Mort de migrants au Texas et à Melilla: le Pape exprime sa douleur
Dans un tweet, François réagit à deux tragédies qui ont récemment coûté la vie à des dizaines de migrants aux États-Unis et à la frontière entre le Maroc et l’Espagne. Sur place, l’épiscopat a aussi fait part de son émotion, et appelle à des mesures concrètes pour permettre des migrations sûres.
Vatican News
«J’ai appris avec douleur la nouvelle des tragédies des #migrants au #Texas et à #Melilla. #PrionsEnsemble pour nos frères qui sont morts en poursuivant l’espoir d’une vie meilleure; et pour nous, afin que le Seigneur ouvre nos cœurs et que ces malheurs ne se reproduisent plus», écrit le Pape François dans un tweet publié ce mardi 28 juin sur son compte.
Un «temps d’épreuve» pour la ville texane de San Antonio
Le Souverain Pontife réagit à deux drames des migrations qui ont eu lieu ces derniers jours.
Dans le sud des États-Unis, un camion transportant des migrants a été découvert avec 46 cadavres dans sa remorque à San Antonio, au Texas, après une journée de forte chaleur, et trois personnes ont été interpellées, ont indiqué les autorités. Seize migrants ayant survécu ont quant à eux été hospitalisés. Il y a cinq ans, dans la même ville, dix clandestins avaient également perdu la vie dans une remorque surchauffée.
«Nous prions pour les âmes des 46 personnes qui sont mortes d’une manière si cruelle et inhumaine ce soir, et nous gardons aussi dans la prière les 16 survivants – 12 adultes et quatre enfants – ainsi que leurs familles et tous les premiers intervenants qui ont aidé et sauvé des vies et qui doivent maintenant porter avec eux le souvenir de cette scène de carnage», a déclaré dans un communiqué Mgr Gustavo García-Siller, archevêque de San Antonio. «J’exhorte tous les membres de l’archidiocèse à s’unir dans la solidarité, car ces frères et sœurs sont des membres de notre famille. Nous demandons également au Seigneur la miséricorde et la compréhension en ce temps d’épreuve et de souffrance (…)», écrit-il, l’archidiocèse de San Antonio étant également celui où a eu lieu fin mai le massacre dans une école primaire d’Uvalde, ayant fait 21 victimes.
Une conséquence de plusieurs fléaux
Les évêques de la sous-commission pour la migration et la mobilité humaine de la Conférence épiscopale espagnole appellent quant à eux à des «mesures d’humanisation» pour faire face à la nouvelle crise migratoire qui touche l’enclave de Melilla. Vingt-trois migrants d’origine africaine sont morts vendredi 24 juin près de la ville marocaine de Nador alors qu’ils tentaient de pénétrer dans l’enclave espagnole, sur la côte nord du Maroc. Deux policiers ont aussi perdu la vie. La justice marocaine a décidé de poursuivre 65 des 2 000 migrants qui ont participé à ce passage en force meurtrier.
Compte tenu de la gravité des événements, qui s’ajoutent à d’autres survenus dans le passé à Ceuta et Melilla, les évêques expriment leur tristesse pour la perte de vies humaines et leur compassion envers les blessés. Ils expriment également leur solidarité avec les habitants des villes frontalières, et espèrent que les autorités compétentes mèneront l’enquête et prendront les mesures appropriées pour que ce drame ne se reproduise pas.
«Si nous comprenons la nécessaire régulation des flux migratoires, nous devons considérer la situation critique de misère dans laquelle des milliers de migrants subsahariens sont entassés de l’autre côté de la frontière espagnole», pointent les prélats dans ce communiqué publié le 25 juin dernier. Les migrants, rappellent-ils, cherchent à rejoindre l’Europe car ils fuient les guerres et la famine, «aggravées par les conséquences de la guerre en Ukraine, la sécheresse et les fléaux causés par le changement climatique».
Améliorer la situation des pays de départ
Les évêques espagnols demandent «d’éviter une utilisation partisane et démagogique du défi complexe de la migration, et d’analyser ce drame humanitaire dans la perspective de la Doctrine sociale de l’Église». Ils soulignent également la nécessité d’une «migration ordonnée par des voies légales et sûres», ainsi que l’urgence de «promouvoir la collaboration pour le développement avec les pays souffrant de guerres, de conflits et de famines», étant donné que l’Espagne «manque d’espace ou de ressources pour délivrer des visas à de nombreux pays africains d’où proviennent des milliers de migrants qui pourraient demander une protection internationale».
«L’externalisation et la militarisation des frontières ne suffiront pas à mettre fin aux problèmes et aux causes qui provoquent la mobilité de millions de migrants, de réfugiés et de personnes déplacées dans le monde», estiment les prélats. Ils invitent donc à prendre «des mesures d’humanisation, à analyser et à affronter cette nouvelle crise à partir de la nécessité de protéger chaque être humain et à établir de toute urgence des moyens d’accès légaux et sûrs».
Pas de «chèque en blanc» face à la violation des droits humains
Une autre réaction à ce drame est venue de la COMECE (Commission des épiscopats de l’Union européenne), qui demande «l’identification des victimes et la restitution de leurs dépouilles à leurs familles, ainsi qu’une enquête indépendante et crédible sur ce qui s’est passé dans cet épisode tragique». «La gestion des migrations par l’UE et ses États membres ne peut consister à donner un chèque en blanc aux pays voisins qui ne respectent pas la dignité inaliénable des migrants et des réfugiés», s’indigne son secrétaire général, le père Manuel Barrios Prieto, dans un communiqué paru le 27 juin. La COMECE condamne également «le recours à la violence par les personnes qui tentent de franchir les frontières et appelle à un usage proportionné de la force par les forces de l’ordre et au plein respect de la dignité humaine et des droits fondamentaux des migrants et des réfugiés, ainsi qu’à un système approprié d’identification des demandeurs d’asile légitimes».