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L’Église doit apprendre la grammaire de la synodalité

Lors de l’ouverture ce mercredi salle Paul VI des travaux de la première Congrégation générale du synode, les cardinaux Grech et Hollerich, respectivement secrétaire général et rapporteur général du Synode, sont revenus sur la manière dont les membres de l’assemblée vont travailler au cours des prochaines semaines. Un double discours de la méthode qui a suivi la mise au point initiale du Saint-Père.
Xavier Sartre – Cité du Vatican

Des tables rondes, installées dans la salle Paul VI – cette grande salle qui accueille en général les audiences générales le mercredi matin ou certaines audiences du Pape à de grands groupes – des écrans posées au centre qui retransmettent les images de la séance, et des tablettes, une par personne présente: c’est cette disposition insolite pour un synode qui marque d’abord et avant tout.

Le cardinal Jean-Claude Hollerich, le rapporteur général du Synode, qui a pris la parole en anglais, ne s’y est pas trompé en expliquant les raisons qui ont poussé à abandonner la salle du synode, un traditionnel hémicycle, pour cette grande salle. «Nous ne sommes pas assis par ordre hiérarchique, mais autour de tables rondes de manière à favoriser le vrai partage et le discernement authentique».

«Les tables rondes, a-t-il poursuivi, nous rappellent aussi qu’aucun d’entre nous n’est le protagoniste du Synode. C’est l’Esprit Saint qui l’est et c’est seulement avec un cœur pleinement disponible à être guidé par l’Esprit que nous pourrons répondre à l’appel que nous avons reçu comme membres du Synode».

L’Église à un tournant
L’enjeu est d’importance, a insisté en italien le cardinal Mario Grech, le secrétaire général du Synode car «aujourd’hui l’Église se trouve à un tournant et le défi urgent à proprement parler n’est pas de nature théologique ou ecclésiologique, mais de voir comment, en ce moment de l’histoire, l’Église peut devenir signe et instrument de l’amour de Dieu pour chaque homme et femme». Les membres du Synode ont ainsi pour mission de faire en sorte que l’Église montre au peuple de Dieu «le beau et miséricordieux visage de Jésus».

«L’assemblée est appelée aujourd’hui à être pour l’Église un signe fort de synodalité, à l’écoute de la Parole de Dieu, à la lumière de la Tradition, pour comprendre la volonté de Dieu pour aujourd’hui,» a-t-il expliqué.

«L’Église est le peuple de Dieu qui marche dans l’histoire avec le Christ au centre», a pour sa part rappelé le cardinal Hollerich. Faisant écho au discours du Pape qui a mis en garde contre les idéologies, les rumeurs et autres bavardages, et les risques de division, le rapporteur général a reconnu qu’il y a des positions différentes au sein d’un groupe qui marche. Certains sont à gauche, d’autres à droite, d’autres encore devant ou derrière.

«Quand chacun de ces groupes regarde vers le Seigneur, il ne peut pas faire autrement, ensemble avec Lui, de voir le groupe qui occupe la position opposée», a-t-il décrit. «Toutefois, l’important n’est pas le groupe auquel nous avons l’impression d’appartenir, mais de cheminer avec le Christ au sein de son Église».

Un travail de discernement en commun
L’Église est donc cette communio Eccelsiarum et le fait «que la plus grande partie des pasteurs soit nommée par les conférences épiscopales montre le lien très étroit de cette assemblée avec les Églises particulières et leur regroupement» a noté le cardinal Grech. «Un tel lien, a-t-il précisé, confirme que le processus synodal se fonde sur le principe de la “mutuelle intériorité” entre l’Église universelle et les Églises particulières». «Cette assemblée n’est pas un acte isolé du processus synodal, mais est étroitement lié à la consultation du peuple de Dieu dans les Églises particulières et aux moments successifs de discernement dans les conférences épiscopales, dans les structures hiérarchiques des Églises orientales catholiques sui iuris et dans les assemblées continentales».

Le travail des membres du Synode ne part de zéro, a rassuré le cardinal Hollerich. Mais «nous sommes appelés à apprendre la grammaire de la synodalité» a-t-il convenu. Certaines règles sont déjà connues: la dignité dérivant du baptême, le rôle de Pierre dans l’Église, la collégialité épiscopale, le sacerdoce commun des fidèles et le fait qu’ils sont ordonnés l’un à l’autre.

Le travail du Synode, qui n’est pas un parlement a répété l’archevêque de Luxembourg, reprenant les termes du Pape François, est «un travail de discernement en commun».

C’est d’ailleurs «un des points forts de la méthode de la conversation dans l’Esprit», de permettre à chacun «d’exprimer son propre point de vue, valorisant les consonances sans négliger les différences, mais surtout décourageant les polarisations et les polémiques».

C’est en vivant tout cela, que «l’assemblée sera pour l’Église» «signe d’unité qui indique aux croyants de redevenir cette communauté décrite dans les Actes des Apôtres qui, mémoire de l’évènement pascal, de manière infatigable et ensemble sème l’Évangile», a tenu enfin à préciser le cardinal Grech.

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