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Caritas Côte d’Ivoire: des réfugiés burkinabè reçoivent des dons en vivres

Caritas Côte d’Ivoire, avec l’appui de Catholic relief services (CRS), la Caritas américaine, a procédé du 14 au 18 juin 2023, dans le diocèse de Bondoukou, à la distribution d’un deuxième lot des vivres au profit de 80 ménages ivoiriens et des réfugiés burkinabè des localités de Tougbo, Moro-moro et Bolè, au nord-est du pays. La situation humanitaire dans ces endroits est critique, selon le constat de plusieurs témoins.
Marcel Ariston Blé – Tougbo

Le nombre des réfugiés burkinabè en Côte d’Ivoire fuyant les attaques terroristes meurtrières ne cesse de s’accroître inexorablement. Selon son dernier rapport publié jeudi 15 juin 2023, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) estimait que 27 371 burkinabè, repartis en 5 112 ménages, étaient arrivés sur le sol ivoirien. Un total de 15 885 personnes étaient enregistrées, équivalant à 3 898 ménages.

Parmi ces réfugiés, l’organisme onusien révèle que 55% sont de sexe féminin et 8 508 sont des enfants en âge scolaire. Nombreux d’entre eux sont installés à Tougbo et n’ont de quoi satisfaire leurs besoins. C’est ainsi que Caritas Côte d’Ivoire et Catholic relief services ont décidé de voler à leur secours.

Une situation humanitaire préoccupante
Située au nord-est de la Côte d’Ivoire, à la frontière avec le Burkina Faso, Tougbo est la sous-préfecture qui regroupe le plus grand nombre de demandeurs d’asile avec plus de 10 158 personnes recensées, détaille le rapport du HCR. Ce flux important de réfugiés suscite beaucoup d’inquiétudes auprès des institutions, l’Eglise en premier lieu, car la situation humanitaire sur place reste préoccupante. «Depuis le 1er mai 2023, la situation est devenue plus critique. On assiste à un afflux massif de réfugiés dans la zone de Tougbo, c’est très inquiétant, il n’y a pas de mots pour pouvoir la décrire», a déclaré le père Wilfried N’guetta Kobenan Kra, administrateur de la quasi-paroisse Cœur Immaculé de Marie de Tougbo, dans le diocèse de Bondoukou.

Des problèmes de logement, de nourriture, des médicaments et des vêtements
Le premier problème auquel sont confrontés ces réfugiés est celui du logement, a expliqué le père Kobenan. Cette partie de la Côte d’Ivoire connaît actuellement la saison pluvieuse. Les familles arrivées en premier ont pu occuper des maisons en construction, tandis que d’autres personnes sont obligées de dormir à même le sol. «Les moins chanceux sont obligés de se fabriquer une maison de fortune, ils dorment à même le sol et les enfants dans ces circonstances sont les plus vulnérables», a rapporté le prêtre ivoirien. A cela s’ajoute le manque de nourriture et des médicaments dont souffrent surtout des nombreux enfants qui composent ce groupe des réfugiés et qui sont exposés à plusieurs maladies. L’administrateur de la quasi-paroisse Cœur Immaculé de Marie a aussi souligné le problème de l’acheminement des vêtements dont ont besoin ces personnes en difficulté, Tougbo étant situé à plus de 784 kilomètres d’Abidjan.

La proximité de l’Eglise aux réfugiés de Tougbo
Depuis trois ans qu’il est en poste dans cette sous-préfecture, le père Kobenan a fait de la proximité à ces personnes vulnérables une dimension importante de sa pastorale. Seul prêtre dans cette localité, il essaie à sa manière de les accompagner «psychologiquement et spirituellement pour qu’ils aient confiance en eux, de les rassurer de la présence de Dieu et de l’Eglise qui ne les abandonneront jamais». La présence de Caritas à leurs côtés en ces moments cruciaux est pour lui un bel exemple de solidarité et de charité de l’Eglise.

Aider les réfugiés à retrouver leur dignité
Face à cette situation extrême d’urgence humanitaire, Caritas Côte d’Ivoire, avec l’appui de ses partenaires joue en amont, un rôle crucial dans la reconstruction de leur dignité. Après une première phase de distribution de vivres à 287 ménages l’année dernière, elle a procédé, du 14 au 18 juin 2023, à une distribution complémentaire de vivres au profit de 80 ménages, soit plus de 1 200 réfugiés et ivoiriens dans les localités de Tougbô, Moro-Moro et bolé. Cette action est une initiative des évêques ivoiriens, avec l’appui financier de certains partenaires a indiqué Clément Kouakou, chargé des urgences au sein de cette structure caritative. A l’en croire, les défis sont énormes, car «ce sont des personnes très affectées, qui ont tout perdu, qui ont été obligées d’abandonner leurs moyens de subsistance, leurs biens… ». Le plus important, c’est de les aider à retrouver leur dignité et à trouver des moyens de subsistance, à travers des activités génératrices des ressources.

Des appels à l’aide
En moins de deux mois, le nombre des réfugiés a doublé selon Clément Kouakou. Face aux nombreux besoins «de ces frères et sœurs», le chargé des urgences de Caritas Côte d’Ivoire a invité tous les chrétiens et les personnes de bonne volonté à les soutenir par la prière mais aussi des actions caritatives.

Pour sa part, Caritas Côte d’Ivoire a apporté à chacune des 80 familles recensées des vivres composés d’un kit d’un sac de riz de 50 Kg, d’un sac de maïs de 50 Kg, de 15 Kg de haricots, d’1 kg de sel et de 2 bidons d’huile de 5 litres. Avec cette distribution complémentaire de vivres, le nombre de ménages assistés à ce jour est de 367, soit environ 6 000 personnes bénéficiaires indirectes. En réponse à cette urgence humanitaire, les autorités ivoiriennes sont en train de construire deux sites de transit dans les départements de Ouangolodougou et Bouna, pour accueillir les réfugiés burkinabè présents dans le Nord de la Côte d’Ivoire.

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