L’Église argentine s’oppose à un projet pétrolifère marin
L’évêché de Mar del Plata, en Argentine, a exprimé sa «préoccupation» au sujet de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures au large des côtes de la ville et a appelé à un débat «honnête et transparent», espérant la mise en œuvre de politiques publiques qui tiennent compte d’un véritable développement intégral.
Anna Poce – Cité du Vatican
L’Église de Mar del Plata, dirigée par Mgr Gabriel Antonio Mestre, a publié une déclaration intitulée «Responsable du soin de notre maison commune», dans laquelle elle exprime sa «préoccupation concernant l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures» au large des côtes de la station balnéaire de Buenos Aires, suite à la récente décision du pouvoir exécutif d’autoriser l’exploration offshore de la société Equinor en collaboration avec YPF et Shell à Cuenca Argentina Norte, dans deux zones situées entre 300 et 450 kilomètres de la côte de la ville de Mar del Plata. Des groupes de défense de l’environnement et des hommes politiques ont immédiatement protesté, rejoints par l’Église, qui a demandé un «consensus entre les différents secteurs sociaux» avant d’aller de l’avant avec cette initiative.
Évaluation des incidences sur l’environnement
«Nous comprenons l’impératif d’exploiter les ressources naturelles, dans un secteur aussi important que l’énergie, et la nécessité d’attirer des investissements qui favorisent le développement économique du pays», indique l’évêché. «Toutefois, poursuit-il, nous ne pouvons manquer d’exprimer notre préoccupation face à un sujet aussi sensible en termes d’impact sur l’environnement et sur le développement intégral».
L’Église se demande si «l’impact environnemental en question a été suffisamment évalué», énumérant toute une série de risques qui pourraient être rencontrés : les marées noires, les conséquences négatives de la fracturation hydraulique – technologie d’extraction très discutée dans le monde – ; le danger pour la survie d’espèces telles que la baleine franche australe et le manchot de Magellan, et pour la reproduction des anchois, du merlu et du calmar, entre autres, ainsi que les conséquences pour l’industrie de la pêche et le tourisme.
Un débat honnête et transparent
L’évêché de Mar del Plata rappelle ce que le Pape François a souligné dans son encyclique Laudato si’, à savoir que «les technologies basées sur des combustibles fossiles très polluants – en particulier le charbon, mais aussi le pétrole et, dans une moindre mesure, le gaz – doivent être remplacées progressivement et sans délai», et réaffirme que l’Église, sans vouloir remplacer la politique, «invite à un débat honnête et transparent afin que les besoins particuliers ou les idéologies n’affectent pas le bien commun».
Parvenir à un consensus entre les différents secteurs sociaux
Pour l’Église catholique de Mar del Plata, «la responsabilité de prendre soin de la Maison commune appelle à la mise en œuvre de politiques publiques en matière d’énergie, tant dans les phases d’exploration que d’exploitation, qui tiennent compte d’un authentique développement intégral». Compte tenu de l’impact environnemental, un tel projet – explique-t-il – «doit être développé de manière transparente et interdisciplinaire, indépendamment de toute pression économique ou politique». «Pour cette raison, dit-il, il est de la plus haute importance de parvenir à un consensus entre les différents secteurs sociaux, en accordant une place privilégiée aux habitants locaux qui seront les bénéficiaires ou les victimes directes».
Notre époque se caractérise par une plus grande sensibilité écologique, notamment chez les jeunes, ce qui doit nous amener – conclut l’évêque – à «assumer de manière responsable des critères et des actions qui garantissent le bien-être intégral des générations futures».