Vandalismes et profanations d’églises ont marqué le début d’année en France
L’actualité française de ce début d’année 2022 a été marquée par plusieurs faits de dégradations dans des lieux de culte en France, notamment la basilique-cathédrale de Saint-Denis, déjà atteinte en 2019.
Cyprien Viet – Cité du Vatican
Ce mercredi 5 janvier 2022, en milieu de matinée, un homme a cassé des vitrines et jeté à terre trois statues dans la basilique cathédrale Saint-Denis. Il a été rapidement interpellé grâce aux indications d’un bénévole de la paroisse, qui «ont réagi avec une efficacité calme et coordonnée, en lien avec les forces de l’ordre», a fait savoir le père Jean-Christophe Helbecque, recteur de la basilique-cathédrale, lequel a salué le travail des services judiciaires compétents.
Ce n’est pas la première fois que la basilique des rois de France fait l’objet de dégradations. Dans la nuit du 2 au 3 mars 2019, l’orgue de la basilique et deux vitraux avaient été endommagés par un Pakistanais de 41 ans, déjà identifié pour plusieurs dégradations de biens mais ayant écopé d’un simple rappel à la loi, rappelait alors Le Figaro. Ces évènements, même s’ils ne portent pas directement atteinte à la structure de l’édifice et à sa dimension sacrée, prennent une charge symbolique particulière compte tenu de l’histoire de ce lieu, marqué par la profanation des tombes des rois de France durant la Révolution française, en 1793-94, avant leur ré-inhumation sous le règne de Louis XVIII, en janvier 1815.
Dans ce même diocèse de Saint-Denis, la nuit du 9 au 10 janvier a été marquée par des faits de vandalisme dans deux églises, l’église Saint-Pierre, à Bondy, et l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, à Romainville. Le scénario comparable dans ces deux églises, avec notamment la destruction du tabernacle et la disparition de son contenu, donne à ces faits une dimension explicite de profanation, et non d’un simple vandalisme.
Comme le prévoit le droit canonique en de telles circonstances, Mgr Pascal Delannoy, évêque de Saint-Denis, doit célébrer des messes de réparation ce mardi soir à Bondy et mercredi soir à Romainville, afin de permettre la reprise ultérieure du culte. Toujours en banlieue parisienne, l’église Saint-Germain de Vitry-sur-Seine, dans le diocèse de Créteil, avait été profanée dans la nuit du 6 au 7 janvier.
Une sensibilité accrue au sein de l’opinion publique
L’évocation de ces faits n’est pas exhaustive, le monde rural n’étant pas non plus épargné par des dégradations de lieux de culte, qui ne sont pas forcément relayées par la presse. Les attaques contre les églises sont malheureusement un fait récurrent en France, avec une difficulté à établir des statistiques globales. Les formes de cette délinquance ont évolué.
Au début du XXe siècle, des groupes anticléricaux procédaient à des vandalismes, notamment sur des calvaires, contribuant ainsi à la fracture de la société française. Ce type d’attaques est aujourd’hui beaucoup plus rare, mais des dégradations dues au satanisme ou à d’autres idéologies extrémistes sont encore régulièrement constatées, ainsi que des faits liés à des troubles de nature psychiatrique. Malgré la sécularisation de la société, la religion catholique cristallise encore les obsessions de certaines personnes. Plus positivement, « l’église au milieu du village » demeure un point de référence central pour une très grande partie de la population, au point de s’inscrire dans le langage politique et publicitaire.
«Les infractions sont, numériquement, quantitativement, les mêmes depuis des décennies. En revanche, je crois que c’est la sensibilité du public à ces questions qui fait qu’aujourd’hui l’on relève beaucoup plus facilement un épisode qui, il y a encore vingt ans, serait passé relativement inaperçu, parce que la question est devenue sensible», nous confiait en mai 2021 le père Gautier Mornas, prêtre du diocèse de Périgueux et responsable de la Commission d’Art sacré au sein de la Conférence des évêques de France.
Il remarquait aussi que la sensibilité de l’opinion publique aux dégradations d’édifices religieux, et particulièrement des incendies, que l’origine des sinistres soit accidentelle ou criminelle, s’était fortement accrue après l’incendie de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, le 15 avril 2019. «Je crois qu’il y a aussi un avant et un après Notre-Dame de Paris, que la symbolique des flammes sur l’église-mère d’un pays fait qu’on a le regard bien évidemment un peu plus aiguisé sur tout ce qui touche au patrimoine religieux», remarquait le père Mornas, se félicitant de voir une très grande partie de la population française, au-delà des seuls catholiques, manifester un profond attachement à la préservation de ces lieux de culte et de culture.