Le Pape François rend hommage à Mgr Aldo Giordano
Dans un message diffusé à l’occasion de ses obsèques, le Souverain Pontife a rendu hommage à Mgr Aldo Giordano, nonce apostolique auprès de l’Union européenne, décédé le 2 décembre dernier des suites du Covid-19. Le cardinal-Secrétaire d’État, Pietro Parolin, a présidé ce jeudi 9 décembre les funérailles du défunt prélat à Cuneo.
Isabella Piro – Cité du Vatican
Dans un message lu lors de sa messe d’obsèques, le Pape François s’est souvenu de Mgr Aldo Giordano avec un «cœur reconnaissant»: dans le message envoyé à sa famille, le Pontife définit le prélat comme «un fidèle serviteur de l’Évangile», «un homme d’Église doux et généreux», et souligne sa «vie sacerdotale zélée», ainsi que son «activité pastorale diligente au Venezuela et auprès de l’Union européenne».
Né le 20 août 1954 à Cuneo et ordonné prêtre en 1979, Mgr Giordano a été élu secrétaire général du Conseil des Conférences épiscopales d’Europe le 15 mai 1995. En 2008, il est devenu observateur permanent du Saint-Siège au Conseil de l’Europe à Strasbourg et en 2013, il a été nommé nonce apostolique au Venezuela. La même année, il a également été consacré évêque, avec le siège titulaire de Tamada et la dignité d’archevêque. Enfin, le 8 mai dernier, le Pape François l’avait nommé nonce apostolique auprès de l’Union européenne. Contaminé par le Covid-19, il est décédé le 2 décembre à Louvain, en Belgique.
Dans toutes les tâches qui lui ont été confiées, écrit le Souverain Pontife dans son message de condoléances, «Mgr Giordano a agi avec sagesse, révélant ses dons d’esprit et de cœur et témoignant d’une passion sincère pour l’homme et d’un amour inconditionnel pour l’Église». François a également exprimé sa proximité avec tous ceux qui «connaissaient et estimaient» le nonce défunt. Enfin, invoquant «le soutien de l’espérance chrétienne» pour toute la famille du prélat, il adresse sa bénédiction «à tous ceux qui pleurent sa mort prématurée».
L’émotion du cardinal Parolin
La même tristesse a également été exprimée par la Secrétairerie d’État du Saint-Siège, dirigée par le cardinal Pietro Parolin, qui a présidé cet après-midi les funérailles du défunt prélat, célébrées dans la cathédrale de Cuneo bondée de fidèles, et retransmises sur la chaîne YouTube du diocèse.
«Nous avions espéré qu’il pourrait sortir des soins intensifs et récupérer progressivement sa santé. Nous avons été nombreux à prier pour cette intention. Beaucoup, surtout au Venezuela, l’ont confié à l’intercession du Bienheureux José Gregorio Hernández Cisneros»: en effet, Mgr Giordano a présidé le rite de béatification de ce « docteur des pauvres » le 30 avril dernier à Caracas, en tant que délégué du Pape, et l’avait présenté comme « Patron des temps difficiles » causés par la pandémie de Covid-19.
Malgré la «douleur amère» de ce moment, le cardinal Parolin invite les fidèles à «être dans la joie», non pas la «joie éphémère que donne le monde, mais la joie qui vient du Seigneur»: «Nous ne pouvons pas ne pas ressentir de la joie face à la vie du père Aldo. La sienne a été une vie vraiment bonne! Un homme doux, sage, équilibré, accueillant, avec un grand cœur et une grande intelligence, serein en toutes circonstances, même face aux situations les plus complexes et tourmentées». Le Secrétaire d’État a rappelé que le défunt nonce avait «le culte de l’amitié» et «savait créer des liens avec tout le monde, sans fermetures, sans distinctions».
Un artisan de l’unité de l’Europe
Le cardinal Parolin a poursuivi: «Grand expert des questions européennes, Mgr Giordano était convaincu qu’une autre Europe est possible» et il a œuvré dans ce sens, en insistant «sur son unité, toujours dans une perspective mondiale et en réfléchissant sur le contenu et le fondement des valeurs, des questions auxquelles l’Église et les chrétiens peuvent apporter une contribution précieuse». Que l’exemple et le témoignage du défunt prélat, a conclu le cardinal, «nous soutiennent dans la réaffirmation de notre foi».
Le cardinal Baltazar Porras Cardozo, archevêque de Mérida et administrateur apostolique de Caracas, au Venezuela, a pour sa part transmis un message dans lequel il évoque «le sourire éternel» et «la trace de simplicité» que Mgr Giordano a laissés dans le pays, où il avait été nonce de 2013 à 2021. Prenant la succession du cardinal Parolin à la nonciature de Caracas, Mgr Giordano avait œuvré à l’unité de l’épiscopat local et de l’Église dans un contexte extrêmement difficile compte tenu de la crise politique et économique qui frappe ce pays.
«Homme de foi et d’espérance», a-t-il ajouté, «il a rempli sa mission avec une grande dignité». «Aldo était un ami cher, un frère», qui avait «une grande passion pour une vie chrétienne belle, cohérente, joyeuse et participative», écrit Mgr Celestino Migliore, nonce apostolique en France, dans un hommage publié dans L’Osservatore Romano. Ce philosophe de formation portait une attention particulière au «dialogue œcuménique et interreligieux dans le contexte européen».
L’un de ses projets les plus importants fut la Charte œcuménique signée à Strasbourg en 2001: «Aldo aimait beaucoup cet agenda des chrétiens d’Europe, avec 26 engagements pour avancer vers l’unité visible, pour intensifier la coopération sur toutes les questions possibles et pour contribuer ensemble à la construction européenne en cours», a rappelé Mgr Migliore.
De façon très touchante, le nonce apostolique en France a cité le dernier message de Mgr Giordano, envoyé à ses amis avant qu’il ne soit intubé: «L’heure est venue pour moi aussi de partir à la maison du Père. Du ciel, je vous accompagnerai, de toutes les manières possibles. Je vous embrasse avec force. Je vous aime! Aldo.»