahi appelle le Liban à rester neutre
Alors que les hostilités entre le Hezbollah et les forces israéliennes s’intensifient, le cardinal Bechara Al-Rahi, patriarche maronite, a réitéré, le jour de Noël, son appel à la neutralité du Liban. «Nous refusons que la guerre s’étende aux villages du sud», a déclaré le patriarche dans son homélie de Noël, «Le Liban n’est pas une terre de guerre, mais une terre de dialogue et de paix».
Tout en déplorant les morts à Gaza, le cardinal Al-Rahi a rappelé que l’extension de la guerre au Liban contredit à la fois la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée pour mettre fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006, et la déclaration de Baabda de 2012, qui avait souligné la neutralité du Liban à l’égard des événements dans la région du Moyen-Orient.
«La neutralité du Liban est au cœur de l’identité libanaise depuis 1860, et le Liban est politiquement neutre en ce sens qu’il ne combat pas et n’est pas combattu», a déclaré le patriarche.