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À Grand-Bassam, des milliers de catholiques clôturent le jubilé des 125 ans d’évangélisation

Des milliers de fidèles catholiques ivoiriens ont célébré, à Grand-Bassam, la messe de clôture du jubilé des 125 ans d’évangélisation de la Côte d’Ivoire. Au cours de cette célébration eucharistique doublée de la clôture de la 117e Assemblée plénière des évêques ivoiriens, l’épiscopat a réitéré son appel à la réconciliation, au dialogue politique, au retour des exilés politiques, et à la libération des prisonniers politiques et d’opinion.

À la cathédrale Saint-Esprit de Grand-Bassam, l’atmosphère était festive et les messages des évêques, toujours insistants sur l’urgence de la réconciliation et la paix en Côte d’Ivoire, salués par des ovations nourries.

L’Église ivoirienne a conclu les festivités de clôture de ses 125 ans d’évangélisation dans la ferveur en présence du nonce apostolique en Côte d’Ivoire, Mgr Paolo Borgia, du ministre des sports, Paulin Danho, représentant le Chef de l’État, et plusieurs autres personnalités politiques, administratives et coutumières.

Il y avait foule dans le dos de l’église-cathédrale en construction et on se débrouillait parfois pour se faire de la place, malgré les 200 bâches, 10 chapiteaux et le grand préau, prévus pour accueillir les catholiques ivoiriens venus des 15 diocèses pour célébrer leur histoire commune et écouter leurs pasteurs. « Nous tenions à être témoins de cet événement historique », confie Yvonne Niamkey venue avec ses sœurs et ses enfants, dont un bébé de 7 mois. Faute de place, c’est sous le soleil, assise sur un pagne que la famille, à l’instar de nombreux fidèles, a suivi la célébration eucharistique, présidée par le cardinal Jean Pierre Kutwa.

Rose Emian, 15 ans, a plus de chance. Elle fait partie des milliers d’enfants qui suivent la messe sur un écran géant dans l’église paroissiale et qui, pour la première fois, voient autant de prêtres, de religieuses et d’évêques. « C’est agréable de vivre ce jubilé qui nous permet de passer un bon moment spirituel, se réjouit l’adolescente venue d’Abidjan avec ses amies. Je souhaite encore plus d’évolution positive dans l’Église, qu’il y ait plus de disciples, et qu’elle soit plus à l’écoute des enfants que nous sommes. »

« Une cohésion nationale fortement perturbée »

« Peuples, remerciez notre Dieu, louez-le à pleine voix » a invité le Cardinal Kutwa dans son homélieRappelant le contexte actuel de la célébration du jubilé, il a relevé qu’en plus de la pandémie du coronavirus, au niveau local et national, « les mois d’octobre et novembre 2020 sont venus enfoncer davantage le clou d’un contexte social qui a fortement perturbé la cohésion nationale et qui a mis à mal les valeurs fondamentales de notre société. Des valeurs comme la fraternité, la solidarité, la vérité, la justice sociale ont fini par devenir des denrées rares ».

La mission de l’Église ivoirienne qui milite pour « un développement humain intégral » s’annonce difficile, mais elle reste optimiste et consciente qu’il « peut s’obtenir qu’au prix des efforts conjugués de tous ». « Ces efforts, dira le cardinal Kutwa, devront porter essentiellement à l’avenir sur la vérité à dire en tout temps et quoique cela puisse nous coûter, sur la miséricorde à accorder dans la justice et le pardon à quiconque nous sollicitera dans ce sens, car en vérité, la miséricorde et le pardon sont la condition sine qua non pour aboutir à la réconciliation qui offre le cadre et dresse le lit pour le développement humain intégral. »

Aux yeux de l’archevêque d’Abidjan, l’un des fruits du jubilé sera d’offrir aux générations futures, une éducation au service du développement humain intégral. « Pour y parvenir, il nous faut revenir à notre mission fondamentale : tirer tout homme de ses ténèbres par le biais de l’éducation en approfondissant les sillons creusés le 28 octobre 1895 par les pères Hamard et Bonhomme qui commencèrent les essais d’évangélisation par l’enseignement. »

Retour des exilés et libération des prisonniers

À la fin de la messe qui concluait en outre sa 117e Assemblée plénière, la conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire (Cecci) a imploré « une nouvelle effusion de l’Esprit Saint sur la terre ivoirienne pour la conversion des cœurs. »

L’épiscopat ivoirien « très préoccupé par la situation sociopolitique qui prévaut dans notre pays », a adressé un message aux gouvernants, leaders des partis politiques, et citoyens ivoiriens. Dans ce message qui s’inscrit dans la continuité de ses messages des Assemblées plénières de juin 2019 et janvier 2020, les évêques les encourage « à œuvrer inlassablement à la paix qui ne doit pas être considérée comme le silence des armes. »

Pour les évêques, « le moment est venu de redonner la joie à la Côte d’Ivoire, de voir ses enfants réunis autour d’elle sans obstacles d’ordre ethnique, politique et religieuxC’est le lieu d’appeler au retour des exilés politiques, et à la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion, pour l’avènement de cette nouvelle Côte d’Ivoire ».

La Cecci note l’avènement du ministère en charge de la réconciliation (créé par chef de l’État après sa réélection en octobre 2020 et confié à son challenger NDLR), et espère « que cette structure ne sera pas une de trop ». Elle souhaite que ce nouveau ministère « parvienne à réconcilier les Ivoiriens de tout bord » en capitalisant les acquis des précédentes structures créées depuis 2011 et qui ont travaillé dans ce sens.

Guy Aimé Eblotié (à Grand-Bassam)

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