Au Mali, libération de la religieuse colombienne enlevée en 2017
Enlevée le 7 février 2017 près de Koutiala (400 km à l’est de Bamako), Sœur Gloria Cecilia Narvaez Argori était détenue depuis 4 ans et 8 mois par un groupe jihadiste affilié à Al-Qaida. Après sa libération, elle a pu se rendre à Rome afin de participer à la messe d’ouverture du Synode et recevoir la bénédiction du Pape François.
La nouvelle est tombée dans la nuit de ce dimanche 10 octobre 2021. Soeur Gloria Cecilia Narvaez Argori, religieuse colombienne et missionnaire de la communauté des Franciscaines de Marie Immaculée, a été libérée samedi, a annoncé la présidence malienne dans un communiqué. Membre de cette congrégation d’origine suisse et présente dans 17 pays à travers le monde, elle travaillait depuis six ans comme missionnaire, dans la paroisse de Karangasso, avec trois autres religieuses. Sa libération, après son enlèvement en février 2017 par des jihadistes au Mali, est le couronnement de 4 ans et 8 mois d’efforts conjugués de plusieurs services de renseignements.
Edgar Narvaez, frère de l’ex-otage, a fait part de son immense soulagement et s’est dit «ému» après avoir eu confirmation de la libération. «Dieu merci, elle est en bonne santé, ils m’ont envoyé des photos et elle a l’air bien», a-t-il réagi.
Arrivée samedi soir a Bamako
Soeur Gloria Cecilia Narvaez est arrivée samedi soir dans la capitale malienne, d’où elle a pris l’avion pour Rome. Ce matin, elle a participé à la messe d’ouverture du Synode sur la Synodalité présidée par le Pape François à la basilique Saint-Pierre.
Les premières images diffusées après sa libération l’avaient montrée aux côtés du président malien par intérim, le colonel Assimi Goïta, ainsi que de l’archévêque de Bamako, le cardinal Jean Zerbo. La religieuse a tenu à remercier «les autorités maliennes, le président, toutes les autorités maliennes pour tous les efforts que vous avez fait pour me libérer. Que Dieu vous bénisse, que Dieu bénisse le Mali», a-t-elle ajouté à la télévision publique malienne.
Le cardinal Zerbo a, de son côté, remercié les autorités maliennes et les autres bonnes volontés qui ont permis cette libération, ajoutant que la religieuse se portait bien.
Les réactions ne se sont pas faites attendre, à travers le monde. Le président de la Conférence épiscopale de Colombie, Mgr Mario de Jesús Álvarez Gómez, a ainsi exprimé son «immense joie». La ministre colombienne des Affaires étrangères, Marta Lucía Ramírez, a déclaré pour sa part dans un communiqué: «Je me réjouis énormément de la nouvelle de la libération au Mali de notre chère compatriote (…), un objectif que nous nous étions fixé au sein du gouvernement national et pour lequel nous avons travaillé avec le président Duque pendant de nombreux mois.»
Elle s’était livrée aux ravisseurs
Dans une lettre transmise en juillet dernier par la Croix-Rouge à son frère, soeur Gloria Narvaez expliquait être détenue par «un groupe du GSIM», le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, lié à Al-Qaïda.
Selon une de ses consœurs, soeur Carmen Isabel Valencia, soeur Gloria Cecilia Narvaez Argori s’était volontairement livrée à ses ravisseurs alors qu’ils s’apprêtaient à enlever deux religieuses plus jeunes. «Je suis la supérieure, emmenez-moi», leur aurait-elle dit, avant d’être enlevée. Durant ses années de détention, elle avait notamment côtoyé l’humanitaire française Sophie Pétronin, qui a elle-même été libérée en octobre 2020, ainsi que le prêtre italien Pierluigi Maccalli.
Les enlèvements sont courants au Mali, pays sahélien pris dans la tourmente depuis le déclenchement d’insurrections indépendantistes et jihadistes dans le nord en 2012. Le conflit a fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, malgré l’intervention de forces onusiennes, françaises et africaines.