Naufrage dans la Manche: l’émotion et l’indignation des évêques du Nord de la France
Les églises des diocèses du Nord de la France ont été invitées à faire sonner le glas, ce jeudi 25 novembre, à 18h30. Au même moment se rassemblent, Place Richelieu à Calais, des associations et personnes engagées auprès des personnes migrantes.
Claire Riobé – Cité du Vatican
À Lille, Arras et à Cambrai, le glas des églises sonnera, ce jeudi soir. Dans un communiqué publié jeudi 25 novembre, les évêques des diocèses du Nord de la France ont exprimé leur profonde émotion et leur indignation, au lendemain du drame humanitaire survenu à Calais, le 24 novembre après-midi.
À ce jour, 31 personnes migrantes ont perdu la vie dans le naufrage survenu dans la Manche, «sans doute du pire accident impliquant des migrants essayant de passer en Grande-Bretagne» ont annoncé les autorités britanniques. Elles tentaient de rejoindre l’Angleterre à bord d’une embarcation de fortune, sans que l’on sache si leur canot a chaviré ou était crevé.
L’impasse de la fermeture des frontières
«Qu’avons-nous fait de nos frères ?», questionnent d’une seule voix Mgr Laurent Ulrich et Mgr Antoine Herouard, respectivement archevêque et évêque auxiliaire de Lille, Mgr Vincent Dollmann, archevêque de Cambrai, et Mgr Olivier Leborgne, évêque d’Arras.
«Une fois encore des enfants, des femmes et des hommes, qui ont tout quitté à la recherche d’un monde meilleur, ont été broyés par la mer», écrivent les évêques. «Comment ne pas les pleurer (…) ? Comment ne pas nous révolter contre l’ignominie de ceux qui profitent de leur fragilité et de leur espérance en une vie meilleure (…), pour les détrousser avant de les envoyer dans de fragiles embarcations vers une mort certaine ?», condamnent-ils.
Les évêques déplorent par ailleurs la politique de fermeture des frontières et le renforcement de la sécurité, opérés ces dernières années par les dirigeants politiques. «Comment penser (qu’ils) puissent résoudre de façon durable cette crise migratoire ?», questionnent-t-ils.
Face à la vive émotion des communautés chrétiennes et associations de la région, ils réaffirment leur «présence» et leur «disponibilité à l’accueil et au soutien de ces enfants, de ces femmes et de ces hommes» exilés.
La dignité humaine, centre du débat
Si les quatre évêques reconnaissent les difficultés que posent aujourd’hui des défis migratoires particulièrement «complexes», ils redisent avec force leur attachement aux valeurs de solidarité et de miséricorde, telles que portées par le Pape François. Des valeurs qui devraient amener à «une réponse qui ne fait pas trop de calculs mais qui exige un partage équitable des responsabilités, une honnête et sincère évaluation des possibilités et une gestion avisée» de la part des dirigeants européens, écrivent-ils.
Car l’Europe «peut relever le défi», considèrent-ils: cette dernière dispose largement, aujourd’hui, d’instruments «pour mettre la dignité humaine au centre du débat et donner les moyens de cette solidarité internationale». L’Europe «ne veut pas laisser la Méditerranée ni la Manche devenir un cimetière pour toutes ces personnes en exil», assurent-ils.
Les quatre évêques concluent en tournant leur pensées et leurs prières «vers nos frères, vers ces personnes disparues, celles qui ont survécu, vers leurs familles et tous ceux qui les aideront à surmonter ce drame».
Un temps de prière sera organisé au Calvaire des marins, dans la zone portuaire de Dunkerque, le vendredi 26 novembre, à 17h.