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Côte d’Ivoire: les prêtres exhortés à dénoncer les injustices

Le premier congrès extraordinaire du clergé ivoirien s’est achevé dimanche 11 juillet par une messe à la basilique Notre-Dame de la paix de Yamoussoukro. À cette occasion, le cardinal Jean Pierre Kutwa a exhorté les prêtres à ne plus se taire face aux injustices qui minent la société.
« Les discussions au cours de ce premier congrès extraordinaire du clergé étaient d’un ton sérieux vues les thématiques débattues, mais dans une ambiance fraternelle pour le bien du clergé, du peuple de Dieu, pour l’Église tout entière », confie le père Joël N’guessan, qui a pris part à ses assises pour le compte du diocèse de Bouaké, dans le centre de la Côte d’Ivoire.

Pendant cinq jours, du 7 au 11 juillet, il a participé avec 200 délégués prêtres et religieux membres du clergé ivoirien au premier congrès extraordinaire du clergé à Yamoussoukro sur le thème : « Le prêtre en Côte d’Ivoire, face aux situations qui interpellent sa vie ». Cette rencontre aura permis aux délégués venus des 15 diocèses de Côte d’Ivoire de réfléchir aux modalités d’un engagement pastoral et missionnaire renouvelé des prêtres : « Ce fut une très belle expérience en ce sens qu’il nous a permis de nous retrouver, et il a été une véritable expérience de proximité avec nos pères évêques et archevêques qui y ont participé effectivement de par leur présence quotidienne mais aussi par les thèmes qu’ils ont animés », s’est-il réjoui.

Quid des résolutions de ce congrès qui s’est fait à huis clos ? « Elles seront soumises à la Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire », répond le comité d’organisation dans le communiqué final, lu dimanche 12 juillet, à la messe de clôture présidée par le cardinal Jean Pierre Kutwa, archevêque d’Abidjan.

Fonctionnaire des sacrements
87 ans après l’ordination sacerdotale de Mgr René Kouassi, le premier prêtre ivoirien, et après la célébration des 125 ans d’évangélisation de la Côte d’Ivoire, « il faut reconnaître avec beaucoup de lucidité que même si l’appel reste le même, le ministère sacerdotal reste unique ontologiquement, le contexte n’est plus le même, les mentalités ont changé, la société ivoirienne en mutation constante a évolué », a estimé le cardinal Kutwa, qui célébrait également, ce 11 juillet, cinquante ans de sacerdoce.

En conséquence, il a exhorté les prêtres à une prise de conscience accrue de ce qu’ils sont devenus en répondant à l’appel du Christ et de convaincre par l’exemple : « Autant nous sommes fatigués de ces chrétiens qui ne sont intéressés que par leur intérêt personnel chaque fois que le vent tourne, autant eux aussi, le sont des prêtres carriéristes, fonctionnaires au service des sacrements et sur qui on a beaucoup à dire ! »

« Nous ne devons plus nous taire »
Aux yeux de l’archevêque d’Abidjan, évêques et prêtres doivent impérativement dénoncer les injustices qui minent nos sociétés sans oublier la décadence morale dans laquelle elles baignent. « Sachez-le, nous ne devons plus nous taire, a insisté le cardinal Kutwa. Notre responsabilité à nous aujourd’hui, c’est de faire en sorte qu’advienne pour notre beau pays, déchiré et balafré par tant de crises à répétition, une ère nouvelle d’amour vrai, de fraternité et de paix retrouvée ». Cela est possible, explique l’archevêque d’Abidjan, si évêques et prêtres savent garder le contact avec Jésus le Bon Berger qui fera d’eux des bergers selon le cœur de Dieu.

Cependant, les clercs ne doivent pas être les seuls protagonistes de cette mission au sein de la société. « Aujourd’hui, c’est nous tous que le Christ envoie sur les chemins du monde, à telle enseigne que chacun de nous devrait pouvoir dire : je dois être le Christ sous les apparences du médecin, de l’enseignant, de l’homme politique, de l’ouvrier, de l’élève, de l’étudiant etc., rappelle le cardinal Kutwa. L’évangélisation est un devoir pour tout chrétien et aucun chrétien digne de son baptême, n’a le droit d’échapper au dur mais combien magnifique devoir d’évangéliser. »

Guy Aimé Eblotié

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